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assisté; et toutefois on y avait ordonné que les images seraient honorées. Sur ce que l'on avançait contre l'autorité des Vies des Pères, le Pape Adrien dit: que l'on ne lit dans l'Eglise que celles qui portent les noms d'auteurs approuvés, et que l'on lit plutôt les Actes des martyrs.Il rapporte les exemples de plusieurs Papes qui avaient fait faire des images dans les églises de Rome, que l'on y voyait encore saint Sylvestre, saint Marc, saint Jules, saint Damase, saint Célestin, saint Sixte, saint Léon, Vigile, Pelage, Jean I" et saint Grégoire.

Enfin il rapporte le dernier article des Livres carolins où il est dit : « Non que l'on défend d'adorer les images, mais que l'on n'y contraint personne.» Sur quoi le Pape Adrien dit: Cet article est bien différent des précédents; c'est pourquoi nous reconnaissons qu'il est de vous, en ce que vous faites profession de suivre entièrement le sentiment de saint Grégoire. Il parle à Charlemagne. Ensuite il rapporte le passage de la lettre de saint Grégoire à Serenus, où il dit que les images sont utiles pour l'instruction, mais qu'il ne faut adorer que Dieu. Il joint d'autres passages de saint Grégoire, savoir: de deux lettres à Secondin, où il dit qu'il lui envoie des images pour exciter sa dévotion et adorer Jésus-Christ en la présence de son image.

Le Pape ajoute en parlant du concile de Nicée: Nous l'avons reçu parce que sa décision est conforme au sentiment de saint Grégoire, craignant, si nous ne le recevions pas, que les Grecs ne retournassent à leur erreur et que nous ne fussions responsable de la perte de tant d'âmes. Toutefois nous n'avons encore donné aucune réponse à l'empereur au sujet du concile. C'est que le Pape était bien informe de l'état chancelant de la cour de Constantinople et du pouvoir des Iconoclastes. Il ajoute En les exhortant à rétablir les images, nous les avons avertis de restituer à l'Eglise romaine sa juridiction sur certains évéchés et archevêchés et les patrimoines qui leur furent ôtés quand on abolit les images; mais nous n'avons eu aucune réponse. Ce qui montre qu'ils sont convertis sur un article, mais non sur les deux autres. C'est pourquoi, si vous le trouvez bon, en rendant grâce à l'empereur du rétablissement des images nous le presserons encore pour la restitution de la juridiction et des patrimoines; et s'il la refuse nous le déclarerons hérétique. Telle est la réponse du Pape Adrien aux Livres carolins, où l'on ne peut assez admirer la douceur avec laquelle il répond à un écrit si plein d'emportement et de mauvais raisonnements.

En deux ordinations au mois de mars, Adrien fit vingt-quatre prêtres et sept diacres, et en d'autres occasions cent quatre-vingt cinq évêques. Il fit aux églises de Rome un très-grand nombre d'offrandes en vases et en ornements de diverses sortes, dont le poids montait à treize cent quatre-vingt-quatre livres d'or, el dix-sept cent soixante et treize livres d'argent, où il faut toujours entendre la livre romaine de douze onces. Il fit quan

tité de réparations aux églises, et en bâtit plusieurs nouvelles, il rebâtit plusieurs diaconies et ordonna des distributions considérables d'aumônes; donnant plusieurs terres pour cet objet. Le monastère de Saint-Etienne qui portait le nom de Barbe praticienne, près de l'église de Saint-Pierre, était tellement négligé, qu'on n'y faisait plus le service divin. Adrien le rétablit, y mit des moines et un abbé, et ordonna qu'ils célébrassent l'office dans l'église de Saint-Pierre, comme les autres communautés qui venaient y chanter. Il rétablit le monastère de Saint-André, fondé par le Pape Honorius, y mit un abbé avec des moines, et ordonna qu'ils chantassent toutes les Heures dans la basilique de Latran, avec les moines de Saint-Pancrace, à deux chœurs, dont chaque monastère faisait le sien. Il unit deux monastères voisins, l'un de Saint-Laurent dans les ruines de l'ancien palais, et ordonna aux moines de faire l'office dans l'église de Saint-Marc. Il rétablit le monastère de Saint-Adrien et de Saint-Laurent tombé en ruine et habité par des séculiers, leur donna de grands biens et ordonna que les moines viendraient chanter. jour et nuit, dans l'église de Sainte-MarieMajeure. L'église de Saint-Anastase ayant été brûlée avec la maison de l'abbé et les autres bâtiments, en sorte que l'on n'avait sauvé que la châsse du saint, le Pape Adrien alla lui même éteindre le feu, et rebåtit ce monastère en meilleur état qu'auparavant.

