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et chacun se berçait des plus belles espérances. Mais jamais, sous ce rapport, un Pape ne s'est montré plus réservé. Adrien voulait savoir à qui il confiait les emplois; il procédait à ses choix avec une conscience scrupuleuse une foule d'attentes furent donc trompées. Le premier acte de son pontificat fut de supprimer les survivances des dignités ecclésiastiques accordées jusqu'à son avénement; il retira même celles qui avaient déjà été conférées. Lorsqu'il publia cet arrêté dans Rome, il devait nécessairement s'attirer une multitude d'amères inimitiés. Jusqu'à ce jour, on avait joui à la cour d'une certaine liberté de parler et d'écrire; il ne put la permettre plus longtemps. Voyant l'épuisement des caisses et les besoins toujours croissants, il établit de nouveaux impôts.

A cette époque, la guerre recommença dans la Haute Italie; Luther parut de nouveau en Allemagne; Rome fut ravagée par la peste; un découragement universel s'empara des esprits. Adrien a dit: Combien n'est-il pas malheureux qu'il y ait des temps dans lesquels le meilleur homme est obligé de succomber! Tout le résumé de sa position est contenu dans cette exclamation douloureuse, et c'est avec raison qu'on l'a gravée sur son tombeau dans l'église allemande à Rome. En effet, la papauté était alors entourée des immenses difficultés qui dominaient le monde, et qui suffisaient pour arrêter tous les efforts d'un homme de génie.

Adrien ne créa qu'un seul cardinal durant son pontificat, et ne voulut en cela déférer à la coutume que quand il se vit au lit de la mort. La fièvre le prit pour la seconde fois en rentrant dans son palais. Sentant que sa fin approchait, il demanda et reçut les sacrements, et recommanda aux cardinaux les intérêts de l'Eglise. Il mourut Je 14 septembre, dans la soixante-cinquième année de son âge et la deuxième de son pontificat. Les Romains se réjouirent de sa mort, parce qu'il avait voulu corriger les abus; on l'accusait d'avarice, parce qu'il n'était ni fastueux ni prodigue, qu'il ne tenait point table, et qu'il avait des traits de conformité avec les Papes des beaux siècles de l'Eglise. Ce Pape a composé quelques ouvrages qui l'ont fait mettre au nombre des auteurs ecclésiastiques: le principal est un Commentaire sur le v livre des Sentences. Il le fit réimprimer étant Pape, saus y rien changer, pas même cette maxime, que le Pape n'est point infaillible, et qu'il peut errer.

AGAPETI" (Saint).- Cinquante-septième Pontife, et successeur de Jean II. Romain de naissance et fils du prêtre Gordien, Agapet fut admis de bonne heure dans le clergé de Rome. Attaché à l'église de Saint-Jean, puis à celle de Saint-Pierre, son mérite et sa sainteté le firent élever à la dignité d'archidiacre. Il s'y distingua par sa science et sa sagesse, et donna aux fidèles une si haute ǝpinion de ses vertus, qu'après la mort du

Pape Jean II, le clergé et e peuple, d'une voix unanime, l'élevèrent à la dignité pontificale. En conséquence, il fut ordonné le 4 mai 535, et commença les fonctions de son pontificat par l'examen qu'il fit des décisions du concile de Carthage, assemblé peu de temps auparavant pour le rétablissement de la foi catholique et de la discipline dans l'Eglise d'Afrique, d'où Bélisaire avait chassé les ariens, après la conquête qu'il avait faite de tout le pays sur les Vandales. Dès que l'empereur Justinien eut appris son élection, il lui envoya sa profession de foi, selon l'usage où étaient les empereurs catholiques de Constantinople, et le pria de conserver dans les dignités ecclésiastiques les ariens convertis. Agapet répondit à l'empereur, en approuvant la profession de foi: quant aux ariens, il loue son zèle pour leur réunion, mais il lui représente qu'il ne peut rien faire contre les canons qui défendeut de promouvoir on de conserver dans les ordres jes hérétiques réconciliés. Ils montrent, dit le Pape, que leur conversion n'est pas solide, s'il leur reste de l'ambition. Touchant l'affaire d'Etienne de Larisse, sur laquelle vous nous consultez, comme vous nous offrez qu'elle soit terminée par nos légats, nous la commettrons à ceux que nous enverrons incessamment, et nous recevrons dès maintenant à notre communion Achile, élu en place par Epiphane de Constantinople. Vous excusez l'évêque Epiphane de l'avoir ordonné, en disant que c'est par votre ordre; mais il devait vous représenter lui-même ce qui était dû au respect du Saint-Siége. Cette lettre est du 15 octobre 535; et le Pape Agapet envoya en effet, à Constantinople, cinq évêques pour ses légats.

