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populorum. On l'a vue, cette «< lumière éclatante qui >> devoit éclairer toutes les nations, et combler de >> gloire son peuple d'Israël » : Lumen ad revelationem gentium, et gloriam plebis tuæ Israel (2). Enfin ce Sauveur tant de fois promis a rempli l'attente de tout l'univers; il a accompli les prophéties, il a renversé les idoles, il a délivré les captifs, il a réconcilié les pécheurs, il a converti les peuples. Mais, mes Frères, ce n'est pas assez; ce Sauveur n'est pas encore venu pour nous, puisqu'il ne règne pas encore sur tous nos désirs: il n'est pas notre conducteur ni notre lumière, puisque nous ne marchons pas dans les voies qu'il nous a montrées. Non, « nous n'avons » jamais vu sa face, ni nous n'avons jamais écouté » sa voix, ni nous n'avons pas sa parole demeurante >> en nous >>, puisque nous n'obéissons pas à ses préceptes : Neque vocem ejus unquam audistis, neque speciem ejus vidistis, et verbum ejus non habetis in vobis manens (2). Car écoutez ce que dit son disciple bien-aimé : « Celui qui dit qu'il le connoît et ne » garde pas ses commandemens, c'est un menteur, » et la vérité n'est point en lui » : Qui dicit se nosse eum, et mandata ejus non custodit, mendax est, et in hoc veritas non est (3). Après cela, chrétiens, qui de nous se peut vanter de le connoître ? qu'avonsnous donné à son Evangile? quels vices avons-nous corrigés? quelles passions avons-nous domptées? quel usage avons-nous fait des biens et des maux de la vie? Quand Dieu a diminué nos richesses, avonsnous songé en même temps à modérer notre luxe? quand la fortune nous a trompés, avons-nous tourné (1) Luc. 11. 29, 30, 31, 32. — (2) Joan. v. 37, 38. — (3) I, Joan. 11.4.

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pas

notre cœur aux biens qui ne sont point de son ressort ni de son empire? Au contraire n'avons-nous été de ceux dont il est écrit: Dissipati sunt nec compuncti (1)? « Nous avons été affligés, sans être >> touchés de componction »; serviteurs opiniâtres et incorrigibles, qui nous sommes mutinés, même sous la verge; repris et non corrigés, abattus et non humiliés, châtiés sévèrement et non convertis. Après cela, si nous osons dire que nous avons connu Jésus-Christ, que nous avons vu le Sauveur que Dieu nous avoit promis, le Saint-Esprit nous appellera des menteurs, et nous dira, par la bouche de saint Jean, que la vérité n'est pas en nous.

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Craignons donc, chrétiens, craignons de mourir; car nous n'avons pas vu Jésus-Christ, nous n'avons pas encore tenu le Sauveur entre nos bras, nous n'avons encore embrassé ni sa personne, ni ses préceptes, ni ses vérités, ni les saints enseignemens de son Evangile. Malheur à ceux qui mourront avant que Jésus-Christ ait régné sur eux! O que la mort leur sera fâcheuse! ô que ses approches leur seront terribles! ô que ses suites leur seront funestes et insupportables! En ce jour, toute leur gloire sera dissipée; en ce jour, tous leurs grands projets seront ruinés;«<en ce jour, périront, dit le Psalmiste, >> toutes leurs hautes pensées » In illa die peribunt omnes cogitationes eorum (2); en ce jour, commen- . ceront leurs supplices; en ce jour, s'allumeront pour eux des feux éternels; en ce jour, la fureur et -le désespoir s'empareront de leur ame, et ce ver qui ne meurt point enfoncera dans leur cœur ses (1) Ps. XXXIV. 19. (2) Ps. CXLV. 3.

dents dévorantes, venimeuses, sans jamais lâcher prise.

