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» et craignent moins les injures que les complai»sances, moins ce qui choque que ce qui plaît, » moins ce qui rebute que ce qui attire » Solent virgines, quæ verè virgines sunt, semper pavidæ et nunquam esse securæ ; et ut caveant timida, etiam tuta pertimescere.... Quidquid novum, quidquid subitum ortum fuerit, suspectas habent insidias, totum contra se æstimant machinatum (1). [ Il n'en est pas ainsi de ces femmes mondaines qui ] tendent des piéges où elles sont prises.

Mais admirez qu'elle pense et qu'elle ne parle pas; elle n'engage pas la conversation, elle ne s'épanche pas en discours et en questions curieuses, inutiles. Où sont celles qui se piquent de tirer le plus intime secret des cœurs, et de pénétrer ce qu'il y a de plus caché? Qu'elles apprennent de Marie à être attentives, et non curieuses et inquiètes; à veiller au dedans, plutôt qu'à se répandre au dehors. Elle parle toutefois quand la nécessité l'y oblige, quand le soin de sa chasteté le demande. On lui propose d'être Mère du Fils du Très-haut; quelle femme ne seroit point touchée d'une fécondité si glorieuse? « Com» ment, dit-elle, serai-je mère, si j'ai résolu d'être toujours vierge (2) »? Elle est prête à refuser des offres si glorieuses et si magnifiques que l'ange lui fait de la part de Dieu. Elle n'est point flattée de cette gloire; et plus touchée de son devoir que de sa grandeur, elle commence à craindre pour sa chasteté. O amour de la chasteté, qui n'est pas seule

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(1) S. Bern. super Missus est; Homil. ш, tom. 1, col. 747. — (2) Luc. 1. 34.

ment au-dessus de toutes les promesses des hommes, mais qui est, pour ainsi dire, à l'épreuve de toutes les promesses de Dieu même! L'ange lui explique le divin mystère et le secret inoui de sa miraculeuse maternité. Elle parle une seconde fois pour céder à la volonté divine: « Voici, dit-elle, la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole (1) ». Heureuse de n'avoir parlé que pour conserver sa virginité et pour témoigner son obéissance!

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Mais admirez sa modestie : dans un état de gloire qui surprend les hommes et les anges, elle ne se remplit pas d'elle-même ni des pensées de sa grandeur; renfermée dans sa bassesse profonde, elle s'étonne que Dieu ait pu arrêter les yeux sur elle. «Il » a, dit-elle, regardé la bassesse de sa servante (2) ». Bien loin de se regarder comme la merveille du monde, auprès de qui chacun se doit empresser, elle va chercher elle-même sa cousine sainte Elisabeth; et plus soigneuse de se réjouir des avantages des autres que de considérer les siens, elle prend part aux grâces dont le ciel avoit honoré la maison de sa parente. Elle célèbre avec elle les miracles qui se sont accomplis en elle-même, parce qu'elle l'en trouve instruite par le Saint-Esprit. Partout ailleurs elle écoute, et garde un humble silence. « Elle conserve » tout en son cœur (3) ». Ainsi elle condamne tous ceux qui ne se sentent pas plutôt le moindre avantage, qu'ils fatiguent toutes les oreilles de ce qu'ils ont dit, de ce qu'ils ont fait, de ce qu'ils ont mérité; et fait voir à toute la terre, par son incomparable mo(1) Luc. 1. 38.- (2) Ibid. 48. (3) Ibid. 11. 19.

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destie, qu'on peut être grand sans éclat, qu'on peut être bienheureux sans bruit, et qu'on peut trouver la vraie gloire sans le secours de la renommée dans le simple témoignage de sa conscience.

Telle est, Messieurs, cette Vierge, dont je vous dis encore une fois que vous ne serez jamais les dévots, si vous n'en êtes les imitateurs. Dressez aujourd'hui en son honneur une image sainte, soyez vous-mêmes son image. « Chacun, dit saint Grégoire de Nysse (1), est » le peintre et le sculpteur de sa vie ». Formez la vôtre sur la sainte Vierge, et soyez de fidèles copies d'un si parfait original. Réglez donc votre conduite sur ce beau modèle. Soyez humbles, soyez pudiques, soyez modestes; méprisez les vanités du monde et toutes les modes ennemies de l'honnêteté. Que les habits officieux envers la pudeur cachent fidèlement [Mesdames] ce qu'elle ne doit pas laisser paroître : si vous plaisez moins, par-là vous plairez à qui il faut plaire: et que le visage, qui doit seul être découvert, parce que c'est là que reluit l'image de Dieu, ait encore sa couverture convenable, et comme un voile divin, par la simplicité et la modestie. Marie avouera que vous l'honorez, quand vous imiterez ses vertus; elle priera pour vous, quand vous serez soigneuses de plaire à son Fils; et vous plairez à son Fils, quand il vous verra semblables à la Mère qu'il a choisie.

