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Indiens étaient libres d'institution divine, et il sommait les surintendans de ne pas les dépouiller du droit commun de l'humanité. Les surintendans reçurent avec douceur ses remontrances les plus âpres ; les colons, moins modérés, faillirent le mettre en pièces. Après avoir été obligé de se cacher dans un couvent pour échapper à l'indignation publique, il repartit pour l'Europe, se promettant bien de soutenir toujours, envers et contre tous, la liberté de ses Indiens.

» En Espagne, il se contraignit jusqu'à faire la cour aux Flamands qui entouraient le trône du jeune roi (1517), et il obtint la révocation des surintendans. Mais comment les colonies pouvaient-elles subsister si les Américains, naturellement indolens, n'étaient forcés au travail ? Ce fut alors que Las Casas conseilla, dit-on, d'acheter des noirs en Afrique, dans les établissemens portugais, de les transporter à Espagnola, et de les employer comme esclaves à la culture du sol et à l'exploitation des mines.

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» Est-ce donc à Las Casas, au généreux protecteur des Indiens, qu'il faut imputer l'établissement de la traite des noirs ? Non, sans doute, car les Portugais avaient exercé ce trafic inhumain dès l'époque de leurs premières conquêtes sur les côtes occidentales de l'Afrique Vingt ans avant la découverte de l'Amérique, des esclaves nègres cultivaient la terre dans les îles de Saint-Thomas et d'Annobon. Il y en avait même en Amérique dès les premières années du seizième siècle. Las Casas ne vint à Espagnola qu'en 1502, et en 1501 une ordonnance d'Isabelle avait permis d'y transporter des esclaves nègres, pourvu qu'ils fussent nés parmi les chrétiens, et élevés dans la religion catholique En 1503, Ovando se plaignait qu'il y eût trop de nègres à Espagnola, et il demandait qu'il ne fût pas permis d'en importer davantage. En 1511, quand la population indienne fut si cruellement réduite, Ferdinand y suppléa en faisant acheter un grand nombre de noirs sur les côtes de Guinée. Enfin, en 1516, le roi Charles accorda à un de ses courtisans flamands le privilége de transporter 4,000 noirs en Amérique.

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» C'était donc un usage établi depuis long-tems, lorsque Las Casas l'approuva dans l'intérêt des Indiens, en 1517. Le cardinal Ximénès s'était, il est vrai, opposé à ce commerce;

mais ce n'était pas, comme l'a pensé Robertson, par esprit de justice et d'humanité; c'était par des motifs purement politiques. Cet homme, dont le regard plongeait au loin dans l'avenir, avait prévu la supériorité future de la race noire sur des colons amollis; il avait deviné, au commencement du seizième siècle, la république noire d'Haïti '.

» Quant à Las Casas, en tolérant la traite, il cédait à cette opinion généralement répandue que la race noire était inférieure à la nôtre. D'ailleurs, entre deux maux, il choisissait le moindre; il préférait l'esclavage d'une race fortement organisée à celui d'une population débile pour qui la servitude était un arrêt de mort. Mais le Flamand qui avait été autorisé à faire la traite, vendit son privilége 25,000 ducats à des marchands génois, et ceux-ci haussèrent tellement le prix des noirs qu'il s'en vendit trop peu pour les besoins d'Espagnola : le sort des Indiens en fut à peine amélioré.

» Las Casas, désespérant alors des établissemens déjà formés, voulut en créer un nouveau qui pût servir de modèle aux anciens. Il prétendait en exclure ces deux classes d'hommes qui fondent une colonie et qui la défendent, les navigateurs et les gens de guerre. Son projet était de n'admettre dans son établissement que trois espèces de personnes, des prêtres, des artisans et des cultivateurs. Il s'engageait à civiliser dix mille Indiens dans l'espace de deux ans, à les faire travailler sans les y forcer, et il promettait qu'en dix années la colonie serait assez florissante pour rendre au gouvernement un revenu de 60,000 ducats.

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Marsollier cite une lettre de Ximénès, où le cardinal avait développé ses idées au sujet des nègres qu'on proposait de transporter à Espagnola : il les regarde comme un peuple capable de résister aux plus grandes fatigues, mais en même tems très-hardi et très-susceptible de se multiplier; il ajoute que, si on les laisse devenir trop nombreux à Saint-Domingue, ils se révolteront infailliblement et asserviront à leur tour les Espagnols. Hist. du card. Ximénės, liv. v1.

• On avait calculé que le travail d'un noir équivalait à celui de quatre Américains. « Les Africains, dit un historien espagnol, se portaient si bien dans Espagnola qu'on croyait qu'un nègre ne mourrait pas à moins qu'il ne lui arrivât d'être pendu. Comme les orangers, ils trouvaient à Espagnola le sol qui leur était propre, un sol qui semblait même leur être plus favorable que celui de la Guinée où ils avaient pris naissance. » Herrera dec. 1, lib. II, c. 4.

