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810 l'appelaient; ils s'étaient même saisis du châ- au mois de décembre 963, et on lui prêta teau Saint-Paul. Le Pape et Adalbert craignant le serment ordinaire. Il est connu sous sa venue, s'enfuirent, emportant une grande le nom de Léon VIII; mais on ne saurait le partie du trésor de Saint-Pierre. L'empereur regarder comme Pape légitime, car il est vientra donc à Rome, l'an 963, avec tous les sible que la déposition de Jean XII était siens; les Romains lui promirent fidélité, nulle. L'assemblée réunie par les ordres et jurèrent de ne jamais élire un Pape sans d'Othon, outre l'irrégularité de ses procéson consentement. dures, n'avait évidemment aucun pouvoir de déposer un Pape, reconnu pour légitime par toute l'Eglise.

Trois jours après, à la prière des évêques et du peuple, on tint un grand concile dans l'église de Saint-Pierre L'empereur y assista avec environ quatre cent dix évêques, seize cardinaux, plusieurs clercs de l'Eglise romaine, plusieurs nobles de la ville et toute la milice. Quand on eut fait silence, l'empereur dit : « Il serait bien séant au Pape Jean d'assister à un si vénérable concile. Ditesnous donc pourquoi il l'a évité? » Le concile répondit: Nous sommes surpris que vous demandiez ce que personne n'ignore; ses crimes sont si publics, qu'il n'use d'aucun détour pour les cacher.» L'empereur dit: Il faut proposer les accusations. >>

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Alors Pierre, cardinal, se levs, et exposa tous les chefs d'accusations. C'étaient à peu près les mêmes que ceux que les citoyens romains avaient exposés aux envoyés de l'empereur. Comme ce prince faisait quelque difficulté d'ajouter foi à tous ces crimes, les évêques, le clergé et le peuple de Rome attestèrent avec serment que Pierre n'avait dit que la vérité. Après cette première session, l'empereur écrivit au Pape Jean de venir se justifier, lui promettant avec serment une entière sûreté. « Etant venu à Rome, » dit l'empereur dans sa lettre,« pour faire ce qui serait agréable à Dieu, nous avons demandé aux évêques la cause de votre absence. Ils vous reprochent des choses honteuses. Tous, tant clercs que laïques, vous ont accusé d'homicide, de parjure, de sacrilége et d'autres crimes. Nous vous prions donc de venir vous justifier sur toutes ces choses. » Le Pape Jean ayant lu cette lettre, répondit par écrit, s'adressant aux évêques: Nous arons oui dire que vous voulez faire un autre Pape; si vous le faites, je vous excommunie de la part de Dieu tout-puissant, et je vous ôte le pouvoir d'ordonner personne, et même de célébrer la Messe. Cette lettre fut lue dans la seconde session du concile. On écrivit une seconde lettre au Pape; mais ceux qui furent chargés de la porter ne purent point le trouver; ce qui fut sans doute cause qu'on ne lui fit pas une troisième monition, selon les règles. Alors le concile dit : « Pour un mal aussi extraordinaire que celui dont nous gémissons, il faut un remède extraordinaire. Si par ses mœurs corrompues il ne nuisait qu'à lui-même, on devrait le tolérer. Mais combien son exemple en a-t-il perverti d'autres? Nous vous prions donc que ce monstre soit chassé de l'Eglise de Rome, et qu'on mette à sa place un homme qui nous donne bor exemple.»-«Nous y consentons,» dit l'empereur, » et rien ne nous sera plus agréable. » On élt unanimement Léon, homme d'un mérite connu, qui fut ordonné Pape,avec toutes les cérémonies accoutumées, DICTIONN. DES PAPES.

Pour être impartial, il est juste de dire que les accusations infâmes portées contre Jean XII furent contredites, du moins révoquées en doute, séance tenante, par Luitprand, évêque de Crémone; que l'accusé étant absent ne put se défendre, et que les Actes de ce concile ont été annulés. On peut donc croire à quelques exagérations dans cette accumulation de scandales.

