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I.ER SERMON

POUR LE JOUR

DE LA PURIFICATION DE LA S.TE VIERGE,

PRÊCHÉ DEVANT LE ROI.

Esprit de sacrifice et d'immolation avec lequel Jésus-Christ s'offre à son Père: obligation de nous immoler avec lui: trois genres de sacrifices que nous imposent son exemple et celui des personnes qui concourent au mystère de ce jour.

Tulerunt Jesum in Jerusalem, ut sisterent eum Domino. Ils portèrent Jésus à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur. Luc. II. 22.

QUOIQUE le crucifiement de Jésus-Christ n'ait paru à la vue du monde que sur le Calvaire, il y avoit déjà long-temps que le mystère en avoit été commencé et se continuoit invisiblement. Jésus-Christ n'a jamais été sans sa croix, parce qu'il n'a jamais été sans avancer l'œuvre de notre salut. Ce roi a toujours pensé au bien de ses peuples; ce céleste médecin a toujours eu l'esprit occupé des besoins et des foiblesses de ses malades et comme telle étoit la loi que ni ses peuples ne pouvoient être soulagés ni ses malades guéris, que par sa croix, par ses clous et par ses blessures; il a toujours porté

devant Dieu toute l'horreur de sa passion. Nulle paix, nul repos pour Jésus-Christ: travail, accablement, mort toujours présente; mais travail enfantant les hommes, accablement réparant nos chutes, et mort nous donnant la vie.

Nous apprenons de saint Paul (1) que Jésus-Christ, faisant son entrée au monde, s'étoit offert à son Père pour être la victime du genre humain. Mais ce qu'il avoit fait dans le secret dès le premier moment de sa vie, il le déclare aujourd'hui par une cérémonie solennelle, en se présentant à Dieu devant ses autels; de sorte que si nous savons pénétrer ce qui se passe en cette journée, nous verrons des yeux de la foi Jésus-Christ qui se présente dès sa tendre en fance aux yeux de son Père pour lui demander sa croix, et le Père qui, prévenant la fureur des Juifs, la met déjà de ses propres mains sur ses tendres épaules. Nous verrons le Fils unique et bien-aimé qui prie son père et son Dieu qu'il lui fasse porter tous nos crimes, et le Père en même temps qui les lui applique par une opération tellement intime et puissante, que Jésus, l'innocent Jésus, paroît toutà-coup revêtu devant Dieu de tous nos péchés, et par une suite nécessaire pressé de toute la rigueur de ses jugemens, percé de tous les traits de sa justice, accablé de tout le poids de sa vengeance. Voilà, Messieurs, l'état véritable dans lequel le sauveur Jésus s'offre pour nous en ce jour. C'est de là qu'il nous faut tirer quelque instruction importante pour la conduite de notre vie. Mais la sainte Vierge ayant tant de part dans ce mystère admirable, gardons

(1) Hebr. x. 5.

nous bien d'y entrer sans implorer son secours par les paroles de l'ange. Ave.

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C'EST un discours véritable, dit le saint apô» tre (1), et digne d'être reçu en toute humilité et >> respect, que Jésus-Christ est venu au monde pour » délivrer les pécheurs », et que, pour être le Sauveur du genre humain, il en a voulu être la victime. Mais l'unité de son corps mystique fait que le chef s'étant immolé, tous les membres doivent être aussi des hosties vivantes : ce qui fait dire à saint Augustin (2), que l'Eglise catholique apprend tous les jours, dans le sacrifice qu'elle offre, qu'elle doit aussi s'offrir elle-même avec Jésus-Christ qui est sa victime; parce qu'il a tellement disposé les choses, que nul ne peut avoir part à son sacrifice, s'il ne se consacre en lui et par lui pour être un sacrifice agréable.

