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SUR L L'UNITÉ DE L'ÉGLISE.

>> nuées sans eau », poursuit l'apôtre saint Jude (1), docteurs sans doctrine, qui pour toute autorité ont leur hardiesse, et pour toute science, leurs décisions précipitées : «< arbres deux fois morts et déra» cinés »; morts premièrement parce qu'ils ont perdu la charité; mais doublement morts, parce qu'ils ont encore perdu la foi; et entièrement déracinés, puisque, déchus de l'une et de l'autre, ils ne tiennent à l'Eglise par aucune fibre : « astres errans » qui se glorifient dans leurs routes nouvelles et écartées, sans songer qu'il leur faudra bientôt disparoître. Opposons à ces esprits légers, et à ce charme trompeur de la nouveauté, la pierre sur laquelle nous sommes fondés, et l'autorité de nos traditions où tous les siècles passés sont renfermés, et l'antiquité qui nous réunit à l'origine des choses. Marchons dans les sentiers de nos pères; mais marchons dans les anciennes mœurs, comme nous voulons marcher dans l'ancienne foi.

Allez, chrétiens, dans cette voie d'un pas ferme : allons à la tête de tout le troupeau, MESSEIGNEurs, plus humbles et plus soumis que tout le reste: zélés défenseurs des canons; autant de ceux qui ordonnent la régularité de nos mœurs, que de ceux qui ont maintenu l'autorité sainte de notre caractère; et soigneux de les faire paroître dans notre vie, plus encore que dans nos discours : afin que quand le Prince des pasteurs et le Pontife éternel apparoîtra, nous puissions lui rendre un compte fidèle et de nous et du troupeau qu'il nous a commis, et recevoir tous ensemble l'éternelle bénédiction du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

(1) Jud. 10, 12,

PENSÉES

CHRÉTIENNES ET MORALES

SUR DIFFÉRENS SUJETS.

I. De Dieu et du culte qui lui est dû.

AUTANT UTANT que nous sommes purs, autant pouvonsnous imaginer Dieu : autant que nous nous le représentons, autant devons-nous l'aimer: autant que nous l'aimons, autant ensuite nous l'entendons.

En cette vie, il faut en partie que Dieu descende à nous; c'est ce qu'il fait par la révélation. Il faut aussi que nous montions à lui; c'est ce que nous faisons par la foi. Sans cela, nous n'aurions jamais de société avec Dieu : cette bonté inestimable demeureroit comme resserrée en elle-même ; et l'homme resteroit éternellement dans son indigence.

Porrò unum est necessarium (1): « Une seule chose >> est nécessaire ». Toute multiplicité est ici foudroyée il faut que tout soit ravagé, pour nous ramener à cette heureuse unité qui fait notre santé et notre bonheur.

Dieu nous cherche quand nous le cherchons : Trahe me; post te currenus (2): « Entraînez-moi; (1) Luc. x. 42. - (2) Cant. 1. 3.

>> nous courrons après vous ». Il ne nous quitte jamais le premier mais il faut faire effort pour le retenir; autrement, il se retire, et nous tombons dans l'abîme; « nous nous égarons dans un pays fort éloigné » : In regionem longinquam (1).

>>

:

Si nous avons sincèrement cherché notre Dieu, disons donc Tenui eum, nec dimittam (2): « Je l'ai » arrêté, et je ne le laisserai point aller »>. Qu'est-ce que ce Tenui? Ce sont les bons mouvemens, les attraits de la grâce, les instructions, tout ce qui nous parle de Jésus-Christ; s'en souvenir, en converser, se renouveler dans l'amour des vérités saintes, dans le désir d'y conformer ses sentimens et sa conduite; se tenir ainsi toujours inviolablement attaché à Jésus-Christ, afin qu'après avoir dit avec vérité durant le cours du voyage: Non dimittam, nous le disions avec assurance dans la gloire.

Parce que nous connoissons Dieu, nous l'aimons; parce que nous ne le comprenons pas, nous l'adorons.