Le Pape Agapet I" mit ensuite tous ses soins à guérir les plaies que l'hérésie avait હૈ faites à l'Eglise, depuis plus d'un siècle, sous les Goths et les Vandales. Considérant

que l'ignorance qu'ils avaient introduite dans tous les lieux de leur domination avait prit des mesures pour établir des écoles donné entrée à quantité de vices honteux, il publiques de théologie; et le célèbre Cassiodore, qui était encore alors tout-puissant à la cour des Goths, se joignit à lui pour seconder ses desseins et les étendre encore à d'autres études mais les troubles de la guerre en traversèrent l'exécution.

Cependant les progrès que faisaient les armes de l'Empire sous la conduite de Bélisaire alarmèrent tellement Théodat, roi des Goths, qu'il céda toute la Sicile à l'empereur Justinien, et qu'il offrit même de se contenter d'une pension pour mener una vie privée selon sa qualité, plutôt que de se résoudre à la guerre. Mais ce prince se repentit bientôt de toutes ses avances; et, voulant rétablir ses affaires, il crut que personne ne serait plus propre que le Pape à lui faire obtenir la paix à des conditions plus ; favorables. Il lui écrivit pour le porter à envoyer une ambassade en son nom à Constantinople. Il écrivit aussi au sénat, pour qu'on y joignit des personnes

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choisies de son corps. Ne les trouvant pas aussi ardents à le servir qu'il le souhaitait, il menaça de venir saccager Rome, s'il n'était promptement obéi. Les âmes lâches sont ordinairement cruelles, et l'on craignait que ce roi barbare n'exécutât sa menace. C'est ce qui obligea le Pape à partir avec Pierre, ambassadeur de Justinien, qui retournait à Constantinople.

