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1" janvier (11 nivôse an X) — L'année 1802 com- | 31 janv. (11)-Le premier consul rentre à Paris. mence par une calamité publique : le Rhin, 1er février (12) — Son beau-frère, le général Mula Seine et un grand nombre de rivières de rat, chargé d'installer le nouveau gouvernement France, d'Allemagne et d'Italie débordent tout de la république italienne, part pour l'Italie. à coup, et occasionnent d'immenses pertes. 2 (13) De plus grands événements se passent 3 (13) Louis Bonaparte, le frère du premier alors aux Antilles. Le corps de bataille de la consul, épouse Hortense de Beauharnais, fille flotte portant l'armée destinée contre Saintdu vicomte Alexandre (voy. 23 juillet 1794) Domingue, partie des ports de France le 14 et de Joséphine Tascher de la Pagerie, depuis décembre précédent, arrive en vue de l'île. impératrice des Français. Quelques écrivains Comme il importait d'attaquer l'île sur pluportent par erreur ce mariage sous la date sieurs points à la fois si l'emploi des armes du 4 janvier. (Voy. pour les enfants issus de était nécessaire pour soumettre Toussaintce mariage, le 10 octobre 1802, le 11 octobre Louverture, Leclerc divise ses forces en quatre 1804 et le 20 avril 1808.) corps principaux et donne à chacun d'eux les instructions les plus précises. Tandis que mille hommes commandés par le général Kerverseau et embarqués sur quatre frégates, font voile pour Santo-Domingo, la division Boudet, forte de trois mille hommes et embarquée à bord de l'escadre de l'amiral Latouche-Tréville, se dirige sur le Port-au-Prince, et la division Rochambeau, forte de deux mille cinq cents hommes, se rend dans la baie de Mancenille, avec ordre d'y débarquer sur-le-champ et de s'emparer du fort Dauphin. Le quatrième corps, composé du reste des troupes, et à la tête duquel se trouve le général en chef, se rend en même temps devant le Cap.

12 (22) Bonaparte, ayant convoqué à Lyon les principaux membres du gouvernement de la république cisalpine dans le but de réorganiser la constitution de cet État, quitte Paris et prend la route de Lyon.

13 (23) Il y arrive et ouvre aussitôt les séances de la consulta italienne.

14 (24) Mort du littérateur Foucher d'Obsonville, né à Montargis en 1734.

- Un autre littérateur Lunneau de Boisjermain
(Pierre-Joseph-François), termine également
sa carrière; il était né à Issoudun.

18 (28) Mort de Darquier (Augustin), astronome,
né à Toulouse le 23 novembre 1718.
26 (6 pluviose) Après avoir consacré plusieurs
séances à la discussion d'un nouveau système
organique, la consulta réunie à Lyon (voy. 12
janvier) proclame, sous le patronage du pre-
mier consul, la nouvelle constitution cisal-
pine. Par cette loi, le nom de cisalpine est
supprimé et remplacé par celui de république
italienne. Bonaparte en est nommé président.
Cette élection dessine nettement les intentions
duchef du gouvernement français, et la grande
idée qui l'occupa constamment depuis ses
campagnes d'Italie, de réunir la nation ita-
lienne sous un même drapeau, reçoit sa pre-
mière exécution. En se faisant proclamer pré-
sident de la république italienne, Bonaparte
place ce pays sous la protection immédiate de
la France, et s'arroge le droit d'intervenir
directement dans les affaires politiques et in-
térieures de l'Etat.

Tandis que la première, la seconde et la quatrième divisions se dirigent vers les points indiqués, le général Rochambeau, ayant quelques heures d'avance sur le reste de la flotte, entre dans la baie de Mancenille, attaque le fort Dauphin et s'en empare. Cent cinquante bouches à feu tombent entre ses mains.

3 (14) De son côté, le général Leclerc arrive devant le Cap avec l'escadre de l'amiral Villaret-Joyeuse, et vient jeter l'ancre hors de la portée des batteries des côtes. Mais avant de rapporter les événements qui marquèrent cette malheureuse expédition, il est nécessaire de constater les forces qui y furent employées; c'est un point historique qu'il importe d'éclaircir, car il expliquera les revers qui accablèrent les troupes françaises, et détruira tout ce qu'on a dit sur l'importance de l'armée mise à la disposition du général Leclerc.

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17,100

4,200

Bataillon allemand. 2,400 10° de dragons..

98° de ligne.

7° de ligne..

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Artiller. (une comp). 77° de ligne. Légion polonaise..

1,400 1.500

1,600 6,100

1,600

7 lég. et q' détach.. | 1,400 83 de ligne (part.).