Comme cette vérité est très-importante, et comprend le fondement principal du culte que les fidèles doivent rendre à Dieu dans le nouveau Testament, il a plu aussi à notre Sauveur de nous en donner une belle preuve dès le commencement de sa vie. Car, chrétiens, n'admirez-vous pas dans la solennité de ce jour, que tous ceux qui paroissent dans notre Evangile, nous y sont représentés par le SaintEsprit dans un état d'immolation. Siméon, ce vénérable vieillard, désire d'être déchargé de ce corps mortel. Anne, victime de la pénitence, paroît toute exténuée par ses abstinences et par ses veilles. Mais (1) I. Tim. 1. 15. (2) De Civ. Dei, lib. x, cap, xx, tom. vii, col. 256.

surtout la bienheureuse Marie, apprenant du bon Siméon qu'un glaive tranchant percera son ame, ne semble-t-elle pas être déjà sous le couteau du sacrificateur? et comme elle se soumet en tout aux ordres et aux lois de Dieu avec une obéissance profonde, n'entre-t-elle pas aussi dans la véritable disposition d'une victime immolée? Quelle est la cause, Messieurs, que tant de personnes concourent à se dévouer à Dieu comme des hosties; si ce n'est que son Fils unique, pontife et hostie tout ensemble de la nouvelle alliance, commençant en cette journée à s'offrir lui-même à son Père, il attire tous ses fidèles à son sentiment, et répand, si je puis parler de la sorte, cet esprit d'immolation sur tous ceux qui ont part à son mystère?

C'est donc l'esprit de ce mystère, et c'est le dessein de notre Evangile, de faire entendre aux fidèles qu'ils doivent se sacrifier avec Jésus-Christ. Mais il faut aussi qu'ils apprennent de la suite du même mystère et de la doctrine du même Evangile, par quel genre de sacrifice ils pourront se rendre agréables. C'est pourquoi Dieu agit en telle manière dans ces trois personnes sacrées qui paroissent aujourd'hui dans le temple avec le Sauveur, que faisant toutes, pour ainsi dire, leur oblation à part, nous pouvons recevoir de chacune d'elles une instruction particulière. Car comme notre amour-propre nous fait appréhender ces trois choses comme les plus grands de tous les maux, la mort, la douleur, la contrainte; pour nous inspirer des pensées plus fortes, Siméon détaché du siècle présent immolę l'amour de la vie; Anne pénitente et mortifiée dé

truit devant Dieu le repos des sens; et Marie soumise et obéissante sacrifie la liberté de l'esprit. Par où nous devons apprendre à nous immoler avec Jésus-Christ par trois genres de sacrifice; par un sacrifice de détachement, en méprisant notre vie; par un sacrifice de pénitence, en mortifiant nos appétits sensuels; par un sacrifice de soumission, en captivant notre volonté : et c'est le sujet de ce dis

cours.

PREMIER POINT.

pas

QUOIQUE l'horreur de la mort soit le sentiment universel de toutes les créatures vivantes, il est aisé de reconnoître que l'homme est celui des animaux qui sent le plus fortement cette répugnance: et encore que je veuille bien avouer que ce qui nous rend plus timides, c'est que notre raison prévoyante ne nous permet pas d'ignorer ce que nous avons sujet de craindre, il ne laisse d'être indubitable que cette aversion prodigieuse que nous avons pour la mort vient d'une cause plus relevée. En effet il faut penser, chrétiens, que nous étions nés pour ne mourir pas; et si notre crime nous a séparés de cette source de vie immortelle, il n'a pas tellement rompu les canaux par lesquels elle couloit avec abondance, qu'il n'en soit tombé sur nous quelque goutte, qui, nourrissant en nos cœurs cet amour de notre première immortalité, fait que nous haïssons d'autant plus la mort, qu'elle est plus contraire à notre nature. «< Car si elle répugne de telle sorte à tous les » autres animaux qui sont engendrés pour mourir, » combien plus est-elle contraire à l'homme, ce » noble

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