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DE LA

DOCTRINE CHRÉTIENNE.

DEUXIÈME PARTIE.

PRINCIPES DE LA JUSTICE CHRÉTIENNE.

SECTION I.

DU MAL QU'IL S'agit d'éviter.

ARTICLE III. DES PÉCHÉS D'AUTRUI QUI PEUVENT NOUS ÊTRE IMPUTÉS.

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Question I.

Quels sont les péchés appelés spécialement péchés d'autrui? On appelle particulièrement de ce nom les péchés qui, quoique commis par d'autres que nous, nous sont cependant imputés à juste titre, et nous feraient encourir notre condamnation au tribunal de Dieu. C'est pourquoi on peut entendre de cette sorte de péchés cet avis de l'Apôtre : Ne vous rendez point complice des péchés d'autrui; aussi bien que cette parole du Roi-prophète : Purifiezmoi de mes péchés cachés, et pardonnez à votre serviteur les péchés d'autrui. Saint Basile-le-Grand applique encore à cette espèce de péchés ce que saint Paul écrit aux Ephésiens: Ne prenez point de part aux œuvres infructueuses des ténèbres, mais au contraire condamnez-les; et ces autres paroles du même Apôtre : Nous vous ordonnons de vous séparer de tous ceux d'entre vos frères qui se conduisent d'une manière déréglée, et non selon la tradition et la forme de vie qu'ils ont reçue de nous (1).

1.

Quæ peccata dicuntur aliena?

Ea, quæ licet aliorum manibus operaque perficiantur, nobis tamen meritò imputan

tur, nostrasque conscientias damnationis coram Deo reas constituunt. Quamobrem de his accipi potest, quod Scriptura imperat : Ne communicaveris peccatis alienis. Et quod orat propheta regius: ab occultis meis

TÉMOIGNAGE DE L'ÉCRITURE.

I Tim., V, 22; Psaume XVIII, 13; Ephésiens, V, 11,. et II Thessalon., III, 6. Voir pour tous ces textes le corps de la réponse.

TÉMOIGNAGES DE LA TRADITION.

1. S. BASILE-LE-GRAND, Lib. de verá virginitate: « De même que Paul, cet admirable apôtre, a été dès son vivant précédé en partie par ses œuvres, c'est-à-dire par ceux qui, sanctifiés par ses leçons et ses exemples, sont entrés avant lui dans la vie éternelle, et lui ont préparé auprès du juste juge la récompense des sueurs qu'il avait essuyées pour leur salut; et qu'en partie aussi il a été suivi par ses œuvres depuis même qu'il a terminé sa vie mortelle et qu'il est avec Jésus-Christ, ceux qu'il n'a cessé jusqu'à ce jour d'instruire par la doctrine contenue dans ses épîtres appelant sur lui de siècle en siècle les louanges et les bénédictions du divin maître : ainsi par la raison contraire il y a des péchés qui précèdent ceux qui en portent la responsabilité, savoir, ceux par lesquels ils ont causé la perte de quelques-uns morts avant eux, et dont à leur tour ils auront à subir le châtiment dans l'enfer; d'autres aussi qui les suivent, savoir, les péchés dont ils sont la cause même depuis leur mort par la perversité qu'ils ont semée de leur vivant dans le monde. Ainsi jusqu'à nos jours le saint roi David ne cesse de porter les hommes à la connaissance et au service de Dieu, et ceux qui profitent des instructions contenues dans ses psaumes sont par la sainteté de leur vie un éloge permanent qui s'attache à sa mémoire; tandis que dans le sens opposé Marcion et les autres hérésiarques ne cessent de faire du mal par leurs erreurs, et par un juste retour doivent subir dans l'enfer des châtiments plus rigoureux, à proportion des maux dont, quoique morts depuis longtemps, ils continuent à être la cause. Car si celui qui, pour me servir des paroles de l'Evangile (MATTH., XVIII, 6), scandalise un seul petit enfant, mérite dès-lors le feu de l'enfer, celui qui scandalise des milliers de personnes, soit par le déréglement de ses mœurs,

Subtrahatis vos

munda me, Domine, et ab alienis parce | illud ejusdem Apostoli servo tuo. Eodem refert Basilius Magnus, ab omni fratre ambulante inordinatè, et quod Ephesiis scriptum est à Paulo: Nolite non secundùm traditionem, quam accecommunicare operibus infructuosis tene- perunt à nobis. brarum, magis autem redarguite. Tum

soit par la perversité de sa doctrine, devient justement responsable, non-seulement de la mort qu'il se cause à lui-même, mais encore de la perte éternelle de tous ceux qu'il aura entraînés dans sa ruine, de sorte que, autant il y aura d'âmes qu'il aura perdues, autant de fois il méritera d'être condamné à la mort éternelle dans le siècle à venir. Si donc il y a des actions qui nous précèdent, et d'autres qui nous suivent; et si, de même que les péchés dont un premier a été la cause doivent ajouter au châtiment, de même les vertus que l'exemple ou l'instruction fait éclore doivent ajouter à la récompense, une vierge, soit vertueuse soit vicieuse, peut avoir aussi quelques-unes de ses œuvres qui la précèdent, et d'autres qui la suivent; et autant sera malheureuse dans l'éternité celle qui, outre le châtiment que lui auront mérité ses propres fautes, aura encore à subir celui que méritent les fautes qu'elle aura fait commettre à d'autres par l'exemple de ses désordres, autant sera bienheureuse au contraire la vierge qui, outre la couronne que lui auront méritée ses propres vertus, aura de plus à en recevoir autant d'autres dans le ciel, qu'elle aura engagé de ses compagnes à marcher à sa suite (1). »