Le fait le plus saillant du court pontificat d'Agapet I", fut ce voyage à Constantinople. Le Pape, en satisfaisant à la demande de Théodat, se proposait aussi de remédier aux maux de l'Eglise d'Orient; car il venait de recevoir de quelques abbés catholiques de Constantinople des lettres qui lui exposaient le triste état de la religion dans leur pays. Il partit done, et, arrivé en Grèce, on lui présenta un homme qui ne pouvait ni parler, ni se lever de terre. Agapet deinanda à ses parents qui le lui avaient amené, s'ils croyaient qu'il pût guérir. Ils dirent qu'ils en avaient une ferme espérance par la puissance de Dieu et l'autorité de saint Pierre. Aussitôt le Pape se mit en prières et commença la Messe, après laquelle, sortant de l'autel, il prit le boiteux par la main, le leva de terre, et le fit marcher en présence de tout le peuple; puis, ayant mis dans sa bouche le corps de Notre-Seigneur Jésus-Christ, sa langue fut déliée. Agapet fit son entrée à Constantinople le 2 février 536, et fut reçu par l'empereur avec de grandes marques de respect et d'affection. On taita d'abord la question politique; mais Justinien était trop assuré de la conquête de l'Italie pour vouloir rien rabattre des conditions qu'il imposait à Théodat. Vinrent ensuite les affaires religieuses, dont la principale était la translation d'Anthime, évêque de Trébizonde, sur le siége de la ville impériale. Agapet refusa de ratifier cette translation, parce qu'elle avait été faite en violation des lois canoniques. Du reste, le saint Pontife, instruit qu'Anthime était un euty chien, ne voulut point avoir de communication avec lui L'empereur le pressait de le voir, et Agapet s'en défendait tou jours. Justinien se tenant offensé de ce refus, s'emporta jusqu'à lui dire que, s'il refusait plus longtemps, il l'enverrait en exil. Alors le Pape lui répondit en ces termes : Je pensais étre venu chez un empereur très chrétien; mais, à ce que je vois, j'ai trouvé un Dioclétien. Sachez pourtant que je ne crains point vos menaces; mais, pour vous convaincre qu'Anthime est hérétique, faiteslui confesser seulement qu'il y a deux natures en Jésus-Christ, et, s'il le fait, je communique avec lui. L'empereur manda aussitôt le patriarche au palais, et lui proposa de reconnaître et de confesser deux natures en Jésus-Christ. Anthime s'en défendit, et Justinien voyant qu'il avait été trompé, fit ses excuses au Pape de son emportement, chassa ensuite Anthime du siége patriarcal et de la ville, et pria Agapet d'ordonner en sa place Mennas, abbé du couvent de Saint-Sanson, homme très-orthodoxe. Ensuite Agapet en

voya à l'empereur les requêtes de quatre-vingtdouze évêques qui l'avaient priẻ d'être leur médiateur auprès de ce prince, et dans lesquelles ils exposaient les maux que les hérétiques faisaient à l'Eglise, surtout en Orient. I pria en même temps l'empereur d'employer l'autorité que Dieu lui avait donnée, pour purger l'Empire de l'hérésio dont on l'infectait contre ses intentions. Le Pape écrivit ensuite une lettre synodale à Pierre, patriarche de Jérusalem, pour lui donner avis de ce qu'il avait fait. Etant arrivé, dit-il, à la cour de l'empereur, nous avons trouvé le siége de Constantinople usurpe contre les canons, par Anthime, évêque de Trébizonde. Il a méme refusé de quitter l'hérésie d'Eutychès. C'est pourquoi, après l'avoir attendu à pénitence, nous le déclarons indigne du nom de catholique et d'évêque, jusqu'à ce qu'il reçoive pleinement la doctrine des Pères. Vous devez rejeter de même les autres que le Saint-Siége a condamnés. Nous nous sommes étonnés que vous ayez approuvé cette injure faite au siége de Constantinople, au lieu de nous en avertir, et nous l'avons réparée par l'ordination de Mennas, qui est le premier de l'Eglise orientale ordonné par notre Siége.

Cependant le saint Pape travaillait activement à faire tout ce qui dépendait du ministère apostolique, et il se préparait à quelque chose de plus efficace encore que tout ce qu'il avait fait, lorsque Dieu, content de son zèle et de sa fidélité, le retira à lui après une maladie de peu de jours, et après onze mois et trois semaines de pontificat, le 17 avril 536. Son corps fut transporté de Constantinople à Rome. Jamais funérailles ne furent plus magnifiques que les siennes. On y vit un grand nombre d'évêques venus de toute l'Italie, une multitude de prêtres et de moines accourus des pays les plus éloignés. Le peuple, qui avait déjà beaucoup de preuves de sa sainteté, faisait connaître par ses pleurs et ses cris combien il était sensible à sa perte.

