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AUTRE EXORDE

POUR LE MÊME JOUR.

At ubi venit plenitudo temporis, misit Deus Filium suum, factum est muliere.

Quand le temps a été accompli, Dieu a envoyé son Fils, fait d'une femme. Gal. IV. 4.

COMME Dieu est riche en bonté, il est magnifique en présens : il a aimé le genre humain, et son amour libéral s'est signalé par ses dons. Mais un Dieu ne doit rien donner qui ne soit digne de lui: c'est pourquoi il a résolu de ne nous rien donner de moins que lui-même. C'est ce qui fait voir aujourd'hui au monde celte merveille inouie, ce miracle incompréhensible et qui étonne toute la nature; un Dieu fait homme et l'apôtre nous représente cet excès d'amour par les premiers mots de mon texte : «< Dieu » a envoyé son Fils » : Misit Deus Filium suum.

Mais, Messieurs, il ne suffit pas qu'un Dieu se donne, il faut encore qu'on le reçoive; sans quoi le don seroit inutile et le mystère imparfait. Aussi s'est-il préparé lui-même les plus pures entrailles du monde, et une vierge incomparable le doit recevoir, non - seulement pour elle, mais pour nous tous, et au nom de tout le genre humain. TelleBOSSUET. XV. 17

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POUR LA FÊTE DE L'ANNONCIATION.

ment que, pour accomplir le dessein de Dieu, il ne falloit pas seulement qu'il vînt au monde, mais il falloit encore qu'il y prît naissance. Et c'est pour cela que le même apôtre, après avoir dit, comme j'ai déjà remarqué, que « Dieu nous a envoyé son » Fils »; Misit Deus Filium suum, ajoute, pour nous faire entendre le mystère entier, qu'il a été << fait d'une femme »; factum ex muliere.

Voilà donc en quoi consiste, si je ne me trompe, tout le mystère de ce jour sacré : et vous en avez l'abrégé en ces deux mots, un Dieu donné, un Dieu reçu. Dieu se donne à nous en la personne du Verbe incarné; tous ensemble nous le recevons en la personne de la sainte Vierge, qui ne le reçoit que pour nous. Ainsi nous avons deux choses à considérer; en Jésus le présent divin, en Marie la respectueuse acceptation; en Jésus la bonté qui se communique, en Marie la disposition pour s'en rendre digne; en Jésus de quelle manière Dieu se donne à nous, en Marie ce qu'il nous faut faire pour le recevoir. Et c'est à ces deux points principaux que je réduirai, pour n'être pas long, toute l'économie de ce dis

cours.

I.ER SERMON

POUR LA FÊTE

DE LA VISITATION DE LA S.TE VIERGE.

Pourquoi Jésus tient-il sa vertu cachée dans ce mystère. La sainte société que le Fils de Dieu contracte avec nous, un des plus grands mystères du christianisme. Trois mouvemens qu'il imprime dans le cœur de ceux qu'il visite. L'abaissement d'une ame qui se juge indigne des faveurs de son Dieu, représenté dans Elisabeth : le transport de celle qui le cherche, figuré en saint Jean: et la paix de celle qui le possède, marquée dans les dispositions de Marie.

Intravit in domum Zachariæ, et salutavit Elisabeth.

Marie entra en la maison de Zacharie, et salua Elisabeth. Luc. 1. 40.

C'EST principalement aujourd'hui, et dans la sainte solennité que nous célébrons, que les fidèles doivent reconnoître que le Sauveur est un Dieu caché, dont la vertu agit dans les cœurs d'une manière secrète et impénétrable. Je vois quatre personnes unies dans le mystère que nous honorons; Jésus et la divine Marie; saint Jean et sa mère sainte Elisabeth: c'est ce qui fait tout le sujet de notre Evangile. Mais ce que j'y trouve de plus remarquable, c'est qu'à la réserve du Fils de Dieu, toutes ces per

sonnes sacrées y exercent visiblement quelque action particulière. Elisabeth, éclairée d'en-haut, reconnoît la dignité de la sainte Vierge, et s'humilie profondément devant elle : Unde hoc mihi (1)? Jean sent la présence de son divin Maître jusque dans le sein de sa mère, et témoigne des transports incroyables: Exultavit infans (2). Cependant l'heureuse Marie, admirant en elle-même de si grands effets de la toute-puissance divine, exalte de tout son cœur le saint nom de Dieu, et publie sa munificence: ainsi toutes ces personnes agissent, et il n'y a que Jésus qui semble immobile : caché dans les entrailles de la sainte Vierge, il ne fait aucun mouvement qui rende sa présence sensible; et lui qui est l'ame de tout le mystère, paroît sans action dans tout le mystère.

:

Mais ne vous étonnez pas, ames chrétiennes, de ce qu'il nous tient ainsi sa vertu cachée; il a dessein de nous faire entendre qu'il est ce moteur invisible, qui meut toutes choses sans se mouvoir, qui conduit tout sans montrer sa main de sorte qu'il me sera aisé de vous convaincre que si son action toute-puissante ne nous paroît pas aujourd'hui en elle-même dans le mystère, c'est qu'elle se découvre assez dans l'action des autres, qui n'agissent et ne se remuent que par l'impression qu'il leur donne. C'est ce que vous verrez plus évidemment dans la suite de ce discours, où devant vous entretenir des opérations de son Saint-Esprit sur trois différentes personnes, j'ai besoin plus que jamais du secours de ce même Esprit qui les à remplies; et je dois tâcher d'attirer ses grâces par l'intercession de celle à laquelle il se (1) Luc. 1. 48. (2) Ibid. 44.

communique si abondamment, qu'il se répand sur les autres par son entremise. C'est la bienheureuse Marie, que nous saluerons avec l'ange: Ave, gratid.

L'un des plus grands mystères du christianisme, c'est la sainte société que le Fils de Dieu contracte avec nous, et la manière secrète dont il nous visite. Je ne parle pas, mes très-chères Sœurs, de ces communications particulières, dont il honore quelquefois des ames choisies; et je laisse à vos directeurs et aux livres spirituels de vous en instruire. Mais outre ces visites mystiques, ne savons-nous pas que le Fils de Dieu s'approche tous les jours de ses fidèles; intérieurement par son Saint-Esprit, et par l'inspiration de sa grâce; au dehors par sa parole, par ses sacremens, et surtout par celui de l'adorable eucharistie ?

Il importe aux chrétiens de connoître quels sentimens ils doivent avoir lorsque Jésus-Christ vient à eux ; et il me semble qu'il lui a plu de nous l'apprendre nettement dans notre Evangile. Pour bien entendre cette vérité, remarquez, s'il vous plaît, Messieurs, que le Fils de Dieu, visitant les hommes, imprime trois mouvemens dans leurs cœurs; et je vous prie de vous y rendre attentifs : premièrement, sitôt qu'il approche, il nous inspire, avant toutes choses, une grande et auguste idée de sa majesté, qui fait que l'ame tremblante et confuse de sa naturelle bassesse, est saisie devant Dieu d'un profond respect, et se juge indigne des dons de sa grâce: tel est son premier sentiment. Mais, chrétiens, ce n'est pas assez car cette ame, ainsi abaissée, n'osera ja

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