Ah! mes Frères, allons au temple avec Siméon, prenons Jésus entre nos bras, donnons-lui un baiser religieux, embrassons-le de tout notre cœur. Un homme de bien ne sera pas étonné dans les approches de la mort son ame ne tient presque plus à rien ; elle est déjà comme détachée de ce corps mortel : autant qu'il a dompté de passions, autant a-t-il rompu de liens : l'usage de la pénitence et de la sainte mortification l'a déjà comme désaccoutumé de son corps et de ses sens; et quand il verra arriver la mort, il lui tendra de bon cœur les bras, il lui montrera lui-même l'endroit où il faut qu'elle frappe son dernier coup. O mort! lui dira-t-il, je ne te nommerai ni cruelle ni inexorable: tu ne m'ôteras aucun des biens que j'aime, tu me délivreras de ce corps mortel. O mort! je t'en remercie : il y a déjà tant d'années que je travaille moi-même à m'en détacher et à secouer ce fardeau. Tu ne troubles donc pas mes desseins, mais tu les accomplis : tu n'interromps pas mon ouvrage, mais plutôt tu y vas mettre la dernière main. Achève donc, ô mort favorable! et rendsmoi bientôt à mon maître : Nunc dimittis. Que ne devons-nous pas faire pour mourir en cette paix? O que nous puissions mourir de la mort des justes, pour y trouver le repos que tous les plaisirs de la vie ne peuvent pas nous donner; et afin que fermant les yeux à tout ce qui se passe, nous commencions à les ouvrir à ce qui demeure, et que nous le possédions éternellement avec le Père, le Fils et le SaintEsprit.

AUTRE

AUTRE CONCLUSION

DU MÊME SERMON (*).

HELAS! quel objet funeste, mais quel exemple admirable se présente ici à mon esprit! Me sera-t-il permis en ce lieu de toucher à des plaies encore toutes récentes, et de renouveler les justes douleurs des premières personnes du monde? Grande et auguste reine, que le ciel vient d'enlever à la terre, et qui causez à tout l'univers un deuil si grand et si véritable, ce sont ces fortes pensées, c'est cette attache immuable à la souveraine volonté de Dieu, qui nous a fait voir ce miracle, et d'égalité dans votre vie, et de constance inimitable dans votre mort. Quels troubles, quels mouvemens, quels accidens imprévus ont jamais été capables de l'ébranler, ni d'étonner sa grande ame? Ne craignons pas de jeter un moment la vue sur nos dissensions passées, puisque la fermeté inébranlable de cette princesse a tellement soutenu l'effort de cette tempête, que nous pouvons maintenant nous en souvenir sans

(*) Ce morceau forme dans le manuscrit un hors d'œuvre ajouté après coup, pour appliquer le sermon à la circonstance de la mort de la Reine mère. Dans ce plan l'auteur devoit retrancher de son discours, depuis ces mots de la page 381, Mais, mes Frères, imitons en tout ce saint homme, jusqu'à la fin, pour y substituer cette péroraison. (Edit. de Déforis.)

BOSSUET. XV.

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crainte. Quand il plut à Dieu de changer en tant de maux les longues prospérités de sa sage et glorieuse régence, fut-elle abattue par ce changement? Au contraire, ne la vit-on pas toujours ferme, toujours invincible, fléchissant quelquefois par prudence, mais incapable de rien relâcher des grands intérêts de l'Etat, et attachée immuablement à conserver le sacré dépôt de l'autorité royale, unique appui du repos public, qu'elle a remise enfin toute entière entre les mains victorieuses d'un fils qui sait la maintenir avec tant de force? C'est sa foi, c'est sa piété, c'est son abandon aux ordres de Dieu, qui animoit son courage; et c'est cette même foi et ce même abandon à la Providence, qui la soutenant toujours malgré ses douleurs cruelles jusque entre les bras de la mort, lui a si bien conservé parmi les sanglots de tout le monde, et parmi les cris déplorables de ses chers et illustres enfans, cette force, cette constance, cette égalité qui n'a pas moins étonné qu'attendri tous les spectateurs.

O vie illustre? ô vie glorieuse et éternellement mémorable! mais ô vie trop courte, trop tôt précipitée! Quoi donc, nous ne verrons plus que dans une reine ce noble amas de vertus que nous admirions en deux! quoi! cette bonté, quoi! cette clémence; quoi! tant de douceur parmi tant de majesté! quoi! će cœur si grand et vraiment royal, ces charités infinies, ces tendres compassions pour les misères publiques et particulières; enfin toutes les autres rares et incomparables qualités de la grande Anne d'Autriche ne seront plus qu'un exemple et un ornement de l'histoire! Qui nous a sitôt enlevé cette reine que

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