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part des exégètes catholiques d'aujourd'hui. Il est permis de croire que c'est à ces justes de la fin des temps que saint Mathieu, inspiré par le Saint-Esprit, adresse principalement et directement les exhortations de Jésus sur la vigilance; la parabole des dix vierges et celle des talents. Il semble bien vraisemblable aussi que c'est de ces vivants, placés en face de lui', desquels le souverain Juge dira aux ressuscités bienheureux de la dernière génération humaine mis à sa droite : « Tout ce que vous avez fait à l'un de ceux-ci, mes frères les moindres, c'est à moi que vous l'avez fait ; » et aux réprouvés de gauche : « Toutes les fois que vous n'avez pas fait (ces actes de charité) à l'un de ceux-ci, les moindres, c'est à moi que vous avez refusé de les faire2. »

Ce simple exposé montre que l'idée que se sont faite de l'inspiration quelques critiques modernes est inexacte de tous points. L'hagiographe avait déjà l'âme remplie d'une lumière divine qui lui révélait l'ensemble avec les parties du livre à faire, avant qu'il ne commençât à écrire.

Dans de pareilles conditions, il nous importe peu de savoir si l'auteur inspiré a rédigé son livre tout d'une suite au fur et à mesure d'une inspiration ininterrompue, ou s'il a écrit sur des feuilles détachées les suggestions d'une inspiration intermittente. Durant tout le temps ou toutes les fois qu'il travailla à son

1. Αγρυπνεῖτε οὖν ἐν παντὶ καιρῷ δεόμενοι, ἵνα καταξιωθῆτε ἐκφυγεῖν ταῦτα πάντα τὰ μέλλοντα γίνεσθαι, καὶ σταθῆναι ἔμπροσθεν τοῦ υἱοῦ τοῦ ανθρώπου. Veillez donc et priez en tout temps, afin que vous soyez trouvés dignes d'échapper à tous ces fléaux qui doivent arriver, et de vous tenir en face du fils de l'homme. Luc, XXI, 36.

2. Sur les sept œuvres de miséricorde corporelle, saint Mathieu n'en nomme que six, les seules dont les survivants auront pu être l'objet, XXV, 35-36; 42-43. Si le Juge souverain ne voulait pas se borner à témoigner amoureusement aux bienheureux, auxquels il s'adresse, sa reconnaissance seulement pour les bons offices rendus par eux aux vivants qu'il leur montre, il relèverait sûrement à leur gloire les mérites qu'ils ont acquis en donnant la sépulture aux morts. Dans les premiers siècles de l'Eglise, c'était un des plus chers soucis des chrétiens, d'honorer par une digne sépulture les corps des martyrs. Ce sera aussi une préoccupation constante des chrétiens du dernier âge, de soustraire à l'ignominie les victimes de l'antechrist.

Quoi qu'il en soit, l'Esprit-Saint avait un but particulier en révélant ce petit coin du tableau des grandes assises du genre humain et en ne révélant que celui-là. Nous savons par ailleurs que la loi totale de la foi sera présentée à toutes les consciences, dans la mesure où chacune l'a connue, a pu ou a dû la connaître; qu'une lumière pénétrante manifestera comment elle aura été observée ou transgressée par chacun.

livre, il fut sous l'influence de la lumière inspiratrice, et il fut assisté aussi bien dans l'assemblage des parties que dans l'expression écrite des pensées qui lui étaient communiquées.

§ IV

Unité indissoluble de la composition ou assemblage des phrases dans l'Évangile selon saint Jean.

Rappelons-nous tout d'abord l'idée que se sont faite de l'inspiration fragmentaire les exégètes que nous combattons ici, et voyons les conséquences inévitables qui en résultent.

Ils disent donc qu'on peut très bien concevoir que l'action inspiratrice s'achevait et était complète avec chaque phrase ou expression de chaque pensée, sans s'étendre à la combinaison des phrases entre elles et à la liaison des pensées; de telle sorte, par exemple, que saint Jean, écrivant sous l'influence communicative du Saint-Esprit, aurait rempli une multitude de petites feuilles détachées, éléments purement matériels du livre futur que l'auteur aurait été chargé de composer par ses seules forces humaines, en rédigeant d'après ses propres lumières, conformément au but qu'il se serait proposé, les phrases ou pensées divines mises à sa disposition. On va même plus loin, puisqu'on suppose que l'auteur instrumental des phrases inspirées ne serait pas celui du livre; que ce rédacteur des pensées divines en un corps de livre serait un autre écrivain resté complètement étranger à l'inspiration des phrases qu'il combine et n'ayant aucune lumière surnaturelle pour leur faire exprimer par leur combinaison les choses que l'Esprit-Saint avait précisément attachées à leur liaison légitime.

La raison d'être de cette hypothèse d'une inspiration fragmentaire est, évidemment, la pensée que les phrases isolément inspirées sont tellement indépendantes les unes des autres, qu'elles sont susceptibles d'être ensuite diversement arrangées et combinées.

Si nous prouvons qu'en fait les Écritures sont comme une tunique sans couture dans laquelle le filage et le tissage des

fils est résulté d'une unique et identique opération, nous n'avons plus que faire d'une hypothèse non seulement gratuite, mais démentie par la vérité du phénomène surnaturel. Nous allons essayer de prouver cette proposition par un examen attentif de l'Évangile de saint Jean.

L'Évangile de saint Jean se compose d'un prologue, du corps de l'ouvrage et d'un épilogue.

Le prologue contient un petit nombre de pensées générales qui s'expliquent elles-mêmes en se déroulant logiquement. Ces pensées mères sont en germe le livre entier. Tous les récits qui constituent le livre proprement dit ont été puisés par ordre chronologique dans l'histoire du ministère extérieur de Jésus, pour être, sans digressions et écarts d'aucune sorte, la démonstration par les faits de quelqu'une des affirmations de ce prologue.

