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nisme. De plus, il n'a pas beaucoup d'action sur la inasse catholique.

<< Il en est autrement de M. de Mun. Que l'aventure boulangiste lui ait porté un certain coup, oui, mais déjà il a recouvré, ou peu s'en faut, tout le terrain perdu. Voyez sa situation à la Chambre. Elle domine, en divers points, celle de n'importe quel membre de la Droite. Dès le lendemain des élections générales, pour être mieux l'homme de la cause catholique, il a refusé d'entrer dans le groupe royaliste et, à plus forte raison, dans tout autre. Enfin en dehors du Parlement, dans les classes élevées et le peuple, il a une clientèle de choix et assez nombreuse. Votre Eminence paraît croire que Mgr Freppel pourrait l'influencer. Il n'en est rien. Leurs rapports sont très courtois, mais il y a autant d'opposition dans leurs idées que dans leurs allures. Du reste, voici une preuve; le toast de Votre Éminence a surpris M. de Mun, « c'est nous demander de faire bien du chemin », a-t-il dit, il ne l'a pas autrement blâmé. Au total je suis convaincu que l'on peut faire un parti catholique sans M. Keller et malgré l'opposition de Mgr Freppel. Je doute que l'on puisse donner à ce parti toute sa force si M. de Mun n'en est pas. »

CHAPITRE III

AUDIENCES DE LÉON XIII

M. Piou et Mgr Freppel à Rome.

Audience de Léon XIII à M. Piou. Les déclarations du député au Père Burtin. Droite constitutionnelle » et M. d'Haussonville.

- «La Mgr Freppel.

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Son échec. Autres interventions. M. Piou à Paris. Ses déclarations. Bref de Léon XIII au cardinal Lavigerie. Lettre circulaire du cardinal Lavigerie à son clergé. La réponse du cardinal Richard à ceux qui l'ont consulté sur leur devoir Adhésion du cardinal Lavigerie. Nouvelles inquiéAssurances de Mgr Ferrata. Article de l'Osserva

social. tudes.

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tore Romano.

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Dépit du cardinal Lavigerie. Nouvelles assurances de Mgr Ferrata. Brochures du comte Soderini et du

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Si pour quelques initiés, le cardinal Lavigerie tenait réellement sa mission du Pape, pour beaucoup le discours de Saint-Eugène apparaissait encore comme le cri d'une campagne personnelle. Quoi d'étonnant à cela, puisque le nonce lui-même, au mépris de sa mission, avait répandu cette idée. L'acte du cardinal Rampolla avait été aussi détourné de sa véritable voie, car on publiait audacieusement dans les journaux royalistes que le secrétaire

d'État demandait l'union de tous les catholiques pour livrer un assaut contre la République.

Mais le grand Léon XIII qui connaissait ces manœuvres, se réservait de donner dans le secret des audiences, une justification complète du toast, à tous les personnages qui venaient à Rome pour puiser les informations à leur véritable source. Cette approbation toute intime devait préparer, dans l'esprit du Pape, la justification publique, officielle, qu'il méditait.

Deux illustres personnages politiques arrivèrent à quelques jours d'intervalle dans la Ville Éternelle: M. Piou, le futur président de l'Action libérale et Mgr Freppel, le grand adversaire du toast. La venue à Rome de ces orateurs présentait un caractère tout à fait particulier. L'un et l'autre semblaient, en effet, incarner les deux tendances politiques des catholiques. Le premier représentait les partisans du ralliement; le second les adversaires. M. Piou avait fait le voyage de Rome pour se plaindre des paroles du nonce de Paris, pour connaître exactement la pensée du Pape sur le toast et pour empêcher que la fausse interprétation donnée à la lettre du cardinal Rampolla ne fit échouer l'initiative du cardinal Lavigerie et n'attirât sur les catholiques les anathèmes des républicains. Mgr Freppel confiant surtout dans son talent d'orateur et dans une adresse de 49 députés de la Droite, était venu dans l'espoir d'ébranler les convictions de Léon XIII.

