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E

III. SERMON

POUR LA FÊTE

DE LA CONCEPTION DE LA S.TE VIERGE,

PRÉCHÉ A LA COUR.

Fondemens de la dévotion à la Vierge : sa coopération à la sanctification des ames. Règles qui doivent diriger l'exercice de cette dévotion. Dieu, principe et fin du culte que nous rendons à la Vierge et aux saints: les imiter pour leur plaire et se les rendre propices. Fausses dévotions qui déshonorent le christianisme : illusions de la plupart des chrétiens.

Fecit mihi magna qui potens est.

Le Tout-puissant a fait en moi de grandes choses. Luc. I. 49.

DANS le dessein que je me propose de vous donner aujourd'hui une instruction chrétienne touchant la dévotion envers la Vierge bienheureuse, et de vous découvrir à fond les utilités infinies que vous en pouvez tirer, aussi bien que les divers abus qui en corrompent la pratique, j'entrerai d'abord en matière; et sans vous ennuyer par un long exorde, je partagerai mon discours en deux parties. La première établira les solides et inébranlables fondemens

de cette dévotion. La seconde vous fera voir les règles invariables qui doivent en diriger l'exercice. Cette doctrine nous servira à honorer chrétiennement la très-sainte Vierge, non-seulement dans la fête de sa conception, mais encore dans toutes celles que la sainte succession de l'année ecclésiastique ramène de temps en temps à la piété des fidèles. La conception de Marie étant le premier moment dans lequel nous commençons de nous attacher à cette divine Mère, pour de là l'accompagner persévéramment dans tous les mystères qui s'accomplissent en elle; je veux tâcher de vous inspirer, dès ce premier pas, des sentimens convenables à la piété chrétienne, et de former vos dévotions sur les maximes de l'Evangile.

Ne me dites pas, chrétiens, que cette idée est trop générale, et que vous attendiez quelque chose qui fût plus propre et plus convenable à une si grande solennité. L'utilité des enfans de Dieu est la loi suprême de la chaire; et je vous accorderai sans peine que je pouvois prendre un sujet plus propre à la fête que nous célébrons, pourvu aussi que vous m'accordiez qu'il n'y en a point de plus salutaire ni de plus propre à l'instruction de ce royal auditoire. Ecoutez donc attentivement ce que j'ai à vous exposer touchant la dévotion pour la sainte Vierge voyez quel en est le fondement, et quel en est l'exercice.

PREMIER POINT.

<< PERSONNE, dit le saint apôtre (1), ne peut poser » d'autre fondement que celui qui a été mis, c'est(1) I. Cor. III. II.

» à-dire Jésus-Christ ». Soit donc ce divin Sauveur le fondement immuable de notre dévotion pour la sainte Vierge, parce qu'en effet tout le genre humain ne peut assez honorer cette Vierge Mère, depuis qu'il a reçu Jésus-Christ par sa bienheureuse fécondité. Elevez vos esprits, mes Frères, et considérez attentivement combien grande, combien éminente est la vocation de Marie, que Dieu a prédestinée avant tous les temps, pour donner par elle Jésus-Christ au monde. Mais il faut encore ajouter, que Dieu l'ayant appelée à ce glorieux ministère, il ne veut pas qu'elle soit un simple canal d'une telle grâce, mais un instrument volontaire, qui contribue à ce grand ouvrage, non-seulement par ses excellentes dispositions, mais encore par un mouvement de sa volonté. C'est pourquoi le Père éternel envoie un ange pour lui proposer le mystère, qui ne s'achevera pas tant que Marie sera incertaine; si bien que ce grand ouvrage de l'incarnation, qui tient depuis tant de siè, cles toute la nature en attente, lorsque Dieu est résolu de l'accomplir, demeure encore en suspens, jusqu'à ce que la divine Vierge y ait consenti: tant il a été nécessaire aux hommes que Marie ait désiré leur salut. Aussitôt qu'elle a donné ce consentement, les cieux sont ouverts, le Fils de Dieu est fait homme, et les hommes ont un Sauveur. La charité de Marie a donc été en quelque sorte la source féconde, d'où la grâce a pris son cours, et s'est répandue avec abondance sur toute la nature humaine. Et comme dit saint Ambroise, et après lui saint Thomas, « C'est » de ses bénites entrailles qu'est sorti avec abondance » cet Esprit de sainte ferveur, qui, étant première