Comme Othon avait renvoyé la plus grande partie de ses troupes, pour n'être point à charge aux Romains, le Pape Jean excita, sous main, le peuple à la révolte, et l'empereur apprit qu'on en voulait à sa vie. It les prévint, et en fit exécuter à mort un grand nombre. Les Romains lui firent encore serment de fidélité; ensuite il alla à Spolète. leur ayant rendu leurs ôtages, à la prière du Pape Léon. Alors les partisans du Pape Jean le firent revenir à Rome. Aussitôt on fit couper la main droite à Jean, cardinal-diacre; et à un autre officier de l'Eglise, la langue, le nez et les deux doigts. Après quoi Jean tint un concile dans l'église de Saint-Pierre, le 24 février 964, avec seize évêques d'Italie et deux prêtres-cardinaux. Jean XII ouvrit la première session en disant: Vous savez, mes chers frères, que j'ai été chassé de mon Siége pendant deux mois, par la violence de l'empereur. C'est pourquoi je vous demande si, selon les règles, on peut appeler concile celui qui a été tenu dans mon Eglise, en mon absence, le 4 décembre, par l'empereur Othon, avec ses archevêques et ses évêques? Le concile répondit: « C'est une prostitution en faveur de Léon l'adultère et l'usurpateur. >>

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Nous devons donc le condamner, dit le Pape. Nous le devons, » dit le concile, « par l'autorité des Pères. » Le Pape le condamna, puis il dit: Les évêques ordonnés par nous ont-ils pu faire une ordination dans notre palais patriarcal? « Non, »> répondit le concile. Le Pape reprit: Que jugez-vous de Licon, que nous avons sucré évêque, il y a longtemps, et qui dans notre palais a ordonné Léon, officier de la cour et néophyte, le faisant portier, lecteur, acolyte, sous-diacre, diacre et tout d'un coup prêtre; enfin il a osé le consacrer dans notre Siége apostolique, sans aucune épreuve, contre toutes les ordonnances des Pères. Le concile dit : « Ii faut déposer l'ordinateur et celui qui a été ordonné. » Le Pape dit: On ne sait où il est caché. - « Qu'on le cherche soigneusement,» dit le concile, « jusquà la troisième séance. Si on ne le trouve pas, qu'il soit condamné selon les canons. »

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Le Pape ajouta: Que jugez-vous donc de ces deux évêques, Benoit de Porto et Grégoire

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d'Albane, qui ont prononcé les oraisons sur l'usurpateur? - Le concile répondit : «Qu'ils soient punis de même ; cependant nous les Jaissons à votre discrétion, jusqu'à la troisième séance. » Qu'ordonnez-vous donc, Qu'ordonnez-vous donc, dit le Pape, touchant l'usurpation de notre Siége? Le concile : « Qu'il soit absolument condamné, afin que désormais aucun des officiers de la cour, des néophytes, des juges et des pénitents publics ne soit assez hardi pour aspirer au degré suprême de l'Eglise. » Alors Je Pape Jean prononça la sentence contre Léon, le déclarant déposé de tout honneur sacerdotal, et de toute fonction ecclésiastique; avec menace d'anathème perpétuel, s'il continuait à en exercer aucune, ou s'efforçait de rentrer dans le Saint-Siége; et pareille menace contre ceux qui lui donneraient aide ou conseil. Le Pape ajouta : Que jugez-vous de ceux qu'ila ordonnés?-Le concile répondit : « Qu'ils soient déposés. » Alors le Pape ordonna qu'ils entrassent revêtus de chasubles et d'étoles, et fit écrire par chacun d'eux sur un papier : Mon père n'avait rien à lui, et ne m'a rien donné. Ainsi i les remit au rang qu'ils tenaient auparavant.