3o légère...

700

2,000

7,931

Légion polonaise... 2,570 4 batt. garde-côtes.

512

Bataillon étranger...

227

83 de ligne (2 p.).

522

- Artillerie de la marine, réunie aux troupes de terre débarquées à

4,000

Total général des forces françaises, employées à l'expédition de Saint-Domingue, sous Leclerc. 35,131

4 février (15) - Ayant jeté l'ancre à peu de distance de la passe qui conduit au port du Cap. Leclerc s'empresse d'envoyer à terre le capitaine Lebrun, aide de camp de l'amiral Villaret-Joyeuse, avec mission de remettre différentes dépêches à Toussaint-Louverture, alors dans l'intérieur du pays. Lebrun débarqua près du fort Picolet, où se trouvait le général Christophe, lieutenant du chef des noirs dont il partageait complétement les vues et la haine contre les Français. Aussitôt qu'il eut fait connaître à Christophe sa qualité de parlementaire du capitaine général, celui-ci lui répondit avec hauteur qu'il ne reconnaissait d'autre autorité que celle de Toussaint, et refusa positivement de lui laisser continuer sa route. Il termina, en ajoutant qu'il ne permettrait jamais l'entrée de la rade au soi-disant capitaine général,

et exigea impérieusement que Lebrun lui remit les dépêches dont il était porteur, promettant toutefois de les transmettre à son chef. Parmi ces dépêches il en était une de la plus haute importance; c'était une lettre que le premier consul adressait à Toussaint pour le prier de joindre ses efforts à ceux de Leclerc, afin de rétablir la tranquillité, et de soustraire la colonie à l'anarchie qui la désolait. C'est une pièce historique qu'il importe de connai tre pour bien comprendre les événements qui vont se succéder dans les Antilles.

« Citoyen général,

» La paix avec l'Angleterre et toutes les puissances de l'Europe, qui vient d'asseoir la républi que au premier degré de puissance et de grandeur, met à même le gouvernement de s'occuper de la colonie de Saint-Domingue. Nous envoyons le

1 Cet état des troupes arrivées à Saint-Domingue, est dressé d'après la correspondance du général Leclerc, conservée à Paris. Quant à des situations proprement dites de l'armée expéditionnaire, il n'en existe point aux archives du dépôt de la guerre.

>> Faites connaître au peuple de Saint-Domingue que la sollicitude que la France a toujours portée à leur bonheur, a été souvent impuissante par les circonstances impérieuses de la guerre; que les hommes venus du continent pour l'agiter et alimenter les factions, étaient le produit des factions qui elles-mêmes déchiraient la patrie; que désormais, la paix et la force du gouvernement assurent leur prospérité et leur liberté. Ditesleur que si la liberté est pour eux le premier des biens, ils ne peuvent en jouir qu'avec le titre de citoyen français, et que tout acte contraire aux intérêts de la patrie, à l'obéissance qu'ils doivent au gouvernement, et au capitaine général qui en est le délégué, serait un crime contre la souverai

citoyen Leclerc, notre beau-frère, en qualité de | tain sur votre considération, votre fortune et les capitaine général, comme premier magistrat | honneurs qui vous attendent. de la colonie. Il est accompagné de forces convenables pour faire respecter la souveraineté du peuple français. C'est dans ces circonstances que nous nous plaisons à espérer que vous allez nous prouver, et à la France entière, la sincérité des sentiments que vous avez constamment exprimés dans les différentes lettres que vous nous avez écrites. Nous avons conçu pour vous de l'estime, et nous nous plaisons à reconnaître, à proclamer les grands services que vous avez rendus au peuple français. Si son pavillon flotte sur Saint-Domingue, c'est à vous et aux braves noirs qu'il le doit. Appelé, par vos talents et la force des circonstances, au premier commandement, vous avez détruit la guerre civile, mis un frein à la persécution de quelques hommes féroces, remis en hon-neté nationale, qui éclipserait les services et renneur la religion et le culte de Dieu de qui tout émane. La constitution, que vous avez faite, en renfermant beaucoup de bonnes choses, en contient qui sont contraires à la souveraineté du peuple français, dont Saint-Domingue ne forme qu'une portion.

