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Mgr Ferrata communiqua cette lettre au cardinal secrétaire d'État qui en soumit les observations au Saint-Père.

Léon XIII conserva dans ses cartons particuliers la lettre du cardinal Lavigerie.

nelles, que ses palinodies successives, que ses intérêts plus ou moins avoués, que ses rancunes et ses mécomptes.» (26 novembre.)

« C'est par des déductions fantaisistes et toujours personnelles que le cardinal Lavigerie s'autorise du Pape ». (28 novembre.)

Pendant toute l'année 1891, ce fut ainsi, injures, calomnies, fausses interprétations, contradictions, tout fut mis au service de l'aveugle parti-pris de Cassagnac. Était-il pour le Roi, pour l'Empereur ou pour le Pape? On n'en savait trop rien. Cassagnac, lui-même, dans toute cette campagne, ne s'était jamais posé la question. Il combattait de parti-pris la République. Cela lui suffisait amplement.

Au Sénat, le 20 décembre 1890, à la grande joie de la droite, le marquis de l'Angle-Beaumanoir interpella M. le garde des sceaux, pour savoir s'il ne suspendrait pas le traitement de Mgr Lavigerie, coupable d'avoir fait de la politique en venant offrir dans des conditions extra-apostoliques, à la République, l'hommage de son dévouement ambulant. Le ministre rendit hommage au cardinal Lavigerie et ajouta que d'ailleurs l'archevêque d'Alger n'avait pas été blámé par l'autorité à laquelle, comme catholique, le cardinal devait d'abord se référer. Le sénateur protesta : « Quant à l'approbation de Rome, dit-il, attendez-la, vous l'attendrez longtemps. » Ces paroles d'un catholique étaient prononcées après la lettre du cardinal Rampolla.

CHAPITRE II

CORRESPONDANCE CONFIDENTIELLE DU CARDINAL LAVIGERIE AVEC EUGÈNE VEUILLOT ET ÉMILE KELLER

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Lettre du cardinal Lavigerie à Eugène Veuillot. Plan politique de Léon XIII. Appel du cardinal Lavigerie à M. Keller. - La direction de l'Union catholique. Refus de M. Keller. Nouvelle instance du cardinal Lavigerie. — L'organisation de l'Union catholique. Vain espoir. Équivoque malheureuse. Hésitations de M. Eugène Veuillot. — Déclaration du cardinal Lavigerie sur son adhésion à la République. Pierre Veuillot à la tête du nouveau parti. Opinion du Vatican. — Avertissement au nonce et aux Pères Jésuites. Nouvelle lettre du cardinal Lavigerie à Eugène Veuillot. Programme de l'Union catholique. Réponse de M. Veuillot. M. de Mun et l'Union catholique.

Le cardinal Lavigerie, en promettant à Mgr Ferrata de ne pas publier la lettre pastorale projetée pour la mi-janvier, dans laquelle il aurait traité la question du toast au point de vue doctrinal et donné un plan d'organisation des forces catholiques, se réserva cependant le champ d'action que lui ouvrait la correspondance confidentielle pour grouper les mêmes forces sur le terrain constitutionnel. Il le fit sans perdre de temps et échangea, dans ce but, avec MM. Eugène Veuillot et Émile Keller, une série de

lettres très intéressantes: avec le premier, parce qu'il voulait conserver à sa cause l'appui du grand journal catholique l'Univers, détourné un peu de la voie du toast par les Pères Jésuites; avec le second, parce qu'il désirait sonder ses dispositions, car dans le plan élaboré d'avance entre le cardinal Lavigerie et Léon XIII, en octobre, M. Keller avait été choisi comme chef du nouveau mouvement catholique. Hélas! le grand propagateur de la croisade anti-esclavagiste devait en retirer une amère décep

tion.

M. Keller, son vieil ami, qui avait dépensé au service des nobles œuvres de l'archevêque missionnaire, le concours entier de son éloquence et de son dévouement, montra ses répugnances à devenir le chef d'un tel parti; c'était bien regrettable pour la religion. Le cardinal dut faire plus d'une réflexion triste mais profondément juste, sur la funeste primauté dont jouissent les passions politiques au détriment des plus graves raisons. Ayant donc essuyé un refus de ce côté, il se tourna vers Eugène Veuillot et lui demanda de lui désigner un autre chef. Mais ce fut en vain. Le directeur de l'Univers proposait M. de Mun, mais ni le Pape, ni Mgr Lavigerie ne voulaient du grand orateur, à cause de ses attaches avec les anciens partis.

