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pussent aborder son trône, elle avoit disposé des médiateurs entre elle et nous, qu'ils appeloient pour cela des dieux mitoyens. Nous rejetons cette doctrine, puisque le Dieu que nous servons nous a créés de sa propre main à son image et ressemblance. Nous croyons qu'il nous avoit faits dans notre première institution pour converser avec lui; et si nous sommes exclus de sa bienheureuse présence et d'une si douce communication, c'est parce que nous sommes devenus pécheurs. Le sang de Jésus-Christ nous a réconciliés, et ce n'est qu'au nom de Jésus que nous pouvons désormais approcher de Dieu. C'est en ce nom que nous prions pour nous-mêmes; c'est en ce nom que nous prions pour tous les fidèles : et Dieu, qui aime la charité et la concorde des frères, nous écoute favorablement les uns pour les autres. Ainsi nous ne doutons pas que les saints, qui règnent avec Jésus-Christ, ne soient des intercesseurs agréables, qui s'intéressent pour nous. Parce que nous sommes chers à Dieu, tous ceux qui sont avec Dieu sont des nôtres : oui, tous les esprits bienheureux sont nos amis et nos frères; nous leur parlons avec confiance, et quoiqu'ils ne paroissent pas à nos yeux, notre foi nous les rend présens; leur charité aussi en même temps nous les rend propices, et ils concourent à tous les vœux que la piété nous inspire. Mais écoutez, chrétiens, « une doctrine plus utile et plus ex»cellente »: Adhuc excellentiorem viam vobis demonstro (1). Les idolâtres adoroient des dieux coupables de mille crimes. On ne pouvoit les honorer sans profanation, parce qu'on ne pouvoit les imiter

(1) I. Cor. XII. 31.

sans honte. Mais voici la règle du christianisme, que je vous prie de graver en votre mémoire. Le chrétien doit imiter tout ce qu'il honore : tout ce qui est l'objet de notre culte doit être le modèle de notre vie (1).

Le Psalmiste, après avoir témoigné son zèle contre les idoles muettes et insensibles que les païens adoroient, conclut enfin en ces termes : « Puissent leur >> ressembler ceux qui les servent et qui mettent en >> elles leur confiance » Similes eis fiant qui faciunt ea (2). Il vouloit dire, Messieurs, que l'homme se doit conformer à ce qu'il adore, et ainsi que les adorateurs des idoles méritent de devenir sourds et aveugles comme elles. Mais nous, qui adorons un Dieu vivant, nous devons être vivans comme lui d'une véritable vie. Il faut que «< nous soyons saints, » parce que le Dieu que nous servons est saint (3) ». Il faut que «< nous soyons miséricordieux, parce » que notre Père céleste est miséricordieux (4) »; et « que nous pardonnions comme il nous par» donne (5) », « [Il fait lever] son soleil sur les bons » et sur les mauvais (6) » ; nous [ devons étendre de même ] notre charité sur nos amis et sur nos ennemis. Il faut que «< nous soyons des adorateurs spirituels, et que nous adorions en esprit, parce que » Dieu est Esprit (7) ». Enfin « nous devons nous » rendre parfaits, dit le Fils de Dieu, parce que » celui que nous adorons est parfait (8) ».

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Quand nous célébrons les saints, est-ce pour aug

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(1) S. Aug. de Civit. Dei, lib. vIII, c. xvII, tom. VII, col. 206. – (2) Ps. cxii. 16. (3) Levit. x1. 44. — (4) Luc. v1. 36. (5) Matth. VI. 14.-(6) Ibid. v. 45. — (7) Joan. v. 24. (8) Matth. v. 48.

menter leur gloire? ils sont pleins, ils sont comblés: c'est pour nous inciter à les suivre. Ainsi, à proportion, quand nous les honorons pour l'amour de Dieu, nous nous engageons à les imiter. C'est le dessein de l'Eglise dans les fêtes qu'elle célèbre à leur honneur; et elle déclare son intention par cette belle prière : « O Seigneur, donnez-nous la grâce >> d'imiter ce que nous honorons (1) ». « Autant de » fêtes que nous célébrons, dit saint Basile de Sé» leucie, autant de tableaux nous sont proposés » pour nous servir de modèles ». « Les solennités » des martyrs, dit saint Augustin (2), sont des ex» hortations au martyre»: « Les martyrs, dit le » même Père (3) ne se portent pas volontiers à » prier pour nous, s'ils n'y reconnoissent quelques>> unes de leurs vertus ». C'est donc la tradition et la doctrine constante de l'Eglise catholique, que la partie la plus essentielle de l'honneur des saints, c'est de savoir profiter de leurs bons exemples. En vain nous célébrons les martyrs, si nous ne tâchons de nous conformer à leur patience. Il faut être pénitent et mortifié comme les saints confesseurs, quand on célèbre la solennité des saints confesseurs; il faut être humble, pudique et modeste comme les vierges, quand on honore les vierges, mais surtout quand on honore la Vierge des vierges.