A la seconde session du concile, tenue le lendemain, le Pape dit que l'on avait cherché avec soin l'évêque Licon sans le trouver, et le concile ordonna que sa condamnation serait différée jusqu'à la troisième session. Alors le Pape appela les deux évêques qui avaient ordonné Léon, Benoît de Porto et Grégoire d'Albane, et leur fit lire à chacun dans un papier: « Moi tel, du vivant de mon père, j'ai consacré à sa place Léon, officier de la cour, néophyte et parjure, contre les ordonnances des Pères. »Puis leur jugement fut remis à la troisième session. Le Pape ajouta Que jugez-vous de ceux qui ont prêté de l'argent au néophyte, pour acheter la grâce de Dieu, qui ne se peut vendre?-Le concile dit : «Si c'est un évêque, un prêtre ou un diacre, qu'il perde son rang; si c'est un moine ou un laïque, qu'il soit anathématisé. Quant aux abbés dépendants du Pape, qui avaient assisté au concile précédent, on les laissa à son jugement. Puis il dit: Ordonnez que jamais l'inférieur n'ôtera le rang à son supérieur, sous peine d'excommunication, et que les moines, sous la même peine, demeurent dans les lieux où ils ont renoncé au siècle. Le concile l'ordonna.

A la troisième session le Pape prononça par contumace la sentence de déposition contre Licon, évêque d'Ostie, un des ordonnateurs de Léon, sans espérance de restitution, et remit en leur premier rang ceux que Léon avait ordonnés comme n'ayant rien reçu de lui; alléguant l'exemple du Pape Etienne III contre ceux qui avaient été ordonnés par Constantin.

Jean XII ne survécut pas trois mois à ce concile. On dit qu'étant hors de Rome, pendant la nuit, il fut frappé dans les tempes; qu'il mourut huit jours après, le 14 mai 964, sans recevoir les sacrements. Il avait tenu le Saint-Siége huit ans et deux mois. Alors les Romains regardant comme nuls les serments

qu'ils avaient prêtés à l'empereur et à Léon VIII, élurent et firent ordonner Pape Benoît, diacre-cardinal, et lui promirent avec serment de ne jamais l'abandonner, et de le défendre contre l'empereur. On le nomma Benoît V.

JEAN XIII, cent trente-troisième Pape et successeur de Benoît V. - Après la mort de ce dernier, les Romains à qui l'empereur Othon avait fait craindre la puissance de ses armes, n'osèrent procéder à l'élection d'un Pape sans son consentement. Ils lui envoyèrent des députés pour le prier de choisir le Pape qu'il voudrait. L'empereur les reçut honorablement, et, content de la déférence des Romains, il leur permit de nommer à leur choix un sujet digne, pourvu que l'élection se fît en présence de l'évêque de Spire et de celui de Crémone, qu'il envoya à Rome en qualité de commissaires. On élut donc d'un commun eonsentement Jean, évêque de Narni, et on l'intronisa sur le Saint-Siége le 1 octobre 965. « Cet homme, »> dit un écrivain moderne, « ne manquait pas de caractère. Il avait paru comme accusateur de Jean XII-Voy.ce Pape;-mais il avait eu le bon esprit de circonscrire son accusation dans de sages limites; il ne l'avait accusé que de la violation des règles canoniques, et ensuite n'avait pas cessé de le reconnaître comme son chef légitime. Il appartenait d'ailleurs à cette partie du clergé qui avait conservé la pureté des mœurs et la vigueur de la discipline, au milieu de la corruption presque générale. Devenu Pape, il voulut remédier aux désordres; mais sa prudence ne marcha pas de front avec sa fermeté; il traita les Romains avec trop de hauteur; ses ennemis profitèrent de cette faute pour donner la main aux adversaires des Allemands, et la révolte éclata. » Rofrède, comte de Campanie, et le préfet Pierre, aidé des chefs du peuple, l'arrêtèrent et l'enfermèrent au château Sant-Ange, puis ils l'envoyèrent en Campanie, où il demeura onze mois. D'autres disent que les chefs du peuple romain, qui avaient toujours grande envie de reprendre l'autorité souveraine qu'ils avaient usurpée plus d'une fois, et de secouer le joug de l'empereur, voyant qu'ils ne pouvaient gagner le Pape, pour le faire entrer dans leur révolte, le chassèrent de Rome; de sorte qu'il fut obligé d'aller chercher un asile à Capone, chez le comte Pandulfe, son ami. Celui-ci le reçut avec honneur, et trouva même le moyen de faire tuer dans Rome le comte Rofrède, que les Romains avaient pris pour chef.

