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seul jour; et ce jour n'aura ni couchant ni aucune différence d'heures : et l'Eglise des prédestinés, qui n'aura point d'autre soleil que son Dieu, fixée immuablement dans l'éternité, sera toujours dans la nouveauté. O beau jour, et ô jour unique de l'éternité bienheureuse, quand verrons-nous ta sainte lumière, qui ne sera cachée par aucune nuit, qui ne sera obscurcie par aucun nuage! O sainte Sion, où toutes choses sont stables et éternellement permanentes, qui nous a précipités sur ces eaux courantes, dans ce flux et reflux des choses humaines?

Mais, chrétiens, réjouissons-nous : si nous vieillissons dans ce monde selon notre homme animal, l'Eglise, dont nous faisons partie, selon l'homme spirituel, ne vieillit jamais; parce qu'au lieu de tendre à sa fin, à la manière des choses mortelles, elle tend à cette jeunesse éternelle de la bienheureuse immortalité. C'est donc avec beaucoup de raison qu'Elisabeth vieille représente la Synagogue prête à tomber; et Marie, dans la fleur de l'âge l'Eglise de Jésus-Christ toujours jeune, toujours forte, toujours vigoureuse. Donc, mes Frères, puisque l'esprit du christianisme est un esprit de jeunesse et de nouveauté, «< purifions-nous du vieux >> levain », comme dit l'apôtre (1); que notre zèle ne vieillisse pas, qu'il soit toujours jeune et toujours fervent.

La philosophie dit que les jeunes gens sont comme naturellement enivrés; parce que leur sang chaud et bouillant est semblable, en quelque sorte, à un vin fumeux et plein d'esprits, qui les rend toujours

(1) I. Cor. v. 7.

ardens, toujours animés dans la poursuite de leurs entreprises. Si nous voulons vivre, Messieurs, selon cette jeunesse spirituelle de la loi de grâce, il faut être toujours fervens, toujours intérieurement enivrés de ce vin de la nouvelle alliance, que JésusChrist promet aux fidèles dans le royaume de Dieu son Père, c'est-à-dire, dans son Eglise. C'est le şauveur Jésus-Christ lui-même, qui compare à un vin nouveau l'esprit de la loi nouvelle; et c'est afin que nous entendions, que de même que le vin nouveau chasse tout ce qui lui est étranger, et se purge lui-même par sa propre forcé, ainsi nous devons conserver cet esprit nouveau du christianisme, dans sa force et dans sa ferveur; afin qu'il chasse toutes nos ordures, et qu'il éloigne cette froideur paresseuse, qui nous rend lents et comme engourdis dans les œuvres de piété.

Mais cette sainte et divine ardeur, qui est le vrai esprit du christianisme, doit se trouver particulièrement dans notre ordre, et nous la devons tous les jours apprendre du sacrifice que nous célébrons. L'apôtre, dans la divine Epître aux Hébreux, jugeant de la loi par le sacerdoce, conclut que « la » loi de Moïse doit être abolie, parce que son sa» cerdoce devoit passer »: Translato enim sacerdotio, necesse est ut et legis translatio fiat (1). En effet, quelles étoient les victimes de ces anciens sacrificateurs? C'étoient des animaux égorgés; tout y sentoit la corruption et la mort dignes victimes, dignes sacrifices d'une loi vieillie et mourante. Mais il n'en est pas de la sorte du sacrifice de la nouvelle (1) Hebr. vII. 12.

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alliance. Notre victime est morte une fois; mais elle est ressuscitée pour ne mourir plus. L'hostie que nous présentons est vivante : le sang du nouveau Testament, que nous répandons mystiquement sur ces saints autels, n'est pas le sang d'une victime morte; c'est un sang tout vif et tout chaud, si je puis parler de la sorte: tellement que nous devrions être toujours fervens, nous qui offrons au Père éternel une victime toujours nouvelle, et un sáng qui ne souffre point de froideur. Ni le temps, ni l'accoutumance, qui ralentissent ordinairement la ferveur des hommes, ne devroient point diminuer la nôtre; parce que notre victime, qui ne change point, veut toujours trouver en nous une même ardeur. Cependant nous vieillissons tous les jours, quand notre première ferveur se perd, au lieu que nous devrions toujours être jeunes; parce que le caractère que nous portons, nous oblige d'être les membres les plus fervens du corps de l'Eglise, qui est toujours jeune, et qui, pour cette raison, nous est figurée dans la jeunesse de la sainte Vierge.

