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» chair » : Quod natum est ex carne, caro est. La chair en cet endroit, selon la phrase de l'Ecriture, signifie la concupiscence. C'est donc comme si notre Maître avoit dit plus expressément : O vous, hommes misérables, qui naissez de cette révolte et de ces inclinations corrompues qui s'opposent à la loi de Dieu, vous naissez par conséquent rebelles contre lui et ses ennemis : Quod natum est ex carne, caro est. Telle est la pensée de notre Seigneur; et c'est ainsi, si je ne me trompe, que l'explique saint Augustin (1), celui qui de tous les Pères a le mieux entendu les maladies de notre nature.

Que dirons-nous donc maintenant de la bienheureuse Marie? Il est vrai qu'elle a conçu étant vierge; mais elle n'a pas été conçue d'une vierge. Cet honneur n'appartient qu'à son Fils. Pour elle, dont la conception s'est faite par les voies ordinaires, comment évitera-t-elle la corruption qui y est inséparablement attachée? Car enfin l'apôtre saint Paul parle en termes si universels de cette commune malédiction de toute notre nature, que ses paroles semblent ne pouvoir souffrir aucune limitation. << Tous ont péché, dit-il; et tous sont morts en » Adam, et tous ont péché en Adam (2) ». Et il y a beaucoup d'autres paroles semblables, non moins fortes, ni moins générales. Où chercherons-nous donc un asile à la bienheureuse Marie, où nous puissions la mettre à couvert d'une condamnation si universelle? Ce sera entre les bras de son Fils, ce sera dans la toute-puissance divine, ce sera dans

(1) In Joan. Tract. xII, tom. 111, part. 11, col. 383 et seq. (2) Rom. v. 12.

cette source infinie de miséricorde qui jamais ne peut être épuisée. Vous avez, ce me semble, bien compris la difficulté. Je l'ai proposée dans toute sa force, du moins selon mon pouvoir. Ecoutez maintenant la réponse, et suivez attentivement ma pensée. Je dirai les choses en peu de mots, parce que je vois que je parle ici à des personnes intelligentes.

Certes il faut l'avouer, chrétiens; Marie étoit perdue tout ainsi que les autres hommes, si le Médecin miséricordieux, qui donne la guérison à nos maladies, n'eût jugé à propos de la prévenir de ses grâces. Ce péché, qui, ainsi qu'un torrent, se déborde sur tous les hommes, alloit gâter cette sainte Vierge de ses ondes empoisonnées. Mais il n'y a point de cours si impétueux, que la toute-puissance divine n'arrête quand il lui plaît. Considérez le soleil, avec quelle impétuosité il parcourt cette immense carrière qui lui a été ouverte par la Providence. Cependant vous n'ignorez pas que Dieu ne l'ait fixé autrefois au milieu du ciel, à la seule parole d'un homme. Ceux qui habitent près du Jourdain, ce fleuve célèbre de la Palestine, savent avec quelle rapidité il se décharge dans la mer Morte, du moins si je ne me trompe dans la description de ces lieux. Néanmoins toute l'armée d'Israël l'a vu remonter à sa source, pour faire passage à l'arche où reposoit le Seigneur tout-puissant. Est-il rien de plus naturel que cette influence de chaleur dévorante qui sort du feu dans une fournaise? Et l'impie Nabuchodonosor n'a-t-il pas admiré trois bénis enfans qui se jouoient au milieu des flammes, que ses satellites impitoyables avoient vainement irritées ? Nonobstant tous

que

ces exemples illustres, ne peut-on pas dire véritablement qu'il n'y a point de feu qui ne brûle, et le soleil roule dans les cieux d'un mouvement éternel, et qu'il ne se rencontre aucun fleuve qui retourne jamais à sa source? Nous tenons tous les jours de semblables propos, sans que nous en soyons empêchés par ces fameux exemples, bien qu'ils ne soient ignorés de personne. Et d'où vient cela, chrétiens ? C'est que nous avons accoutumé de parler selon le cours ordinaire des choses; et Dieu se plaît d'agir quelquefois selon les lois de sa toute-puissance, qui est au-dessus de tous nos discours.

