Sayfadaki görseller
PDF
ePub

hender?] « Comment pourrons-nous éviter sa co» lère, si nous négligeons un tel salut » ? Quomodo nos effugiemus, si tantam neglexerimus salutem (1)? Au contraire, quelle source de gloire ! quel torrent de délices! quelle abondance de dons! quelle inondation de félicité !

Le fruit de ce discours [est renfermé dans ces paroles: Utamur nostro in nostram utilitatem, de Salvatore salutem operemur (2): « Servons-nous de >> celui qui est à nous pour notre profit, faisons » notre salut de celui qui est notre Sauveur »; sortons de cette prédication avec une sainte ardeur de travailler à notre salut; puisque nous recevons un Sauveur [ qui vient ] nous sauver. S'il n'y avoit point de Sauveur, je ne vous parlerois point de la sorte [mais] s'il est à nous, mes Frères, servonsnous-en pour notre profit; et puisqu'il est le Sauveur, faisons de lui notre salut : Utamur nostro in nostram utilitatem, de Salvatore salutem operemur.

[blocks in formation]

(2) S. Bern. Hom. 111, sup. Missus est, n. 14,

E

II. SERMON

POUR LA FÊTE

DE L'ANNONCIATION,

PRECHÉ A LA COUR.

Combien il est digne d'un Dieu de se faire aimer de sa créature, de n'exiger d'elle que l'amour et de le prévenir. Effets sensibles de son amour pour elle, dans les abaissemens de son incarnation : son dessein de conquérir les cœurs. Modèle qu'il nous fournit de l'amour que nous devons avoir pour Dieu. Quel besoin l'homme avoit d'un médiateur, pour rendre à son Dieu un culte digne de sa majesté. Toutes les qualités nécessaires à ce médiateur rassemblées en Jésus-Christ. Pressant motif de nous unir à lui pour aimer en lui, par lui et comme lui.

Sic Deus dilexit mundum, ut Filium suum unigenitum daret.

Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique. Joan. III. 16.

LES Juifs infidèles et endurcis ont reproché autrefois à notre Sauveur « qu'étant un homme mortel, » il ne craignoit pas de se faire Dieu » et de s'attribuer un nom si auguste: Tu homo cùm sis, facis teipsum Deum (1). Sur quoi saint Athanase remarque (2), (2) Epist. de Decret. Nicon. Synod, n. 1,

(1) Joan. x. 33. tom. 1, part. 1, p. 209.

que

les miracles visibles par lesquels il faisoit connoître sa divinité, devoient leur fermer la bouche; « et qu'au lieu de lui demander pourquoi étant » homme il se faisoit Dieu, ils devoient lui deman» der bien plutôt, pourquoi étant Dieu il s'étoit fait » homme » ? Alors il leur auroit répondu : Dieu a tant aimé le monde. Ne demandez pas de raison d'une chose qui n'en peut avoir l'amour de Dieu s'irriteroit, si l'on cherchoit autre part qu'en son propre fonds des raisons de son ouvrage : et même je le puis dire, il est bien aise, Messieurs, qu'on n'y voie aucune raison, afin que rien n'y paroisse que ses saints et divins excès.

:

ho

Par conséquent, chrétiens, ne perdons pas le temps aujourd'hui à trouver des raisons d'un si grand prodige; mais croyant simplement avec l'apôtre saint Jean à l'immense charité que Dieu a pour nous, norons le mystère du Verbe incarné par un amour réciproque. La bienheureuse Marie est toute pénétrée de ce saint amour : elle porte un Dieu dans son cœur beaucoup plus intimement que dans ses entrailles; et le Saint-Esprit survenu en elle avec une telle abondance, fait qu'elle ne respire plus que la charité. Demandons - lui tous ensemble une étincelle de ce feu sacré, en lui disant avec l'ange, Ave.

IL a plu à Dieu de se faire aimer: et comme il a vu la nature humaine toute de glace pour lui, toute de flamme pour d'autres objets; sachant de quel poids il est dans ce commerce d'affection de faire les premiers pas, surtout à une puissance souveraine, il n'a pas dédaigné de nous prévenir ni de faire toutes

les avances en nous donnant son Fils unique, qui lui-même se donne à nous pour nous attirer.

[ocr errors]

Il a plu à Dieu de se faire aimer : et parce que c'est le naturel de l'esprit humain, de recevoir les lumières plus facilement par les exemples que par les préceptes, il a proposé au monde un Dieu aimant Dieu; afin que nous vissions, en ce beau modèle, quel est l'ordre, quelle est la mesure, quels sont les devoirs du saint amour, et jusques où il doit porter la créature raisonnable.

peu

ます

Il a plu à Dieu de se faire aimer : et comme c'étoit à notre foiblesse de lui montrer un grand exemple, si on ne lui donnoit en même temps un grand secours; ce Jésus-Christ qui nous aime et qui nous apprend à aimer son Père, pour nous faciliter le chemin du divin amour, se présente lui-même à nous comme la voie qui nous y conduit: de sorte qu'ayant besoin de trois choses pour être réunis à Dieu, d'un attrait puissant, d'un parfait modèle et d'une voie assurée; Jésus-Christ nous offre tout, nous fait trouver tout en sa personne; et il nous est lui seul, tout ensemble, l'attrait qui nous gagne à l'amour de Dieu, le modèle qui nous montre les règles de l'amour de Dieu, la voie pour arriver à l'amour de Dieu : c'est-à-dire, si nous l'entendons, que nous devons [premièrement] nous donner à Dieu pour l'amour du Verbe incarné, que nous devons en second lieu nous donner à Dieu à l'exemple du Verbe incarné, que nous devons en troisième lieu nous donner à Dieu par la voie et par l'entremise du Verbe incarné. C'est tout le devoir du chrétien; c'est tout le sujet de ce discours.'

[ocr errors]

PREMIER POINT.

La sagesse humaine demande souvent: Qu'est venu faire un Dieu sur la terre? pourquoi se cacher? pourquoi se couvrir? pourquoi anéantir sa majesté sainte pour vivre, pour converser, pour traiter avec les mortels? A cela je dis en un mot : c'est qu'il a dessein de se faire aimer. Que si l'on me presse encore et que l'on demande : Est-ce donc une œuvre si digne d'un Dieu que de se faire aimer de sa créature? Ah! c'est ici, chrétiens, que je vous demande vos attentions, pendant que je tâche de développer les mystères de l'amour divin.

:

Oui, c'est une œuvre très-digne d'un Dieu, de se faire aimer de sa créature: car le nom de Dieu est un nom de roi; « Roi des rois, Seigneur des sei>> gneurs (1) c'est le nom du Dieu des armées. Et qui ne sait qu'un roi légitime doit régner par inclination? La crainte, l'espérance, l'inclination, peuvent assujettir le cœur : la crainte servile donne un tyran à notre cœur l'espérance mercenaire, intéressée, nous donne un maître; ou comme on dit, un patron mais l'amour, soumis par devoir et engagé par inclination, donne à notre cœur un roi légitime. C'est pourquoi David plein de son amour, « Je vous >> exalterai, dit-il, ô mon Dieu, mon Roi; je bénirai » votre nom aux siècles des siècles » : Exaltabo te, Deus meus Rex; et benedicam nomini tuo in sæculum, et in sæculum sæculi (2). Voyez comme son amour élève un trône à son Dieu et le fait régner (2) Ps. CXLIV. I.

:

(1) Apoc. xvII. 14. xix. 16.

« ÖncekiDevam »