Sayfadaki görseller
PDF
ePub

maintenant en un tous ces actes d'humilité de la sainte Vierge. Sa dignité ne paroît plus; elle la couvre sous l'ombre de la servitude: sa pureté se retire, cachée sous les marques du péché : elle quitte jusqu'à son Fils, et elle consent par humilité d'en avoir un autre. Ainsi vous voyez qu'elle a tout perdu, et que son humilité l'a entièrement dépouillée : Tanquam nihil habentes. Mais voyons la suite, mes Sœurs, et vous verrez que cette humilité, qui la dépouille, lui rend tout avec avantage : et omnia possidentes.

O mère de Jésus-Christ, parce que vous vous êtes' appelée servante, aujourd'hui l'humilité vous prépare un trône: montez en cette place éminente, et recevez l'empire absolu sur toutes les créatures. O Vierge toute sainte et toute innocente, plus pure que les rayons du soleil, vous avez voulu vous purifier et vous mêler parmi les pécheurs; votre humilité vous va relever : vous serez l'avocate de tous les pécheurs; vous serez leur second refuge, et leur principale espérance après Jésus-Christ: Refugium peccatorum. Enfin vous aviez perdu votre Fils; il sembloit qu'il vous eût quittée, vous laissant gémir si long-temps dans cette terre étrangère. Parce que vous avez subi avec patience une telle humiliation, ce Fils veut rentrer dans ses droits, qu'il n'avoit cédés à Jean que pour peu de temps. Je le vois, il vous tend les bras, et toute la Cour céleste vous admire, ô heureuse Vierge, montant au ciel pleine de délices et appuyée sur ce bien-aimé : Innixa super dilectum suum (1).

Certes, divine Vierge, vous êtes véritablement ap(1) Cant. VIII. 5.

puyée

puyée sur ce bien-aimé : c'est de lui que vous tirez toute votre gloire sa miséricorde est le fondement de tous vos mérites. Cieux, s'il est vrai que, par vos immuables accords, vous entreteniez l'harmonie de cet univers, entonnez sur un chant nouveau un cantique de louanges : les Vertus célestes, qui règlent vos mouvemens, vous invitent à donner quelque marque de réjouissance. Pour moi, s'il est permis de mêler nos conceptions à des secrets si augustes, je m'imagine que Moïse ne put s'empêcher, voyant cette Reine, de répéter cette belle prophétie qu'il nous a laissée dans ses Livres : « Il sortira >> une étoile de Jacob, et une branche s'élevera d'Is» raël (1) ». Isaïe, enivré de l'Esprit de Dieu, chanta dans un ravissement incompréhensible : « Voici cette » Vierge qui devoit concevoir et enfanter un fils (2) ». Ezechiel reconnut cette porte close (3), par laquelle personne n'est jamais entré ni sorti, parce que c'est par elle que le Seigneur des batailles a fait son entrée. Et au milieu d'eux, le prophète royal David animoit une lyre céleste par cet admirable cantique (4): : « Je vois à votre droite, ô mon Prince, une » Reine en habillement d'or, enrichi d'une merveil» Ieuse variété. Toute la gloire de cette fille de roi >> est intérieure ; elle est néanmoins parée d'une >> broderie toute divine. Les vierges après elle se » présenteront à mon Roi; on les lui amènera dans » son temple avec une sainte allégresse ». Cependant la Vierge elle-même tenoit les esprits bienheureux dans un respectueux silence, tirant encore une (2) Isai. vII. 14. — (3) Ezech. XLIV. 2, —

(1) Num. XXIV. 17. (4) Ps. XLIV. 10, 14, 15, 16.

BOSSUET. XV.

28

fois du fond de son cœur ces excellentes paroles : << Mon ame exalte le Seigneur de tout son pouvoir, >> et mon esprit est saisi d'une joie infinie en Dieu » mon Sauveur; parce qu'il a regardé le néant de >> sa servante; et voici que toutes les générations >> m'estimeront bienheureuse (1) ». Voilà, mes trèschères Sœurs, quelle est l'entrée de la sainte Vierge : la cérémonie est conclue; toute cette pompe sacrée est finie. Marie est placée dans son trône, entre les bras de son Fils, dans ce midi éternel, comme parle le grand saint Bernard; et la sainte humilité a fait cet ouvrage.

Que reste-t-il maintenant, sinon que nous rendions nos respects à cette auguste souveraine, et que, la voyant si près de son Fils, nous la priions de nous assister par ses intercessions toutes-puissantes ? C'est à elle, dit le dévot saint Bernard, qu'il appartient véritablement de parler au cœur de Jésus: Quis tam idoneus ut loquatur ad cor Domini nostri Jesu Christi, ut tu felix Maria (2). Elle y a une fidèle correspondance; je veux dire, l'amour filial, qui viendra recevoir l'amour maternel, et accomplira ses désirs. Qu'elle parle donc pour nous à ce cœur, et qu'elle nous obtienne par ses prières le don de l'humilité.

O sainte, ô bienheureuse Marie; puisque vous êtes avec Jésus-Christ, jouissant dans ce midi éternel, avec une pleine allégresse, de sa sainte et bienheureuse familiarité, parlez pour nous à son cœur; parlez, car votre Fils vous écoute. Nous ne vous de

(1) Luc. 1. 46. (2) Ad Beat. Virg. Serm. Panegyr. n. 7, int. Oper. S. Bernard. tom. 11, col. 690,

:

mandons pas les grandeurs humaines impétreznous seulement cette humilité, par laquelle vous avez été couronnée; impétrez-la à ces saintes filles, et à toute cette audience; et faites, ô Vierge sacrée, que tous ceux qui ont célébré votre Assomption glorieuse, entrent profondément dans cette pensée, qu'il n'y a aucune grandeur qui ne soit appuyée sur l'humilité; que c'est elle seule qui fait les triomphes et qui distribue les couronnes; et qu'enfin il n'est rien de plus véritable que cette parole de l'Evangile, que «< celui qui s'abaisse durant sa vie, sera exalté » à jamais dans la félicité éternelle », où nous conduise le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Amen.

E

II. SERMON

POUR LA FÊTE

DE L'ASSOMPTION DE LA S.TE VIERGE,

PRECHÉ DEVANT LA REINE.

Effets de l'amour divin en Marie. Pourquoi l'amour n'est-il dû qu'à Dieu seul. D'où est né l'amour de la sainte Vierge : cet amour capable de lui donner la mort à chaque instant. Quel soutien cherchoit son amour languissant. Marie laissée au monde, pour consoler l'Eglise. Point d'autre cause de la mort de Marie, que son amour. Quel est le principe de son triomphe, et quels en sont les caractères.

Dilectus meus mihi, et ego illi.

Mon bien-aimé est à moi, et moi je suis à lui. Cant. II. 16.

EN cette sainte journée et durant toute cette octave, on n'entendra résonner dans toute l'Eglise, que les paroles du sacré Cantique. Tout retentira des douceurs et des caresses réciproques de l'Epoux et de l'Epouse: on verra celle-ci parcourir tous les jardins et tous les parterres, et ramasser toutes les fleurs et tous les fruits pour faire des bouquets et des présens à son bien-aimé, et le bien-aimé, réciproquement, chercher tout ce qu'il y a de plus riche et de plus agréable dans la nature, pour représen

« ÖncekiDevam »