Cependant l'empereur Othon vint en Italie vers la fin de l'année 966. Alors les Romains, craignant l'arrivée de ce prince, rappelèrent le Pape Jean, et demandèrent pardon du passé à l'empereur; mais Othon, irrité de leur perfidie, si souvent réitérée, refusa de le leur accorder. Il fit prendre douze des premiers de la ville, qui avaient été les auteurs de l'expulsion du Pape. Quant à leur chef Pierre, préfet de Rome, il l'abandonna non à la vengeance du Pape, comme l'a dit

Fleury, mais au peuple qui lui coupa la barbe, et le fit pendre par les cheveux au cheval de Constantin, pour l'exposer en spectacle. Ensuite on le dépouilla, on le mit à rebours sur un âne qui avait une clochette au cou; le patient portant une outre sur la tête et deux à ses cuisses; on le promena ainsi par toute la ville, le fouettant et s'en jouant; on le mit ensuite en prison, où il demeura longtemps; enfin, on l'envoya audelà les monts. L'empereur fit déterrer les cendres du comte Rofrède, qui avait fait arrêter le Pape, les fit traîner par les boues et jeter à la voirie.

C'est ainsi qu'Othon fit sentir aux Romains les effets de sa vengeance, pour punir leur infidélité. Après cette dure correction, la tranquillité régna enfin dans Rome. Jean XIII profita de ce repos pour gouverner sagement l'Eglise, étendre et rétablir les relations du Saint-Siége et restaurer la discipline ecclésiastique. Il mourut en odeur de sainteté le 6 septembre 972, après un pontificat d'environ sept ans, emportant avec lui la consolation d'avoir contribué par ses légats à la conversion de la nation polonaise. Son successeur fut Benoît VI. Selon Baronius, ce fut Jean XIII qui introduisit dans l'Eglise la coutume de bénir les cloches.

JEAN XIV, cent trente-septième Pape ct successeur de Benoît VII, fut élu en novembre 983. Il avait été chancelier de l'empereur Othon, puis évêque de Pavie, et, avant son élection, il se nommait Pierre; mais, par un témoignage de respect déjà donné au prince des apôtres, et qui passa depuis en usage parmi tous ses successeurs, il changea son nom en celui de Jean XIV. Son pontificat ne fut que de huit mois. L'antipape Françon ou Boniface VII, croyant qu'après la mort de l'empereur Othon et de Benoît, il lui serait facile de renverser le nouveau Pape dont l'autorité n'était pas encore bien affermie, revint de Constantinople, dans le dessein de se remettre sur le Siége. Comme il avait beaucoup d'argent, il se fit bientôt un grand nombre de créatures; sa faction devenue la plus puissante, Jean XIV fut arrêté et mis au château Saint-Ange, puis déposé; et, au bout de quatre mois, il mourut de faim et de misère, le 20 août 984. L'usurpateur se maintint dans son intrusion environ sept mois, au bout desquels il mourut subitement,et tellement détesté par ceux-mêmes de son parti, qu'après sa mort on traîna son corps par les pieds, et on l'exposa tout nu dans la place publique, devant la statue équestre de Constantin; on élut ensuite Jean XV.

JEAN XV, Romain de naissance, fut élu, comme nous venons de le dire, après la mort de Jean XIV et de l'antipape Boniface VII.-Il ne tint le Saint-Siége que quatre mois, et même, dit-on, ne fut pas sacré ; c'est pourquoi on ne le compte parmi les Papes, que pour n'en pas déranger la suite. Son successeur fut Jean XVI.

