Sayfadaki görseller
PDF
ePub

du livre de M. Maynard. Mgr Hugonin avait déjà fait une pareille démarche de son côté. L'affaire était très délicate à traiter; cependant Mgr Lavigerie entra pleinement dans les vues de ses collègues, et, dans sa réponse à l'évêque d'Autun, il lui soumit tout un plan 1. Il avait déjà préparé, d'accord avec ses suffragants d'Algérie, un acte épiscopal à ce sujet, mais il ne voulait le publier que s'il était assuré d'avance de recevoir, par lettre ou télégramme, une adhésion d'un nombre suffisant d'évêques de France. Par ce moyen on obtiendrait plus facilement et plus rapidement la condamnation du livre par l'autorité romaine. Mgr Lavigerie priait donc Mgr Perraud de vouloir bien se charger de sonder le terrain, d'écrire secrètement cette communication à ceux des évêques dont on ne pourrait craindre des indiscrétions compromettantes, et de recueillir les adhésions, puis de lui transmettre le résultat. Immédiatement, le total connu, l'acte épiscopal paraîtrait dans le journal le Monde et les adhésions devaient, les unes après les autres, venir confirmer ce document et entraîner ainsi tout l'épiscopat. Le coup porté à M. Maynard, et par suite aux intransigeants, serait très sensible, et peut-être pourrait-il les faire rentrer dans le silence. Par surcroit, la cour romaine porterait le coup de grâce par une mise à l'index.

Mgr Perraud avait dressé une liste de 38 à 39 évêques de qui il pouvait espérer une adhésion. Ses démarches lui amenèrent 15 adhésions énergiques, huit évêques refusèrent de s'associer à l'acte, les autres étaient hésitants 2.

Malgré la prudence déployée et la discrétion recommandée, des dénonciations furent portées à Rome 3.

1. Lettre inédite. Carthage, le 8 novembre 1884.

2. Lettre inédite de Mgr Perraud au cardinal Lavigerie. Bellevue (Seine-et-Oise), 20 novembre 1884.

3. Ibid., 5 décembre 1884.

Le secrétaire d'État, par crainte de voir s'éterniser ces divisions si déplorables, télégraphia aussitôt, le 16 novembre, au cardinal Lavigerie :

« Je prie suspendre acte quelconque touchant les polémiques irritantes. Saint-Père a parlé. Lettre suit. Cardinal Jacobini. » Et le lendemain, il écrivait à l'archevêque d'Alger1 une lettre assez dure et assez curieuse dans laquelle il reproduisait avec les expressions mêmes, des réflexions que Mgr Lavigerie avait faites, peu de temps auparavant, pour supplier le secrétaire d'État et le Saint-Père de faire cesser ces tristes divisions, comme une leçon qui lui serait nécessaire. Piqué au vif, le cardinal répondit à Rome assez vertement2; cependant, il avait déjà averti Mgr Perraud par le télégraphe de cesser toutes démarches: « Reçois ce matin télégramme de Rome m'annonçant que le Pape parle et me priant de ne rien publier. Veuillez donc tout supprimer et arrêter. Charles. >>

On pensait, en effet, à Rome et en France, qu'après les lettres du cardinal Guibert et de l'évêque d'Orléans, Mgr Coullié, qu'après la lettre du Souverain Pontife à l'archevêque de Paris, tout rentrerait dans l'ordre. Mais le chanoine Maynard fit publier une deuxième édition de son ouvrage, en réponse à la lettre des évêques. Le scandale continuait donc et la question de la mise à l'index fut de nouveau soulevée.

Dans la réunion des évêques fondateurs de l'institut catholique de Paris, on se préoccupa de cet incident et l'on fut d'avis de demander « à la suprême autorité du Saint-Siège d'user des moyens qui sont en son pouvoir, afin de faire cesser ce scandale prolongé et aggravé3». NN. SS. Hugonin (Bayeux,

1. Lettre inédite. Rome, le 17 novembre 1884, no 60.037. 2. Lettre inédite. Tunis, le 26 novembre 1884.

3. Lettre inédite de Mgr Perraud au cardinal Lavigerie. Bellevue, le 20 novembre 1884.

20 novembre), Perraud (Bellevue, 20 novembre), Turinaz (Nancy, 17 novembre) demandèrent de nouveau, chacun de leur côté, au nom même de plusieurs de leurs collègues, au cardinal Lavigerie, l'appui de sa haute intervention auprès de Rome. C'était d'autant plus nécessaire que d'autre part Mgr Mermillod avait, au Mans, dans une oraison funèbre, fait le panégyrique à outrance de l'école dont M. Maynard se trouvait être à cette heure le représentant le plus bruyant.