On ne saurait énumérer tous les travaux entrepris par le Pape Adrien pour la splendeur et les besoins de Rome. Il couvrit le tombeau de saint Pierre de lames d'argent, et son autel d'un parement en broderies d'or sur lequel était peint sa délivrance miraculeuse de la prison par un ange. Il fit relever et paver de marbre l'église de Saint-Paul tombée en ruines. Il faisait nourrir tous les jours cent pauvres sous le portail de Latran. Il fit reconstruire les anciens aqueducs que le temps et la guerre avaient ruinés, et particulièrement celui qu'Auguste avait fait conduire par la grande voie de Claudius du lac d'Alciet à vingt deux milles de Rome jusqu'au delà du Tibre. Il fit rebâtir celui du lac Sabatin longeant la voie d'Aurèle jusqu'au Vatican. Cet aqueduc servait à des moulins. Il releva celui de Julia sur la voie latine, à douze milles de Rome. Le réservoir de Claudius et celui de la Vierge furent' améliorés par ses soins. Dans une violente inondation du Tibre il fit jeter des bateaux dans les rues, et porter des vivres aux habitants qu'il consolait par ses paroles et soulageait par ses aumônes. Il employa cent livres d'or pour la réparation des tours et des murailles. Ami des pauvres, protecteur des orphelins et des veuves, il fit, en un mot, les plus grandes choses pour les progrès de la religion et la liberté des citoyens.

Ce Pape tint le Saint-Siége 23 ans, 10 mois et 17 jours, mourut à la fin de 795, et fut enterré à Saint-Pierre le 26 de décembre de cette année. Charlemagne ayant appris sa mort, le pleura comme s'il eut

réponse, et vinrent eux-mêmes saluer Adrien. Le peuple voulait qu'il fût consacré sur-le-champ, et le demandait à grands cris; mais il fut retenu par le sénat. On attendit donc la réponse de l'empereur Louis, qui ayant vu le décret de cette élection avec les souscriptions, écrivit aux Romains des éloges de l'avoir faite, déclarant qu'il ne prétendait point qu'on donnât rien pour la consécration d'Adrien, et que, loin d'ôter quelque chose à l'Eglise romaine, il entendait que ce qu'on lui avait ôté lui fût rendu.

perdu un frère ou un fils; et quoiqu'il ne doutât point que son âme ne fût dans le repos éternel, il ne laissa pas de faire prier pour lui, et il donna pour cet effet de grandes aumônes. Il en envoya de son trésor à toutes les églises métropolitaines, et des dalmatiques et des chapes à toutes les églises épiscopales d'Angleterre, comme il témoigne dans une lettre à Offa, roi des Merciens; enfin Charlemagne, pour monument éternel de son amitié envers Adrien I", composa son épitaphe en vers latins élégiaques, parmi lesquels nous remarquons les quatre suivants:

Nomina jungo simul titulis, clarissime, nostra
Hadrianus, Carolus, rex ego, tuque Pater,
Quisque legas versus, devoto pectore s:pplex
Amborum mitis, dic, miserere Deus!