JEAN XVI, cent trente-huitième Pape, fut élu 'e 25 avril 986. Fils de Léon, depuis

prêtre, Jean XVI était Romain de naissance, savant et vertueux. Pendant tout le temps de son pontificat, qui ne fut pas paisible, il soutint avec vigueur les droits du SaintSiége. Comme Crescentius, en qualité de consul, voulait être le maître absolu dans Rome, Jean XVI craignant son humeur violente, se retira dans une des places de l'Eglise en Toscane, et envoya prier Othon III de venir, à l'exemple de son père, délivrer le Saint-Siége du tyran qui l'opprimait. Les Romains, qui appréhendaient l'arrivée des Allemands, tâchèrent, par toutes sortes de soumissions, d'apaiser le Pape; Jean se laissa vaincre à leurs prières et revint à Rome, où il fut reçu avec de grandes acclamations. Crescentius prit le parti de dissimuler, et n'osa pas troubler le Pape dans ses fonctions.

L'an 993, Jean XVI tint un concile où saint Adalric fut mis au nombre des saints, vingt ans après sa mort. Ce fut peut-être dans ce même concile de Rome que le Pape cassa la déposition d'Arnoul, archevêque de Reims, qui avait été décrétée dans le concile tenu en cette ville, et l'ordination de Gerbert à la place d'Arnoul; car il est certain que, l'ayant apprise, il trouva l'un et l'autre fort mauvais, et interdit tous les évêques qui y avaient eu part. Mais Gerbert ne crut pas devoir obéir à ce décret, et en écrivit à Séguin, archevêque de Sens, en termes trèsvifs contre le Pape. Jean XVI envoya comme légat en France Léon, abbé de Saint-Alexis, pour terminer l'affaire de l'archevêque de Reims. Ce légat indiqua de sa part un concile qui se tint à Mousson, dans le diocèse de Reims. Jean XVI mourut d'une fièvre violente, vers la fin d'avril 996, après dix ans de pontificat, et eut pour successeur Grégoire V.

Le caractère, la sagesse et le zèle de Jean XVI le placent à côté de Jean XIII. IL fit preuve de prudence et de fermeté dans l'affaire d'Arnoul de Reims, qu'Hugues Capet avait fait déposer. Il défendit avec courage la liberté et l'indépendance de l'Eglise, rétablit plusieurs fois la paix entre les princes chrétiens, et soutint la discipline ecclésiastique. On ne lui reproche qu'un excès de douceur, par lequel il recula devant des mesures de rigueur peut-être alors nécessaires.

JEAN XVII, antipape.-Crescentius ayant chassé de Rome Grégoire V-Voy SouverainPontife, fit élire pour Souverain Pontife un Grec nommé Philagathe, qui prit le nom de Jean XVII. Né à Rossane en Calabre, de basse condition,il avait embrassé la vie monastique, et obtint d'Othon III l'évêché de Plaisance. Elu Pape par l'affection de Crescentius, il fut excommunié par tous les évêques d'Italie, de France et d'Allemagne - Voy. du reste ce que nous avons dit à ce sujet en parlant de GREGOIRE V.

JEAN XVIII (nommé avant son élection Liccon ou Lecco), cent quarante et unième Pape, et successeur de Sylvestre II, fut sacré le 13 juin 1003, quatre jours après son élec tion, qui s'était faite avec une grande union,

et suivi d'applaudissements unanimes. Selon Platine, il était d'une famille très-obscure. Comme il ne tint le Saint-Siége qu'environ 5 mois, l'histoire ne nous a rien conservé de son caractère, ni de ses actions. I mourut le 30 octobre de la même année 1003, et fut enterré au monastère de Saint-Sabas. Le 26 décembre suivant, on élut, pour lui succéder, Jean XIX.