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AGAPET II, cent trentième pontife, et successeur de Martin III, fut élu en janvier 946. La première démarche de ce Pape fut d'envoyer à Othon, dit le Grand, le légat Marin, afin d'assembler un concile général, et il y appela par ses lettres quelques évêques des Gaules et de Germanie. Le concile se tint à Ingelheim, l'an 948, en présence des deux rois Othon et Louis; le légat Marin y présida. Platine assure que le Pape Agapet fut un saint personnage et fort zélé pour le bien de la religion. Il mourut l'an 956, après avoir tenu le Saint-Siége 9 ans et 7 mois. Contemporain de Constantin Porphyrogénète, empereur d'Orient, et de Louis d'Outre-Mer, roi de France, Agapet II eut pour successeur Jean XII.

AGATHON (Saint), soixante-dix-neuvième Pontife et successeur de Saint-Donus I", fut le contemporain de l'empereur Constantin Pogonat ei de Thierry I", roi de France. Saint Agathon naquit en Sicile, et dans une partie de l'Italie qu'on appelle aujourd'hui

le royaume de Naples. Il avait été élevé dans la piété, et avait passé une grande partie de sa vie dans les monastères, qui étaient comme des écoles où l'on se formait à la vertu; en sorte que le clergé et le peuple de Rome le choisirent pour succéder à Donus. Agathon fut donc élu en juin 678, et répondit parfaitement aux espérances qu'on avait conçues de son mérite. Il était d'une douceur et d'une affabilité merveilleuses envers tout le monde. Saint Wilfrid, évêque d'York, ayant été chassé de son siége, le Pape Agathon assembla à Rome un concile de plus de cinquante évêques. Il se tint au mois d'octobre 679 dans la basilique du Sauveur. Après que le Pape eut dit sommairement le sujet du concile, André d'Ostie et Jean de Porto firent leur rapport des actes qu'ils avaient été chargés d'examiner avec d'autres évêques, tant contre saint Wilfrid, que de sa part. «Ayant tout considéré, dirent-ils, nous ne le trouvons convaincu canoniquement d'aucun crime qui méritât la déposition; au contraire, nous voyons qu'il a gardé la modération convenable, sans exciter de sédition pour se rétablir. Il s'est contenté de protester devant les évêques, et d'appeler au Saint-Siége, où JésusChrist a établi la primauté du sacerdoce. »>

Le Pape ordonna ensuite que l'on fît entrer saint Wilfrid qui était à la porte de la salle. On lut sa requête, où il prenait le titre d'évêque de Saxe, et marquait qu'il avait déjà instruit le Pape, de vive voix et par écrit. Il se plaignait de ce qu'on l'avait déposé injustement, et ordonné trois évêques à sa place. « Je n'ose » dit-il « accuser Théodore, parce qu'il a été envoyé par le Saint-Siége; mais si vous jugez que je ne sois plus évêque, je me soumets humblement: je vous prie seulement de chasser par votre autorité les usurpateurs de mon diocèse. Si l'archevêque et les évêques mes confrères trouvent à propos d'augmenter le nombre des évêques, qu'ils les choisissent dans un concile, et les tirent du clergé de la même Eglise, j'obéirai absolument aux décrets du Saint-Siége. » On voit ici que le principal prétexte de la déposition de saint Vilfrid était que le pays avait besoin d'un plus grand nombre d'évêques.

Après la lecture de sa requête le Pape loua sa conduite et sa soumission, et le concile prononça qu'il serait rétabli dans son évêché; que ceux qui y avaient été mis irrégulièrement seraient chassés; mais que les évêques qu'il choisirait avec le concile assemblé sur les lieux pour lui aider, seraient ordonnés par l'archevêque le tout sous peine de déposition et d'anathème, contre les évêques, les prêtres et les diacres, et d'excommunication contre les autres, même contre les rois. Saint Wilfrid demeura encore à Rome plus de quatre mois.