Au reste, rien n'est plus instructif ni plus intéressant que la lecture de cette correspondance confidentielle. Le cardinal-archevêque y montre avec la clarté et la netteté de son esprit vraiment français, la hauteur de vues et le pathétique qui impressionnent toujours profondément. Les deux autres personnages catholiques y expriment, avec un réel talent, les idées et les sentiments qui sont de leur préférence et qui, aussi bien, étaient ceux d'une grande partie du clergé et des catholiques.

Le cardinal chercha d'abord à attirer complète

ment dans ses eaux le grand journal catholique, comme il avait essayé, en vain, de le faire en 1885, avant les élections.

Il avait déjà renseigné très confidentiellement M. Veuillot sur l'inspiration de son initiative, et le directeur de l'Univers lui avait prêté l'appui de son puissant quotidien contre les attaques injustes, injurieuses, inqualifiables et trop naturelles dont il avait été l'objet de la part de ceux auxquels il coupait l'herbe sous le pied.

Mais en ce qui concernait la défense des idées de l'affaire « bien grosse du toast », comme disait M. Veuillot, la marche du journal avait semblé au cardinal Lavigerie, en apparence du moins, un peu << ondoyante et diverse ».

M. Eugène Veuillot, après s'être montré résigné à la soumission à la forme républicaine, avait ensuite paru en témoigner et en avait laissé témoigner par ses collaborateurs de l'éloignement et avait laissé dire par son fils Pierre que si cela dépendait de lui les d'Orléans seraient préférés à la République. Mgr Lavigerie lui démontra alors dans une longue lettre que la royauté ne pouvait plus s'acclimater en France; que la République, par le fait qu'elle existait, pouvait la remplacer; que les radicaux qui la gouvernaient, pouvaient, par le moyen des élections, en être chassés pour donner leur place aux conservateurs : « Beaucoup de catholiques, disait-il, ont bien au fond la même pensée et cela depuis longtemps. Mais dans certaines idées de détail et dans les solutions qu'ils proposent, il y a deux points où ils s'éloignent sensiblement de l'inspiration du Saint-Siège.

<<< Cette inspiration, en effet, ne vise pas seulement

1. Lettre inédite du cardinal Lavigerie à M. Eugène Veuillot. Biskra, le 23 décembre 1890.

la France, mais elle embrasse le monde catholique tout entier. Le Saint-Siège, entouré d'ennemis, ne peut s'appuyer sur aucune puissance: ni sur l'Italie qui veut sa ruine, ni sur l'Allemagne, qui est foncièrement protestante, ni sur l'Autriche qui est joséphiste et césarienne. Il ne voit, après tout et malgré tout ce qui s'est passé, qu'une seule alliance possible: celle de la France. Mais de la France il ne peut se rapprocher que si la République qui nous gouverne, se transforme et devient conservatrice et chrétienne. Une union catholique telle que les catholiques dont je parle l'entendent, se proposerait bien d'atteindre ce but. Mais si ce sont les anciens partis qui la forment en restant ce qu'ils sont, c'est-à-dire sans renoncer à aucune de leurs prétentions politiques, pas même à leur nom, ce sera la guerre au couteau avec la République et de ce chef toute entente ou rapprochement avec l'Église et le Saint-Siège deviendra impossible. Pour qu'on se rapproche, il faut commencer par l'acceptation de la forme constitutionnelle du gouvernement et par la renonciation à l'opposition systématique... »

Le cardinal Lavigerie venait d'exprimer la vraie pensée du toast et de soulever le voile qui cachait le vaste plan de la politique générale du grand

Léon XIII.

Pie IX avait rompu toutes les relations avec les États européens. Léon XIII, arrivé au Trône pontifical, s'appliqua à les renouer, sans distinction des différentes formes de gouvernement. Mais tout en recherchant des relations cordiales, pour le bien de la religion, avec les différents pouvoirs constitués, il voulait cependant s'appuyer sur une nation puissante pour permettre à l'Église d'étendre sur le monde catholique son influence religieuse et sociale. Le Pape ne pouvait pas, comme le disait le prélat africain dans sa lettre à M. Eugène Veuillot, s'appuyer sur

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