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CHAPITRE III.

Plusieurs évêques français, auxquels le saint Père adressa un bref pour demander leur démission, s'empressèrent d'adhérer à ses désirs.

Leur doyen d'âge, l'évêque de Marseille, vieillard de quatre-vingt-douze ans, écrivit à Mgr. Spina, le 21 septembre 1801.

« Je reçois avec respect et soumission filiale le bref que vous m'adressez de la part de notre saint Père le pape; plein de vénération et d'obéissance pour ses décrets, et voulant toujours lui être uni de cœur et d'esprit, je n'hésite pas à remettre entre les mains de Sa Sainteté ma démission de l'évêché de Marseille. Il suffit qu'elle l'estime nécessaire à la conservation de la religion en France, pour que je m'y résigne. >>

<< Par attachement pour la religion,

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écrivait le même jour l'évêque de Senlis ci-devant premier aumônier de Louis xvi, << pour conserver l'unité catholique, pour procurer l'avantage et le bien des fidèles et seconder les paternelles invitations de Sa Sainteté, j'abandonne volontairement et de plein gré le siége épiscopal de Senlis, et j'en fais la libre démission entre les mains de Sa Sainteté. »

L'évêque de Saint-Claude l'avait précédé. Il écrivait, dès le 16 du même mois : « Je respecte trop les ordres de Sa Sainteté pour ne m'y pas conformer. Aucun sacrifice ne me coûtera lorsqu'il s'agira du rétablissement de la religion et de la gloire de son divin Auteur. >>

«Evêque pour le bien des peuples, dit l'évêque de Saint-Papoul, je cesserai de l'être pour que rien ne s'oppose à leur union future, trop heureux de pouvoir, à ce prix, contribuer à la tranquillité de l'Eglise et à la prospérité des Français. >>

« Je me regarde comme heureux, écrivit dans le même esprit l'évêque d'Alais, de pouvoir concourir par ma démission, autant qu'il est en moi, aux vues de sagesse, de paix et de conciliation que Sa Sainteté

s'est proposées. Je prie Dieu de bénir ses pieuses intentions, et de lui épargner les contradictions qui pourraient affliger son cœur paternel. »>

Les démissions de plusieurs autres évêques respiraient les mêmes sentiments de paix, de déférence et de soumission.

D'un autre côté, plusieurs autres évêques qui étaient encore en exil, soit en Angleterre, soit en Allemagne, furent frappés d'un coup aussi inattendu ; ils éprouvèrent un vif effroi d'une mesure aussi extraordinaire, et adressèrent des réclamations au saint Père.

« .... Nous ne voulons pas parler ainsi, pour faire entendre qu'il nous est pénible et désagréable de faire un pas en arrière à travers ces temps de douleurs et de deuil; au contraire, dans notre faiblesse, nous éprouverions une consolation pour chacun de nous, et un bonheur ineffable pour tous, en nous voyant déchargés d'un si grand fardeau, si toutefois il était permis de penser à quelque consolation et à quelque bonheur, après que nos esprits ont été brisés sous le poids de tant de maux...

» Cependant, remplis de confiance dans

l'affection véritablement paternelle de Votre Sainteté à notre égard, nous espérons qu'elle ne déterminera rien de plus sur cette affaire, jusqu'à ce qu'elle ait pesé avec toute l'équité et toute la prudence dont elle est capable, les motifs que des fils allégueront devant un père si pieux.

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Cette lettre fut signée par quatorze évêques français, réfugiés en Angleterre, et ils demandaient qu'avant tout, le pape convoquât une assemblée de tous les évêques de l'église gallicane. Cette demande affligea beaucoup le saint Père, qui dit au cardinal Consalvi : « Nous entrons dans une mer d'afflictions. » Le cardinal lui répondit : « Je m'attendais à cette lettre, mais je ne croyais pas qu'elle dût arriver si tôt. Tout ici demande les plus graves méditations. Nous avons des intentions justes et religieuses; Dieu ne permettra pas que nous nous égarions. Cette assemblée de tous les évêques est-elle possible? Un décret bannit ceux qui nous écrivent, et les tient éloignés de la France, où commande avec tant de force une autre autorité que celle qu'ils honorent. Oui, des prélats vertueux gémissent dans l'exil, mais la France renferme tant

de catholiques qui n'ont pas de pasteurs!» Il n'en put pas dire davantage au saint Père qui le regardait avec une profonde

émotion.

Cette affaire fut lente; les démarches pour obtenir les démissions furent faites, du côté du saint Père, avec une sage et charitable réserve, parce qu'il n'ignorait pas jusqu'à quel point de tels sacrifices étaient amers pour des pasteurs, dont il compre

nait très-bien la résistance.

Le nombre des opposants se réduisit enfin d'une manière sensible; mais quelques-uns persistèrent dans leurs premiers sentiments, et s'exposèrent ainsi à perdre le mérite de tant de sacrifices qu'ils avaient faits pour la foi.

Ce fut vers cette époque que le corps du vénérable pontife, Pie vi, mort à Valence, fut transporté à Rome, sur l'autorisation qu'en avait donnée Bonaparte.

Le pape Pie vi, peu de temps avant de rendre le dernier soupir, avait confirmé un vœu déposé dans son testament, où il demandait que ses dépouilles, si Dieu le permettait, fussent transportées sous le tombeau des saints apôtres Pierre et Paul,

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