Mgr Lavigerie employa toute son autorité à faire mettre un terme, par la cour romaine, aux polémiques si inconvenantes de M. Maynard. L'affaire fut portée devant la Sacrée Congrégation de l'Index qui condamna le chanoine.

Dans toute cette campagne, il n'y eut, parmi les amis de l'archevêque d'Alger, qu'un seul, un intime, Mgr Bourret, qui ne comprit pas ces démarches. Non seulement l'évêque de Rodez avait refusé de s'y associer, mais il reprocha même à son vieil ami de s'en être occupé : « Vous avez mieux à faire que cela, » lui écrivait-il 1.

1. Lettre inédite. Rodez, le 17 décembre 1884.

CHAPITRE IX

LÉON XIII, LE CARDINAL LAVIGERIE ET LA PRESSE RELIGIEUSE. L'AFFAIRE PITRA

Le Vatican et les élections prochaines. Bref de Léon XIII sur la presse religieuse. Le cardinal Lavigerie, l'Univers (polémique confidentielle) et le Monde. Léon XIII et la presse religieuse étrangère. Le Journal de Rome blåmé. Interview du cardinal Pitra par l'Amstelbode. - Lettre du cardinal Pitra blåmant la politique de Léon XIII. Étonnement. Le cardinal Lavigerie à Paris. de Paris au Pape.

Son indignation. Lettre de l'archevêque
Mgr Lavigerie à Rome. Réponse de
Soumission du cardinal Pitra.

Léon XIII au cardinal Guibert.

Suppression du Journal de Rome. Attitude de l'Univers (avertissement du cardinal Lavigerie) — Lettres de NN. SS. Thomas et Meignan au cardinal Lavigerie. teur de Rome et le cardinal Lavigerie.

Léon XIII, le Moni

Il y avait évidemment mieux à faire que de s'occuper de scandale ou d'entretenir une lutte intestine. Mgr d'Hulst, d'ailleurs, avait fait entendre, dans le Monde, d'éloquents échos pour faire cesser le feu. En effet, il y avait à empêcher que les partis radicaux poursuivissent leur œuvre anticléricale, et à ramener la nation à un gouvernement plus soucieux des intérêts religieux.

L'année 1885, à ce point de vue, s'annonçait comme

très importante pour l'Église de France, à cause des élections au Sénat, à la Chambre des députés et aux municipalités. Il fallait donc songer de bonne heure à s'occuper de ces élections.

Le cardinal Lavigerie y avait déjà pensé dès l'automne de 1884 et il avait fait part de son souci au cardinal Jacobini 1. Celui-ci avait répondu 2 que ce souci était également celui du Vatican et que si les catholiques français voulaient retirer des élections prochaines de grands avantages, il fallait qu'ils votassent comme un seul homme pour tous ceux qui, quelle que fût leur couleur politique, admettraient un programme commun de défense des intérêts religieux; qu'il fallait encore que les catholiques établissent ce programme de façon qu'il pût rallier les futurs candidats et les électeurs, et il ajoutait : « Il m'est arrivé, sur ce grave sujet, une lettre adressée par un personnage de marque. Je me suis empressé de la remettre au Saint-Père. Sa Sainteté m'a insinué de vous en envoyer la copie ci-incluse en vous priant, en même temps, de vouloir bien m'exposer, avec quelques détails, votre avis sur les idées que devrait contenir ce programme et sur la manière que le SaintSiège pourrait employer, pour y rallier les évêques et les catholiques. »

Le Vatican n'avait pas évidemment l'intention d'entrer directement dans la lutte électorale, mais il voulait cependant favoriser, le plus possible, l'union des catholiques, ce qui était la condition sine qua non de leur succès. Or, le premier remède à appliquer pour obtenir cette union, était, d'abord, un bon avertissement à la presse religieuse. Les récents incidents, à propos de la biographie de Mgr Dupanloup, l'indiquaient très clairement. Ce fut dans ce

1. Lettre inédite du cardinal Lavigerie au cardinal Jacobini. Tunis, le 3 septembre 1884.

2. Lettre inédite. Rome, le 22 septembre 1884.

« ÖncekiDevam »