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>> toutes les femmes ». O Eglise! ô société des fidèles! ô assemblée chérie entre toutes les sociétés de la terre! vous êtes singulièrement bénite, parce que vous êtes uniquement choisie. Una est columba mea, perfecta mea (1): « Une seule est ma colombe et >> ma parfaite amie ». Beata es tu quæe credidisti (2) : « Vous êtes bienheureuse d'avoir cru», dit Elisabeth à Marie; et avec raison; puisque la foi est la source de toutes les grâces : «< car le juste vit de la » foi » : Justus autem meus ex fide vivit (3). Perficientur ea quæ tibi dicta sunt à Domino (4) : « Tout » ce qui vous a été dit de la part du Seigneur sera accompli ». Tout s'accomplira; voilà la vie chré tienne. Les chrétiens sont enfans de promesse, enfans d'espérance: voilà le témoignage que la Synagogue rend à l'Eglise. L'Eglise ne désavoue pas ses dons ni ses avantages; au contraire, elle reconnoît que «< le Tout-puissant a fait en elle de grandes >> choses » Fecit mihi magna qui potens est. Mais elle rend la louange à Dieu: Magnificat anima mea Dominum (5): « Mon ame glorifie le Seigneur »>. Ainsi dans cette aimable rencontre de la Synagogue avec l'Eglise ; pendant que la Synagogue, selon son devoir, rend un fidèle témoignage à l'Eglise, l'Eglise de son côté rend témoignage à la miséricorde divine afin que nous apprenions, chrétiens, que le vrai sacrifice de la nouvelle loi, c'est le sacrifice d'actions de grâces. « Aussi nous avertit-on, dans la >> célébration des saints mystères, de rendre grâces >> au Seigneur notre Dieu ». In isto verissimo sa

:

(1) Cant. VI. 8. - (2) Luc. 1. 45. — (3) Hebr. x. 38. - (4) Luc. 1. 49. – (5) Ibid. 47.

crificio agere gratias admonemur Domino Deo ; ut agnoscamus gratiarum actionem proprium esse novi Testamenti sacrificium.

Il faut donc confesser que nous sommes un ouvrage de miséricorde; notre sacrifice est un sacrifice d'eucharistie. C'est le sacrifice que Jean offre; en sautant de joie, il rend grâces au libérateur. S'il fait tressaillir Jean, qui ne le voit pas, qui ne le touche pas, qui ne l'entend pas, où il n'agit que par sa présence seule; que sera-ce dans le ciel, où il se montrera à découvent, face à face. Jean est dans les entrailles de sa mère, et il sent Jésus qui est aussi dans le sein de la sienne. Jésus entre dans nos entrailles, et à peine le sentons-nous.

DISCOURS

AUX RELIGIEUSES DE SAINTE MARIE,

LE JOUR DE LA FÊTE

DE LA VISITATION DE LA S.TE VIERGE.

JE Je ne m'étonne E pas si votre fondateur, cet homme si éclairé, cet homme si pénétré des salutaires lumières de l'Evangile, vous a choisies pour honorer cette fête, si remplie de mystères d'ineffable suavité et d'une charité immense. Mais qui n'admireroit, par-dessus toutes choses, les grands exemples qui s'offrent à nous dans ce mystère, d'une inexplicable instruction, si profitable, non-seulement pour les personnes cachées dans la solitude; mais propre pour vous, pour moi, pour tous les fidèles pour les justes, c'est leur consolation; pour les pécheurs, c'est l'attrait qui les excite à faire pénitence. Qui n'admirera premièrement Elisabeth qui s'abaisse ? « D'où me vient ce bonheur (1) ». Mais voyez un effet plus surprenant. Jean, qui n'est pas né, montre par son tressaillement sa joie à l'approche de son Sauveur; et Marie, possédée de l'Esprit de Dieu, chante ce divin cantique : « Mon ame glorifie le » Seigneur (2) ».

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Au milieu de tant de merveilles, de tant de miracles, je ne vois que Jésus qui n'agit pas, que Jésus dans le silence. Les mères s'abaissent et prophétisent; Jean tressaille : il n'y a que Jésus qui paroît sans action ; et c'est Jésus qui est l'ame de tout ce mystère. Il ne fait aucune démonstration de sa présence: lui, le moteur invisible de toutes choses, paroît immobile; il se tient dans le secret, lui qui développe et découvre tout ce qui est caché et enveloppé. Nous voyons souvent cette grande merveille, et nous ressentons ses bienfaits; mais il cache la main qui les donne. A la faveur de cette nouvelle lumière, je découvre ce que dit le prophète : « Vrai» ment vous êtes un Dieu caché, un Dieu sau» veur (1) », un Dieu qui s'est humilié, un Dieu qui s'est épuisé lui-même dans ses abaissemens, un Dieu ábaissé dans un profond néant.

Mais pénétrons dans ce mystère ineffable, où Jésus paroît sans action. Que ce repos de Jésus est une grande et merveilleuse action! Le grand mystère du christianisme, c'est de comprendre la secrète opération de Dieu dans les ames. Dieu est descendu du ciel en terre, pour se communiquer aux hommes, soit par la participatión de ses mystères, soit en se donnant à eux par la communion. Il veut se donner à nous, et que nous nous donnions à lui. Il opère dans les cœurs de certains mouvemens pour les attirer à lui, un entretien secret qui les élève à la plus intime communication; mais c'est dans la solitude que l'ame ressent ses divines approches. Que doit faire une ame dont Dieu s'approche par sa grâce

(1) Isai. XLV. 15.

et

et ses fréquentes visites? Elle doit apporter trois dispositions; un saint abaissement, une humilité profonde, une sainte frayeur. Abaissement, humilité, frayeur; voilà la première disposition : la se» conde, c'est un transport divin, un transport ad mirable; elle s'éloigne par humilité, et s'approche par désir la troisième, c'est une joie céleste en son salutaire, qu'elle a le bonheur de posséder. [

Je m'assure que vous prévenez déjà mes pensées, et que vous considérez ces saintes dispositions dans les trois personnes qui ont part à ce mystère. Vous voyez Elisabeth qui s'abaisse : « D'où me vient ce >> bonheur »? Jean qui se transporte; «L'enfant a >> tressailli (1) » Marie qui s'élève et se repose en Dieu : «< Mon ame magnifie le Seigneur » : voilà les trois secrets de ce mystère. L'anéantissement d'Elisabeth, qui s'abaisse à l'approche de son Dieu; le transport divin de Jean qui le cherche; et la paix de la Vierge qui le possède. L'approche de Dieu produit l'abaissement de l'ame, le transport dans celle qui le cherche, la paix dans celle qui le possède. C'est le sujet de cet entretien familier.

Ténèbres qu'il vient illuminer, néant qu'il vient remplir, que dois-tu faire quand Dieu approche ? A l'approche d'une telle grandeur, néant, que doistu faire? tu dois t'abaisser. Abaissez-vous, néant. Et toi, pécheur, que dois-tu faire? Pécheur, tu dois t'éloigner: une sainte frayeur te doit saisir; puisque le péché a plus d'opposition à la sainteté de Dieu, que le néant à sa grandeur. Grandeur que rien ne peut égaler; sainteté qui ne peut être comprise: deux (1) Luc. 1. 44.

Bossuet. xv.

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