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I.ER SERMON

POUR LA FÊTE

DE LA CONCEPTION DE LA S.TE VIERGE,

PRÊCHÉ LA VEILLE DE CETTE FÈTE.

Priviléges de Marie, ses prérogatives; l'amour éternel de son Fils pour elle, sa victoire sur le péché en la personne de sa Mère. Question de l'immaculée conception, non décidée. Extrémité de la foiblesse de l'homme; son impuissance sans la grâce de Jésus-Christ, seul vrai médecin.

Tota pulchra es, amica mea.

Vous êtes toute belle, ô ma bien-aimée. Cant. IV. 7.

Si le nom de Marie vous est cher, si vous aimez sa gloire, si vous prenez plaisir de célébrer ses louanges, chrétiens enfans de Marie, vous, que cette Vierge très-pure assemble aujourd'hui en ce lieu, réjouissezvous en notre Seigneur. Demain luira au monde cette sainte et bienheureuse journée, en laquelle l'ame de Marie, cette ame prédestinée à la plénitude des grâces et au plus haut degré de la gloire, fut premièrement unie à un corps, mais à un corps dont la pureté, qui ne trouve rien de semblable même parmi les esprits angéliques, attirera quelque jour sur la terre le chaste Epoux des ames fidèles. Il est donc bien juste, mes Frères, que nous pas

sions cette solennité avec une joie toute spirituelle. Loin de cette conception les gémissemens et les pleurs qui doivent accompagner les conceptions ordinaires. Celle-ci est toute pure et toute innocente. Non, non, ne le croyez pas, chrétiens, que la corruption générale de notre nature ait violé la pureté de la Mère que Dieu destinoit à son Fils unique. C'est ce que je me propose de vous faire voir dans cette méditation, dans laquelle je vous avoue que je ne suis pas sans crainte. De tant de diverses matières que l'on a accoutumé de traiter dans les assemblées ecclésiastiques, celle-ci est sans doute la plus délicate. Outre la difficulté du sujet, qui fait certainement de la peine aux plus habiles prédicateurs, l'Eglise nous ordonne de plus une grande circonspection et une retenue extraordinaire. Si j'en dis peu, je prévois que votre piété n'en sera pas satisfaite. Que si j'en dis beaucoup, peut-être sortirai-je des bornes que les saints canons me prescrivent. Je ne sais quel instinct me pousse à vous assurer que cette conception est sans tache, et je n'ose vous l'assurer d'une certitude infaillible. Il faudra tenir un milieu qui sera peut-être un peu difficile. Disons néanmoins, chrétiens, disons à la gloire de Dieu, que la bienheureuse Marie n'a pas ressenti les atteintes du péché commun de notre nature; disonsle, autant que nous pourrons, avec force; mais disons toutefois avec un si juste tempérament, que nous ne nous éloignions pas de la modestie. Ainsi les fidèles seront contens; ainsi l'Eglise sera obéie. Nous satisferons tout ensemble à la tendre piété des enfans, et aux sages réglemens de la Mère.

l'on em

Il y a certaines propositions étranges et difficiles, qui pour être persuadées, demandent que ploie tous les efforts du raisonnement et toutes les inventions de la rhétorique. Au contraire il y en a d'autres qui jettent au premier aspect un certain éclat dans les ames, qui fait que souvent on les aime, avant même que de les connoître. De telles propositions n'ont pas presque besoin de preuves. Qu'on lève seulement les obstacles, que l'on éclaircisse les objections, s'il s'en présente quelques-unes, l'esprit s'y portera de soi-même, et d'un mouvement volontaire. Je mets en ce rang celle que j'ai à établir aujourd'hui. Que la conception de la Mère de Dieu ait eu quelque privilége extraordinaire, que son Fils tout-puissant l'ait voulu préserver de cette peste commune qui corrompt toutes nos facultés, qui gâte jusqu'au fond de nos ames, qui va porter la mort jusqu'à la source de notre vie; qui ne le croiroit, chrétiens? Qui ne donneroit de bon cœur son consentement à une opinion si plausible? Mais il y a, dit-on, beaucoup d'objections importantes, qui ont ému de grands personnages. Eh bien pour satisfaire les ames pieuses, tâchons de résoudre ces objections: par ce moyen j'aurai fait la meilleure partie de ma preuve. Après cela sans doute il ne sera pas nécessaire de vous presser davantage : sitôt que vous aurez vu les difficultés expliquées, vous croirez volontiers que le péché originel n'a pas touché à Marie. Que dis-je, vous le croirez? vous en êtes déjà convaincus; et tout ce que j'ai à vous dire ne servira qu'à vous confirmer dans cette pieuse créance.

!

PREMIER POINT.

Il n'est pas, ce me semble, fort nécessaire d'exposer ici une vérité qui ne doit être ignorée de personne. Vous le savez, fidèles, qu'Adam notre premier père s'étant élevé contre Dieu, il perdit aussitôt l'empire naturel qu'il avoit sur ses appétits. La désobéissance fut vengée par une autre désobéissance. Il sentit une rebellion à laquelle il ne s'attendoit pas; et la partie inférieure s'étant inopinément soulevée contre la raison, il resta tout confus de ce qu'il ne pouvoit la réduire. Mais, ce qui est de plus déplorable, c'est que ces convoitises brutales qui s'élèvent dans nos sens, à la confusion de l'esprit, aient si grande part à notre naissance. De là vient qu'elle a je ne sais quoi de honteux, à cause que nous venons tous de ces appétits déréglés qui firent rougir notre premier père. Comprenez, s'il vous plaît, ces vérités; et épargnez-moi la pudeur de repasser encore une fois sur des choses si pleines d'ignominie, et toutefois sans lesquelles il est impossible que vous entendiez ce que c'est que le péché d'origine : car c'est par ces canaux que le venin et la peste se coulent dans notre nature. Qui nous engendre, nous tue. Nous recevons en même temps et de la même racine, et la vie du corps, et la mort de l'ame. La masse dont nous sommes formés étant infectée dans sa source, elle empoisonne notre ame par sa funeste contagion. C'est pourquoi le sauveur Jésus, voulant comme toucher au doigt la cause de notre mal, dit en saint Jean (1), que « ce qui naît de la chair est (1) Joan. 111. 6.

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