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de complaisances mondaines. Si l'innocence a sa couronne, la pénitence a aussi la sienne. Jésus est venu chercher les pécheurs; et Marie, toute innocente qu'elle est, leur doit la plus grande partie de sa gloire; puisqu'elle n'auroit pas été la mère d'un Dieu, si le désir de délivrer les pécheurs n'avoit invité sa miséricorde à se revêtir d'une chair mortelle. S'il reste encore quelque dureté, que les larmes de cet enfant l'amollissent.

E

III. SERMON

POUR LA FÊTE

DE LA NATIVITÉ DE LA S.TE VIERGE.

Marie, combien heureuse d'être mère de son Sauveur. Amour dont elle a été transportée pour lui. A quel degré de gloire elle doit être élevée dans le ciel. Quels étoient les sentimens d'affection de Jésus pour elle. Liaison étroite qu'elle a avec nous par sa qualité de Mère des fidèles. Erreur de la plupart de ceux qui se croient ses dévots, Qui sont ceux qu'elle admet au nombre de ses enfans.

Quis, putas, puer iste erit?

Quel pensez-vous que sera cet enfant? Luc. 1. 66.

AVANT la naissance du sauveur Jésus, tout ce qu'il y avoit de gens de bien sur la terre, qui vivoient attendant la rédemption d'Israël, ne faisoient autre chose que soupirer après sa venue; et par des vœux ardens, pressoient le Père éternel d'envoyer bientôt. à son peuple son unique libérateur : que si parmi leurs désirs il leur paroissoit quelque signe que ce temps bienheureux approchât, il n'est pas croyable avec combien de transports toutes les puissances de leurs ames éclatoient en actions de grâces. Si donc ils eussent appris à la naissance de la sainte Vierge qu'elle devoit être sa mère, combien l'auroient-ils embrassée, et quel auroit été l'excès de leur ravissement,

dans l'espérance qu'ils auroient conçue d'être présens à ce jour si beau, auquel le Désiré des nations commenceroit à paroître au monde? Ainsi ces peuples aveugles, qui, pour être trop passionnés admirateurs de cette lumière qui nous éclaire, défèrent des honneurs divins au soleil qui en est le père, commencent à se réjouir sitôt qu'ils découvrent au ciel son avant-courrière l'aurore. C'est pourquoi, ô heureuse Marie, nous qui leur avons succédé, nous prenons part à leurs sentimens : mus d'un pieux respect pour celui qui vous a choisie, nous venons honorer votre lumière naissante, et couronner votre berceau, non certes de lis et de roses, mais de ces fleurs sacrées que le Saint-Esprit fait éclore; je veux dire, de saints désirs et de sincères louanges.

Monseigneur, c'est la seule chose que vous entendrez de moi aujourd'hui. L'histoire parlera assez de vos grandes et illustres journées, de vos siéges si mémorables, de vos fameuses expéditions, et de toute la suite de vos actions immortelles. Pour moi, je vous l'avoue, Monseigneur, si j'avois à louer quelque chose, je parlerois bien plutôt de cette piété véritable, qui vous fait humblement déposer au pied des autels cet air majestueux, et cette pompe qui vous environne. Je louerois hautement la sagesse de votre choix, qui vous a fait souhaiter d'avoir dans votre maison l'exemple d'une vertu si rare, par lequel nous pouvons convaincre les esprits les plus libertins, qu'on peut conserver l'innocence parmi les plus grandes faveurs de la Cour, et dans une prudente conduite, une simplicité chrétienne. Je dirois de plus, Monseigneur, que votre généreuse

bonté vous a gagné pour jamais l'affection de ces peuples; et si peu que je voulusse m'étendre sur ce sujet, je le verrois confirmé par des acclamations publiques. Mais encore qu'il soit vrai que l'on vous puisse louer, vous et cette incomparable duchesse, sans aucun soupçon de flatterie; en la place où je suis, il faut que j'en évite jusqu'à la moindre apparence. Je sais que je dois ce discours, et vous vos attentions à la très-heureuse Marie. Ce n'est donc plus à vous que je parle, sinon pour vous conjurer, Monseigneur, de joindre vos prières aux miennes et à celles de tout ce peuple; afin qu'il plaise à Dieu m'envoyer son Saint-Esprit, par l'intercession de sa sainte Epouse, que nous allons saluer par les paroles de l'ange: Ave.

POUR procéder avec ordre, réduisons tout cet entretien à quelques chefs principaux. Je dis, ô aimable Marie, que vous serez à jamais bienheureuse d'être mère de mon Sauveur : car, étant mère de Jésus-Christ, vous aurez pour lui une affection sans égale; ce sera votre premier avantage. Aussi vous aimera-t-il d'un amour qui ne souffrira point de comparaison; c'est votre seconde prérogative. Cette sainte société que vous aurez avec lui, vous unira pour jamais très-étroitement à son Père; voilà votre troisième excellence. Enfin, dans cette union avec le Père éternel, vous deviendrez la mère des fidèles qui sont ses enfans, et les frères de votre Fils; c'est par ce dernier privilége que j'acheverai ce discours.

Je vous vois surpris, ce me semble; peut-être que vous jugez que ce sujet est trop vaste, et que mon

discours sera trop long, ou du moins embarrassé d'une matière si ample; et toutefois il n'en sera pas ainsi, moyennant l'assistance divine. Nous avancerons pas à pas pour ne point confondre les choses, établissant par des raisons convaincantes la dignité de Marie sur sa maternité glorieuse : et encore que je reconnoisse que ces vérités sont très-hautes, je ne désespère pas de les déduire aujourd'hui avec une méthode facile. J'avoue que c'est me promettre beaucoup; et à Dieu ne plaise, fidèles, que je l'attende de mes propres forces : j'espère que ce grand Dieu, qui inspire qui il lui plaît, me donnera la grâce aujourd'hui de glorifier son saint nom en la personne de la sainte Vierge. Le Père s'intéressera pour sa Fille bien-aimée; le Fils pour sa chère mère; le Saint-Esprit pour sa chaste épouse. Animé d'une si belle espérance, que puis-je craindre dans cette entreprise? J'entre donc en matière avec confiance; chrétiens, rendez-vous attentifs.

PREMIER POINT (*).

DITES-MOI, je vous prie, chrétiens, après les choses que vous avez ouïes, quelle opinion avez-vous de cet aimable enfant qui vient de naître? quel sera-t-il à votre avis dans le progrès de son âge? Quis, putas, puer iste erit? Pour moi, je ne puis que je ne m'écrie: O Fille, mille et mille fois bienheureuse d'être

(*) Bossuet, pour commencer son discours, renvoie ici à un sermon sur la compassion de la sainte Vierge, imprimé dans le tome x, et il se proposoit d'en prendre depuis l'alinéa, Je dis donc, page 209, jusqu'à l'alinéa, Et que dirai-je, etc. exclusivement, page 216. ( Edit. de Versailles.)

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