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NOTES

Page 3, ligne 1.

I

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[En cette partie du livre de ma mémoire avant laquelle peu de chose se pourrait lire.] Dante compare sa mémoire à un livre, et ce livre naturellement prend l'aspect des manuscrits de son époque, avec les rubriques, les paragraphes et les gloses. Dante a plusieurs fois employé cette allégorie du livre dans la Divine Comédie, notamment : Inf. 11, 8; xv, 88-89; Par. XVII, 91; XXIII, 52-54; XXXIII, 86. Ici le livre symbolique est partagé en deux parties par une rubrique ainsi conçue: INCIPIT VITA NOVA. sait que les rubriques dans les anciens manuscrits ne sont autre chose que les titres, généralement écrits en rouge (rubrica est le féminin d'un adjectif de basse latinité qui vient de ruber, rouge). Donc la mémoire de Dante est un livre, et ce livre est partagé en deux parties; le titre de la seconde partie est : Vita nova.

On

Avant cette rubrique, dans la première partie donc du livre de la mémoire, on aurait peine, dit Dante, à lire quoi que ce soit ; cette partie en effet renfermait les souvenirs de la première enfance, vagues et indistincts par nature. On s'est cependant demandé si Dante a laissé subsister dans son œuvre quelque trace de cette première partie du livre de la mémoire.

Il n'en reste point dans la Vita Nova, cela est bien certain, puisque le poëte nous en prévient dès l'abord: il place l'origine de ses amours à la fin de sa neuvième année et au début de la neuvième année de Béatrice. Mais il est permis de croire que Dante, en d'autres œuvres, dont une au moins est parvenue jusqu'à nous,

avait été chercher jusqu'en les circonstances plus ou moins fabuleuses de sa première enfance même, les symboles de sa vie amoureuse. On le discerne surtout dans une Canzone assez obscure et qu'il n'a pas insérée dans la Vita Nova (E' m'incresce. Cf. A. SANTI. Il Canzoniere di D. A. 1907. Vol. II, p. 360). Malgré les objections ingénieuses du dernier très distingué commentateur du Canzoniere Dantesque, je ne puis m'empêcher de croire qu'il s'agit, dans cette Canzone, de Béatrice, et dans cette stance du moins où le poète exprime ceci (vv. 57 sq.) : lorsque la dame « vint au monde », Dante en ressentit miraculeusement «< dans sa petite personne », une émotion singulière :

Lo giorno che costei nel mondo venne,
secondo che si trova

nel libro de la mente che vien meno,
la mia persona parvola sostenne

una passion nuova.

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Melodia ne peut admettre que le poëte ait pu rêver un fait aussi totalement invraisemblable et absurde que l'émotion ressentie par un enfant de six mois. Il veut donc que ces mots : « le jour que celle-ci vint au monde » soient pris en ce sens : « le jour où elle parut à mes yeux, vint au monde de mon amour. » J'avoue que je ne puis être de son avis et soutiendrais volontiers avec Barbi l'opinion contraire. D'abord on notera que la vraisemblance n'a rien à voir en toute cette affaire; c'est ici un lieu notoirement miraculeux, et une sorte de légende dorée amoureuse. Pas plus dans la mythologie des héros que dans les légendes hagiographiques, il n'est rare de voir se révéler dès le berceau, par des phénomènes étranges, quelque pronostic de la vie à venir des grands hommes. Mais surtout, m'arrêtant au texte, je constate que, dans la Canzone aussi bien que dans la Vita Nova, Dante se refère au « Livre de la mémoire »; en effet le mot mente, ici comme dans nombre d'autres Textes, veut dire mémoire; et quand nous lisons libro della mente, il Laut entendre livre de la mémoire. Continuons

Nel libro de la mente che vien meno;

on ne peut guère traduire que comme il suit : « dans le livre de la mémoire qui s'évanouit », ou, « qui s'anéantit », ou, « qui défaille ». De quoi peut-il bien s'agir sinon de cette partie du livre de la mémoire qui précède la rubrique INCIPIT VITA NOVA, de cette partie en laquelle tout s'efface et disparaît, de cette partie en laquelle « peu de chose se pourrait lire ». Il me semble très probable que la Canzone donne comme référence symbolique la première partie du livre de la mémoire, celle qui a trait à la première enfance.

Quand Dante entreprit de former un récit complet pour coordonner et illustrer les poëmes de sa jeunesse, il mit de côté assez naturellement une Canzone qui poussait si loin les fables symboliques. Il commença résolument à la neuvième année et à la rubrique : INCIPIT VITA Nova.

