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que

Viendra le revers de la main de Dieu, qui brisera comme un verre toute cette grandeur, que vous admirez, et qui vous éblouit. C'est à quoi regarde la divine Vierge, et avec elle les enfans de Dieu, qui jouissent de la douceur de sa paix. Ils voient bien le monde combat contre Dieu; mais ils savent que les forces ne sont pas égales. Ils ne se laissent pas éblouir de quelque avantage apparent, que Dieu abandonne et laisse remporter aux enfans du siècle : ils considèrent l'événement, que sa justice enfin leur rendra funeste. C'est pourquoi ils se rient de leur gloire; et au milieu de la pompe de leur triomphe, ils chantent déjà leur défaite. Ils ne disent pas seulement, que Dieu dissipera les superbes ; mais qu'il les a déjà dissipés: Dispersit superbos : ils ne disent pas seulement, que Dieu renversera les puissans du monde; ils les voient déjà à ses pieds, tremblans et étonnés de leur chute. Et pour vous, ô riches du siècle, qui vous imaginez être pleins, serrez vos trésors tant qu'il vous plaira, ils ne laissent pas de vous reprocher que vos mains sont vides, parce que ce que vous tenez ne leur paroît rien ils savent qu'il s'écoule à travers les doigts, ainsi que de l'eau, sans que vous puissiez le retenir: Divites dimisit inanes. Et d'autre part, chrétiens, pendant que les ennemis de Dieu tombent à ses pieds, ses humbles serviteurs levent la tête; eux que le monde méprisoit si fort, les voilà établis dans les grandes places; Exaltavit humiles: eux que le monde croyoit indigens, Dieu les a remplis de ses biens Esurientes implevit bonis. Telle est la vic

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toire du Tout-puissant ; et le fruit de cette victoire, c'est la paix qu'il donne à ses serviteurs, par la défaite infaillible de leurs ennemis.

Chantez cette victoire, mes très - chères Soeurs; entonnez avec Marie ce divin cantique : publiez la défaite du monde; chantez ses richesses dissipées, son éclat terni, sa pompe abattue, sa gloire évanouie en fumée; moquez-vous de son triomphe d'un jour et de sa tranquillité imaginaire. O aveuglement déplorable de ceux qui courent après la fortune, qui ne trouvent rien de grand que ce qu'elle élève, ni rien de beau que ce qu'elle pare, ni rien de plaisant que ce qu'elle donne! Vous laissez ces sentimens aux enfans du siècle : mais vous, ô filles de Jérusalem, saintes héritières du ciel, vous parlez le langage de votre patrie. Quoique le monde étale avec pompe ses grandeurs et ses vanités, vous ne vous couronnez pas de ses fleurs, qui seront en un moment desséchées; et pendant qu'il brille par un vain éclat, vous reconnoissez son foible dans son in

constance.

Madame (*), Votre Majesté a ces sentimens imprimés bien avant au fond de son ame, et l'exemple de sa constance en a fait des leçons à toute la terre. Le monde n'est plus capable de vous tromper; et cette ame vraiment royale, que ses adversités n'ont pas abattue, ne se laissera non plus emporter à ses prospérités inopinées. Grande et auguste Reine, en laquelle Dieu a montré à nos jours un spectacle si

(*) Henriette-Marie de France, veuve de Charles I.er, Roi d'Angleterre. (Edit, de Déforis.)

surprenant de toutes les révolutions des choses humaines, et qui seule n'êtes point changée au milieu de tant de changemens, admirez éternellement ses secrets conseils et sa conduite impénétrable. Ceux qui raisonnent des rois et de leurs Etats, selon les lois de la politique, chercheront des causes humaines de ce changement miraculeux (*): ils diront à Votre Majesté, qu'on peut être surpris pour un temps; mais qu'enfin on a horreur des mauvais exemples: que la tyrannie tombe d'elle-même, pendant que l'autorité légitime se rétablit presque sans secours, par le seul besoin qu'on a d'elle, comme d'une pièce nécessaire; et qu'une longue et funeste épreuve ayant appris aux peuples cette vérité, ce trône injustement abattu s'affermit par sa propre chute.

Mais Votre Majesté est trop éclairée, pour ne porter pas son esprit plus haut. Dieu se montre trop visiblement dans ces conjonctures imprévues; et comme il n'y a que sa seule main qui ait pu calmer la tempête, il faut encore cette même main pour empêcher les flots de se soulever. Il le fera, Madame, nous l'espérons : et si nos vœux sont exaucés, peutêtre arrivera-t-il; car qui sait les secrets de la Providence? Après que Dieu a rétabli le trône du roi, sa bonté disposera tellement les choses, que le roi rétablira le trône de Dieu. Mais cette affaire, Madame, se doit traiter avec Dieu, non avec les

(*) Le changement miraculeux dont parle ici Bossuet, a pour objet l'élévation de Charles II, fils de Charles I.er et de Henriette, sur le trône d'Angleterre. Ce prince fut proclamé roi à Londres le 8 mai 1660. (Edit. de Déforis.)

hommes, par des prières et des vœux, non par des conseils ni par des maximes humaines. Il n'y a que sa sagesse profonde qui connoisse le terme préfix, qui a été ordonné, avant tous les temps, aux malheureux progrès de l'erreur, et aux souffrances de son Eglise. C'est à nous d'attendre avec patience l'accomplissement de son œuvre, et d'en avancer l'exécution, autant qu'il est permis à des mortels, par des prières ardentes. Votre Majesté, Madame, ne cessera jamais d'en répandre; et quoi qu'il arrive ici-bas, Dieu lui en fendra dans le ciel une récompense éternelle c'est le bien que je lui souhaite, et à toute cette audience.

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II. SERMON

POUR LA FÊTE

DE LA VISITATION DE LA S.TE VIERGE,

PRÊCHÉ DEVANT UNE CONGRÉGATION DE PRÊTRES.

Union de l'Evangile avec la loi. La Synagogue figurée dans Elisabeth, et l'Eglise en Marie. Caractère de l'une et de l'autre. Esprit de ferveur, dont les prêtres doivent être animés : pureté qui leur est nécessaire. Sainteté inviolable des mystères qu'ils traitent. Condescendance qu'ils doivent avoir pour les foibles. Quel est le vrai sacrifice de la nouvelle loi.

Intravit Maria in domum Zachariæ, et salutavit Elizabeth.

Marie étant entrée dans la maison de Zacharie, elle salua Elisabeth. Luc. 1. 40.

JESUS-CHRIST, Messieurs, étant envoyé pour être la lumière du monde, aussitôt qu'il y eut fait sa première entrée, aussitôt il commença d'enseigner les hommes. Encore que vous le voyiez aujourd'hui dans les entrailles de sa sainte mère, sans parole, ce semble, et sans action, ne vous persuadez pas qu'il se taise. Etant la parole du Père éternel, nonseulement tout ce qu'il fait et tout ce qu'il souffre, mais encore tout ce qu'il est, parle, et d'une ma

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