Les circonstances où vous vous êtes trouvé, environné de tous côtés d'ennemis, sans que la métropole pût ni vous secourir ni vous alimenter, ont rendu légitimes les articles de cette constitution qui pourraient ne pas l'être. Mais aujourd'hui que les circonstances sont si heureusement changées, vous serez le premier à rendre hommage à la souveraineté de la nation qui vous compte au nombre de ses plus illustres citoyens, par les services que vous lui avez rendus et par les talents et la force de caractère dont la nature vous a doué. Une conduite contraire serait inconciliable avec l'idée que nous avons conçue de vous. Elle vous ferait perdre vos droits nombreux à la reconnaissance et aux bienfaits de la république, et creuserait sous vos pas un précipice qui, en vous engloutissant, pourrait contribuer aux malheurs de ces braves noirs dont nous aimons le courage, et dont nous nous verrions avec peine obligés de punir la rébellion.

» Nous avons fait connaître à vos enfants et à leur précepteur les sentiments qui nous animaient. Nous vous les renvoyons.

» Assistez de vos conseils, de votre influence et de vos talents le capitaine général. Que pouvezvous désirer? la liberté des noirs? Vous savez que dans tous les pays où nous avons été, nous l'avons donnée aux peuples qui ne l'avaient pas. De la considération, des honneurs, de la fortune? Ce n'est pas après les services que vous avez rendus, que vous pouvez rendre encore dans cette circonstance, avec les sentiments particuliers que nous avons pour vous, que vous devez être incer

La constitution dont parle Bonaparte avait été rédigée le 3 jain 1800 par une assemblée centrale convoquée par Toussaint; elle fut sanctionnée par celui-ci le 4 juillet suivant.

drait Saint-Domingue le théâtre d'une guerre malheureuse, où des pères et des enfants s'entr'égorgeraient.

>> Et vous, général, songez que si vous êtes le premier de votre couleur qui soit arrivé à une si grande puissance et qui se soit distingué par sa bravoure et ses talents militaires, vous êtes aussi, devant Dieu et nous; le premier responsable de leur conduite.

>> S'il était des malveillants qui disent aux individus qui ont joué le principal rôle dans les troubles de Saint-Domingue, que nous venons pour rechercher ce qu'ils ont fait pendant les temps d'anarchie, assurez-les que nous ne nous informerons que de leur conduite dans cette circonstance, et que nous ne chercherons le passé que pour connaître les traits qui les auraient distingués dans la guerre qu'ils ont soutenue contre les Espagnols et les Anglais qui ont été nos ennemis.

>> Comptez, sans réserve, sur notre estime, et conduisez-vous comme doit le faire un des principaux citoyens de la plus grande nation du monde.

>> Le premier consul, BONAPARTE. » Paris, le 17 brumaire an x.

Rien mieux que cette lettre ne prouve, ce me semble, les intentions bienveillantes qui guidaient Bonaparte dans ses vues sur SaintDomingue. On a pu l'interpréter dans un autre sens et ne voir dans les paroles conciliantes du chef du gouvernement français que l'expression d'une profonde dissimulation, parce qu'il dériva ensuite de la ligne de conduite qu'il y indiquait, mais c'est un tort que l'on a eu. Ici, comme dans d'autres occasions, on s'est dispensé de tenir compte des circonstances et on n'a pas voulu admettre que les événements puissent changer la nature primitive et jusqu'à la physionomie d'une question aussi importante que celle de la révolte des noirs de Saint-Domingue. En effet, quel était,

quel devait être le but de la mère patrie? N'était-il pas rationnel qu'elle cherchât à reconquérir ses possessions perdues pendant la guerre continentale, et Saint-Domingue était une de ces colonies: la constitution proclamée par Toussaint-Louverture ne constituait aucunement l'indépendance de ce pays; la France pouvait y consentir, mais rien ne l'y obligeait. Si Bonaparte changea de politique lorsque Toussaint se fut décidé à combattre la métropole les armes à la main, n'était-il pas dans son droit? Devait-il envisager ce chef rebelle comme une puissance parce qu'il s'était déclaré indépendant, et traiter avec lui comme avec le représentant d'une nation constituée et reconnue? Certes, non. «L'honneur, comme l'intérêt de la France, voulait qu'on le fit rentrer dans le néant '. » Voilà pour le fond de l'entreprise; quant à la dissimulation dont quelques écrivains accusent le premier consul, peut-on ainsi qualifier les expressions contenues dans sa lettre et même les mesures que la conduite du chef des noirs provoqua? Dans la situation où se trouvait l'île, pouvait on brusquer les événements sans risquer de tout compromettre, de hâter l'explosion d'une révolte préparée par les intrigues de Toussaint, et de provoquer le massacre du petit nombre de blancs échappés aux boucheries de 1793 et de 1794? La plus simple politique ordonnait d'agir avec prudence et de se servir avant tout des armes de la persuasion. Il y a des moments où un gouvernement, touf fort qu'il peut être, doit faire abnégation de ses volontés, saisir avec adresse le mal qui le ronge et se servir des armes mêmes de son adversaire. Qu'aurait-on dit si Bonaparte eût fulminé dès le principe un manifeste de guerre, une déclaration impérieuse qui eût hâté la guerre civile dans la colonie? On l'eût taxé d'imprudence, et l'accusation eût été fondée.