2. EUTHYME, in Ps. XVIII: « Pardonnez-moi les péchés d'autrui, puisqu'il est, hélas! trop certain que les rois, les pontifes, les pères de famille, les maîtres, tous les supérieurs enfin, sont responsables des péchés de leurs sujets ou de leurs peuples, de leurs enfants ou de leurs serviteurs, toutes les fois que ces péchés sont l'effet de leur propre négligence. »>>

3. S. AUGUSTIN, Lib. III de libero arbitrio, c. 10: « Il y a deux principes de tous les péchés : nous les commettons, ou par un dessein volontaire et libre, ou à la persuasion d'autrui. C'est à cela, je pense, que se rapporte ce qu'a dit le Prophète : Seigneur, purifiez-moi de mes péchés cachés, et pardonnez à votre ser... vileur ceux des autres. L'un et l'autre à la vérité est volontaire : car, comme en péchant par sa propre détermination, on ne pèche point malgré soi, ainsi quand nous consentons au mal qu'un autre nous suggère, c'est toujours volontairement que nous y consentons. Il y a néanmoins plus d'énormité à pécher non-seulement sans que personne nous y porte, mais en persuadant encore par envie et par artifice à d'autres de le faire, que de n'être porté à pécher que par la suggestion d'autrui (2). »

(1) Cf. S. Basilii opera omnia, t. III, p. 619-620, Paris, 1730.
(2) Cf. Les livres de saint Augustin sur le libre arbitre, p. 228.

4. S. BASILE, Lib. II de Baptismo, c. 9: « Instruits maintenant de ce qui ferait que nos œuvres seraient infructueuses, gardons-nous bien de rien omettre de ce que Dieu demande de nous dans le combat engagé à son service, mais faisons au contraire tous nos efforts pour nous montrer en tout ses dignes ministres. Et non contents de nous conserver nous-mêmes purs, prenons garde aussi de participer à l'impureté d'autrui, et conformons-nous à cet avis que nous donne l'Apôtre, de nous abstenir de toute participation aux œuvres infructueuses de ce siècle ténébreux (Ephes., V, 11). En ajoutant ensuite, «< condamnez-les plutôt, » MAGIS AUTEM REDARGUITE, l'Apôtre nous fait voir jusqu'où nous devons porter notre attention à ne pas nous rendre complices ou responsables de ces sortes d'œuvres.

» Mais qu'est-ce que participer aux œuvres des ténèbres, et de combien de manières peut-on y participer? C'est ce qu'il nous reste à dire maintenant. Me remettant donc à la pensée ces paroles des Proverbes (I, 11): Venez avec nous, faites-vous complice de la mort de notre ennemi; ces autres paroles de l'Apôtre (Philip., I, 7): Vous êtes tous associés aux grâces que j'ai reçues de Dieu; ces autres encore (Philip., IV, 14): Participant à mes tribulations; ces autres aussi (Gal., VI, 6): Que celui qui reçoit l'instruction fasse part de ses biens à celui qui la lui donne; ces autres du Psalmiste (Ps. XLIX, 18): Si tu voyais un voleur, tu courais avec lui, et tu te faisais complice des adultères; ces autres du Lévitique (XIX, 17): Vous reprendrez votre frère quand vous le verrez pécher, pour ne pas vous faire complice de sa faute; ces autres enfin du Psalmiste (XLIX, 21): Voilà ce que tu as fait, et je me suis tu; tu as pensé que je te ressemblerais; je te citerai à mon tribunal, et je te mettrai en face de toi-même en me rappelant ces passages et d'autres semblables, je dis qu'il y a participation dans les œuvres, quand on agit de concert pour atteindre un même but, et participation dans la volonté, quand celui même qui n'agit pas consent et applaudit à celui qui agit. Il est une autre sorte de participation, qui ne semble pas participation à plusieurs, mais à laquelle l'Ecriture sainte bien comprise donne ce caractère: c'est celle qui a lieu lorsque, sans coopération effective ni même consentement positif de la volonté, on se tait sur le mal qu'on voit faire, au lieu de le condamner ouvertement; c'est ce que font bien voir plusieurs des passages que je viens de citer, et de plus ce que l'Apôtre disait aux Corinthiens (I Cor., V, 6): Vous n'avez pas demandé avec larmes qu'on état

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