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II.E SERMON

POUR LA FÊTE

DE LA NATIVITÉ DE LA S.TE VIERGE.

En quoi consiste la grandeur de Marie: combien Jésus a le cœur pénétré d'amour pour elle. L'alliance de ce divin Fils avec Marie, commencée dès la naissance de cette Vierge mère. De quelle manière nous pouvons participer à la dignité de Mère de Dieu. En Marie une double fécondité. Tous les fidèles donnés à Marie pour enfans: extrême affection qu'elle leur porte quels sont ses véritables enfans. Dans quelles dispositions il faut implorer son secours.

Quis, putas, puer iste erit?

Quel, pensez-vous, que sera cet enfant? Luc. 1. 66.

C'EST en vain que les grands de la terre, s'emportant quelquefois plus qu'il n'est permis à des hommes, semblent vouloir cacher les foiblesses de la nature, sous cet éclat trompeur de leur éminente fortune. Je reconnois, mes Sœurs, avec l'apôtre (1), que nous sommes obligés de les honorer comme les lieutenans de Dieu sur la terre, auxquels sa providence a commis le gouvernement de ses peuples; et c'est ce respect que nous leur rendons qui établit la fermeté des Etats, la sûreté publique et le repos des parti

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culiers. Mais comme il leur arrive souvent qu'enivrés de cette prospérité passagère, ils se veulent mettre au-dessus de la condition humaine, c'est avec beaucoup de raison que le plus sage de tous les hommes entreprend de confondre leur témérité. Il les ramène au commencement de leur vie ; il leur représente leurs infirmités dans leur origine; et bien qu'ils aient le cœur enflé de la noblesse de leur naissance, il leur fait bien voir que si illustre qu'elle puisse être, elle a toujours beaucoup plus de bassesse que de grandeur. Pour moi, dit Salomon (1), quoique je sois le maître d'un puissant Etat, j'avoue ingénument que ma naissance ne diffère en rien de celle des autres. Je suis entré nu en ce monde, comme étant exposé à toutes sortes d'injures : j'ai salué, comme les autres hommes, la lumière du jour par des pleurs; et le premier air que j'ai respiré m'a servi comme à eux à former des cris: Primam vocem similem omnibus emisi plorans (2). Telle est, continue-t-il, la naissance des plus grands monarques; et de quelque grandeur que les flattent leurs courtisans, la nature, cette bonne mère qui ne sait point flatter, ne les traite pas autrement que les moindres de leurs sujets : Nemo enim ex regibus aliud habuit nativitatis initium (3).

Voilà, chrétiens, où le plus sage des rois appelle les grands de ce monde, pour convaincre leur ambition; et d'autant que c'est là sans doute où elle a le plus à souffrir, il n'est pas croyable combien d'inventions ils ont recherchées pour se tirer du pair, même dans cette commune foiblesse. Il faut, à (1) Sap. VII. 1, 2. — (2) Ibid. 3.

(3) Ibid. 5.

quelque prix que ce soit, séparer du commun des hommes le prince naissant : c'est pourquoi chacun s'empresse à lui rendre des hommages qu'il ne comprend pas. S'il paroît dans la nature quelque changement ou quelque prodige, on en tire incontinent des augures de sa bonne fortune; comme si cette grande machine ne remuoit que pour cet enfant. Comme le temps présent ne lui est point favorable, parce qu'il ne lui donne rien qui le distingue de ceux de son âge, il faut consulter l'avenir, et avoir recours nécessairement à la science des pronostics. C'est ici que les astrologues, mêlant dans leurs vaines spéculations la curiosité et la flatterie, leur font des promesses hardies, dont ils donnent pour cautions des influences cachées. C'est dans ce même dessein que les orateurs tâchent de faire valoir l'art des conjectures; et ainsi l'ambition humaine ne pouvant se contenir dans cette simple modestie, que la nature tâche de nous inspirer, elle s'enfle et se repaît de doutes et d'espérances.