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JEAN XIX, cent quarante-deuxième Pape, était Romain de naissance, et s'appelait Phasian. Elu le 26 décembre 1003, n'étant encore que prêtre du titre de Saint-Pierre, il changea son nom en celui de Jean XIX. II tint le Saint-Siége 5 ans, et ne fit rien de mémorable. Vers la fin de mai 1009, il abdiqua la papauté, et embrassa la vie monastique, à l'abbaye de Saint-Paul de Rome, où il mourut le 19 juillet de la même année. Le 2 octobre suivant, on élut Sergius IV.

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JEAN XX, cent quarante-cinquième Pape, évêque de Porto, selon quelques-uns, et simple laïque, selon d'autres, succéda à son frère Benoît III. Il fut élevé sur le SaintSiége en 1024, par la faction et les largesses de son autre frère Albéric, comte de Toscanelle, et de ses autres parents, qui avaient alors le plus d'autorité dans Rome. « Ainsi, »> dit M. Maimbourg, « la liberté des élections que l'empereur Henri avait rétablie, n'eut point lieu; et l'on vit par expérience que les élections qui s'étaient faites par l'autorité des empereurs, en leur présence ou en celle de leurs commissaires, avaient été beaucoup plus régulières, et avaient donné à l'Eglise des Papes incomparablement meilleurs que ceux qui se firent dans ces assemblées tumultueuses du peuple et du clergé de Rome, partagés en différentes factions, et surtout par le pouvoir absolu de ces petits tyrans, comtes et de marquis, qui mirent si souvent sur le Saint-Siége des sujets élus à force d'argent. »

« Au commencement de son pontificat, >> dit un auteur contemporain, «Eustathe, patriarche de Constantinople, de concert avec l'empereur et le clergé, essaya de se faire confirmer le titre de patriarche universel. Des députés arrivèrent à Rome, chargés de riches présents, et l'or qu'ils répandaient commençait à produire son effet, lorsque le bruit se répandit qu'on allait accéder aux désirs du patriarche. » L'abbé Guillaume, de Dijon, écrivit au Pape une lettre très-vigoureuse pour le détourner de cette funeste condescendance; d'autres représentations respectueuses vinrent d'ailleurs, et firent encore une fois avorter la tentative des Grecs. Les expressions de quelques-unes de ces représentations semblent avoir donné à réfléchir au Pape, car il parut sentir l'irréguJarité de son élection, et il abdiqua avec l'intention de se retirer dans la solitude, et de faire pénitence. Touché de cette généreuse résolution, le clergé de Rome s'y opposa, et Jui conféra ainsi un titre légitime.

Ce fut Jean XX qui, le jour de Pâques 1027, posa la couronne impériale sur la tête dé Conrad, roi des Allemands, qui était venu à

Rome au secours du dernier Pape, chassé par les Romains à la fin de sa vie, et sur celle de la reine Giselle, épouse de Conrad. Sous le même Pape vivait le fameux musicien Guy, moine d'Arèse, qui inventa la gamme et les six notes; il les prit des trois premiers vers de l'hymne de saint JeanBaptiste, Ut queant laxis; car, par le moyen de ces notes, un enfant apprit en peu de mois ce qu'un homme apprenait à peine en plusieurs années. Jean XX le fit venir à Rome et admira son invention comme un prodige. L'an 1033, quelques-uns des principaux de Rome conspirèrent contre ce Pape; et, n'ayant pu exécuter le dessein qu'ils avaient de le tuer, ils le chassèrent de Rome; mais l'empereur Conrad étant venu en cette ville, le rétablit et soumit tous les rebelles. Le Pape Jean mourut le 8 novembre de la même année, après avoir tenu le Saint-Siége 9 ans et 3 mois, et eut pour successeur Benoît IX.