Jusques ici, chrétiens, j'ai tâché de vous faire voir que la véritable dévotion pour la sainte Vierge et pour les saints, c'est celle qui nous persuade de nous soumettre à Dieu à leur exemple, et de chercher avec eux le bien véritable, c'est-à-dire notre (1) De Perf. Christiani formá. tom. 111, pag. 288.

salut éternel, par la pratique des vertus chrétiennes, dont ils ont été un parfait modèle. Maintenant il sera aisé de condamner, par la règle que nous avons établie, toutes les fausses dévotions qui déshonorent le christianisme. Et premièrement, chrétiens, ce qui corrompt nos dévotions jusqu'à la racine, c'est que, bien loin de les rapporter à notre salut, nous prétendons les faire servir à nos intérêts temporels. Démentez-moi, mes Frères, si je ne dis pas la vérité. Qui s'avise de faire des vœux, et de demander du secours aux saints contre ses péchés et ses vices, leurs prières pour obtenir sa conversion? Ces affaires importantes qu'on recommande de tous côtés dans nos sacristies, ne sontelles pas des affaires du monde ? Et plût à Dieu du moins qu'elles fussent justes; et que, si nous ne craignons pas de rendre Dieu et ses saints les ministres et les partisans de nos intérêts, nous appréhendions du moins de les faire complices de nos crimes! Nous voyons régner en nous sans inquiétude des passions qui nous tuent, et jamais nous ne prions Dieu qu'il nous en délivre. S'il nous arrive quelque maladie, ou quelque affaire fâcheuse dans notre famille, c'est alors que nous commençons à faire des neuvaines à tous les autels et à tous les saints, et à charger véritablement le ciel de nos vœux : car est-il rien qui le fatigue davantage, et qui lui soit plus à charge que des vœux et des dévotions basses et intéressées? Alors on commence à se souvenir qu'il y a des malheureux qui gémissent dans les prisons, et des pauvres délaissés qui meurent de faim et de maladie dans quelque coin ténébreux. Alors, charitables par in

térêt

térêt et pitoyables par force, nous donnons peu à Dieu pour avoir beaucoup; et très-contens de notre zèle, qui n'est qu'un empressement pour nos intérêts, nous croyons que Dieu nous doit tout, jusqu'à des miracles, pour satisfaire aux désirs de notre amourpropre. O Eternel, tels sont les adorateurs qui remplissent vos églises! Sainte Vierge, esprits bienheureux, tels sont ceux qui vous veulent faire leurs intercesseurs! Ils vous chargent de la sollicitation de leurs affaires, ils prétendent vous engager dans les intrigues qu'ils méditent pour élever leur fortune, et ils veulent que vous oubliiez que vous avez méprisé le monde dans lequel ils vous prient de les établir. O Jésus, telles sont les dispositions de ceux qui se nomment vos disciples! O que vous pourriez dire avec raison ce que vous disiez autrefois (*)! « La >> foule m'accable » Turbæ me comprimunt (1). Tous vous pressent, aucun ne vous touche; cette troupe qui environne vos saints tabernacles est une troupe de Juifs mercenaires, qui ne vous demande qu'une terre grasse et des rivières coulantes de lait et de miel, c'est-à-dire des biens temporels; comme si nous étions encore dans les déserts de Sina, et sur les bords du Jourdain, et parmi les ombres de Moïse, et non dans les lumières et sous l'Evangile de celui qui a prononcé que « son royaume n'est pas » de ce monde » : Regnum meum non est de hoc mundo (2).

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(*) C'est saint Pierre et les autres disciples qui disent à JésusChrist: Præceptor, turbæ te comprimunt. ( Edit. de Déforis.)

(1) Luc. viii. 45. — (2) Joan. xviii, 36.

BOSSUET. xv.

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