-

ADRIEN II, élu sous le règne de Charles le Chauve, roi de France, et de Basile, empereur d'Orient, était né à Rome, et fils de Valar, qui fut depuis évêque. Il était de la famille des Papes Etienne VI et Sergius II. Grégoire IV le fit sous-diacre; ensuite il fut admis au palais patriarcal de Latran, et ordonné prêtre du titre de Saint-Marc, Pape. Tétait fort charitable, et on dit qu'un jour, distribuant aux pauvres quarante deniers qu'il avait reçus du Pape Sergius, avec les autres prêtres, ils se multiplièrent entre ses mains, en sorte qu'après en avoir donné chacun trois à un grand nombre de pauvres, et autant à chacun de ses domestiques, il en resta encore six. Il ne fut pas moins ardent à exercer l'hospitalité. On l'élut Pape tout d'une voix après la mort de Léon IV, et encore après Benoît III; mais il sut si bien s'excuser, qu'il l'évita. Enfin après la mort de Nicolas I", le concours de tout le peuple et de tout le clergé fut si unanime, les cris et les instances si pressantes, qu'il fut obligé d'accepter, quoique âgé de 76 ans. Il était marié, sa femme Stéphanie vivait encore, et il avait une fille. Plusieurs personnes pieuses, moines, prêtres et laïques, disaient avoir eu depuis longtemps des révélations qui promettaiert à Adrien cette dignité. Les uns l'avaient vu sur le siége épiscopal orné du pallium; d'autres, célébrant la Messe revêtu de la chasuble; d'autres, distribuant des pièces d'or dans la basilique; d'autres, enfin, marchant en cérémonie à Saint-Pierre sur le cheval du Pape Nicolas.

On le tira donc de l'église de Sainte-MarieMajeure, où il était souvent en prières, et on le porta avec empressement au palais patriarcal de Latran. Les envoyés de l'emreur Louis l'ayant appris, trouvèrent mauvais, non pas qu'on l'eût élu Pape, car ils le souhaitaient comme les autres; mais qu'étant présents, les Romains ne les eussent pas invités à l'élection. Les Romains répondirent qu'ils ne l'avaient pas fait par mépris de l'empereur, mais par prévoyance pour l'avenir, de peur qu'il ne passat en coutume d'attendre les envoyés du prince pour l'élection du Pape. Ils furent satisfaits de cette

Après donc que l'on eut fait, selon la coutume, les prières, les veilles, et les aumộnes le samedi 13 décembre 867, le lendemain dimanche, Adrien fut conduit à SaintPierre et consacré solennellement par Pierre, évêque de Gabii, ville à présent ruinée, près de Prenestre, Léon de la Forêt-Blanche et Donat d'Ostie. On prit ces trois évêques, parce que celui d'Albane était mort, que celui de Porto, qui était Formose, avait été envoyé par le Pape Nicolas pour prêcher les Bulgares. A la Messe que célébra le nouveau Pape, tout le monde s'empressait de recevoir de sa main la communion; et il la donna à quelques-uns que ses prédécesseurs en avaient exclus; car il admit à la communion ecclésiastique Theutgaud, archevêque de Trèves et Zacharie, évêque d'Anagnia, excommuniés par le Pape Nicolas; et le prêtre Anastase, que Léon et Benoît avaient réduits à la communion laïque. Toutefois il ne les reçut qu'après une satisfaction convenable. Etant de retour au palais de Latran, il refusa les présents que les Papes avaient coutume de recevoir, excepté ce qui pouvait servir aux tables, disant: Il faut mépriser ce honteux commerce d'argent, donner gratuitement ce que nous avons reçu gratuitement, selon le précepte de Notre-Seigneur, et partager les oblations des fidèles avec les pauvres pour qui elles sont données.

