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juge et leur rédempteur, se manifestant à eux d'une manière sensible mythes, symboles et légendes.

Le Pentateuque est inspiré en chacun de ses cinq livres et dans toutes les parties de ces livres. Mais il n'a pas cette authenticité vulgaire et étroite telle que les occidentaux la comprennent, qui voudraient que la plume d'un seul et même auteur ait écrit tout ce qu'il contient. Il possède une authenticité large comme la pratique l'Orient qui laisse ses livres toujours ouverts aux auteurs qui viennent y écrire de siècle en siècle, durant les générations successives. Moïse a écrit une très minime partie du Pentateuque. Cependant son nom y est toujours resté attaché, parce que toutes les additions subséquentes n'ont été que le développement de l'œuvre personnelle de ce premier législateur. Ainsi à Rome la loi des douze tables aurait englobé dans sa dénomination toutes les législations suivantes, si on eût compris dans l'Occident comme en Orient la nature du livre. Cette conception, affirment nos théoriciens, n'est nullement contraire au dogme de l'inspiration. Car le Pentateuque est resté divin dans toutes ses parties, les auteurs, qui y ont mis la main, ayant été inspirés pour changer, corriger, compléter ou raturer le texte, selon les besoins des temps et conformément à l'économie providentielle. Celle-ci veillait pour modifier la Loi d'après les progrès naturels accomplis dans la société qui était l'objet spécial de la sollicitude de Dieu.

Il en est ainsi du Pentateuque. Mais en général l'idée qu'on s'est faite jusqu'à nos jours de tout le Vieux Testament doit être réformée. Les patriarches, les prophètes et quelques privilégiés de la nation d'Israël ont eu des vues plus justes sur la vie future. Mais le peuple n'avait aucune idée de l'immortalité de l'âme et les livres destinés à l'instruire ne contiennent pas cette notion. On ne la trouve ni dans le Pentateuque, ni dans les Prophètes, ni dans les livres plus récents écrits après Esdras et la captivité. Deux textes de Job et d'Isaïe ont été cités par tous les organes de la tradition comme témoignages décisifs des récompenses et des châtiments de la vie future: « Scio enim quod Redemptor meus vivit, et in novissimo die de terra surrecturus sum; et rursum circumdabor pelle mea, et in carne mea videbo Deum meum, Quem visurus sum ego ipse, et oculi mei conspecturi

sunt, et non alius; reposita est hæc spes mea in sinu meo.

Je

le sais, mon Rédempteur est vivant, et au dernier jour je ressusciterai de la terre ; je serai de nouveau revêtu de ma peau, et dans ma chair je verrai mon Dieu. Je le verrai moi-même, ce sont mes yeux qui le contempleront et non un autre : telle est l'espérance qui repose dans mon sein (Job, XIX, 25-27). - Et vermis eorum non morietur et ignis eorum non exstinguetur. Le ver qui les ronge ne mourra point et le feu qui les dévore ne s'éteindra point (Isaïe, LXVI, 24). Ces deux textes, écrivait récemment l'exégète dont nous résumons la doctrine, ont été interprétés à contre-sens et ne se rapportent pas aux choses de l'autre vie. De même l'Ecclésiastique ne vise en tous ses préceptes de morale que le bien-être et le bonheur de la vie présente.

Je ne discute pas encore, j'expose. Mais je ne peux pourtant pas ne point rechercher en ce moment d'où vient, de la part d'esprits cultivés et de belles intelligences, une méconnaissance si prodigieuse tout à la fois des règles les plus claires, les plus obvies de l'interprétation scripturaire et des principes les plus fondamentaux de la doctrine catholique.

En effet, si nous sommes réduits, comme on nous le propose, à admettre l'idée nouvelle de l'authenticité du Pentateuque, idée qui n'est que la négation de cette même authenticité; si nous nous résignons à ne plus voir l'enseignement de l'immortalité de l'âme dans les livres de l'Ancien Testament, il est manifeste que nous supprimons pour toutes les générations humaines depuis Adam jusqu'à Jésus-Christ la possibilité elle-même de la foi et du salut. Comment croire à la révélation si l'on n'a aucun signe certain que Dieu a parlé ? comment faire son salut, si l'on n'a même pas l'idée de la vie future?

