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leur, une chair sans fragilité, des sens sans rebellion, une vie sans tache, une mort sans peine ; si son époux n'est que son gardien, son mariage un voile sacré qui couvre et protège sa virginité, son Fils bien-aimé une fleur que son intégrité a poussée; si, lorsqu'elle le conçut, la nature étonnée et confuse crut que toutes ses lois alloient être à jamais abolies; si le Saint-Esprit tint sa place, et les délices de la virginité celle qui est ordinairement occupée par la convoitise; en un mot, si tout est singulier en Marie, qui pourra croire qu'il n'y ait rien eu de surnaturel en la conception de cette Princesse, et que ce soit le seul endroit de sa vie qui ne soit marqué par aucun miracle? Et n'ai-je pas.beaucoup de raison, après l'exemple de tant de lois dont elle a été dispensée, de juger de celle-ci par les autres? Ainsi l'excellence de la personne et l'autorité des exemples, favorisent la dispense que nous pro

posons.

Mais je l'appuie, en troisième lieu, sur ce que la gloire du Souverain, c'est-à-dire de Jésus-Christ même, y est visiblement engagée. Je pourrois rapporter ici un beau mot d'un grand roi (1), chez Cassiodore, quidit; « qu'il y a certaines rencontres où les » princes gagnent ce qu'ils donnent, lorsque leurs >> libéralités leur font honneur » : Lucrantur principes dona sua; et hoc verè thesauris reponimus, quod famæ commodis applicamus (2). Si Jésus honore sa mère, il se fait honneur à lui-même ; et il gagne véritablement tout ce qu'il lui donne, parce

t

(1) Athalaric.—(2) Cassiod. Variar. lib. v111, Epist. xx111, tom, 1,

P. 135.

qu'il lui est plus glorieux de donner, qu'à Marie de recevoir. Mais venons à des considérations plus particulières. Je dis donc, ô divin Sauveur, que vous étant revêtu d'une chair humaine pour anéantir cette loi funeste, que nous avons appelée la loi du péché, il y va de votre grandeur de l'abolir dans tous les lieux où elle domine. Suivons, s'il vous plaît, ses desseins et tout l'ordre de ses victoires.

Cette loi règne dans tous les hommes : elle règne dans l'âge avancé; Jésus la détruit par sa grâce: il n'est pas jusqu'aux enfans nouvellement nés qui ne gémissent sous sa tyrannie; il l'efface par son baptême : elle pénètre jusqu'aux entrailles des mères, et elle fait mourir tout ce qu'elle y trouve; le Sauveur choisit des ames illustres qu'il affranchit de la loi de mort, en les sanctifiant devant leur naissance, comme par exemple saint Jean-Baptiste. Mais elle remonte jusqu'à l'origine, elle condamne les hommes dès qu'ils sont conçus. O Jésus, vainqueur tout-puissant, n'y aura-t-il donc que ce seul endroit où votre victoire ne s'étende pas? Votre sang, ce divin remède qui a tant de force pour nous délivrer du mal, n'en aura-t-il point pour le prévenir? Pourra-t-il seulement guérir, et ne pourra-t-il pas préserver? Et s'il peut préserver du mal, cette vertu demeurera-t-elle éternellement inutile, sans qu'il y ait aucun de vos membres qui en ressente l'effet? Mon Sauveur, ne le souffrez pas; et pour l'intérêt de votre gloire, choisissez du moins une créature où paroisse tout ce que peut votre sang contre cette loi qui nous tue. Et quelle sera cette créature, si ce n'est la bienheureuse Marie?