Mais tandis qu'on sacrait le Pape, Lambert, duc de Spolète, entra dans Rome à main armée et la livra en pillage aux gens de sa suite. Les grands rachetèrent leurs maisons par de grosses sommes; on n'épargna ni les églises, ni les monastères, et plusieurs filles nobles furent enlevées. Les plaintes en étant portées devant l'empereur, Lambert perdit son duché et encourut la haine de tous les Français, comme ennemi du Saint-Siége. Le Pape, de son côté, excommunia ceux qui avaient commis ce pillage, et nommément cinq des principaux, jusqu'à ce qu'ils fissent restitution et satisfaction; et il y en eut deux qui satisfi

rent.

Aussitôt après l'ordination d'Adrien Anastase, bibliothécaire, en donna avis à Odon, archevêque de Vienne, en ces termes: « Je vous annonce une triste nouvelle, hélas! notre Père Nicolas a passé à une meilleure vie le treizième de novembre, et nous a laissés fort désolés. Maintenant tous ceux qu'il a repris pour des adultères ou d'autres crimes, travaillent

avec cnaieur à détruire tout ce qu'il a fait, et à abolir tous ses écrits; et on dit que l'empereur les appuie. Avertissez-en donc tous les frères; et faites pour l'Eglise de Dieu ce que vous croirez qui puisse réussir. Car, si on casse les actes de ce grand Pape, que deviendront les vôtres ? Mais quoique nons ayons peu de gens qui n'aient fléchi le genou devant Baal, je crois qu'il y en a beaucoup chez vous. Nous avons un Pape nommé Adrien, homme zélé pour les bonnes mœurs; mais nous ne savons pas encore s'il voudra se charger de toutes les affaires ecclésiastiques, ou seulement d'une partie. Il a une confiance entière en mon oncle Arsène, votre ani, dont, toutefois, le zèle pour la réformation de l'Eglise est un peu refroidi, à cause des mauvais traitements qu'il a reçus du défunt Pape, et qui l'ont attaché à l'empereur. Je vous prie de le ramener par vos sages avis, afin que l'Eglise profite du crédit qu'il a auprès de l'empereur et du Pape. » Anastase ajoute par apostille « Je vous conjure d'avertir tous les métropoltains des Gaules, que si on tient ici un concile, ils ne doivent pas travailler à déprimer le défunt Pape, sous prétexte de recouvrer leur autorité, vu principalement que personne ne l'a accusé, et qu'il n'y a plus personne qui puisse le défendre; qu'il n'a jamais consenti à aucune héresie comme on le suppose faussement, et n'a agi que par un bon zèle. C'est pourquoi je vous conjure, au nom de Dieu, de résister à ce qu'on veut faire contre lui; ce serait anéantir l'autorité de cette Eglise. »>

Après son sacre, Adrien II envoya en Bulgarie les évêques Dominique et Grimoald, que Nicolas y avait destinés et congédiés immédiatement avant sa mort, et fit mettre son nom aux lettres dont Nicolas les avait chargés. Quand ils furent partis, il obtint de l'empereur Louis le rappel de Gauderic, évêque de Velletri, d'Etienne, évêque de Nepi et de Jean Simonide, exilés sur de fausses accusations. L'empereur même renvoya tous ceux qu'il tenait en prison comme criminels de lèse-Majesté. Ensuite le Pape fit peindre, suivant l'intention de son prédécesseur, l'église que celuici avait fait bâtir avec trois aqueducs, et qui était la plus belle de toutes celles de Latran.

Tout cela donna sujet aux ennemis du Pape Nicolas de dire publiquement et d'écrire que le Pape Adrien était nicolaite; et parce qu'il tolérait chez lui avec patience quelques-uns d'entre eux, d'autres crurent, au contraire, qu'il voulait casser les actes de son prédécesseur. D'où il arriva que tous les évêques d'Occident lui écrivirent des lettres solennelles, pour l'exhorter à honorer la mémoire du Pape Nicolas. C'était peut-être l'effet des sollicitations d'Anastase, le bibliothécaire, et d'Adon de Vienne. Cependant, à Rome, quelques moines, tant grecs que d'autres nations, s'abstinrent secrètement de sa communion pendant quelques jours. Ce qui fut canse que le vendredi de la Septuagésime, 20 février 868,

leur aonnant un dîner suivant la coutume, il en invita un plus grand nombre qu'à l'ordinaire. Il leur donna lui-même à laver, leur servit à boire et à manger; et, ce qu'aucun Pape de sa connaissance n'avait fait avant lui, il se mit à table avec eux, et pendant tout le dîner on chanta des cantiques spirituels.