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Vous donc, ô enfans de Dieu, qui désirez d'être heureusement adoptés par la Mère de notre Sauveur, soyez ses fidèles imitateurs, si vous voulez être ses dévots. Vous récitez tous les jours cet admirable

(1) Collect. in die S. Steph. (2) Append. Serm. ccxxv, n. 1, tom. V, col. 370.- (3) Ibid. Serm. ccxcii, n. 1

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tom. v, col. 486.

ut

cantique que la sainte Vierge a commencé en ces termes: Magnificat anima mea Dominum; et exultavit spiritus meus in Deo salutari meo, (1) : « Mon » ame glorifie le Seigneur, et mon esprit est ravi » de joie en Dieu mon Sauveur ». Quand nous récitons son cantique, imitons sa piété, dit excellemment saint Ambroise (2),: « Que l'ame de Marie » soit en nous tous pour glorifier le Seigneur; que » l'esprit de Marie soit en nous pour nous réjouir » en Dieu » Sit in singulis Mariæ anima, magnificet Dominum : sit in singulis spiritus Mariæ, ut exultet in Deo. Nous admirons tous les jours cette pureté virginale qui l'a rendue si heureusement féconde, qu'elle a conçu le Verbe de Dieu en ses entrailles. «< Sachez, dit le même Père (3), que » toute ame chaste et pudique qui conserve sa pu>> reté et son innocence, conçoit la Sagesse éter» nelle en elle-même, et qu'elle est remplie de Dieu » et de sa grâce, à l'imitation de Marie»: Omnis enim anima accipit Dei Verbum, si tamen immaculata et immunis à vitiis; intemerato castimoniam pudore custodiat.

Souffrez, Mesdames, que je vous propose comme le modèle de votre sexe celle qui en est la gloire. On aime à voir les portraits et les caractères des personnes illustres. Qui me donnera des traits assez délicats pour vous représenter aujourd'hui les grâces pudiques, les chastes et immortelles beautés de la divine Marie? Les peintres hasardent tous les jours des images de la sainte Vierge, qui ressemblent à (1) Luc. 1. 46, 47. (2) S. Amb. lib. 11, n. 26, in Luc. Evang. cap. 1, tom. 1, col. 1290. (3) Ibid.

leurs idées, et non à elle. Le tableau que je trace aujourd'hui et que je vous invite, Messieurs, et vous principalement, Mesdames, de copier dans votre vie, est tiré sur l'Evangile; et il est fait, si je l'ose dire, après le Saint-Esprit même. Mais remarquez que cette Ecriture ne s'occupe pas à nous faire voir les hautes communications de la sainte Vierge avec Dieu, mais les vertus ordinaires, afin qu'elle puisse être un modèle d'un usage commun et familier. Donc le caractère essentiel de la bienheureuse Vierge, c'est la modestie et la pudeur: elle ne songeoit ni à se faire voir, quoique belle; ni à se parer, quoique jeune; ni à s'agrandir, quoique noble; ni à s'enrichir, quoique pauvre. Dieu seul lui suffit et fait tout son bien. Combien est-elle éloignée de celles dont on voit errer de tous côtés les regards hardis, et qui se veulent aussi faire regarder par leurs mines et leurs façons affectées? Marie trouve ses délices dans sa retraite, et est si peu accoutumée à la vue des hommes, qu'elle est même troublée à l'aspect d'un ange. «Elle fut donc troublée, dit l'historien sa» cré (1), à la parole de l'ange, et elle pensoit en » elle-même quelle pouvoit être cette salutation ». Mais remarquez ces paroles: Elle est troublée, et elle pense: elle est toujours sur ses gardes, et la surprise n'étouffe pas en son ame, mais plutôt elle y éveille la réflexion. « Ainsi sont faites les ames pu» diques; on les voit toujours craintives, jamais as» surées; elles tremblent où il n'y a rien à appréhender, afin de trouver la sûreté dans le péril » même : elles soupçonnent partout des embûches,

>>

(1) Luc. 1. 29.

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