Grâce à la miséricorde divine, nous sommes appelés aujourd'hui à la naissance d'une princesse, qui ne demande point ces vains ornemens. Gardonsnous bien, mes Sœurs, de célébrer sa nativité avec ees recherches téméraires, dont les hommes se servent en de pareilles rencontres : mais plutôt, considérant que celle dont nous parlons est la mère du sauveur Jésus, apprenons de son Evangile de quelle manière il désire que nous solennisions la naissance de ses élus. Les parens de saint Jean-Baptiste nous en donnent un bel exemple : ils ne pénètrent pas les secrets de l'avenir avec une curiosité trop pré

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cipitée; toutefois adorant en eux-mêmes les conseils de la Providence, ils ne laissent pas de s'enquérir modestement entre eux, quel sera un jour cet enfant: Quis, putas, puer iste erit? Je me propose aujourd'hui de faire, pour la mère de notre Maître, ce que je vois pratiqué pour son précurseur.

Ames saintes et religieuses, qui voyez cette incomparable princesse faire son entrée en ce monde, quel pensez-vous que sera cet enfant? Quis, putas, puer iste erit? Que me répondrez-vous à cette question, et moi-même que répondrai-je ? Tirons la réponse du saint évangile que nous avons lu ce matin, dans la célébration des divins mystères: De qua natus est Jesus, qui vocatur Christus (1). « C'est » d'elle qu'est né Jésus, qui est appelé le Christ ». Viendra, viendra le temps que Jésus, la sagesse du Père, l'unique rédempteur de nos ames, la lumière du genre humain, en qui nous sommes comblés de toutes sortes de grâces, se revêtira d'une chair humaine dans les entrailles de ce bénit enfant, dont nous honorons la naissance. C'est par cet éloge, mes Sœurs, qu'il nous faut estimer sa grandeur, et juger avec certitude quel sera un jour cet enfant. La nativité de la sainte Vierge nous fait voir le temple vivant où se reposera le Dieu des armées, lorsqu'il viendra visiter son peuple: elle nous fait voir le commencement de ce grand et bienheureux jour, que Jésus doit bientôt faire luire au monde. Nous aurons bientôt le salut; puisque nous voyons déjà sur la terre celle qui doit y attirer le Sauveur. La malédiction de notre nature commence à se changer

(1) Matth. 1. 16.

aujourd'hui en bénédiction et en grâce; puisque de la race d'Adam, qui étoit si justement condamnée, naît la bienheureuse Marie; c'est-à-dire, celle de toutes les créatures qui est tout ensemble la plus chère à Dieu, et la plus libérale aux hommes: car la grandeur de la sainte Vierge est une grandeur bienfaisante, une grandeur qui se communique et qui se répand; et la suite de ce discours vous fera paroître, que sa dignité de mère de Dieu la rend aussi la mère des fidèles : de sorte qu'il n'y a rien, ames chrétiennes, que nous ne puissions justement attendre de la protection de cette princesse, que le ciel nous donne aujourd'hui pour être, après le sauveur Jésus, le plus ferme appui de notre espérance.

Et c'est ce que je me propose de vous faire entendre par ce raisonnement invincible, dont les deux propositions principales feront le partage de ce discours. Afin qu'une personne soit en état de nous soulager par son assistance près de la majesté divine, il est absolument nécessaire que sa grandeur l'approche de Dieu, et que sa bonté l'approché de nous. Si sa grandeur ne l'approche de Dieu, elle ne pourra puiser dans la source où toutes les grâces sont renfermées: si sa bonté ne l'approche de nous, nous n'aurons aucun bien par son influence. La grandeur est la main qui puise; la bonté, la main qui répand; et il faut ces deux qualités pour faire une parfaite communication. Marie étant la mère de notre Sauveur, sa qualité l'élève bien haut auprès du Père éternel; et la même Marie étant notre mère, son affection la rabaisse jusqu'à compatir à notre foiblesse, jusqu'à s'intéresser à notre bonheur.

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