Au sortir de table, il se prosterna sur le vivage devant tous, et dit: Je vous en supplie, mes frères, priez pour l'Eglise catholi que, notre fils très- chrétien l'empereur Louis, que Dieu lui soumette les Sarrasins pour notre repos; et priez aussi pour moi, qu'il me donne la force de gouverner son Eglise si nombreuse. Ils s'écrièrent que c'était plutôt à lui à prier pour eux. Et il ajouta avec larmes Comme les prières pour ceux qui ont très-bien vécu, sont des actions de grâces, je vous prie de remercier Dieu d'avoir donné à son Eglise mon seigneur et mon père le très-saint et orthodoxe Pape Nicolas, pour la défendre comme un autre Josué. Alors les moines de Jérusalem, d'Antioche, d'Alexandrie et de Constantinople, députés de la part des princes, demeurèrent longtemps en silence d'étonnement, puis ils s'écrièrent « Dieu soit loué, Dieu soit loué d'avoir donné à l'Eglise un tel pasteur, et si respectueux envers son prédécesseur. Que l'envie cesse, que les faux bruits se dissipent. » Puis ils dirent trois fois : « Vive notre seigneur Adrien, établi de Dieu Souverain Pontife et Pape universel. Au trèssaint et orthodoxe seigneur Nicolas, établi de Dieu, Souverain Pontife et Pape universel, éternelle mémoire. Au nouvel Elie, vie et gloire éternelle. Au nouveau Phinées, digne de l'éternel sacerdoce, salut éternel. Paix et grâce à ses sectateurs. >> Chacune de ces acclamations fut répétée trois fois

Le Pape Adrien ecrivit à ce sujet aux évêques français, comme on le voit par la première des lettres qui leur sont adressées. Elle est du 2 février 868, et c'est la réponse synodale du concile de Troyes. Actard, évêque de Nantes, qui en était chargé, n'arriva à Rome qu'après la mort du Pape Nicolas et l'ordination d'Adrien, et cette première réponse fut apportée en France par Sulpice, envoyé de Vulfade, archevêque de Bourges; aussi lui est-elle très-favorable, car le Pape Adrien y parle aiusi: L'innocence de notre frère l'évêque Vulfade et de ses collègues, qui avait été obscurcie pour un peu de temps, est devenue, par vos soins, aussi claire que lumière du soleil. C'est pourquoi nous affirmons et approuvons votre jugement, et, ayant égard à votre prière, nous accordons à Vulfade, archevêque de Bourges, l'usage du pallium. Notre prédécesseur l'aurait volontiers accordé, s'il avait reçu ce que vous venez de nous envoyer, et nous ne faisons qu'exécuter ses intentions. Aussi comme nous vous accordons ce que vous demandez, nous vous prions de faire écrire le nom du Pape Nicolas dans les livres et les diptyques de vos églises, de le faire nommer à la Messe, et d'ordonner la même chose aux évêques vos confrères. Nous