En effet il assista au concile que le Pape Agathon tint le troisième jour de Pâques, c'est-à-dire, le mardi 27 mars 680, afin de nommer des députés pour aller à Constantinoole, suivant le désir de l'empereur. Ce

concile se composa de cent vingt-cinq évêques assemblés de toutes les parties d'Italie: premièrement des provinces immédiatement soumises au Saint-Siége, la Campanie, les Brutiens, la Calabre et les autres plus voisines de Rome et de Sicile; ensuite, de la province de Milan, dont l'archevêque Mansuet assistait au concile avec Jean de Bergame, Anastase de Pavie, et plusieurs autres.

Il ne nous reste de ce concite que les deux lettres de l'empereur; l'une au nom du Pape en particulier, l'autre au nom du concile toutes deux adressées, non-seulement à Constantin, mais à ses frères Héraclius et Tibère, qui portaient aussi le titre d'Auguste. La lettre du Pape est très-longue; en voici la substance: Nous avons reçu avec une grande consolation vos lettres adressées au Pape Donus, notre prédécesseur, par lesquelles vous nous exhortez à examiner la vraie foi. Aussitôt j'ai commencé à chercher des personnes telles que le malheur des temps et l'état de cette province permettent de les trouver. J'ai pris le conseil de mon clergé, et des évêques voisins de ce siége, mais il a fallu du temps pour assembler ceux que nous attendions des provinces les plus éloignées, où mes prédécesseurs ont envoyé prêcher la foi; sans parler de mes maladies continuelles.

Donc, pour vous rendre l'obéissance que nous vous devons, nous vous envoyons nos vénérables frères les évêques Abundantius, Jean et un autre Jean; et nos chers fils Théodore et Georges, prêtres, Jean, diacre, et Constantin, sous-diacre de notre église; Théodoret, prêtre, légat de l'église de Ravenne, avec des moines serviteurs de Dieu. Ce n'est pas par la confiance que nous avons en leur savoir, car comment pourrait-on trouver la science parfaite des Ecritures, chez des gens qui vivent au milieu des nations barbares, et qui gagnent à grand peine leur nourriture chaque jour par leur travail corporel? Seulement nous gardons avec simplicité de cœur la foi que nos pères nous ont laissée, demandant à Dieu comme notre principal avantage, de conserver et le sens et les paroles de leurs décisions, sans rien ajouter ni diminuer. Nous avons donné à ces députés quelques passages des Pères, avec les livres mêmes, pour vous les présenter quand vous l'ordonnerez, et vous expliquer la foi de cette Eglise apostolique, votre Mère spirituelle, non par l'éloquence séculiere, dont ils sont dépourvus, mais par la sincérité de la foi que nous avons apprise dès le berceau; et nous vous supplions de les écouter favorable

ment.

Le Pape explique ensuite la foi de l'Eglise sur la Trinité et l'Incarnation, principalement par rapport à la question des deux volontés, sur laquelle il dit nettement que les trois personnes divines, n'ayant qu'une nature, n'ont aussi qu'une volonté; mais qu'en Jésus-Christ, comme il y a deux natures, il y a deux volontés et deux opérations.

montre que le Saint-Siége n'a jamais erré, et ne s'est jamais écarté du chemin de la vérité, en vertu de la promesse faite à

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AGA

DES PAPES.

saint Pierre. et que ses predécesseurs n'ont jamais cessé d'exhorter les hérétiques pour les ramener. Ensuite il prouve la distinction des deux volontés, par les passages de l'Ecriture expliqués par les Pères. Il y joint la définition du concile de Chalcédoine, et celle du cinquième concile; puis, plusieurs passages des Pères grecs en original, et des Pères latins traduits en grec, de saint Grégoire de Nazianze, de saint Grégoire de Nysse, de saint Chrysostome, de saint Cyrille d'Alexandrie, de saint Hilaire, de saint Athanase, de saint Denis l'Aréopagite, de saint Ambroise, de saint Léon. Le Pape Agathon fait l'application de tous ces passages, et ajoute: On y pourrait joindre ceux qui ont combattu pour le concile de Chalcédoine, savoir: Jean évêque de Scythopolis, Euloge d'Alexandrie, Ephrem et le grand Anastase d'Antioche.