JEAN XXI. Après la mort d'Adrien V, les cardinaux ne voulaient pas s'assembler en conclave pour procéder à l'élection d'un successeur, sous prétexte que la constitution pour le conclave avait été suspendue par le Pape Adrien; mais les prélats et les officiers de la ville les y obligèrent. Se trouvant donc étroitement resserrés, ils élurent, sans trop tarder, le 21 février 1276, Pierre Julien Portugais, cardinal, évêque de Tusculum, qui prit le nom de Jean XXI. Julien était né à Lisbonne. Il avait étudié dans toutes les facultés, ce qui le faisait nommer clerc universel, selon le style du temps. Il était habile dans la médecine, et il en à laissé un traité sous le titre de Trésor des pauvres, qui est même imprimé; il favorisait les pauvres étudiants et leur donnait des bénéfices. Son premier soin fut de réprimer les séditions arrivées pendant la vacance du Saint-Siége. Ce Pape se promettait une longue vie; mais comme il était dans une chambre neuve qu'il avait fait faire pour lui, près du palais de Viterbe, le bâtiment tomba et il mourut six jours après, le 16 mai 1277, des blessures qu'il avait reçues. Après sa mort le Saint-Siége vaqua plus de six mois. JEAN XXII. - Après la mort de Clément V, les cardinaux qui étaient à Carpentras, dans le Comté Venaissin, entrèrent en conclave au nombre de vingttrois, dans la maison épiscopale, pour procéder à l'élection du successeur. Après y être resté quelque temps, sans pouvoir s'accorder, il survint une querelle entre leurs domestiques qui pillèrent les marchands. On mit le feu à la ville, dont une partie fut brûlée; les cardinaux prirent la fuite, et ils furent deux ans sans se rassembler, les Italiens disant qu'il fallait aller à Rome, d'autres ailleurs.

Cependant un de ces derniers, Napoléon des Ursins, écrivit une lettre très-forte au roi Philippe le Bel, dans laquelle il se plaignait de la conduite qu'avait tenue Ciément V. Il dépeignait l'état déplorable où se trouvaient l'Italie et la ville de Rome; ce qu'il

attribuait à la translation du Saint-Siége à Avignon. Le roi parut ému de cette lettre, et en écrivit une à deux des principaux cardinaux français, où il les exhorta à s'assembler promptement à Lyon, pour l'élection d'un Pape, afin de prévenir les maux d'une double élection. Il employa même toute son autorité afin de les y obliger. Mais ce prince étant mort aussitôt après, Louis Hutin, son fils aîné, qui lui succéda, envoya Philippe, comte de Poitiers, son frère, dans le même but. Il y travailla près de six mois, et il vint à bout de rassembler vingt trois cardinaux à Lyon. Dans cet intervalle, étant devenu roi par la mort de son frère, il les fit venir tous dans la maison des Frères prêcheurs, et leur déclara qu'ils n'en sortiraient point qu'ils n'eussent élu un Pape; et après avoir mis des gardes pour les empêcher de sortir, il revint à Paris.

Les cardinaux ayant été enfermés pendant quarante jours, élurent le 7 août 1316, Jacques d'Euses, cardinal-évêque de Porto. Il était né à Cahors de parents pauvres, s'était rendu habile, surtout en droit, par son esprit et sa grande application: il était de petite taille, mais avait beaucoup de courage. Il fut évêque de Fréjus pendant onze ans, ensuite transféré au siége d'Avignon, et Clément V le fit cardinal et évêque de Porto. Il prit le nom de Jean XXII et fut Couronné à Lyon dans l'église cathédrale. 11 écrivit aux rois et aux évêques une lettre circulaire, où il dit qu'il a hésité beaucoup à accepter une charge si terrible ensuite il partit de Lyon et se retira à Avignon. L'un des premiers actes qui marquèrent l'élévation de Jean XXII fut une lettre, à jamais mémorable, adressée [1317] à tous les marquis, comtes, barons, gentilshommes, aux podestats et capitaines, aux communes, corporations et à tous les habitants de la Lombardie, de la Marche Trévisane, de l'Etat de Venise, des patriarcats de Grado et d'Aquilée, et de l'archevêché de Gênes. (RAYNALDUS, Annal. ecclesiastici, ann. 1317.)