la

vous exhortons principalement de résister vigoureusement de vive voix et par écrit, aux princes grecs et aux autres, principalement aux clercs, qui voudraient entreprendre quelque chose contre sa personne ou ses décrets. Sachant que nous ne consentirons jamais à ce que l'on pourrait ici tenter contre lui. Il est vrai que nous ne voulons pas être inflexible envers ceux qui imploreront la miséricorde du Saint-Siége, après une satisfaction raisonnable, pourvu qu'ils ne prétendent pas se justifier en accusant ce grand Pape, qui est maintenant devant Dieu et que personne n'a osé reprendre de son vivant. Soyez donc vigilants et courageux sur ce point, et instruisez tous les évêques d'au delà les Alpes. Car si on rejette un Pape ou ses décrets, aucun de vous ne peut compter que ses ordonnances puissent subsister. Peu de temps après, c'est-à-dire le 6 mai 868, le Pape Adrien, écrivit de même à Adon, archevêque de Vienne, qui l'avait exhorté à soutenir les décrets de son prédécesseur. Je prétends les défendre, dit Adrien, comme les miens propres; mais si les circonstances des temps l'ont obligé d'user de sévérité, rien ne nous empéche d en user autrement, selon la différence des occasions.

Nous avons vu, en parlant de NICOLAS I (Voy. ce mot), quelle avait été sa conduite à l'égard de Lothaire répudiant la reine Theuteberge pour s'unir à Valdrade. Aussitôt que ce prince apprit la mort du Pape Nicolas, il envoya à Rome Adventius évêque de Metz, et Grimland son chancelier avec une lettre, par Jaquelle il témoignait regretter le Pape Nicolas, se plaignant néanmoins qu'il s'était laissé prévenir contre lui. « Je me suis soumis à lui,» ajoutait-il, « ou plutôt au prince des apôtres, au delà de tout ce qu'ont fait mes prédécesseurs. J'ai suivi ses avis paternels et les exhortations de ses légats au préjudice même de ma dignité. Je n'ai point cessé de le prier, que, suivant les lois divines et humaines, il me fût permis de me présenter à lui avec mes accusateurs; mais il me l'a toujours refusé, et m'a empêché de visiter le Saint-Siége, dont mes ancêtres ont été les protecteurs. Nous sommes bien aises que les Bulgares et les autres Barbares soient invités à visiter les tombeaux des apôtres; mais nous sommes sensiblement affligé d'en être exclu. » Ensuite il félicite le Pape Adrien sur son élection, lui offre sa protection et son obéissance, témoigne un grand désir d'aller à Rome, et prie le Pape de ne lui préférer aucun des rois ses égaux. II ajoute «Ne nous envoyez vos lettres, que par notre ambassadeur, par le vôtre ou par celui de l'empereur Louis notre frère; parce que, faute de cette précaution, il est arrivé de grandes divisions. »

Le Pape fit réponse par une lettre que nous n'avons plus, mais dont la substance était Que le Saint-Siége est toujours prêt à recevoir une digne satisfaction, et n'a jamais refusé ce qui est déclaré juste par les lois divines et humaines. Qu'ainsi Lothaire pouvait hardiment se présenter, s'il se sen

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L'empereur Louis, apparemment sollicité par les ambassadeurs de Lothaire, travailla puissamment à adoucir le Pape Adrien à son égard. Depuis dix-huit mois, Louis, aidé par les troupes de Lothaire, faisait avec avantage la guerre aux Sarrasins d'Afrique, qui ravageaient la partie méridionale d'Italie, et y tenaient plusieurs places. Dès 866 il avait pris Capoue après un siége de trois mois. Il avait battu les ennemis auprès de Lucera dans la Pouille, et pris leur camp. Il prit Matera sur eux, la brûla, et il les tcnait assiégés dans Bari où ils se défendirent quatre ans. Le Pape ne pouvant donc rien refuser à ce prince, lui accorda même l'absolution de Valdrade, comme il paraît par plusieurs lettres, dont furent chargés l'évêque Adventius et le chancelier Grimland, ambassadeurs de Lothaire.