Ainsi je ne m'étonne pas que le grand apôtre saint Paul ait prononcé si généralement, que le péché de notre premier père a fait mourir tous ses descendans. En effet, selon la suite naturelle des choses que l'apôtre considéroit en ce lieu, être né de la race d'Adam à la façon ordinaire, enfermoit infailliblement le péché. Il n'est pas plus naturel au feu de brûler, qu'à cette damnable concupiscence d'infecter tout ce qu'elle touche, d'y porter la corruption et la mort. Il n'est point de poison plus présent, ni de peste plus pénétrante. Mais je dis que ces malédictions si universelles, que toutes ces propositions, si générales qu'elles puissent être, n'empêchent pas les réserves que peut faire le souverain, ni les coups d'autorité absolue. Et quand est-ce, ô grand Dieu, que vous userez plus à propos de cette puissance qui n'a point de bornes, et qui est sa loi elle-même, quand est-ce que vous en userez, sinon pour faire grâce à Marie?

Je sais bien que quelques docteurs assurent que

il

c'est imprudence de vouloir apporter quelques restrictions à des paroles si générales. Cela, disent-ils, tire à conséquence. Mais, ô mon Sauveur ! quelle conséquence! Pesez, s'il vous plaît, ce raisonnement. Ces conséquences ne sont à craindre, qu'où y peut avoir quelque sorte d'égalité. Par exemple, vous méditez d'accorder quelque grâce à une personne d'une condition médiocre vous avez à y prendre garde; cela peut tirer à conséquence; beaucoup d'autres par cet exemple prétendront la même faveur. Mais parcourez tous les choeurs des anges, considérez attentivement tous les ordres des bienheureux, voyez si vous trouverez quelque créature qui ose, je ne dis pas s'égaler, mais même en aucune manière se comparer à la sainte Vierge. Non: ni l'obéissance des patriarches, ni la fidélité des prophètes, ni le zèle infatigable des saints apôtres, ni la constance invincible des martyrs, ni la pénitence persévérante des saints confesseurs, ni la pureté inviolable des vierges, ni cette grande diversité de vertus que la grâce divine a répandues dans les différens ordres des bienheureux, n'a rien qui puisse tant soit peu approcher de la très-heureuse Marie. Cette maternité glorieuse, cette alliance éternelle qu'elle a contractée avec Dieu, la met dans un rang tout singulier qui ne souffre aucune comparaison. Et dans une si grande inégalité, quelle conséquence pouvons-nous craindre? Montrez-moi une autre Mère de Dieu, une autre vierge féconde; faites-moi voir ailleurs cette plénitude de grâces, cet assemblage de vertus divines, une humilité si profonde dans une dignité si auguste, et toutes les autres mer.

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veilles que j'admire en la sainte Vierge; et puis dites, si vous voulez, que l'exception que j'apporte à une loi générale, en faveur d'une personne si extraordinaire, a des conséquences fâcheuses.

Et combien y a-t-il de lois générales dont Marie a été dispensée? N'est-ce pas une nécessité commune à toutes les femmes d'enfanter en tristesse et dans le péril de leur vie? Marie en a été exemptée. N'a-t-il pas été prononcé de tous les hommes généralement, « qu'ils offensent tous en beaucoup de choses » ? In multis offendimus omnes (1). Y a-t-il aucun juste qui puisse éviter ces péchés de fragilité que nous appelons véniels? Et bien que cette proposition soit si générale et si véritable, l'admirable saint Augustin ne craint point d'en excepter la très - innocente Marie (2). Certes si nous reconnoissions dans sa vie qu'elle eût été assujettie aux ordres communs, nous pourrions croire peut-être qu'elle auroit été conçue en iniquité, tout ainsi que le reste des hommes. Que si nous y remarquons au contraire une dispense presque générale de toutes les lois; si nous y voyons selon la foi orthodoxe, ou du moins selon le sentiment des docteurs les plus approuvés; si, dis-je, nous y voyons un enfantement sans douleur, une chair sans fragilité, des sens sans rebellion, une vie sans tache, une mort sans peine; si son époux n'est que son gardien, son mariage le voile sacré qui couvre et protège sa virginité, son Fils bienaimé une fleur que son intégrité a poussée; si lorsqu'elle le conçut, la nature étonnée et confuse crut

(1) Jac. III. 2. — (2) De Natur. et grat. n. 42, tom. x, col. 144, 145.

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