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manière? C'est que ce n'est pas la nature qui a formé en elle ce divin Enfant; elle l'a conçu par la foi, elle l'a conçu par l'obéissance: c'est la doctrine constante de tous les saints Pères, et elle est fondée clairement sur un passage de l'Ecriture que peut-être vous n'avez pas remarqué. C'est, mes Frères, qu'Elizabeth ayant humblement salué Marie comme mère de son Seigneur: Unde hoc mihi, ut veniat mater Domini mei ad me (1)? elle s'écrie aussitôt toute transportée: << Heureuse qui avez cru » ! comme si elle eût voulu dire: Il est vrai que vous êtes mère; mais c'est votre foi qui vous rend féconde : d'où les saints docteurs ont conclu, et ont tous conclu d'une même voix, qu'«< elle a conçu son Fils dans l'esprit, avant que » de le porter en son corps »: Priùs concepit mente quàm corpore (2). Ne jugez donc pas de la sainte Vierge comme vous faites des mères communes.

Chrétiens, je n'ignore pas qu'elles s'unissent à leurs enfans, même par l'esprit. Qui ne le voit pas ? qui ne sent pas combien elles les portent au fond de leurs ames? Mais je dis que l'union se commencc au corps, et se noue premièrement par le sang : 'au contraire, en la sainte Vierge, la première empreinte se fait dans le cœur; son alliance avec son Fils prend son origine en l'esprit, parce qu'elle l'a conçu par la foi: et si vous voulez entendre, mes Frères, jusqu'où va cette alliance, jugez-en à proportion de celle du corps. Car permettez-moi, je vous prie, d'approfondir un si grand mystère, et de vous expliquer une vérité qui ne sera pas moins utile pour

(1) Luc. 1. 43. — (2) S. Aug. Serm. ccxv, n. 4, tom. v, col. 950. S. Leo, in Nativit. Dom. Serm. 1, cap. 1.

votre instruction, qu'elle sera glorieuse à la sainte Vierge.

Cette vérité, chrétiens, c'est qué notre Sauveur Jésus-Christ ne s'unit jamais à nous par son corps, que dans le dessein de s'unir plus étroitement en esprit. Tables mystiques, banquet adorable, et vous, saints et sacrés autels, je vous appelle à témoins de la vérité que j'avance. Mais soyez-en les témoins vous-mêmes, vous qui participez à ces saints mystères. Quand vous avez approché de cette table divine, quand vous avez vu venir Jésus-Christ à vous en son propre corps, en son propre sang, quand on vous l'a mis dans la bouche, dites-moi, avezvous pensé qu'il vouloit s'arrêter simplement au corps? A Dieu ne plaise que vous l'ayez cru, et que vous ayez reçu seulement au corps celui qui court à vous pour chercher votre ame ceux qui l'ont reçu de la sorte, qui ne se sont pas unis en esprit à celui dont ils ont reçu la chair adorable, ils ont renversé son dessein, ils ont offensé son amour. Et c'est ce qui fait dire à saint Cyprien, ces belles, mais terribles paroles: « Ils font violence, dit ce saint » martyr, au corps et au sang du Sauveur »: Vis infertur corpori ejus et sanguini (1). Et quelle est, mes Frères, cette violence? Ames saintes, ames pieuses, vous qui savez goûter Jésus-Christ dans cet adorable mystère, vous entendez cette violence; c'est que Jésus recherchoit le cœur, et ils l'ont arrêté au corps, où il ne vouloit que passer: ils ont empêché cet époux céleste d'aller achever dans l'esprit la chaste union où il aspiroit; ils l'ont contraint de (1) Lib. de Lapsis, p. 186.

retenir le cours impétueux de ses grâces, dont il vouloit laisser inonder leur ame. Ainsi son amour souffre violence; et il ne faut pas s'étonner si, étant violenté de la sorte, il se tourne en indignation et en fureur : au lieu du salut qu'il leur apportoit, il opère en eux leur condamnation; et il nous montre assez par cette colère la vérité que j'ai avancée, que, lorsqu'il s'unit corporellement, il veut que l'union de l'esprit soit proportionnée à celle du corps.

