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Traduite en italien et placée sous les yeux du Pape, elle avait été revue par lui, puis envoyée par son ordre, sous le sceau du secret, à tous les évêques de France 1.

Mgr Lavigerie au courant pouvait donc écrire à Mgr Bourret le 10 août 2.

« A Paris et à Rome on est à l'apaisement. Tout à fait entre nous soit dit, les négociations entre le Gouvernement et Rome sont sur le point d'aboutir sur le pied que j'avais proposé une déclaration dans le sens de celle que vous avez entre les mains. Le nonce s'y est franchement rallié. Le Pape l'a déjà acceptée en principe. Il ne fait plus d'objection que sur deux ou trois expressions que le Gouvernement avait ajoutées. C'est ce que viennent d'apprendre deux dépêches chiffrées de M. Desprez et le Gouvernement prend l'engagement, lorsque les congrégations auront fait cette démarche, de les laisser toutes en paix jusqu'après le vote de la loi sur les associations qui aura lieu quand il plaira à Dieu. Mais si la démarche n'est pas faite, il exécutera tout sans merci. »

Bientôt la déclaration fut envoyée à toutes les congrégations non autorisées, par l'intermédiaire des évêques. Une lettre signée des cardinaux de Bonnechose et Guibert accompagnait l'envoi de la déclaration. Ces documents furent adressés le 19 août à tous les évêques.

<< Monseigneur, disaient les éminentissimes prélats, le conflit soulevé par les décrets du 29 mars paraît entrer dans une voie d'apaisement. Le Gouvernement avait été blessé du refus qu'avaient fait les congrégations de solliciter l'autorisation. Il avait attribué cette attitude à des motifs politiques; et,

1. Lettre inédite de Mgr Lavigerie au Père Charmetant, 7 décembre 1884.

2. Cf. Mgr BAUNABD, t. II, p. 57.

dans ces derniers temps, il a laissé voir qu'une déclaration qui désavouerait de leur part de semblables intentions, lui donnerait une satisfaction suffisante.

« Une haute autorité qu'il est inutile de nommer ici, à laquelle vous et nous, Monseigneur, nous devons la plus entière déférence, autorise les congrégations à signer et à présenter au Gouvernement la déclaration dont nous joignons ici le modèle.

« Le sens de ce document est connu à l'avance de ceux à qui il doit être adressé et tout fait espérer qu'il les affermira dans les dispositions bienveillantes qui paraissent les animer en ce moment.

« Nous avons été chargés, Monseigneur, de vous faire connaître la décision ci-dessus mentionnée, en vous priant d'envoyer le modèle de déclaration aux supérieurs et aux supérieures des communautés non reconnues, établies dans votre diocèse, pourvu qu'elles n'aient pas en dehors du diocèse de supérieurs majeurs (généraux ou provinciaux) car dans ce cas l'adhésion de ces supérieurs majeurs suffirait pour tout l'Institut.

« Vous voudrez bien, Monseigneur, engager les supérieurs (hommes et femmes) à signer le document dont il s'agit, et à nous le retourner le plus tôt possible; car il y a des motifs sérieux de se hâter. Vous auriez la bonté d'envoyer les exemplaires signés à l'archevêque de Paris qui les transmettra à qui de droit.

« Toute cette affaire demande une grande discrétion, aucune communication ne doit en être donnée à la presse. Veuillez 1... >>

1. Voici maintenant la déclaration dont il s'agissait :

« A l'occasion des décrets du 27 mars, une partie de la presse a dirigé de vives attaques contre les congrégations non autorisées, les représentant comme des foyers d'opposition au gouvernement de la République.

Le prétexte de ces accusations était le silence observé par ces

On arrivait au but. Il n'y avait qu'à attendre les signatures. A l'administration des Cultes tout était

congrégations qui, en effet, n'ont pas demandé jusqu'ici l'autorisation que le second décret les mettait en demeure de solliciter.

