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cette vie! Cependant conservons ces fortes maximes de nos pères, que l'Eglise gallicane a trouvées dans la tradition de l'Eglise universelle; que les universités du royaume, et principalement celle de Paris, ont apprises des saints évêques et des saints docteurs, qui ont toujours éclairé l'Eglise de France, sans que le saint Siége ait diminué les éloges qu'il a donnés à ces fameuses universités (1). Au contraire, c'est en sortant du concile de Bâle, où ces maximes avoient été renouvelées avec l'applaudissement de tout le royaume, que Pie II qui le savoit, puisqu'il avoit autrefois prêté sa plume à ce concile, s'adressant à un évêque de Paris, dans l'assemblée générale de tous les princes chrétiens, lui parla ainsi de la France (2):« La France a beaucoup d'universités, » parmi lesquelles la vôtre, mon vénérable Frère, » est la plus illustre, parce qu'on y enseigne si bien » la théologie, et que c'est un si grand honneur d'y » pouvoir mériter le titre de docteur de sorte que >> le florissant royaume de France, avec tous les >> avantages de la nature et de la fortune, a encore >> ceux de la doctrine et de la pure religion ». Voilà ce que dit un savant pape, qui n'ignoroit pas nos sentimens, puisqu'ils étoient alors dans leur plus grande vigueur; et je puis dire qu'il en approuve le fond dans la bulle (3), où en révoquant ce qu'il avoit dit avant son exaltation en fa→ veur du concile de Bâle, il déclare qu'il n'en révère

(1) Urban. v1 Epist. 11; t. x1 Conc. col. 2048. (2) Pius 1 in Conv. Mant. t. XII Conc. col. 1771. — (3) Bulla retract. Pii 11, ibid. col. 1407.

pas moins le concile de Constance, dont il embrasse les décrets, et nommément ceux où l'autorité et la puissance des conciles est expliquée.

Il savoit bien que la France n'abusoit point de ces maximes; puisque même elle venoit de donner un exemple incomparable de modération dans la célèbre assemblée de Bourges, où, louant les Pères de Bâle qui soutenoient ces maximes, elle rejeta l'application outrée qu'ils en firent contre le pape Eugène IV. Nos libertés furent défendues; le pape fut reconnu; le schisme fut éteint dans sa naissance; tout fut pacifié: qui fit un si grand ouvrage? un grand roi fidèlement assisté par le plus docte clergé qui fût au monde.

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Jamais il ne fut tant parlé des libertés de l'Eglise, et jamais il n'en fut posé un plus solide fondement que dans ces paroles immortelles de Charles VII : << Comme c'est, dit-il (1), le devoir des prélats d'an» noncer avec liberté la vérité qu'ils ont apprise de » Jésus-Christ, c'est aussi le devoir du prince et de » la recevoir de leur bouche, prouvée par les Ecri»tures, et de l'exécuter avec efficace ». Voilà en effet le vrai fondement des libertés de l'Eglise : alors elle est vraiment libre quand elle dit la vérité, quand elle la dit aux rois qui l'aiment naturellement, et qu'ils l'écoutent de leur bouche; car alors s'accomplit cet oracle du Fils de Dieu : « Vous connoîtrez » la vérité, et la vérité vous délivrera, et vous serez » vraiment libres (2) ».

Nous sommes accoutumés à voir agir nos rois très(1) Prag. Car. VII. (2) Joan. VIII. 32, 36.

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chrétiens dans cet esprit. Depuis le temps qu'ils se sont rangés sous la discipline de saint Remi, ils n'ont jamais manqué d'écouter leurs évêques orthodoxes. L'empire romain vit succéder au premier empereur chrétien un empereur hérétique. La succession des empereurs a souvent été déshonorée par de semblables désordres. Mais pour ne point reprocher aux autres royaumes leur malheureux sort, contentons-nous de dire, avec humilité et actions de grâces, que la France est le seul royaume qui jamais, depuis tant de siècles, n'a vu changer la foi de ses rois : elle n'en a jamais eu, depuis plus de douze cents ans, qui n'ait été enfant de l'Eglise catholique : le trône royal est sans tache et toujours uni au saint Siége; il semble avoir participé à la fermeté de cette pierre Gratias Deo super inenarrabili dono ejus : « Grâces à Dieu sur ce don inexplicable » de sa bonté (1) ».