La première est à Valdrade même, et le Pape y parle ainsi : Nous avons appris par les rapports de plusieurs personnes et principalement de l'empereur Louis, que vous vous étiez repentie de votre péché et de votre opiniâtreté : c'est pourquoi nous vous délivrons de l'anathème et de l'excommunication, et vous remettons dans la société des fidèles : vous donnant permission d'entrer dans l'Eglise, de prier, de manger et de parler avec les autres Chrétiens. Soyez si bien sur vos gardes à l'avenir, que Dieu vous accorde dans le ciel l'absolution que vous recevez sur la terre; car si vous usez de dissimulation, loin d'être déliée, vous vous engagez davantage devant celui qui voit le cœur. Ne vous laissez pas tromper par ceux qui vous flattent, et sachez que la vérité ne peut demeurer cachée. A cette lettre, le Pape en joignit une pour les évêques de Germanie, où il leur fait part de l'absolution de Valdrade. Elle est du 12 février 868 aussi bien que celle qui est adressée au roi Louis de Germanie, et où il parle ainsi :

Notre cher fils l'empereur Louis combat, non contre les Chrétiens comme quelques uns, mais contre les ennemis du nom chrétien, pour la sûreté de l'Eglise, principalement pour la nôtre, et pour la délivrance de plusieurs fidèles qui étaient dans un extrême péril dans le Samnium, en sorté que les Sarrasins étaient prêts à entrer sur nos terres. Il a quitté son repos et le lieu de sa résidence, s'exposant au chaud, au froid, à toutes sortes d'incommodités et de périls. Il a déjà fait de grands progrès plusieurs infidèles sont tombés sous ses armes victorieuses, et il en a converti plusieurs à la foi. C'est de quoi nous avons cru vous devoir avertir, afin qu'il ne vous arrive pas d'attaquer rien de ce qui lui appartient, non-seulement à lui, mais à Lothaire, car qui touche son frère le touche. Autrement, sachez que le Saint-Siége est fortement uni à ce prince; et que nous sommes prêt à employer pour lui les puissantes ar

:

mes que Dieu nous met en main, par l'intercession de saint Pierre. Il y avait des lettres pareilles pour le roi Charles et pour les évêques de son royaume, qui furent rendues à ce prince par l'évêque de Metz et le chancelier de Lothaire, le mardi des Rogations,24 mai 868.

Dès la fin de l'année précédente, le roi Lothaire avait envoyé à Rome Thietberge son épouse, pour demander elle-même la dissolution de son mariage. Mais le Pape Adrien ne donna pas dans ce piége, non plus que son prédécesseur, comme il le paraît par une lettre énergique qu'il écrivit à Lothaire, dont l'évêque et le chancelier furent aussi chargés. Le Pape y parle ainsi : La reine Thietberge votre épouse nous a expliqué ses peines de sa propre bouche, et nous a dit, qu'à cause de quelques infirmités corporelles, et de ce que son mariage n'a pas été légitimement contracté, elle désire se séparer de vous, renoncer au monde et se consacrer à Dieu. Cette proposition nous a surpris, et quoiqu'elle eût votre consentement, nous n'avons pu lui donner le nôtre; au contraire, nous lui avons enjoint de retourner avec vous, et de soutenir le droit de son mariage. Quant aux raisons qu'elle prétend avoir de se séparer, nous avons remis à les examiner mûrement avec nos frères dans un concile. C'est pourquoi nous exhortons Votre Excellence à ne point écouter les mauvais conseils, mais à recevoir cette reine avec l'affection qui lui est due, comme à une partie de vous-même. Que si la difficulté du chemin ou quelque infirmité corporelle l'oblige à demeurer dans quelqu'une de ses terres, en attendant le concile, elle doit y rester en sûreté, sous volre protection royale, et disposer des abbayes que vous lui avez promises, pour avoir de quoi subsister avec dignité. Si quelqu'un s`y oppose, il sera frappé d'anathème, et vousmême excommunié si vous y prenez part.