Ce n'est pas Dieu, mais nous qui croissons par le culte que nous lui rendons : nous venons, non pour le faire descendre à nous, mais pour nous élever à lui il ne rebute pas toujours quand il diffère; mais il aime la persévérance, et lui donne tout.

:

Veri adoratores adorabunt Patrem in spiritu et veritate (3): « Les vrais adorateurs adoreront le » Père en esprit et en vérité ». Il faut éviter trois faux cultes, l'erreur, l'hypocrisie, la superstition. L'erreur n'adore pas Dieu tel qu'il est : il n'est tel que dans l'Eglise catholique. L'hypocrisie ne montre

(1) Luc. xv. 13. — (2) Cant. 111. 4. — (3) Joan. iv. 23.

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pas l'homme tel qu'il est. La superstition mêle l'un et l'autre, et en est un monstrueux assemblage : c'est ce que saint Paulin exprime très-bien par ces paroles: Superstitioni religiosa, religioni profana (1).

Non in manufactis templis habitat (2): « Dieu » n'habite point dans les temples bâtis par les » hommes ». Les temples ne sont pas élevés comme pour y renfermer la divinité; mais afin de recueillir nous-mêmes nos esprits en Dieu. Ce Dieu qui est immense, les hommes s'imaginoient pouvoir le ramasser en un temple ou dans des statues; au lieu qu'il falloit songer à recueillir en lui leur esprit dissipé.

II. De Jésus-Christ et de ses mystères.

La grâce du mystère de l'Epiphanie, c'est un esprit d'adoration envers Jésus-Christ, et Jésus enfant, et Jésus inconnu, Jésus dans l'abjection; esprit d'adoration des états inconnus de Jésus-Christ; esprit d'adoration pour attirer à ce Dieu inconnu ceux qui le connoissent le moins, et qui en sont le plus éloignés : entrez-y pour toutes les créatures qui ne le connoissent pas. Et nous, comment adorerons-nous? comme si nous en entendions parler la première fois, comme si son étoile ne nous avoit apparu que de ce jour. Car, en effet, qu'avons-nous vu? qu'avons-nous connu? Si nous le connoissons tant soit peu, tous les jours nous cessons de le connoître; nous nous enfonçons tous les jours dans le centre d'une bienheureuse ignorance, où nous n'avons de vue qu'en ne voyant rien. Sortons donc du fond de cette igno(1) Ad Jov. Epis. xvi, n. 10.

(2) Act. xvu. 24.

rance comme d'un pays éloigné; et sous la conduite de l'étoile, la foi, tantôt lumineuse, tantôt obscurcie, paroissant et disparoissant, suivant le plaisir de Dieu, allons adorer ce Dieu dont la gloire, dont la grandeur c'est de nous être inconnu, jusqu'à ce qu'il nous ait mis en état de ne plus rien connoître qu'en lui.

Donc, ô Dieu caché, ô Dieu inconnu, anéantissez en nous-mêmes toutes nos lumières; et ne vous faites sentir à nos cœurs que par un poids tout-puissant, qui nous presse de sortir de nous, pour nous élancer, pour nous perdre en vous.

Qu'il vous baptise, non point d'un baptême d'eau, mais d'un baptême de feu, mais d'un baptême d'esprit, mais d'un baptême de sang. Jetez-vous dans

le

sang de sa passion, dans ses souffrances intérieures et extérieures; perdez terre dans cet océan ; enivrezvous de ce vin, tant que ses fumées, non moins efficaces que délicates et pénétrantes, vous fassent perdre toute attache à vous-même, tout goût, tout sentiment des choses présentes, pour être, dans le fond et dans les puissances, captive de la vertu cachée et toute-puissante, qui est dans le sang et dans les souffrances de votre Epoux sous le pressoir. Ainsi puisse-t-il changer l'eau en vin, et accomplir en votre cœur tous les mystères que l'Eglise adore dans la fête de l'Epiphanie.

Oubliez tout, chère épouse; oubliez ce que vous faites et ce que vous êtes, vos lumières, vos connoissances, vos grâces, votre paix, vos agitations, votre néant même; oubliez tout de moment à autre, et n'ayez dans l'esprit et dans le cœur que ce

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