La Revue du clergé, dans un récent article d'un de ses rédacteurs, conteste la légitimité de la première partie de la conclusion que nous venons de formuler.

L'auteur de l'article observe qu'il y a lieu de distinguer entre l'authenticité littéraire d'un livre et son authenticité historique. Les écrivains catholiques, dit-il, qui, acceptant les déductions de la critique moderne, reportent la rédaction du Deutéronome entre les règnes d'Ezéchias el de Josias, reculent celle du Lévitique, des parties ritualistes de l'Exode et des Nombres, quant à

leur dernier achèvement, jusqu'à l'époque d'Esdras, proclament que l'authenticité littéraire du Pentateuque, comme œuvre écrite par Moïse lui-même, ne peut pas être défendue. Mais ils soutiennent que la valeur historique du livre, avec les conséquences qui en résultent pour la foi, subsiste tout entière. La raison qu'ils en donnent c'est que les rédacteurs inspirés de la législation d'Israël ont écrit avec l'esprit et l'autorité de Moïse, qu'ils ont pu mettre leur œuvre sous le couvert de son nom, conformément aux usages de l'Orient; que d'ailleurs la tradition mosaïque, relativement aux lois et aux événements, vivait intacte dans ce document vraiment sacré qu'on nomme le Pentateuque.

Nous remarquerons à notre tour que ces assertions de nos écrivains catholiques, avancées par eux avec la confiance de donner au Pentateuque de leur création une authenticité que, je pense, il ne comporte pas, sont dénuées de toute espèce de preuve; qu'ainsi elles ont juste la valeur d'une affirmation détruite par une affirmation contraire.

Je vais plus loin et je dois dire ingénument que, dans ma conviction profonde, la théorie de nos modernes exégètes est le renversement, au détriment de l'Église de l'Ancien Testament, des motifs de crédibilité que la Providence avait mis à sa disposition. Si, en effet, le Deutéronome n'a été écrit qu'au temps d'Ézéchias, que devient l'efficacité de la sanction brutalement sensible et prophétique donnée par Dieu à la Loi solennellement promulguée par Moïse à l'assemblée d'Israël ? Les retours périodiques à Dieu, sous le gouvernement des Juges, des tribus cou· pables puis repentantes après avoir été punies de leurs crimes contre la Loi, s'expliquent aisément si l'on suppose qu'elles pouvaient voir dans les particularités de leur châtiment l'accomplissement rigoureux des menaces écrites par Moïse. Mais si ces prédictions n'ont été formulées que dix siècles plus tard, comment ont-elles pu opérer en masse les conversions miraculeuses que constate le livre des Juges?

Nous ferons une remarque analogue à propos de la foi exigée du peuple aux dogmes de la révélation mosaïque. La preuve que Dieu avait parlé à Moïse et au peuple par Moïse était certes nécessaire. Dieu satisfit en Dieu à cette nécessité, c'est-à-dire

avec une surabondance de témoignages fulgurants dont sont remplis les livres de l'Exode et des Nombres. Si Moïse a écrit de sa propre main tous ces événements prodigieux; s'il a donné l'ordre aux prêtres, au nom de Dieu, de déposer le livre près de l'arche, comme il est rapporté dans le Deutéronome, en témoignage éternel pour ou contre Israël ; s'il a prescrit, toujours sur l'ordre de Dieu, que ce témoignage retentirait en chaque sabbat, sur les lèvres des prêtres aux oreilles de tout le peuple, pour être répété ensuite par les pères aux enfants au foyer de chaque famille, on comprend que la Providence n'a négligé aucune précaution pour assurer la foi à la parole du salut dans tous les esprits et dans tous les cœurs. Mais si, sur la parole des nouveaux docteurs, nous reportons l'Écriture après une longue série de siècles écoulés depuis les événements, nous sommes dans l'impossibilité de justifier la foi des saints de l'Ancien Testament.