D'ailleurs, il rapporte les passages des anciens hérétiques, qui ont soutenu qu'il n'y avait en Jésus-Christ qu'une opération et une volonté d'Apollinaire, Sévère chef des acéphales, de Nestorius, de Théodose d'Alexandrie; puis des nouveaux hérétiques, c'est-à-dire des monothélites; Cyrus, Théodose de Pharan, Sergius, Pyrrhus, Paul et Pierre de Constantinople, et relève leurs contradictions. Après avoir ainsi prouvé la vérité de la foi catholique, il exhorte l'empereur à se servir de sa puissance pour la défendre, et délivrer l'Eglise de ceux qui la combattent. Puis il ajoute : Si l'évêque de Constantinople enseigne avec nous cette doctrine, il n'y aura plus de division; s'il embrasse la nouveauté, il en rendra compte au jugement de Dieu. Il finit en priant l'empereur de donner une entière liberté à quiconque voudra parler pour la foi catholique. Telle est la lettre particulière du Pape Agathon.

Les légats du Pape étant arrivés à Constantinople, l'empereur assembla un concile dans un salon du palais appelé Trullus, c'est à-dire dôme. Ce prince y présida. Les légats du Pape y parlèrent les premiers; on lut les lettres du Pape Agathon, et on les approuva; le concile prononça son jugement contre les monothélites. Ce concile est le sixième général.

Au reste, le Pape Agathon ne survécut pas longtemps, car on croit qu'il mourut à la fin de l'an 681, après avoir tenu le Siége deux ans et demi. Ce Pape se rendit recommandable par toutes sortes de vertus, et principalement par une douceur naturelle, nêlée de gaieté et accompagnée d'un grand fonds d'humilité et de modestie, qui le fit aimer de tout le monde. Sa charité pour le prochain éclata principalement dans une peste très-violente, dont Dieu affligea la ville de Rome et une grande partie de l'ItaLie. Il combla de ses bienfaits le clergé et les églises de Rome, et abolit le tribut que les Papes payaient à l'empereur au sujet de leur élection. Les miracles nombreux qu'il opéra lui méritèrent le surnom de Thaumaturge. On cite surtout qu'il guérit un lépreux en lui donnant un baiser. Il fut en

terré à Saint-Pierre, le 10 janvier 682, jour auquel l'Eglise l'honore comme saint, et il eut pour successeur Léon II.

ALBERT, antipape [1100].-Voy. PASCAL II. ALEXANDRE I (Saint) était Romain de naissance, et dès ses premières années il fit paraître une sagesse au-dessus de son âge. Il fut le cinquième successeur de saint Pierre, et prit la conduite de l'Eglise en 109, après la mort de saint Evariste, et sous le règne d'Adrien. Cet empereur ayant fait cesser la persécution que l'empereur Trajan avait suscitée contre les Chrétiens, l'Eglise, durant une grande partie de ce pontificat, jouit d'une parfaite tranquillité. On ne connaît que peu de choses sur la vie de ce saint Pape. Il fut le premier qui, en mémoire de la Passion du Rédempteur des hommes, ajouta ces paroles au canon de la Messe : Avant qu'il souffrit, et ce qui suit, jusqu'à la forme de la consécration: Ceci est mon corps. I ordonna qu'on gardât dans les églises et les maisons l'eau bénite avec du sel et des prières, pour chasser l'esprit du mal. Il voulut aussi que l'on mît de l'eau dans le calice avec le vin, pour la consécration du sang du Christ, afin de nous représenter son union avec l'Eglise. Regardant le pain sans levain comme plus pur que tout autre, il prescrivit aux prêtres de s'en servir, pour ôter aux ébionites tout prétexte de calomnie. Il consacra trois diacres, cinq prêtres et cinq évêques. Ayant été arrêté durant la persécution de l'empereur Adrien, il fut chargé de chaînes par ordre du juge Aurélien, et, après avoir enduré la prison, le chevalet, les ongles de fer et le feu, il fut percé par tout le corps de coups de poinçons, et mourut le 3 mai de l'an 119 de JésusChrist, après avoir occupé le Siége pontifical pendant dix ans, deux mois, dix jours L'Eglise honore sa mémoire le 3 mai, et nous voyons même des marques de ce culte dans le canon de la Messe: Alexandre y est inséré après saint Ignace, évêque d'Antioche. Saint Alexandre le eut pour successeur dans son ministère pontifical saint Sixte I".