Les tribulations qui ont affligé vos villes et vos contrées, dit-il, sont parvenues à nos oreilles; nous avons su les maux innombrables qu'elles ont soufferts, non-seulement de la part des étrangers qui s'y font la guerre, mais encore dans ces guerres plus que civiles, que se font entre eux les frères et les proches, foulani aux pieds tous les droits de la nature. Les maisons se sont élevées contre les maisons, et les cités contre les cités, et les populations se sont divisées en factions rivales; de là des ruines, des ravages, des incendies, la perte des biens et le péril des âmes... Or, pour accomplir ce devoir de père que la sainte Ecriture m'impose, je vous en conjure, mes fils bien-aimés, prenez garde que de tels excès offensent Dieu, portent préjudice au prochain, froissent les innocents et quelquefois appellent un juste châtiment sur les coupables. Les auteurs de ces forfaits, les perturbateurs du repos public périssent misérablement, ou bien

on

les voit exilés, contraints d'abandonner

tout ce qui était à eux, pour avoir voulu envahir les richesses et les droits d'autrui. Mais ce qui est plus douloureux, aux infortunes particulières s'ajoutent les calamités générales. Les iniquités de quelques-uns deviennent celles de tous, el sur tous retombe la peine; les partis en se disputant le pouvoir, épuisent leurs forces; et tandis que la concorde fait s'accroîttre et prospérer les choses les plus humbles, les plus grandes s'évanouissent, quand la discorde y met la main. Ainsi le Christ est divisé dans ses membres, lui dont la gloire est d'avoir réuni ce qui était séparé, lui qui est le juge équitable, fort et patient, il rendra aux superbes ce qui leur est dû. Car, s'ils ne reviennent à résipiscence, voici ce qui les attend le feu de l'enfer, les ténè bres extérieures, les pleurs et les grincements de dents éternels. En conséquence nous vous exhortons tous, nos fils bien-aimés, par le sang de l'Agneau sans tache, Jésus-Christ, Notre-Seigneur, qui, du haut de la croix,pria pour ses ennemis, à rejeter loin de vous les armes meurtrières, à déposer vos haines et vos épées, à dissoudre vos ligues hostiles, et à confondre vos volontés dans l'accord parfait d'un sincère amour.

Alpes par un légat, chargé d'en exécuter les Cette lettre éloquente, portée au delà des dispositions, lue solennellement dans toutes les chaires, était, à l'avénement de Jean XXII, comme la voix des anges à l'avénement de Jésus-Christ. Paix aux hommes de bonne volonté. (Luc. 1,14.) Mais le vicaire de JésusChrist ne pouvait, non plus que lui, contraincités, les familles ne surent point, en ce les volontés mauvaises. Les populations, les jour qui leur était donné, accepter ce qui aurait fait leur repos. L'Italie, incapable de former une nation, aurait pu constituer une confédération d'Etats régis par leurs lois et selon leurs mœurs locales, et réunis sous la médiation du souverain pontificat. Elle eût sans doute trouvé là le secret de son honheur. Elle le méconnut. Les Papes durent renoncer à exercer une influence politique sur cette belle province de la chrétienté; ils ne songèrent plus qu'au salut éternel des individus, puisque la société temporelle voulait périr.

Cette même année 1317, Jean XXII érigea le siége de Toulouse en archevêché, et lui donna pour suffragants l'évêché de Pamiers et quatre nouveaux siéges. Il fit aussi, dans les provinces de Bourges et de Bordeaux, six nouveaux évêchés, choisissant pour ces siéges épiscopaux, les monastères dont les abbés recevaient le titre d'évêques. L'année suivante, il divisa la province de Tarragone, et érigea en archevêché le siége de Saragosse, auquel il donna pour suffragants cinq des onze évêchés de ces provinces. Il érigea en métropole la ville de Sultanée, bâtie par le grand khan des Tartares, et en nomma premier archevêque François de Pérouse, de l'ordre des Frères prêcheurs, qui avaient fait de nombreuses conversions dans cette province et dans les pays voisins. Il écrivit au khan des Tartares, pour l'exhorter à pro

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