Nos adversaires confirment eux-mêmes, par leurs propres explications, cette conclusion inéluctable. Ils avouent implicitement que les Juifs, au temps de Notre-seigneur Jésus-Christ, attribuaient à Moïse la composition du Pentateuque. Cette croyance, les Juifs la tenaient certainement de leurs ancêtres. Les témoignages formels des livres de l'Ancien Testament ne permettent aucun doute sur ce point. Cependant, en admettant la thèse que nous combattons, nous serions condamnés à ne voir qu'une tradition erronée dans l'attribution à Moïse de la rédaction des livres qui portent son nom. Voilà donc ébranlé le fondement le plus sûr de la vérité des faits sur laquelle reposait toute la foi des Hébreux.

Mais ces faits, nous dit-on, sont garantis par une tradition vraie. Celle-ci ne se trompait que sur le nom de l'écrivain qui les aurait rapportés. D'ailleurs les véritables écrivains qui ont relaté ces faits ont été inspirés.

Nous répondrons toujours que l'Église ne reconnaît que Moïse pour l'auteur inspiré de tous les livres du Pantateuque et de toutes leurs parties. Si l'Églige a erré en ce point, tout s'écroule.

Il y a chez plusieurs défenseurs-nés de la religion une disposition d'esprit effrayante à se priver des plus élémentaires précautions de la prudence pour préserver leur propre foi contre la

contagion des erreurs multiformes qui peuvent y porter atteinte. Un bon nombre de jeunes prêtres, justement désignés par leurs riches aptitudes, leur travail et leurs connaissances préalables, à entrer dans l'élite des professeurs ou des apologistes futurs, semblent ne tenir aucun compte des défenses sévères édictées par les souverains Pontifes contre la lecture des livres hérétiques. Parce qu'ils vont occuper des chaires importantes ou que déjà ils y sont assis, ils pensent, sans doute, que c'est un devoir pour eux de s'initier dès le début aux travaux et manœuvres de l'erreur, de boire le poison sans même s'être prémunis de contrepoison. Dans cette persuasion, ils croient pouvoir se permettre toutes sortes de lectures, frayer avec les Reuss, les Welhausen, les Kuenen et tutti quanti, même avant d'avoir acquis sur les matières à traiter une solide formation catholique par une étude approfondie des écrivains orthodoxes. Ils ont un commerce assidu et probablement à peu près exclusif avec des auteurs imbus de philosophie hégélienne, profondément hostiles au surnaturel, repoussant d'instinct et à priori toutes les manifestations de la Providence relativement à l'établissement parmi les hommes de la religion révélée et de sa glorification. D'ailleurs ces auteurs ont de la tenue. Ils se posent en théologiens respectueux de l'Écriture. Ils veulent seulement la débarrasser de toutes les superfétations surnaturelles dont le passé un peu ignorant a cru pouvoir la parer, mais que la critique réprouve. Ils sont, reconnaissons-le franchement, des hébraïsants et des orientalistes d'un très grand mérite. Ils ont une connaissance, je dirai, stupéfiante de la lettre des Écritures. Ils en ont analysé et comparé tous les textes. Nos jeunes novices dans la science sacrée sont éblouis par l'auréole de savoir qui brille sur ces fronts studieux. Séduits, ils sont plus impuissants encore à contrôler des élucubrations dans lesquelles la vérité, la demi-vérité, le faux et l'erreur s'affirment avec un égal aplomb. Ils ont d'ailleurs perdu de vue ce fait essentiel que Dieu, par une institution efficace, visible, permanente, a pourvu à la promulgation, à l'accroissement et à la conservation des vérités de la foi depuis Adam jusqu'à Jésus-Christ; qu'il a veillé à faire toujours parvenir aux âmes de bonne volonté la connaissance infaillible des vérités nécessaires au salut. Subjugués par le prestige du savoir

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