Non content du refus d'admettre au Cap l'escadre qui portait le capitaine général, ce qui était déjà un outrage pour la France, Christophe, sûr d'être approuvé par Toussaint, se permit encore un acte de violence en retenant le capitaine Lebrun prisonnier au fort Picolet. Ce ne fut que le lendemain matin que le parlementaire français put retourner à bord de la flotte et faire connaître à Leclerc les dispositions du général noir. Quoique Christophe l'eût fait surveiller de près, Lebrun parvint néanmoins, avant de s'embarquer, à distribuer plusieurs exemplaires d'une proclamation que le premier consul adressait aux habitants de la colonie. Cette proclamation était conçue dans ces termes :

» Habitants de Saint-Domingue! Quelle que soit votre origine et votre couleur, Mémoires attribués à Napoléon.

vous êtes tous Français, vous êtes tous libres et tous égaux devant Dieu et la république. La France a été, comme Saint-Domingue, en proie aux factions et déchirée par la guerre civile et par la guerre étrangère, mais tout a changé tous les peuples ont embrassé les Français et leur ont juré la paix et l'amitié. Tous les Français se sont embrassés aussi et ont juré d'être tous des amis et des frères. Venez aussi embrasser les Français et vous réjouir de revoir vos amis et vos frères d'Europe. Le gouvernement vous envoie le capitaine général Leclerc; il amène avec lui de grandes forces pour vous protéger contre vos ennemis et contre les ennemis de la républi que. Si on vous dit : ces forces sont destinées à vous ravir votre liberté, répondez: la république ne souffrira pas qu'elle nous soit enle vée. Ralliez-vous autour du capitaine général. Il vous rapporte l'abondance et la paix; ralliez-vous tous autour de lui. Qui osera se séparer du capitaine général sera un traître à la patrie, et la colère de la république le dévorera comme le feu dévore vos cannes desséchées. »> 5 février (16)-Prévoyant, dès ce moment, tous les dangers dont la ville du Cap était menacée si l'obstination de Christophe forçait les Français à débarquer de vive force, les habitants s'empressèrent d'envoyer une députation, composée des principaux d'entre eux, à bord de l'escadre française. Elle fut chargée d'implorer Leclerc pour qu'il suspendit pendant quarante-huit heures tout acte d'hostilité. On espérait que la réponse de Toussaint à la lettre du premier consul serait de nature à aplanir toutes les difficultés, et que le gouverneur ouvrirait le port à la flotte de Villaret-Joyeuse. Leclerc reçut les députés avec bienveillance; il leur dit que la France avait tout disposé pour le bonheur de la colonie, que ToussaintLouverture aurait à se féliciter de la gratitude de la métropole, que Christophe aurait aussi sa part des récompenses que le gouvernement accordait aux généraux des troupes coloniales, mais que la situation des choses ne permettait plus qu'il retardât l'entrée de l'escadre dans le port du Cap, et qu'en conséquence il allait prendre les mesures nécessaires pour qu'elle s'opérât dans la journée même. Il chargea en même temps la députation d'une lettre pour Christophe. Le capitaine général s'y exprimait avec énergie. Après avoir démontré l'outrage fait à la France, en retenant un officier revêtu d'un caractère sacré et en s'opposant à l'entrée de l'escadre dans les ports de l'ile, Leclerc ajouta que si les forts de Picolet et de Bel-Air, ainsi que toutes les batteries des côtes n'étaient pas remis aux Français avant le soir, il jetterait le lendemain matin dix mille hommes à terre pour s'en emparer de

vive force. C'était un moyen extrême et dont on prévoyait les suites funestes; malheureusement il fallut bien y recourir, car le général Christophe ne tint aucun compte de la lettre du capitaine général : il ne se donna même pas la peine d'y répondre. Dès ce moment la guerre était inévitable: de part et d'autre on fit les préparatifs d'attaque. Ce fut Christophe qui en donna le signal vers le soir en tirant brusquement sur un bâtiment français qui s'était approché de terre en courant sa bordée. 6 février (17) — Tout étant prêt pour opérer la descente, les troupes françaises se jettent aussitôt dans les chaloupes et se dirigent vers la côte à force de rames : c'était pendant la nuit du 5 au 6 février. Le débarquement eut lieu à la pointe du Limbé, au nord du Cap, malgré la violence du feu de l'ennemi. Les batteries que les noirs avaient établies le long des côtes, sont enlevées au pas de charge avant le jour, et les troupes coloniales chassées sur la ville où Leclerc s'empresse de les suivre.