S'il est ainsi, ô divine Vierge, je conçois quelque chose de si grand de vous, que non-seulement je ne le puis dire, mais encore mon esprit travaille à se l'expliquer à lui-même : car telle est votre union au corps de Jésus lorsque vous l'avez conçu dans vos entrailles, qu'on ne peut pas s'en imaginer une plus étroite que si l'union de l'esprit n'y répondoit pas, l'amour de Jésus seroit frustré de ce qu'il prétend, il souffriroit violence en vous: il faut donc, pour le contenter, que vous lui soyez unie en esprit, autant que vous le touchez de près par les liens de la nature et du sang. Et puisque cette union se fait par la grâce, que peut-on penser, et que peut-on dire? où doivent s'élever nos conceptions, pour ne point faire tort à votre grandeur? et quand nous aurions ramassé tout ce qu'il y a de dons dans les créatures, tout cela réuni ensemble pourroit-il égaler votre plénitude? Accourez donc avec joie, mes Frères, pour honorer, en Marie naissante, cette plénitude de grâces: car je crois qu'il est inutile de vouloir vous prouver, par de longs discours, qu'elle l'a apportée en venant au monde. N'entreprenons pas de donner des bornes à l'amour du Fils de Dieu

pour sa sainte Mère; et accoutumons-nous à juger d'elle, non par ce que peut prétendre une créature, mais par la dignité de son Fils. Que serviroitil à Marie d'avoir un Fils qui est devant elle et qui est l'auteur de sa naissance, s'il ne la faisoit naître digne de lui? Ayant à se former une mère, la perfection d'un si grand ouvrage ni ne pouvoit être portée trop loin, ni ne pouvoit être commencée trop tôt et si nous savons concevoir combien est auguste cette dignité à laquelle elle est appelée, nous reconnoîtrons aisément que ce n'est pas trop de l'y préparer dès le premier moment de sa vie. Mais c'est assez arrêter nos yeux à contempler de si grands mystères : ébloui d'un éclat si fort, je suis contraint de baisser la vue; et pour remettre mes sens étonnés de l'avoir considérée si long-temps dans ce haut état de grandeur, qui l'approche si près de Dieu, il faut, Messieurs, que je la regarde dans sa charité maternelle, qui l'approche si près de nous; c'est par où je m'en vais conclure.

TROISIÈME POINT.

Ce qui me reste à vous faire entendre est d'une telle importance, qu'il mériteroit un discours entier, et ne devroit pas être resserré dans cette dernière partie comme néanmoins je ne puis l'omettre, sans laisser ce discours imparfait, j'en toucherai les chefs principaux, et je vous prie, Messieurs, de les bien entendre car c'est sur ce fond qu'il faut établir da dévotion solide pour la sainte Vierge. Je pose donc pour premier principe que Dieu ayant résolu dans l'éternité de nous donner Jésus-Christ par son en

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tremise, il ne se contente pas de se servir d'elle comme d'un simple instrument; mais il veut qu'elle coopère à ce grand ouvrage par un mouvement de sa volonté. C'est pourquoi il envoie son ange pour lui proposer le mystère, et ce grand ouvrage de l'incarnation, qui tient depuis tant de siècles le ciel et la terre en attente; cet ouvrage, dis-je, demeure en suspens jusqu'à ce que la sainte Vierge ait consenti. Elle tient donc en attente Dieu et toute la nature; tant il a été nécessaire aux hommes qu'elle ait désiré leur salut. Elle l'a donc désiré, Messieurs; et il a plų au Père éternel, que Marie contribuât par sa charité à donner un Sauveur au monde.

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Comme cette vérité est connue, je ne m'étends pas à vous l'expliquer; mais je ne puis vous en taire une conséquence, que peut-être vous n'avez pas assez méditée : c'est que la sagesse divine ayant une fois résolu de nous donner Jésus-Christ par la sainte Vierge, ce décret ne se change plus; il est et sera toujours véritable, que sa charité maternelle ayant tant contribué à notre salut dans le mystère de l'incarnation, qui est le principe universel de la grâce, elle y contribuera éternellement dans toutes les autres opérations, qui n'en sont que des dépendances et afin de le bien entendre, remarquez, s'il vous plaît, Messieurs, trois opérations principales de la grâce de Jésus-Christ. Dieu nous appelle, Dieu nous justifie, Dieu nous donne la persévérance : la vocation, c'est le premier pas; la justification, c'est notre progrès; la persévérance, la fin du voyage. Vous savez qu'en ces trois états l'influence de JésusChrist nous est nécessaire. Mais il faut vous faire voir

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