Et non-seulement l'âge de Marie nous représente la sainte Eglise, mais encore son état de perpétuelle virginité. Je sais que le mariage est sacré, et que « son lien est très-honorable en tout et partout » : Honorabile connubium in omnibus (1). Mais si nous le comparons à la sainte virginité, il faut nécessairement avouer que le mariage sent la nature, et que la virginité sent la grâce. Et si nous considérons attentivement ce que dit l'apôtre, de la virginité et du mariage, nous y trouverons une peinture parfaite (1) Hebr. x111. 4.

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de la Synagogue et de l'Eglise chrétienne. « L'une » est toute occupée du soin des choses du monde » : Cogitat quæ sunt mundi (1); c'est le but de la Synagogue, qui a pour partage la rosée du ciel et la graisse de la terre: De rore cœli et de pinguedine terræ (2): elle n'a que des promesses terrestres, cette terre coulante de lait et de miel. Mais que fait la virginité? << Elle est uniquement occupée du soin » des choses du Seigneur » Cogitat quæ Domini sunt (3). C'est le but de la sainte Eglise, « qui ne » considère point les choses visibles, mais les invi»sibles » Non contemplantibus nobis quæ videntur, sed quæ non videntur (4). C'est, Messieurs, cet unique objet que se doivent proposer les prêtres, qui, par l'éminence du sacerdoce, font la partie la plus relevée et la plus céleste de la sainte Eglise. Si/ l'Eglise est un ciel, on peut dire que les prêtres sont comme le premier mobile, ou plutôt comme les intelligences qui meuvent ce ciel, et qui ne reçoivent leurs mouvemens que de Dieu aussi sont-ils appelés des anges (5).

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Mais continuons de vous faire voir la figure de l'Eglise dans la sainte Vierge, et celle de la Synagogue dans Elisabeth. Vous savez que cette Vierge très-pure étoit mariée, et c'est par ce divin mariage qu'elle nous représente encore mieux l'Eglise. Car j'apprends de saint Augustin (6) que le mariage de Joseph avec Marie, n'étant point lié par les sentimens de la chair, n'avoit point d'autre nœud de son

(2) Gen. XXVII. 28.· (3) I. Cor. vii. 34. (5) Apoc. 11. 1 et seq. - (6) Contra Julian. 48, tom. x,

(1) I. Cor. vII. 34. (4) II. Cor. IV. 18. lib. v, cap. x11, n.

col. 652.

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union que la foi mutuelle qu'ils s'étoient donnée; et c'est là aussi ce qui joint l'Eglise avec Jésus-Christ son époux. La foi de Jésus est engagée à l'Eglise; celle de l'Eglise à Jésus: Sponsabo te mihi in fide (1): « Je vous rendrai mon épouse par une inviolable » fidélité », par une fidélité réciproque: Fide pudicitiæ conjugalis (2).

Mais ce que je trouve très - remarquable, c'est qu'Elisabeth vivant avec son mari, l'Ecriture la nomme stérile. Marie au contraire fait profession d'une perpétuelle virginité; et la même Ecriture, qui ne ment jamais, la fait voir féconde. Voyez la stérilité de la Synagogue, qui d'elle-même ne peut engendrer des enfans au ciel; et la divine fécondité de l'Eglise, de laquelle il est écrit : Lætare, sterilis, quæ non paris (3). « Réjouissez-vous, stérile, qui » n'enfantiez point ». Toutefois, Messieurs, la stérile enfante; Elisabeth a un fils aussi bien que la sainte Vierge. Aussi la Synagogue a-t-elle enfanté; mais des figures et des prophéties. Elisabeth a conçu; mais un précurseur à Jésus, une voix qui prépare les chemins: Marie enfante la vérité même.

Et admirez ici, chrétiens, la dignité de la Vierge aussi bien que celle de la sainte Eglise, par le rapport qu'elles ont ensemble. Dieu engendre son Fils dans l'éternité par une génération ineffable, autant éloignée de la chair et du sang, que la vie de Dieu est éloignée de la vie mortelle. Ce Fils unique, engendré dans l'éternité, doit être engendré dans le temps. Sera - ce d'une manière charnelle? Loin de

(1) Osee. 11. 20. — (2) S. August. de bono Viduit. n. 5., tom. vi, col. 371.-(3) Gal. 1v. 27

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