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462 SUR L'ASSOMPTION DE LA SAINTE VIERGE. >> ses réflexions sont une marque de sa prudence » : Turbata est, non est locuta: quod turbata est, verecundiæ fuit virginalis; quod non perturbata, fortitudinis; quod tacuit et cogitavit, prudentiæ (1).

Combien elle est éloignée de ces malicieuses ambiguités, de ces piéges subtils, de ces dangereuses complaisances, de ces malicieux détours, par lesquels l'impureté consommée tâche de s'insinuer dans les ames innocentes. Le trouble, la pudeur, le silence, [c'est là le partage des vierges chrétiennes, qui veulent prendre Marie pour leur modèle.]

(1) S. Bern. Hom. ni, sup. Missus est, n. 9, tom. 1, col. 747.

SERMON

POUR

LA FÊTE DU ROSAIRE,

ÉTABLIE

EN L'HONNEUR DE LA SAINTE VIERGE.

Marie associée à la double fécondité du Père, pour devenir mére de Jésus-Christ et de tous ses membres. Les pécheurs enfantés par cette mère charitable, au milieu des tourmens ́et des cris: pourquoi. Circonstances remarquables dans lesquelles Jésus-Christ lui communique sa fécondité bienheureuse. Souvenir que nous devons avoir des gémissemens de notre mère. Les fidèles consacrés à la pénitence, par la manière dont Jésus et Marie les engendrent.

Dicit Jesus matri suæ : Mulier, ecce Filius tuus; deinde dicit discipulo: Ecce mater tua.

Jésus dit à sa mère : Femme, voilà votre Fils; après il dit à son disciple : Voilà votre mère. Joan. x1x. 26, 27.

L'ANTIQUITÉ païenne a fort remarqué l'action d'un certain philosophe (*), qui, ne laissant pas en mourant de quoi entretenir sa famille, s'avisa de léguer, par son testament, le soin de sa femme et de ses enfans au plus intime de ses amis: il se persuada, nous

(*) Eudamidas de Corinthe,

dit-on (1), qu'il ne pouvoit faire plus d'honneur à la générosité de celui auquel il donnoit, en mourant, ce témoignage de sa confiance. A la vérité, chrétiens, il paroît quelque chose de beau dans cette action, si elle a été faite de bonne foi, et si l'affection a été mutuelle mais nous savons que : les sages du monde ont ordinairement bien plus travaillé pour l'ostentation, que pour la vertu; et que la plupart de leurs belles sentences ne sont dites que par parade et par une gravité affectée. Laissons donc les histoires profanes, et allons à l'Evangile de Jésus-Christ. Pardonnez-moi, Messieurs, si je dis que, ce que la nécessité a fait inventer à ce philosophe, une charité infinie l'a fait faire, en quelque sorte, à notre Sauveur, d'une manière toute divine. Il regarde du haut de sa croix et Marie, et son cher disciple; c'est-à-dire, ce qu'il a de plus cher au monde et comme il leur veut laisser, en mourant, quelque marque de sa tendresse, il donne premièrement saint Jean à sa mèré; après, il donne sa mère à son bien-aimé, et il établit, par ce testament, la dévotion pour la sainte Vierge. C'est, mes Frères, pour cette raison qu'on lit cet Evangile en l'Eglise, dans la sainte solennité du Rosaire (*), pour

:

(1) Lucian. Dialog. Toxar. seu Amicit.

(*) Le saint pape Pie V, en mémoire de la victoire remportée à Lépante par les Chrétiens sur les Turcs, le 7 octobre 1571, institua une fête annuelle, sous le titre de sainte Marie de la Victoire, et en fixa la célébration au premier dimanche d'octobre. En 1573, Grégoire XIII changea ce titre en celui du Rosaire. Saint Dominique fut le premier instituteur de cette pratique de piété qu'on a appelée Rosaire, et qui consiste à réciter quinze dixaines d'Ave, avec un Pater au commencement de chaque dixaine, en l'honneur

laquelle

laquelle nous sommes ici assemblés. C'est pourquoi, pour édifier votre piété, j'espère vous faire voir aujourd'hui, que, par ces divines paroles, Marie est la mère de tous les fidèles, après que je lui aurai adressé celles, par lesquelles on lui annonça qu'elle seroit mère de Jésus-Christ même : Ave, Maria.:

C'EST un trait merveilleux de miséricorde, que la promesse de notre salut se trouve presque aussi ancienne, que la sentence de notre mort, et qu'un même jour ait été témoin de la chute de notre nature, et du rétablissement de notre espérance. Nous voyons en la Genèse (1), que Dieu nous condamnant à la servitude, nous promet en même temps le Libérateur; en prononçant la malédiction contre nous, il prédit au serpent, qui nous a trompés, que sa tête sera brisée, c'est-à-dire, que son empire sera renversé, et que nous serons délivrés de sa tyrannie. Les menaces et les promesses se touchent: la lumière de la faveur nous paroît, dans le feu même de la colère; afin que nous entendions, chrétiens, que Dieu se fâche contre nous, ainsi qu'un bon père, qui, dans les sentimens les plus vifs d'une juste indignation, ne peut oublier ses miséricordes, ni retenir les effets de sa tendresse. Mais ce qui me paroît le plus admirable dans cette conduite de la Provi

du mystère de l'Incarnation. Elle est connue aussi sous le nom de Chapelet, ou Couronne, qui est le tiers du Rosaire. Les papes ont approuvé cette dévotion, et y ont attaché de grandes indulgences. Voyez Godescard, Vies des Saints, tom. 1x, au 1.9 octobre, (Edit. de Versailles.)

(1) Genes. 111. 15.

BOSSUET. XV.

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dence, c'est qu'Adam même, qui nous a perdus, et Eve, qui est la source de notre misère, nous sont réprésentés, dans les Ecritures, comme des images vivantes des mystères qui nous sanctifient. JésusChrist ne dédaigne pas de s'appeler le nouvel Adam: Marie, sa divine mère, est la nouvelle Eve; et par un secret merveilleux, notre réparation nous est figurée, même dans les auteurs de notre ruine.

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C'est sans doute dans cette vue, que saint Epiphane a considéré un passage de la Genèse (1), où Eve est nommée mère des vivans: il a doctement remarqué, que c'est après sa condamnation qu'elle est appelée de la sorte; et voyant qu'elle n'avoit pas ce beau nom, lorsqu'elle étoit encore dans le paradis, il s'étonne, avec raison, que l'on commence à l'appeler mère des vivans, seulement après qu'elle est condamnée à n'engendrer plus que des morts. En effet, ne jugez-vous pas que ce procédé extraordinaire nous fait voir assez clairement, qu'il y a ici du mystère? et c'est ce qui fait dire à ce grand évêque, qu'elle est nommée ainsi en énigme, et comme figure de la sainte Vierge, qui, étant associée, avec Jésus-Christ, à la chaste génération des enfans de la nouvelle alliance, est devenue, par cette union, la vraie mère de tous les vivans, c'est-à-dire, de tous les fidèles. Voilà une belle figure de la sainte maternité de l'incomparable Marie, que j'ai à vous prêcher aujourd'hui; et j'en reconnois l'accomplissement à la croix de notre Sauveur, et dans l'Evangile de cette fête.

(1) Lib. 111, Hæres. LXXVIII, tom. 1, n. 18, pag. 105.

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