- Tandis qu'il marche sur la capitale de l'île, et que l'amiral Villaret-Joyeuse force le passage qui conduit au Cap, le général Humbert, détaché de la division Rochambeau, alors en position aux environs du fort Dauphin, attaque vigoureusement le fort de Bel-Air et s'en rend maître après une courte défense. - Au même instant, à l'ouest de l'île, le général Boudet, que le capitaine général avait dirigé (voy. 2 février) sur le Port-au-Prince avec l'escadre de l'amiral Latouche-Tréville, arrive devant cette ville, défendue par le général Agé avec quatre mille trois cents noirs, l'attaque, chasse les ennemis et s'empare de la place.

- Instruit de la marche des troupes françaises sur le Cap, et voyant le port de cette ville forcé par Villaret-Joyeuse, Christophe se détermine à abandonner la place et à faire retraite, par le Haut-du-Cap, vers la GrandeRivière, où il espérait trouver les soldats avec lesquels Toussaint accourait à son secours. Mais avant de se retirer, le général noir se décide à une de ces actions que l'humanité réprouve, que tous les droits de la guerre condamnent, mais qui ne rentrent que trop dans les moyens défensifs de la race africaine. D'après ses ordres le feu est mis à la ville : l'embrasement fut si général, l'incendie si violent, qu'en quelques heures de temps tout le Cap fut détruit de fond en comble; une soixantaine de maisons furent seules sauvées. L'armée frémit d'horreur et de dégoût en contemplant les résultats de cet acte barbare du plus odieux vandalisme. « Ce fut un spectacle déchirant pour les Français de la métropole de voir les habitants privés de leurs maisons, en proie à toutes les infortunes, récla

mer des soldats de la république un appui malheureusement trop tardif 1. »

Ce fut sous de semblables auspices que commença la guerre de Saint-Domingue. L'incendie, allumé dans la partie du nord, s'étendit bientôt sur toute la surface de l'île. La population mulâtre, déchaînée avec toute sa haine contre les blancs et excitée par les lieutenants de Toussaint-Louverture, s'abandonna à toute la férocité de son caractère instinctif. Elle parcourut la plaine une torche à la main, massacrant impitoyablement les habitants et livrant aux flammes les campagnes et les villes que dans sa lâcheté elle ne pouvait ou plutôt n'osait défendre..... Toutefois, les troupes françaises ne restèrent point, comme on le pense bien, tranquilles spectatrices de cette grande désolation. Tous leurs efforts allaient être consacrés à terrasser le hideux ennemi qu'elles avaient à combattre.

7 février (18)—La ville de Santo-Domingo, défendue par Paul Louverture, frère de Toussaint, est enlevée de vive force par le général Kerverseau, détaché à cet effet par le capitaine général dans la journée du 2 février.

9 (20) Maître du fort de Bel-Air, le général Humbert marche sur le Port-de-Paix, occupé par le général noir Maurepas, attaque l'ennemi concentré devant la place, le chasse de ses positions, le culbute et le force d'abandonner précipitamment la ville, en se retirant sur les Trois-Rivières. (Voy. 5 mars.)

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14

En France, mort du littérateur Sélis (NicolasJoseph), membre de l'institut, né à Paris le 27 avril 1737.

(25) A Milan, le général Murat, délégué par le premier consul (voy. 14 janvier 1802), installe le nouveau gouvernement de la république italienne, institué en vertu de la constitution votée par la consulta de Lyon le 26 janvier précédent. Murat prononça dans cette circonstance un discours pompeux et promit les plus belles destinées à la jeune république. « Compagnon du grand héros, chef de tant de braves, lui répondit le vice-président Melzi, vous à qui est confié le soin important et délicat de faire succéder aux rapports qui établissent la conquête, ceux de la fraternité entre deux nations faites pour être amies, vous avez encore été choisi pour honorer par votre présence cette journée. Bonaparte ne pouvait nous donner une meilleure preuve de son intérêt pour nous, qu'en vous désignant pour le représenter dans cette circonstance. Vous ne pouviez mieux le réprésenter, qu'en partageant avec lui le désir de notre bonheur. Recevez l'expression de la reconnaissance publique, et pour ce que vous avez déjà fait, et pour ce que

Victoires et Conquétes, tome XIX, page 263.

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