A plusieurs reprises Dante reprendra et continuera dans le présent livre les symboles tirés de la comparaison des manuscrits. Dans son chapitre initial, il donne à entendre que la Vtta Nova n'est autre chose qu'une copie ou un résumé de la seconde partie du livre de sa mémoire, une copie ou un résumé des « paroles » qu'il trouve écrites sous la rubrique de cette seconde partie. Des critiques ont voulu préciser mieux et se demander si par ce mot « paroles »> Dante avait voulu désigner les poëmes concernant son enfance, ou bien un récit supposé, qui aurait été écrit en prose. Il est bien clair que s'il avait voulu nous le dire, il l'aurait dit; il a employé au contraire le mot « parole », qui dans la langue de cette époque peut s'appliquer aux vers aussi bien qu'à la prose.

Dante nous instruit de ce qui lui plaît, et ne précise que quand il le croit bon. Il ne faut pas le serrer de trop près. S'il revient parfois à l'allégorie du manuscrit, on s'assurera qu'il n'y reste pas constamment fidèle. Son récit est loin de ressembler toujours à la transcription ou au résumé d'un récit original. Bien des faits, et surtout des poëmes de sa jeunesse sont volontairement omis; et d'autre part il lui arrive de se laisser entraîner en de longues digressions et morales et littéraires qui ne ressemblent pas à un récit.

del mio stato, e mandàlo a loro co lo precedente sonetto acompagnato, e con un altro che comincia: Venite a intender.

Lo sonetto lo quale io feci allora, comincia: Oltre la spera; lo quale ha in sè cinque parti. Ne la prima dico là ove va lo mio primo pensero, nominandolo per lo nome d'alcuno suo effetto. Ne la seconda dico per che va là suso, cioè chi lo fa così andare. Ne la terza dico quello che vide, cioè una donna onorata là suso e chiamolo allora << spirito peregrino », acciò che spiritualmente va là suso, e sì come peregrino, lo quale è fuori de la sua patria, vi stae. Ne la quarta dico come elli la vede tale, cioè in tale qualitade, che io no lo posso intendere, cioè a dire che lo mio pensero sale ne la qualitade di costei in grado che lo mio intelletto no lo puote comprendere; con ciò sia cosa che lo nostro intelletto s'abbia a quelle benedette anime, sì come l'occhio debole a lo sole: e ciò dice lo Filosofo nel secondo de la Metafisica. Ne la quinta dico che, avegna che io non possa intendere là ove lo pensero mi trae, cioè a la sua mirabile quali tade, almeno intendo questo, cioè che tutto è lo cotale de la mia donna, però ch' io sento lo suo nome spesso nel mio pensero : e nel fine di questa quinta parte « donne mie care », a dare ad intendere che sono donne coloro a cui io parlo. La seconda parte comincia quivi:

1. ARISTOTE, Métaphysique, II, 1.

pensare

dico

sonnet, qui narre mon état, et je le leur envoyai accompagné du précédent sonnet, et avec un autre qui commence: Venez entendre.

Le sonnet que je fis alors commence: Outre la sphère; lequel a en lui cinq parties. En la première je dis où va mon premier penser, le nommant par le nom d'un de ses effets. En la seconde je dis pourquoi il va là-haut, à savoir qui le fait ainsi aller. En la troisième je dis ce qu'il voit, à savoir une Dame honorée là-haut et je l'appelle alors esprit pèlerin, parce que spirituellement il va là-haut, et, comme un pèlerin, lequel est hors de sa patrie, y reste. En la quatrième je dis comment il la voit telle, c'est-à-dire en telle qualité que je ne la puis comprendre : c'est-à-dire que ma pensée monte, dans la qualité de celle-ci, à un degré tel que mon intellect ne le peut comprendre ; attendu que notre intellect est à ces bienheureuses âmes, comme notre œil débile au soleil, et c'est ce que dit le Philosophe au second livre de la Métaphysique. En la cinquième je dis que, (encore que je ne puisse comprendre là où le penser m'entraîne, à savoir à son admirable qualité), j'entends au moins ceci : à savoir que ce que je pense est de ma Dame, parce que j'ouis son nom souvent en mon penser. Et en la fin de cette cinquième partie je dis mes dames chères, pour donner à entendre que ce sont des dames à qui je parle. La seconde partie commence là: une intelligence nouvelle ; la troisième là: Quand il est arrivé; la quatrième là :

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