M. Piou partit de Paris le 31 janvier et, dès le 2 février, il était reçu en audience particulière par Sa Sainteté. Avant son audience, il avait eu le temps d'avoir plusieurs entrevues avec le secrétaire d'État et Mgr Ferrata qui l'avaient reçu avec beaucoup de bienveillance. Toutes leurs conversations avaient porté naturellement sur le toast. Le vaillant député avait affirmé que le bien que l'on pouvait attendre du

fameux discours de l'archevêque d'Alger avait été enrayé par le langage du nonce. Mgr Rotelli, en effet, avait dit, nous l'avons déjà fait remarquer, à un député envoyé au nom de tout son groupe, que l'idée générale du toast n'était que la pensée personnelle de celui qui l'avait porté et non de son auguste. chef et qu'il autorisait ce député à l'assurer aux membres composant son groupe.

M. Piou ne craignit pas de dire encore au cardinal Rampolla que sa lettre avait fait plus de mal que de bien. Cette lettre n'était pas comprise par les gens bien intentionnés, elle a été dénaturée par les intransigeants qui s'en sont servis pour appuyer leurs partis, à tel point que ceux qui avaient bonne volonté, en étaient à se demander si le Saint-Père ne désavouait pas le cardinal Lavigerie. Cette révélation surprit le secrétaire d'État, mais aussi elle lui fit entendre que la clarté est toujours une qualité bien française et que pour être compris en France, il faut un langage précis, même pour les questions de nature délicate.

Reçu en audience, le député catholique fit aussi connaître au Saint-Père, avec beaucoup de franchise, les révélations qui avaient défrayé ses conversations avec les ministres du Pape. Dès le début de l'audience, il fut question de la politique acceptée en France, du toast de Saint-Eugène. M. Piou dit d'abord qu'on avait prétendu que le Primat d'Afrique acceptait aussi les actes du Gouvernement : « C'est à tort, lui répondit le Pape, puisque le cardinal Lavigerie a donné des explications à cet égard.» - Ensuite le député déclara à Sa Sainteté que le salut de la France se trouvait dans les paroles prononcées

1. Le R. P. Burtin alla voir le député à l'hôtel d'Angleterre, aussitôt après l'audience. M. Piou la lui raconta entièrement et le chargea de l'annoncer à S. Ém. le cardinal Lavigerie. C'est ce que fit le Père Procureur, sur-le-champ.

en la présence de la flotte, mais que ces paroles n'avaient pas produit tout leur effet parce qu'elles n'avaient pas été immédiatement appuyées. Dès que le toast fut prononcé, la France entière est restée suspendue pendant trois ou quatre jours, attendant une parole de Sa Sainteté et la parole n'a pas été dite. Au contraire, les imprudences du nonce ont commencé à jeter du désarroi parmi les hommes de bonne volonté. La lettre obscure du cardinal Rampolla a achevé de compliquer la situation. « Il fallait être précis », dit en terminant M. Piou. Le Pape qui l'avait écouté avec le plus grand intérêt et qui l'avait interrompu quelquefois pour lui poser certaines questions, se leva alors de son trône et prenant un air de majesté extraordinaire, il étendit ses deux bras vers M. Piou, en lui disant avec une force de voix qui a pénétré le député, ces mémorables paroles qui lui apparurent comme la consécration sublime du toast de Saint-Eugène : « Oui, Monsieur le député, il fallait un grand coup, il fallait un grand cri, il fallait le toast de Son Eminence le cardinal Lavigerie pour réveiller la France. Oui, il fallait un grand coup. Quelle circonstance imposante et solennelle n'a pas choisi le cardinal Lavigerie pour exprimer sa pensée. Il l'a fait devant une assemblée d'élite, en présence de l'escadre française. On ne peut rien trouver de mieux inspiré que le choix d'une semblable circonstance. Oui, il fallait un grand coup, il le fallait en présence de tant d'illustrations. »

Après avoir fait le récit de son audience au Père Procureur du cardinal, M. Piou ajouta : « Ah, mon Père, je n'ai pas l'honneur de connaître personnellement votre vénéré cardinal, mais je vous prie de déposer à ses pieds sacrés le respectueux hommage de mon admiration profonde, de ma vénération et de mon dévouement sans bornes. Dites-lui bien que le Pape m'a parlé de son toast en termes si cha

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