L'infortunée princesse avait été contrainte, par les mauvais traitements de Lothaire, de venir solliciter elle-même à Rome l'annulation de son mariage, et, ainsi que nous l'avons vu, Adrien voulait cependant qu'elle fût toujours traitée comme légitime épouse. En même temps il avait expressément défendu à Valdrade de se trouver jamais avec Lothaire. Ce prince, après plusieurs autres démarches également basses où l'engageait l'intérêt de sa passion, partit pour l'Italie et alla d'abord à Bénévent s'aboucher avec l'empereur Louis, son frère, occupé à faire la guerre aux Sarrasins. De là il se rendit au Mont-Cassin (869), accompagné de l'impératrice Angilberge, qu'il avait gagnée. L'artificieux Lothaire fit toutes les soumissions propres à toucher le Souverain Pontife. L'impératrice y joignit ses instantes sollicitations. Lothaire souhaitait sur toutes choses que le Pape le réconciliât solennellement, en célébrant les saints mystères en sa présence et en lui donnant la communion de sa main. Adrien y consentit, pourvu néanmoins que le roi n'eût eu aucun commerce, même de paroles avec Valdrade, depuis que

le Pape Nicolas I" l'avait excommunié. Le Pape promit également de recevoir à la communion Gonthier de Cologne (voy. NiCOLAS I), moyennant une déclaration par écrit qu'il se soumettrait à la sentence prononcée contre lui, qu'il n'exercerait jamais une fonction sainte et demeurerait toujours fidèle à l'Eglise romaine et au Souverain Pontife. Après cette première entrevue avec le Pape au monastère du Mont-Cassin, Lothaire se rendit à Rome, où personne du clergé ne vint au-devant de lui, et le Pape, pour lui faire sentir qu'il le regardait bien comme excommunié, ne voulut pas d'abord permettre qu'on lui dit la Messe; mais après ce refus, il se montra disposé, selon sa promesse, à l'absoudre de son excommunication. Lothaire s'applaudissait de son triomphe et allait bientôt fournir dans sa personne un des plus terribles exemples du châtiment des communions sacriléges. Adrien lui demanda s'il avait exactement observé les avis du Pape Nicolas. Lothaire répondit qu'il les avait suivis comme des ordres du ciel, et les seigneurs qui l'accompagnaient confirmèrent cette déclaration. Alors, au jour convenu, le Pape célébra la Messe en présence du roi dans l'Eglise de Saint-Pierre, et au moment de la communion, tenant la sainte hostie entre ses mains: Prince, lui dit-il d'une voix haute et distincte, si vous n'êtes pas coupable de l'adultère depuis que vous avez été averti par le Pape Nicolas, et si vous avez formé une ferme résolution de n'avoir plus de commerce avec Valdrade, votre concubine, approchez avec confiance et recevez le sacrement de la vie éternelle; mais si votre repentir n'est pas sincère, n'ayez pas la témérité de profaner les saints mystères et de les recevoir pour votre condamnation. Lothaire frémit sans doute à ces mots; mais il consomma le crime, ajoutant le parjure au sacrilége. Le Pape, s'adressant ensuite aux seigneurs qui communiaient avec le roi, dit à chacun d'eux: Si vous n'avez ni contribué, ni consenti aux adultères de votre maitre avec Valdrade, et si vous n'avez point communiqué avec les autres personnes anathematisées par le Saint-Siége, que le corps du Seigneur vous soit un gage de salut éternel. L'horreur du sacrilege en fit retirer quelques-uns; mais la plupart communièrent à l'exemple du roi. Gonthier de Cologne, qui était du nombre et qui demeurait déposé de l'épiscopat, reçut là communion parmi ces laïques.

Après cette fatale communion, Lothaire dina avec le Pape, à qui il fit de magnifiques présents en vases d'or et d'argent. Adrien, de son côté, lui donna un manteau, une férule et une palme, triple symbole que les courtisans du roi interprétaient au gré de ses passions. Enivré de cès flatteries, le prince, plein de joie, et se croyant désormais sans inquiétudes, partit de l'église de Saint-Pierre de Rome. Mais il fut à peine à Lucques, que luimême et presque tout son cortége furent altaqués d'une fièvre maligne produisant les effets les plus étranges et les plus effrayants. Les

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