» ment survenu en elle, a inondé toute la terre » : Uterus Mariæ, Spiritu ferventi qui supervenit in eam, replevit orbem terrarum, cùm peperit Salvatorem (1). « Elle a reçu, dit encore saint Thomas, » une si grande plénitude de grâce, qu'elle est par», venue à une union très-intime avec l'auteur de la » grâce, et a mérité de recevoir en elle celui qui est » rempli de toutes les grâces: en l'enfantant elle a, » en quelque manière, fait découler la grâce sur » tous les hommes ». Tantam gratiæ obtinuit plenitudinem, ut esset propinquissima auctori gratiæ ; ita quod eum qui est plenus omni gratiá, in se reciperet, et eum pariendo, quodammodo gratiam ad omnes derivaret (2).

Il a donc fallu, chrétiens, que Marie ait concouru, par sa charité, à donner au monde son libérateur. Comme cette vérité est connue, je ne m'étends pas à vous l'expliquer; mais je ne vous tairai pas une conséquence que peut-être vous n'avez pas assez méditée : c'est que Dieu ayant une fois voulu nous donner Jésus-Christ par la sainte Vierge, cet ordre ne se change plus; et «<les dons de Dieu sont sans » repentance (3) ». Il est et sera toujours véritable, qu'ayant reçu par elle une fois le principe universel de la grâce, nous en recevions encore, par son entremise, les diverses applications dans tous les états différens qui composent la vie chrétienne. Sa charité maternelle ayant tant contribué à notre salut dans le mystère de l'incarnation, qui est le principe universel de la grâce, elle y contribuera éternelle

(1) S. Amb. de Inst. Virg. cap. x11, tom. 11, col. 267. — (2) S. Th.

HI. part. Quæst. XXVII, Art. V, ad. i. (3) Rom. XI. 29..

ment dans toutes les autres opérations, qui n'en des dépendances.

sont que

La théologie reconnoît trois opérations principales de la grâce de Jésus-Christ. Dieu nous appelle; Dieu nous justifie; Dieu nous donne la persévérance. La vocation c'est le premier pas; la justification fait notre progrès; la persévérance conclut le voyage, et unit dans la patrie, ce qui ne se trouve pas sur la terre, le repos et la gloire.

Vous savez qu'en ces trois états l'influence de Jésus-Christ nous est nécessaire; mais il faut vous faire voir, par les Ecritures, que la charité de Marie est associée à ces trois ouvrages: et peut-être ne croyezvous pas que ces vérités soient si claires dans l'Evangile, que j'espère de les y montrer en peu de paroles.

la

La grâce de la vocation nous est figurée par soudaine illumination que reçoit le saint Précurseur dans les entrailles de sa mère. Considérez ce miracle; vous y verrez une image des pécheurs que la grâce appelle. Jean est ici dans l'obscurité des entrailles maternelles: où êtes-vous, ô pécheurs? dans quelle nuit? dans quelles ténèbres? Jean ne peut ni voir ni entendre: pécheurs, quelle surdité semblable à la vôtre, et quel aveuglement pareil; puisque le ciel tonne en vain sur vous par tant de menaces terribles, et que la vérité elle-même, qui vous luit si manifestement dans l'Evangile, n'est pas capable de vous éclairer? Jésus vient à Jean sans qu'il y pense; il le prévient, il parle à son cœur, il éveille et il attire ce cœur endormi, et auparavant insensible pensiez-vous à Dieu, ô pécheurs, quand il a été vous émouvoir par

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