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CHAPITRE V

ÉCHEC DE LA DÉCLARATION

Mgr LAVIGERIE TENTE UN DERNIER EFFORT

Effet de la déclaration sur les évêques et les religieux de M. de Freycinet à Montauban.

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Discours

Départ de Mgr Lavigerie à Alger. Divulgation du texte de la déclaration par la Guyenne. - Affolement dans le Gouvernement (lettre de M. Flourens) et parmi les catholiques. Irritation de Mgr Lavigerie. Lettre de Mgr Maret. Note confidentielle de Mgr Lavigerie à M. FlouL'espoir de reprendre cette affaire est perdue. — L'indiscrétion de la Guyenne est un coup monté. Démission de M. Freycinet. Constans refuse les déclarations des religieux. -Amertume de Mgr Lavigerie (lettre à M. Flourens et réponse du directeur général des Cultes). — Vaines instances de M. Flourens. Mgr Lavigerie sourdement désigné aux colères des partis. Dernier effort. Les décrets sont appliqués. — La Lettre de Mgr Place à Mgr Lavigerie. - Les congrégations algériennes

part des responsabilités.

Lettre de celui-ci au Pape. jouissent du statu quo.

La lettre des deux cardinaux produisit un véritable accablement chez plusieurs évêques. Mgr Freppel, lui, ne tint compte ni de la lettre ni de la déclaration, et il ne fit rien. Ce même sentiment de stupeur se remarqua aussi chez beaucoup de supérieurs. Dom Couturier, abbé de Solesmes, ne voulut pas y reconnaître un acte pontifical et refusa de le signer.

M. de Freycinet qui avait accepté, dès le principe, la déclaration et négocié avec le Vatican sans avertir tous ses collègues du ministère, chercha à préparer le terrain auprès de ses collaborateurs. Le 18 août, il prononça un grand discours politique à Montauban où il dévoila son intention de faire bénéficier les congrégations non autorisées d'une loi sur les associations, si leur attitude ne forçait pas le Gouvernement à appliquer le deuxième décret. Ce fut également un étonnement chez les radicaux qui protestèrent contre ce langage énigmatique pour

eux.

Cependant, de part et d'autre, l'émotion du premier moment s'apaisa et on commençait à recevoir les signatures. 152 adhésions de congrégations d'hommes et 224 de congrégations de femmes étaient déjà parvenues le 30 août à l'archevêque de Paris.

Les négociations achevées et les difficultés aplanies, Mgr Lavigerie venait de quitter Paris et rentrait dans son diocèse, heureux du succès de son intervention et de l'apaisement des esprits, mais une triste nouvelle l'avait précédé et l'attendait sur les rivages de l'Algérie.

Un journal bordelais, la Guyenne, rédigé sous l'inspiration de Mgr de la Bouillerie1, avait publié le 30 août, le texte de la déclaration. Cette grave indiscrétion fut comme un coup de foudre; elle brisa rapidement une œuvre qui avait coûté tant d'efforts.

<< Depuis votre départ, écrivait à Mgr Lavigerie le directeur des Cultes 2, la situation s'est fort assombrie et s'aggrave à tout moment...

<< Tout allait bien jusqu'au moment où la Guyenne

1. Mgr de la Bouillerie était coadjuteur du cardinal Donnet, archevêque de Bordeaux. Sa famille a déclaré, dans la suite, qu'il ne fut pour rien dans la divulgation de la déclaration.

2. Lettre inédite de M. Flourens à Mgr Lavigerie. Paris, 15 septembre 1880.

a publié le texte, alors que le Gouvernement n'avait reçu les déclarations que d'un nombre encore restreint de congrégations. De suite, émotion dans la presse, cris à la trahison, effroi parmi les députés, terreur dans le ministère. On s'assemble chez Gambetta. On décide de tout répudier, de tout renier. On mande Freycinet pour avoir à s'expliquer. On mande Grévy pour avoir à aviser. Ceux-ci font la sourde oreille. Enfin jeudi prochain, on les amène pour avoir à rendre compte, l'un d'avoir voulu agir, l'autre de n'avoir rien fait. Quant à la majorité du ministère, Cazot, Constans, Magnin, Ferry, etc., elle est résolue à poursuivre l'application immédiate du second décret pour se laver de tout reproche d'avoir trempé dans « les négociations tortueuses engagées pour obtenir les indulgences du Saint-Siège », comme dit éloquement M. Floquet.

