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AVANT-PROPOS

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Le cardinal Lavigerie fut un des hommes les plus extraordinaires de la fin du dix-neuvième siècle. Ouvert à toutes les spéculations de la pensée humaine, doué d'un bon sens pratique qui excellait à tirer tout le parti possible des hommes, des choses et des circonstances, poussé par un besoin impérieux de se dépenser, il ne pouvait pas assister en spectateur inactif aux pièces qui se jouaient sur la scène du monde. Il voulait aussi avoir son rôle. Il en a eu même plusieurs, car il a entrepris des travaux de toutes sortes.

Tandis qu'il avait le souci réel de deux archevêchés, ceux de Carthage et d'Alger, de leur organisation spirituelle et surtout temporelle; que, dans ce dernier ordre de choses, il s'occupait du détail des affaires, de l'achat et de la vente des terrains et des immeubles, de l'écoulement de ses vins renommés de Carthage, parfois aussi de la manière

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de tailler la vigne et de faire du jardinage, dans le même temps il dirigeait sa société des Missionnaires d'Alger, achevant leurs règles, étudiant les routes que ses dévoués Pères Blancs devaient parcourir à travers l'Afrique mystérieuse, préparant les caravanes; il donnait une vie nouvelle aux études archéologiques de l'Afrique du Nord, créant le célèbre musée de Saint-Louis de Carthage, adressant des rapports à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres; il prêchait en France, en Belgique, en Angleterre son admirable croisade anti-esclavagiste, faisant surgir, sur tous les points de l'Europe, des comités pour la destruction de l'esclavage africain, entretenant avec eux une correspondance volumineuse, réunissant des congrès; il écrivait des lettres pastorales, véritables chefs-d'œuvre, sur toutes les questions qui agitaient les esprits; enfin et par-dessus tout il était attentif à tous les faits de politique religieuse et coloniale, intervenant dans les nominations épiscopales, dans les promotions au cardinalat, dans les négociations entre le Saint-Siège et la République, observant, avec une vigilance toujours en éveil, les visées des puissances étrangères dans le bassin de la Méditerranée, renseignant régulièrement dans des rapports où tout était traité supérieurement soit le secrétaire d'État du Pape, soit le ministre des Affaires étrangères.

Le biographe le plus complet de l'illustre prince de l'Église, Mgr Baunard, a présenté dans son ensemble et d'une façon très attrayante, cette vie consacrée à des travaux si nombreux. Cependant son œuvre n'est pas définitive, spécialement sur tout ce qui touche à l'action politique du Primat africain. La raison en est bien simple. Ce fut sur les instances des Pères Blancs que Mgr Baunard fut amené à composer la Vie du grand cardinal. Arrivé à Alger en 1893, il fut l'hôte des Missionnaires d'Afrique, à Maison-Carrée, près d'Alger et il reçut d'eux ses premiers renseignements. Il espérait aussi consulter les papiers de Mgr Lavigerie, renfermés aux archives du diocèse. Il ne prévoyait aucune difficulté. Mais, à cette époque, le nouvel archevêque, Mgr Dusserre, homme d'une simplicité et d'une charité proverbiales, était en froid avec les Pères Blancs. Lorsque Mgr Baunard se présenta à lui et exposa l'objet de sa visite, il lui refusa nettement l'entrée aux archives. Il avait d'ailleurs lui-même, disait-il, l'intention d'écrire la Vie de son illustre prédécesseur.

J'ai été plus heureux. Favorisé de la bienveillante attention de Sa Grandeur Mgr Combes, archevêque de Carthage et d'Alger, et de la sollicitude éclairée de mon oncle, Mgr Tournier, évêque titulaire d'Hippone-Zarite et exécuteur testamentaire du cardinal Lavigerie pour le diocèse de Carthage, j'ai pu explorer les précieuses archives

des diocèses de Carthage et d'Alger et découvrir de nombreux documents inédits sur l'action politique de l'éminent prélat. J'ai également mis à profit le journal intime et les souvenirs personnels de mon oncle.

En me limitant dans ce travail au rôle politique du cardinal Lavigerie, j'ai voulu lever le voile qui cache en grande partie son œuvre peut-être la plus importante et pour laquelle il était le mieux doué. J'ai voulu également éclairer d'un jour nouveau les relations de l'Église et de l'État en France, sur le

déclin du siècle dernier.

La tâche était délicate. Mais j'ai cru que, pour traiter des questions politiques, la meilleure méthode était d'être rigoureusement impartial, d'éviter les appréciations personnelles et de ne considérer les événements que du point de vue objectif. C'est pourquoi je me suis toujours retranché derrière le document, et comme le document est inédit, je le reproduis le plus souvent en entier, ne donnant seulement que l'analyse exacte des passages que je ne puis publier sans alourdir la marche de mon travail.

Je me permets d'exprimer ici mes vifs remerciements aux éminents personnages ecclésiastiques qui ont facilité ma tâche à Sa Grandeur Mgr Combes et à Sa Grandeur Mgr Tournier; à Sa Grandeur Mgr Livinhac, supérieur général des Pères Blancs et à Mgr Charmetant, directeur gé

néral de l'OEuvre des écoles d'Orient, qui ont bien voulu me donner des éclaircissements sur leur vénéré fondateur. J'unis encore, dans ma reconnaissance, les noms de M. Flourens, ancien ministre des Affaires étrangères, qui m'a autorisé à publier ses lettres inédites adressées au cardinal Lavigerie, lors de son passage à la direction générale des Cultes; de MM. le colonel Keller et François Veuillot, qui m'ont également permis de publier la correspondance échangée entre le Primat d'Afrique et leurs illustres pères : M. Émile Keller, ancien député, et M. Eugène Veuillot, ancien directeur de l'Univers; enfin ma gratitude va à la Société d'encouragement aux études supérieures dans le Clergé.

BIBLIOGRAPHIE

Vingt-cinq années d'épiscopat en France et en Afrique. Documents biographiques sur S. Ém. le cardinal Lavigerie, archevêque de Carthage et d'Alger, primat d'Afrique... à l'occasion de son jubilé épiscopal, par Mgr A.-C. GRUSSENMEYER, protonotaire apostolique, 2 vol. in-8, chez Jourdan, Alger, 1888.

NOTA. Ces deux volumes ont été composés par le cardinal Lavigerie lui-même. Mgr Grussenmeyer, son vicaire général, n'a fait que prêter son nom.

Quelques souvenirs personnels sur Mgr Maret, archevêque de Lépante, doyen de la Faculté théologique à la Sor

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