Lisons d'abord ce prologue:

« Au commencement était le Verbe, le Verbe était en Dieu et le Verbe était Dieu. Il était au commencement en Dieu. Toutes choses ont été faites par lui et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans lui. En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes. La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont pas reçue.

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Il y eut un homme, envoyé de Dieu : il s'appelait Jean. Il vint pour être témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui. Il n'était pas, lui, la lumière, mais il fut envoyé pour rendre témoignage à la lumière. La véritable lumière était celle qui éclaire tout homme venant en ce monde. Nous pouvons traduire du grec La véritable lumière était celle qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme. Il était Lui la véritable lumière dans le monde et le monde a été fait par lui et le monde ne l'a pas connu. Il est venu chez les siens, et les siens ne l'ont point reçu. Mais à tous ceux qui l'ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés, non du sang, ni du désir de la chair ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu.

« Et le Verbe a été fait chair et il a habité parmi nous, plein de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une

gloire comme celle du Fils unique venu du Père. Jean lui a rendu témoignage et s'est écrié : c'est celui dont j'ai dit : Celui qui vient après moi m'a précédé, car il était avant moi. Et nous avons tous reçu de sa plénitude et grâce sur grâce, car la loi a été donnée par Moïse; la grâce et la vérité ont été faites par JésusChrist. Personne n'a jamais vu Dieu; le fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui nous l'a fait connaître. »

Écoutons maintenant l'interprétation traditionnelle de ces paroles. Lorsque le temps commença avec la création, le Verbe existait. Il était en Dieu et Il était Dieu. La nature divine de Celui qui engendra le Verbe était aussi Celle du Verbe engendré. L'action créatrice par laquelle toutes choses ont été faites était également son action à Lui Verbe et elle s'étendit à l'universalité des choses sans exception. La vie divine, qui est la lumière substantielle, était en Lui, pouvant être communiquée aux hommes par voie de filiation adoptive. De fait elle leur fut donnée, par participation, dans leur création en Adam et Ève. Cette divine lumière de la filiation adoptive continue à luire dans l'humanité enténébrée par le péché ne demandant qu'à être accueillie par elle pour l'éclairer de nouveau. Mais l'humanité pécheresse ne l'a pas reçue. Il y eut un homme appelé Jean qui fut envoyé de Dieu pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui car la foi est la condition essentielle nécessaire pour l'entrée dans l'âme de la lumière divine de la filiation adoptive. Jean n'était pas lui-même la vie et la lumière, il n'en était que le témoin. La vraie lumière et la vraie vie c'est le Verbe qui, étant dans l'humanité, luit pour tout homme qui y vient. Mais bien qu'il fût dans l'humanité et que l'humanité ait été créée par lui, l'humanité ne l'a pas connu.

Le Verbe s'est constitué un peuple en propre et il est venu à lui. Ce peuple, dans sa masse, ne l'a pas reçu non plus. Mais à tous ceux qui l'ont reçu, à ceux qui croient en son nom c'est-à-dire aux grandes choses faites par Lui l'Incarnation, la Rédemption, la fondation de l'Église; car le nom du Verbe ou Fils de Dieu promis, puis donné, Christ ou Messie, signifie tout cela à ceux, dis-je, qui croient eu son nom, Il a donné le pouvoir de devenir enfants adoptifs de Dieu. Et ils sont enfants de Dieu non par la naissance qu'ils tiennent du sang, de la

concupiscence, de la volonté de l'homme, mais par la naissance qu'ils tiennent de Dieu.

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Et le Verbe s'est fait homme et il a habité parmi nous, plein de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père. Jean lui a rendu témoignage et s'est écrié : C'est celui dont j'ai dit: Celui qui vient après moi m'a précédé parce qu'il était avant moi. — Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce sur grâce; car la loi — figurative des mystères et des choses futures a été donnée par Moïse. La grâce et la vérité la réalisation, l'accomplissement de ces mystères et de ces choses ont été faites par Jésus-Christ. Personne n'a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui le fait connaître.

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Je demande au lecteur attentif de me dire s'il est possible de trouver dans tout ce morceau un seul joint grâce auquel on justifierait le système d'une inspiration interrompue et procédant par soubresauts.

L'Évangile proprement dit s'ouvre par un récit circonstancié des premiers témoignages rendus par Jean-Baptiste à JésusChrist. Nous ne pouvons nous en étonner après avoir lu dans le prologue l'importance du rôle confié au témoin du Verbe incarné. L'Évangéliste raconte comment Jean-Baptiste après avoir proclamé que Jésus est le fils de Dieu, lui envoya deux de ses disciples pour les lui attacher, insinuant ainsi la supériorité de Jésus sur lui-même. Il nous apprend aussi à cette occasion la vocation de Pierre, de Philippe, de Nathanaël ou Barthélemi qui, voyant qu'il n'y a point de secrets pour Jésus, lui dit: << Maître, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d'Israël », à quoi Jésus : « Parce que je t'ai dit que je t'ai vu sous le figuier, tu crois; tu verras de plus grandes choses que celles-là. Et il lui dit : « En vérité, en vérité, vous verrez désormais le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l'homme. » C'était leur dire en termes équivalents qu'ils expérimenteraient l'accomplissement de l'œuvre messianique : la réconciliation du ciel avec la terre et l'effusion de tous les biens célestes sur les hommes, méritées et obtenues par le Fils de l'homme.

Il me paraît évident que la lumière inspiratrice a éclairé sans

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