ALEXANDRE II, cent cinquante-quatrième Pape et successeur de Nicolas II, fut le contemporain de Constantin IX et de Romain Diogenète, empereurs d'Orient, et de Philippe I, roi de France. - La mort prématurée de Nicolas II, en 1061, vint mettre en question l'application de la constitution de ce Pape, décrétée par le concile de Rome, et qui établissait l'indépendance de l'élection pontificale. Tous les prélats incontinents, simoniaques, excommuniés, qu'avait frappés Nicolas II, et qui voulaient un Pape « qui eût de la condescendance pour leurs faiblesses, » envoyèrent à l'empereur d'Allemagne un message pour lui demander de nommer lui-même un Souverain Pontife. La cour convoqua aussitôt à Bâle, dans ce but, une réunion de tous les ennemis du Pape précédent. .

Les cardinaux, voyant ce qui se passait, se réunirent de leur côté, et envoyèrent un député en Allemagne pour conjurer l'orage.

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Alexandre. Il écrivit aussi au jeune roi Henri, se plaignant de ses ministres qui semblaient tantôt reconnaître le vrai Pape, et tantôt prendre le parti de l'antipape.

Mais le député, Etienne, cardinal-prêtre du Mont-Cassin, ne fut pas même reçu à la cour. En vain attendit-il une audience pendant sept jours il ne put l'obtenir, et fut obligé de revenir avec ses lettres cachetées. Alors Hildebrand, indigné de tant de mauvaise foi, convoqua les cardinaux, les évêques et les seigneurs fidèles à l'Eglise. Parmi ces derniers, en première ligne, se trouvaient Godefroi, duc de Toscane, et Robert Guiscard, chef des Normands. 'Ces hauts et pieux personnages ne furent pas longtemps à se décider. Anselme, Milanais, évêque de Lucques, fut élu Pape sous le nom d'Alexandre II. C'était un homme distingué par sa douceur, son savoir et ses mœurs austères. Dans cette nomination, on

s'était plu à garder encore des ménagements pour la cour impériale: car Anselme y avait été employé, et possédait toutes les bonnes grâces de l'impératrice. Cette élection ent lieu dans les premiers jours d'octobre 1061, après trois mois de vacance du Siége. Mais Anselme ne convenait pas le moins du monde aux mauvais évêques, aux prêtres scandaleux; il déplaisait encore plus aux seigneurs de l'Italie, qui firent tous leurs efforts et réussirent à persuader l'impératrice et les grands du royaume qu'on venait de leur faire l'injure la plus grave, en nommant un Pape sans leur avis et leur consentement. L'impératrice Agnès regarda donc cette élection comme nulle. Guibert de Parme, qui gouvernait le royaume d'Italie pour l'empereur, excita les évêques de Lombardie, la plupart simoniaques et concubinaires, à ne point recevoir ce Pape. Ils vouJaient un homme qui eût, disaient-ils, de la condescendance pour leurs faiblesses. Ils firent donc élire Abace Cadaloüs, évêque de Parme, sous le nom d'Honorius II. Il était lui-même infesté des mêmes vices. Etant arrivé à Rome avec ceux de son parti, on en vint aux mains. Il eut quelque avantage au premier combat, où quantité de Romains furent tués; mais Godefroi, duc de Toscane, étant survenu quelque temps après, Cadalous se trouva tellement pressé, qu'il ne put sauver même sa personne qu'à force de prières et de présents. It retourna donc à Palerme, sans toutefois abandonner son entreprise. Annon, archevêque de Cologne, célèbre par sa vertu et sa doctrine, et qui avait pris le gouvernement du jeune Henri, roi d'Allemagne, du consentement des seigueurs, fit tenir un concile à Osbot en Saxe, où Cadaloüs fut déposé. Pierre Damien composa, à cette occasion, un écrit en forme de dialogue, pour la défense du Pape Alexandre II, entre l'avocat du roi Henri et le défenseur de l'Eglise romaine. Cadaloüs fut condamné, en 1062, par tous les évêques d'Allemagne et d'Italie.