« Voilà la vérité tout entière, telle qu'elle doit rester entre nous deux, bien entendu, mais telle que je la devais à votre cordiale amitié. »

Ce fut un affolement, non seulement dans le Ministère et la presse radicale, mais encore dans la presse légitimiste et bonapartiste.

Le Gouvernement, pour se dégager, fit publier dans le Journal officiel qu'il n'avait pris aucun engagement au sujet du deuxième décret, que sa liberté était pleine et entière.

Mgr Lavigerie, de son côté, outré du procédé du journal catholique, flétrit de la belle manière les auteurs de l'indiscrétion : « Je n'admets pas, écrivitil à Mgr Bourret, qu'un parti honnête ravive par une trahison comme celle de la Guyenne une persécution qui fait peut-être ses affaires, mais non celles de l'Église et des âmes. Je n'admets pas qu'un évêque manque au serment formel de son sacre, en livrant les secrets du Saint-Siège; je n'admets pas que des journaux, sans responsabilité, aient raison du Pape

en personne et de l'unanimité morale de l'épiscopat. Tout cela est encore plus grave que la persécution. >>

Il dépêcha à Paris un de ses vicaires généraux, l'abbé Combes1, qui était dans le Midi, pour recueillir l'opinion de tous les journaux sur cette question. Mgr Maret, en traitement à Vichy, au bruit qui se faisait autour de cette affaire, renouvela ses intances auprès de l'archevêque d'Alger pour renouer ce qui venait d'être rompu par cette publication indiscrète.

« La note de l'Officiel, écrivait-il 2, ne change pas essentiellement la situation, mais la rend plus difficile à M. de Freycinet... Je crains beaucoup que le Gouvernement, tout en promettant une loi, n'exige prochainement la demande formelle d'autorisation de la part des congrégations. Si elles la refusent et se bornent à leur déclaration, toutes les attaques de la mauvaise presse seront justifiées. On ne verra dans l'acte accompli qu'hypocrisie et révolte, et l'exécution du décret sera terrible. Voilà ce que vous seul pouvez représenter au Saint-Père, en lui demandant formellement d'imposer aux congrégations l'acte de la soumission dont elles font profession.

<< En quoi la demande d'autorisation peut-elle blesser la conscience et l'honneur? Sans doute les congrégations religieuses ont un droit divin de naître, de se former, de vivre, quand elles sont approuvées par l'Église. Mais les droits de l'Église font-ils disparaître ceux de l'État et ne sont-ce pas là des matières mixtes sur lesquelles le concours et le concert sont nécessaires? Quoi de plus divin que l'Épiscopat,

1. L'abbé Combes devenu depuis archevêque de Carthage et d'Alger, continuateur de l'œuvre religieuse de l'illustre cardinal Lavigerie, nous a donné ce détail. Nous l'en remercions publiquement.

2. Lettre inédite de Mgr Maret à Mgr Lavigerie. Vichy, le 8 septembre 1880.

et cependant l'Église n'admet-elle pas l'État à connaître de l'établissement des diocèses, de leurs circonscriptions, etc... Dans un moment aussi décisif, prendre un parti extrême, ce serait, ce me semble, amener la rupture qu'il faut éviter à tout prix, dans l'intérêt de la conservation de la religion dans notre pauvre patrie. Pesez ces choses, cher Seigneur, achevez votre œuvre et écrivez au Pape, comme vous savez le faire... »

Mgr Lavigerie, malgré l'amertume de son cœur, tenta encore, du Sahara, par un dernier effort, d'arrêter le trouble exagéré des esprits. Il envoya au directeur général des Cultes une note confidentielle sur le caractère et les conséquences politiques de la déclaration afin que, par les graves considérations qui y étaient faites, le Gouvernement pût se ressaisir lui-même et calmer les craintes des hommes politiques sensés et de l'opinion.

Nous publions ce document inédit1, d'une importance aussi considérable que le rapport adressé au Pape.

Cet acte confidentiel dans lequel l'archevêque d'Alger développe la doctrine du célèbre toast aussi clairement qu'il le fera dix ans plus tard, jette une lumière définitive sur l'origine de cette fameuse invitation à adhérer à la République. Elle en est réellement la clef. C'est, en effet, en 1880 et à propos de l'affaire des décrets, que Mgr Lavigerie a préconisé le ralliement des catholiques à la forme républicaine.

<< Pour les esprits légers et inattentifs ou pour les journaux sans portée, la récente déclaration des congrégations religieuses est un document de mince valeur. Quelques-uns la nomment ridicule, mais au

1. Note confidentielle sur le caractère et les conséquences politiques de l'attitude récente du clergé.

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