En écoutant leurs évêques dans la prédication de la vraie foi, c'étoit une suite naturelle que ces rois les écoutassent dans ce qui regarde la discipline ecclésiastique. Loin de vouloir faire en ce point la loi à l'Eglise, un empereur, roi de France, disoit aux évêques (2): « Je veux qu'appuyés de notre >> secours et secondés de notre puissance, comme » le bon ordre le prescrit » : Famulante, ut decet, potestate nostrá, (pesez ces paroles; et remarquez que la puissance royale, qui partout ailleurs veut dominer, et avec raison, ici ne veut que servir. ) « Je » veux donc, dit cet empereur, que, secondés et

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(1) II. Cor. ix. 15. (2) Lud. Pius, Capit. an. 823. Baluz. t. 1, p. 634. Ep. Venil. Sen. ad Amul. Lugd. Conc. Gall. t. 1, p. 67.

>> servis par notre puissance, vous puissiez exécuter » ce que votre autorité demande » : paroles dignes des maîtres du monde, qui ne sont jamais plus dignes de l'être, ni plus assurés sur leur trône, que lorsqu'ils font respecter l'ordre que Dieu a établi.

Ce langage étoit ordinaire aux rois très-chrétiens; et ce que faisoient ces pieux princes, ils ne cessoient de l'inspirer à leurs officiers. Malheur, malheur à l'Eglise, quand les deux juridictions ont commencé à se regarder d'un œil jaloux. O plaie du christianisme! Ministres de l'Eglise, ministres des rois, et ministres du Roi des rois les uns et les autres, quoiqu'établis d'une manière différente, ah! pourquoi vous divisez-vous? l'ordre de Dieu est-il opposé à l'ordre de Dieu? hé, pourquoi ne songez-vous pas que vos fonctions sont unies, que servir Dieu c'est servir l'Etat, que servir l'Etat c'est servir Dieu? Mais l'autorité est aveugle; l'autorité veut toujours monter, toujours s'étendre; l'autorité se croit dégradée quand on lui montre ses bornes. Pourquoi accuser l'autorité? accusons l'orgueil, et disons comme l'apôtre disoit de la loi : « L'autorité est sainte et juste » et bonne (1) »; sainte, elle vient de Dieu; juste, elle conserve le bien à un chacun ; bonne, elle assure le repos public: «< mais l'iniquité, afin de pa>> roître iniquité, se sert » de l'autorité pour mal faire; en sorte que l'iniquité est souverainement inique, quand elle péche par l'autorité que Dieu a établie pour le bien des hommes.

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Nos rois n'ont rien oublié pour empêcher ce désordre. Leurs capitulaires ne parlent pas moins for

(1) Rom. VII. 12.

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tement pour les évêques que les conciles. C'est dans les capitulaires des rois qu'il est ordonné aux deux puissances, au lieu d'entreprendre l'une sur l'autre, « de s'aider mutuellement dans leurs fonctions », et qu'il est ordonné en particulier aux comtes, aux juges, à ceux qui ont en main l'autorité royale, « d'être obéissans aux évêques » : c'est ce que portoit l'ordonnance de Charlemagne ; et ce grand prince ajoutoit qu'il ne pouvoit tenir pour de » fidèles sujets ceux qui n'étoient pas fidèles à Dieu, » ni en espérer une sincère obéissance, lorsqu'ils ne » la rendoient pas aux ministres de Jésus-Christ, » dans ce qui regardoit les causes de Dieu et les in» térêts de l'Eglise (1) ». C'étoit parler en prince habile, qui sait en quoi l'obéissance est due aux évêques, et ne confond point les bornes des deux puissances: il mérite d'autant plus d'en être cru. Selon ses ordonnances, on laisse aux évêques l'autorité toute entière dans les causes de Dieu, et dans les intérêts de l'Eglise; et avec raison, puisqu'en cela l'ordre de Dieu, la grâce attachée à leur caractère, l'Ecriture, la tradition, les canons et les lois parlent pour eux.

Qu'est-il besoin d'alléguer les autres rois? Que ne doivent point les évêques au grand Louis? que ne fait point ce religieux prince pour les intérêts de l'Eglise? pour qui a-t-il triomphé, si ce n'est pour

(1) Cap. IV Car. M. an. 806, Baluz. t. 1, p. 450. Capit. ap. Theod. de hon. Episc. et rel. Sacerd. ibid. pag. 438. Coll. Anseg. lib. v1, cap. CCXLIX, ibid. pag. 965. Conc. Arel. vi, sub Car. M. can. XIII, tom. 11 Conc. Gall. pag. 271, Capit. Car. M. an. 813. Baluz. tom. 1, pag. 503.

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