« Le motif de leur abstention était cependant tout autre que celui qu'on leur prête et les répugnances politiques n'y avaient aucune part. Convaincues que l'autorisation, qui, dans l'état actuel de la législation française, cònfère le privilège de la personnalité civile, est une faveur et non une obligation, elles n'ont pas cru se mettre en opposition avec les lois en continuant de vivre sous un régime commun à tous les citoyens.

Ce n'est pas qu'elles méconnaissent les avantages attachés à l'existence légale, mais elles ne pensaient pas qu'il leur convenait de rechercher des avantages dans des circonstances qui auraient fait interpréter une pareille démarche comme une condamnation de leur passé et comme l'aveu d'une illégalité dont elles ne se sentaient pas coupables.

« Pour faire cesser tout malentendu, les congrégations dont il s'agit ne font pas difficulté de protester de leur respect et de leur soumission à l'égard des institutions actuelles du pays.

La dépendance qu'elles professent envers l'Église de qui elles tiennent l'existence, ne les constitue pas dans un état d'indépendance à l'endroit de la puissance séculière. Telle n'a jamais été leur prétention, ainsi que leurs constitutions respectives et leur histoire en font foi.

« Le but moral et spirituel qu'elles poursuivent ne leur permet pas de se lier exclusivement à aucun régime politique ou d'en exclure aucun. Elles n'ont d'autre drapeau que celui de la charité chrétienne, elles croiraient le compromettre en le mettant au service des causes changeantes et d'intérêts humains. Elles rejettent donc toute solidarité avec les partis et les passions politiques. Enfin, elles ne s'occupent des choses qui regardent le gouvernement temporel que pour leur enseigner, par la parole et par l'exemple, l'obéissance et le respect qui sont dus à l'autorité dont Dieu est la source.

«Tels sont les principes qui ont inspiré jusqu'à ce jour leurs pensées et leurs actes; elles sont résolues à ne jamais s'en départir.

« Aussi ne peuvent-elles s'empêcher de nourrir l'espoir que le gouvernement accueillera avec bienveillance les déclarations sincères et loyales dont elles prennent ici l'initiative, et, que pleinement rassuré sur les sentiments qui les animent, il les laissera continuer librement les œuvres de prière, d'instruction et de charité auxquelles elles ont dévoué leur vie. >>

A cette déclaration suivait un modèle de formule que les supérieurs et supérieures devaient transcrire et signer :

« Je soussigné (ou soussignée), supérieur (ou supérieure) géné

prêt. M. Flourens avait lu la déclaration à M. Constans, ministre de l'Intérieur et à M. Fallières, qui n'avaient soulevé aucune objection péremptoire1.

La réponse du ministre des Cultes, composée par Mgr Lavigerie, attendait dans les cartons ministériels l'arrivée des formules signées pour être aussitôt envoyée 2.

ral (ou générale), de la congrégation (ou communauté) de....., après avoir pris l'avis de mon conseil, déclare en mon nom ou au nom de mes frères (ou sœurs) que les pensées ou les sentiments exprimés dans la note ci-dessus sont ceux de toute notre congrégation (ou communauté) et que nous sommes résolus à y conformer notre conduite. »>

1. Cf. Lettre inédite de M. Flourens à Mgr Lavigerie. Paris, 15 septembre 1880.

2. Voici quelle aurait été la réponse du ministre des Cultes si elle avait été envoyée (document inédit):

• J'ai reçu la déclaration que vous m'avez adressée le................ et dans laquelle vous m'expliquez l'abstention, où votre congrégation est restée jusqu'à ce jour, vis-à-vis des décrets du 29 mars. Pour faire cesser, dites-vous, tout malentendu et pour répondre aux accusations d'une partie de la presse qui représente les

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« congrégations non autorisées des deux sexes, comme des foyers d'opposition au gouvernement de la République », vous me déclarez, tant en votre nom qu'au nom du Conseil et des membres de votre société, que votre abstention n'a eu nullement le motif • qu'on lui prête et que les répugnances politiques n'y ont eu aucune part; que vous protestez de votre respect et de votre soumission • à l'égard des institutions actuelles du pays et que vous n'avez ⚫ jamais eu la prétention de vous constituer à l'état d'indépendance « vis-à-vis de la puissance séculière; que, n'ayant d'autre drapeau « que celui de la charité chrétienne, vous croiriez la compromettre « en la mettant au service de causes changeantes et d'intérêts hu• mains et que vous rejetez, en conséquence, toute solidarité avec « les partis et avec les passions politiques ».