Cependant il se soutenait toujours, il avait même attiré à son parti Godefroy, duc de Lorraine. Pierre Damien l'ayant appris, lui écrivit sur ce sujet une lettre très-forte, le pressant de revenir à l'obéissance du Pape

D'un autre côté, les Romains, mécontents de ce que le roi avait voulu faire Cadaloüs Pape, sans les consulter, semblaient disposés à se révolter; c'est pourquoi la cour jugea à propos d'envoyer à Rome Annon; le Pape le reçut bien, et l'archevêque lui dit avec douceur et modestie: « Mon frère, comment avez-vous reçu le pontificat sans l'ordre et le consentement du roi mon maltre? car les rois sont depuis longtemps en possession de ce droit, et en même temps i! nomma les empereurs, par le consentement desquels plusieurs Papes étaient montés sur le Saint-Siége?» Mais l'archidiacre Hilde. brand et les évêques-cardinaux prouvèrent que l'élection pontificale devait être libre, et dirent à Annon: Sachez que selon les canons, les rois n'ont aucun droit à l'élection des Papes; et ils rapportèrent plusieurs. décrets las II, souscrit de 113 évêques. Enfin, après des Pères, entre autres celui de Nicoquelques contestations, l'archevêque de Cologne demeura bien convaincu qu'il n'avait rien de raisonnable à opposer, mais il prie le Pape d'assembler un concile en Lombardie, pour y montrer la justice de son élection; ce qui fut exécuté. Le Pape se rendit à Mantoue, et il se purgea par serment, devant le concile, de l'accusation de simonie élevée contre lui, et prouva, par de solides raisons, la validité de son élection Cadalous fut condamné comme simoniaque. Il ne se rendit pas néanmoins. Il vint à Rome une seconde fois en cachette, et ayan: gagné les capitaines et les soldats par argent, il s'empara de l'Eglise de Saint-Pierre. Mais le peuple étant accouru, les soldats prirent la fuite, et il fut obligé de sortir secrètement de Rome, dépouillé de tout. Durant le peu de temps qu'il survécut, il continua de se porter pour Pape légitime, sous le nom d'Honorius II, comme nous l'avons déjà dit.

Les moines de Vallombreuse étant venus à Rome accuser Pierre, évêque de Florence, le Pape Alexandre II tint, en 1063, un concile de plus de cent évêques. Les moines y dénoncérent publiquement l'évêque comme simoniaque et hérétique, déclarant qu'ils étaient prêts à entrer dans un feu pour le prouver; mais le Pape ne voulut ni déposer l'évêque ni accorder aux moines l'épreuve du feu. Ce fut sans doute à cette occasion que le Pape Alexandre fit une constitution adressée au clergé et au peuple de Florence, où il dit: Suivant le concile de Chalcédoine, nous ordonnons aux moines, quelque vertueux qu'ils soient, de demeurer dans leur clottre, conformément à la règle de saint Benott; nous leur défendons d'aller par les villages, les châteaux et les villes; et si quelqu'un veut prendre leur habit pour le salut de son ame, il pourra les consulier, mais dans leurs clottres. Ce concile de Rome fit douze

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