Mon Sauyeur, permettez-moi de le dire, on doutera de la vertu de votre sang. Il est juste certainement que ce sang précieux du Fils de la Vierge exerce sur elle toute sa vertu, pour honorer le lieu d'où il est sorti, Car remarquez, s'il vous plaît, Messieurs, ce que dit très-éloquemment un ancien évêque de France; c'est le grand Eucher de Lyon. Marie a cela de commun avec tous les hommes, qu'elle est rachetée du sang de son Fils; mais elle a cela de particulier, que ce sang a été tiré de son chaste corps: Profundendum sanguinem pro mundi vita de corpore tuo accepit, ac de te sumpsit quod etiam pro te solvat. Elle a cela de commun avec tous les fidèles, que Jésus lui donne son sang; mais elle a cela de particulier, qu'il l'a premièrement reçu d'elle. Elle a cela de commun avec nous, que ce sang tombe sur elle pour la sanctifier; mais elle a cela de particulier, qu'elle en est la source. Tellement que nous pouvons dire que la conception de Marie est comme la première origine du sang de Jésus. C'est de là que ce beau fleuve commence à se répandre, ce fleuve de grâces qui coule dans nos veines par les sacremens, et qui porte l'esprit de vie dans tout le corps de l'Eglise. Et de même que les fontaines, se souvenant toujours de leurs sources, portent leurs caux en rejaillissant jusqu'à leur hauteur, qu'elles vont chercher au milieu de l'air; ainsi ne craignons pas d'assurer que le sang de notre Sauveur fera remonter sa vertu jusqu'à la conception de sa Mère, pour honorer le lieu dont il est sorti.

Ne cherchez donc plus, chrétiens, ne cherchez plus le nom de Marie dans l'arrêt de mort qui a été

prononcé contre tous les hommes. Il n'y est plus, il est effacé. Et comment? Par ce divin sang qui, ayant été puisé en son chaste sein, tient à gloire d'employer pour elle tout ce qu'il renferme de force en lui-même, contre cette funeste loi qui nous tue dès notre origine. D'où il est aisé de conclure qu'il n'est rien de plus favorable que la dispense dont nous parlons; puisque nous y voyons concourir ensemble l'excellence de la personne, l'autorité des exemples, et la gloire du Souverain, c'est-à-dire de Jésus-Christ même.

Un célèbre auteur ecclésiastique dit que la majesté de Dieu est si grande, qu'il y a non-seulement de la gloire à lui consacrer ses services, mais qu'il y a même de la bienséance à descendre pour l'amour de lui, jusqu'à la soumission de la flatterie : Non tantùm obsequi ei debeo, sed et adulari (1). Il veut dire que nous devons tenir tous nos mouvemens tellement dans la dépendance des ordres de Dieu, que non-seulement nous cédions aux commandemens qu'il nous fait, mais encore qu'étudiant avec soin jusqu'aux moindres signes de sa volonté, nous la prévenions, s'il se peut, par la promptitude de notre ponctuelle obéissance.

Ce que Tertullien dit de Dieu, qui est le Père commun de tous les fidèles, j'ose le dire aussi de. l'Eglise qui en est la mère. Elle n'emploie ni ses foudres, ni ses anathêmes pour obliger ses enfans à confesser que la conception de la sainte Vierge est toute pure et toute innocente. Elle ne met pas cette créance entre les articles qui composent la foi ⠀ (1) Tertull. de Jejun. n. 13.

par

chrétienne. Toutefois elle nous invite à la suivre la solennité de cette journée. Que ferons-nous ici, chrétiens? Non tantùm obsequi, sed et adulari. N'est-il pas juste, non-seulement que nous obéissions aux commandemens d'une Mère si bonne et si sainte, mais encore que nous fléchissions au moindre témoignage de sa volonté? Disons donc avec confiance que cette conception est sans tache; honorons Jésus-Christ en sa sainte Mère; et croyons que le Fils de Dieu a fait quelque chose de particulier en la conception de Marie, puisque cette Vierge est choisie pour coopérer par une action particulière à la conception de Jésus.

Mais en considérant les bienfaits dont le Fils de Dieu honore sa Mère, rappelons en notre mémoire ceux que nous avons reçus de la grâce; imprimons en notre pensée, chrétiens, combien dure et inévitable est la sentence qui nous condamne, puisque, pour en exempter la très-sainte Vierge, il ne faut pas y employer moins que l'autorité souveraine. Et ce qui est bien plus étonnant, c'est qu'avec toutes les prérogatives qui sont dues à sa qualité, l'Eglise n'a pas encore voulu décider qu'elle en ait été exemptée. Déplorable condition de notre naissance, qui, par un long enchaînement de misères sous lesquelles nous gémissons pendant cette vie, nous traîne à un supplice éternel par un juste et impénétrable jugement de Dieu ! Mais grâce à la miséricorde divine, cet arrêt de mort a été cassé à la requête de Jésus mourant; son sang a rompu nos liens, et a ôté ce joug de fer de dessus nos têtes. Nous ne sommes plus sous la loi de mort. Chrétien,

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