• Vous ajoutez que « vous ne vous occupez des choses qui re« gardent le Gouvernement que pour enseigner par la parole et par « l'exemple l'obéissance et le respect qui sont dus à une autorité « dont Dieu est la source ».

• Après l'exposé de ces principes, dont vous êtes, dites-vous, résolu à ne jamais vous départir, vous exprimez l'espérance que le gouvernement accueillera avec bienveillance les déclarations « sincères et loyales dont vous prenez l'initiative, et qu'il vous lais« sera continuer librement les œuvres de prière, d'instruction et de • charité auxquelles vous avez voué votre vie ».

« Vous avez raison, Monsieur le Supérieur, de penser que de

Pour éviter toute indiscrétion, on avait gardé le silence avec les autres ministres.

telles déclarations seront accueillies avec bienveillance par le gouvernement de la République.

« Le Gouvernement ne peut, en effet, que voir avec satisfaction tous les citoyens, à quelque classe qu'ils appartiennent, témoigner de leur respect et de leur obéissance aux institutions du pays. Il ne peut, en particulier, que féliciter le clergé de la résolution qu'il manifeste de séparer la religion de la politique et des passions de parti. Dans ces conditions le clergé aura le droit de compter sur le respect de tous.

« Le gouvernement de la République qui regarde le principe de la liberté de conscience comme l'une des bases essentielles de notre droit public, n'a jamais songé du reste à le méconnaître en ce qui concerne les communautés catholiques.

« Il ne prétend, en aucune façon, régler ou juger au point de vue spirituel les conditions de la vie religieuse. Ce n'est donc pas à ce point de vue (auquel il est et veut rester complètement étranger) qu'il se place lorsqu'il se préoccupe des congrégations. Mais autant il a à cœur de respecter les engagements intérieurs de la conscience, autant il a le devoir de veiller aux conséquences politiques que peut avoir, dans une société comme la nôtre, l'existence des corporations actives et nombreuses et d'empêcher que par leur extension exagérée ou leur mode de fonctionnement extérieur, elles ne nuisent aux intérêts publics ou privés dont il a la garde.

« Ce droit du Gouvernement, de prévoir, de surveiller et de régler, selon qu'il le juge nécessaire, les effets temporels, civils et politiques des actes religieux, est inhérent à la nature des choses. Il a été exercé, sans aucune réclamation du clergé, sous le régime qui a précédé 1789, et le Concordat lui-même le reconnaît formellement en principe, lorsqu'après avoir déclaré libre, en France, la religion et le culte catholique, il ajoute dans son article premier : « que cette liberté ne s'exerce qu'en se conformant au règlement de police que le Gouvernement jugera nécessaire pour la tranquillité publique ».

« Quant à l'espoir que vous exprimez de voir le Gouvernement user de ce pouvoir en vous laissant continuer vos œuvres charitables, je ne puis, vous le savez, répondre à cette demande en vous accordant une autorisation légale et définitive avant l'accomplissement des formalités exigées par la loi, mais je m'empresse de vous dire, comme mes prédécesseurs l'ont fait dans des cas semblables, qu'après vos déclarations et eu égard aux renseignements satisfaisants que j'ai reçus de votre communauté, rien ne s'oppose à ce que vous continuiez, à titre de tolérance, les œuvres que vous dirigez (jusqu'au moment où vous aurez rempli les conditions exigées par les lois pour obtenir le privilège de la reconnaissance officielle).

« Agréez... »

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