» Autant on avait de respect en Espagne pour la piété de Las Casas, autant on se défiait de ses plans politiques. Cependant on lui céda, après beaucoup d'opposition, un espace de trois cents milles sur la côte de Cumana, près du golfe de Paria, en 1520. Il trouva un très-petit nombre d'artisans et de cultivateurs disposés à l'accompagner. Lorsqu'il arriva en Amérique, les Espagnols venaient de faire une guerre acharnée aux habitans de Cumana, et ceux-ci brûlaient de se venger. Las Casas, à peine installé avec les siens, sentit la difficulté de se soutenir sans soldats et presque sans armes contre des voisins aussi incommodes. Le danger devenait de plus en plus menaçant : Las Casas fut obligé d'aller solliciter lui-même du secours à Espagnola. Mais à peine fut-il parti qu'une nuée d'Indiens se jeta sur la colonie, et tous ces pauvres cultivateurs, artisans et ecclésiastiques, dont Las Casas attendait tant de merveilles, saisis de terreur et incapables de se défendre, s'enfuirent au plus tôt dans l'ile de Cubagua, où l'on avait établi une pêcherie de perles. La colonie de Cubagua fut elle-même désertée, et il ne resta pas un Espagnol sur la côte de Cumana, ni dans les îles voisines.

» Las Casas n'osant plus se montrer, alla s'enfermer dans le couvent des dominicains, à Saint-Domingue, et, plus tard, il écrivit l'histoire des malheurs qu'il n'avait pu empêcher 1.

» Lorsque la tyrannie espagnole dépeupla le Mexique comme Saint-Domingue, Las Casas essaya encore de se jeter entre les bourreaux et les victimes; il signale, avec une sainte indignation les crimes dont il fut témoin dans cette nouvelle conquête; il montre les Espagnols exterminant, sans scrupule et sans remords, une race qu'ils regardaient comme maudite. En 1542, il se trouvait à Madrid, toujours occupé, même dans ses vieux jours, de la cause sacrée à laquelle il avait consacré sa vie. Il apprit les excès de ses compatriotes dans le Pérou C'est alors qu'il rédigea son ouvrage sur la destruction des Indiens, livre qui est resté comme un monument de l'avidité féroce d'une nation, et de la charité céleste d'un chrétien. En présence de ces épouvantables massacres, on éprouve quelque soulagement en entendant une voix qui s'élève comme une immortelle protestation en faveur de l'humanité odieusement outragée.

L'ouvrage de Las-Casas, intitulé: Brevissima relacion de la destruycion de las Indias, ne fut écrit qu'en 1541 et 1542.

Theologie.

DE MATRIMONIO,

OPERA ET STUDIO J. CARRIERE, SANCTI SULPITII SEMINARII PRESBYTERI, VICARII GENERALIS PARISIENSIS 1.

La réputation que s'est acquise M. Carrière comme professeur au séminaire de Saint-Sulpice, faisait vivement désirer qu'il donnât au public une théologie complète. Sa modestie avait long-tems résisté à de pressantes sollicitations, mais enfin il a cédé à une volonté supérieure; son Traité du mariage a déjà paru, et il promet de faire imprimer successivement les autres traités de morale et de dogme.

Le Traité du mariage, dont nous rendons compte aujourd'hui, renferme toutes les questions de quelque utilité, que l'on peut agiter sur cette matière, moins l'empêchement d'impuissance et les devoirs des époux. Il en sera parlé dans un traité spécial, en même tems que du sixième commandement. Nous allons faire un résumé succinct de la plupart des questions qui sont traitées dans cet ouvrage.

Relativement au ministre du sacrement du mariage, l'auteur, après avoir exposé les motifs des deux partis, approuve la sage réserve de Leibermann, et incline toutefois avec lui, à regarder les contractans comme les ministres.

L'indissolubilité du mariage a été traitée avec force et érudition. On reproche quelquefois aux théologiens de se renfermer dans des considérations scolastiques, et pour ceux-là là scolastique est une science hérissée de mots barbares, d'abstractions creuses. Les lecteurs de cet ouvrage verront que l'auteur a placé la question à son point de vue le plus élevé, qu'il l'a 12 vol. in-8°, chez Méquignon jeune, rue des Grands-Augustins, no 9, prix 11 fr.-Abrégé du même ouvrage, 1 vol. in-12, prix 2 fr.

considérée sous le rapport de l'ordre social aussi-bien que sous celui de l'ordre religieux. Il a reproduit les belles considérations de MM. de Bonald, Barruel, Rastignac, Nougarède. Ainsi, il montre que l'égalité du contrat n'existerait pas pour la femme, si elle quittait son premier époux; que l'idée de pouvoir se séparer un jour, rend les unions moins intimes; que les enfans, partagés par le choix entre le père et la mère, outrageraient l'un en s'attachant à l'autre; que l'enfant intéressé dans le contrat des deux époux, a droit qu'il ne puisse être annulé par leur simple consentement; qu'il ne faut pas dissoudre la famille pour ménager de nouvelles chances à l'inconstance.

L'auteur s'est prononcé en faveur de l'autorité des princes sur le droit d'Apposer des empêchemens dirimans. Voici le résumé de cette question : pour dénier aux princes ce pouvoir, il ne faudrait pas s'appuyer sur une réserve faite par l'Église, , parce que les théologiens français auraient sur les ultramontains l'avantage du fait et du droit; en effet, aucun monument ne prouve cette réserve, et on peut nier que l'Église puisse la porter. Il devient alors nécessaire de recourir à la nature du mariage, ou à l'institution du sacrement : dans le premier cas, il faudra soutenir que les princes n'ont de pouvoir que pour annuler les effets civils, mais ce sera difficile à établir, eu égard à l'importance du lien du mariage dans l'ordre social, et à la comparaison que l'on peut établir entre ce contrat et les autres que le prince peut annuler dans le for intérieur. Dans le second cas, c'est-à-dire, si l'on suppose que le contrat du mariage, en devenant la matière du sacrement, cesse d'être sous l'autorité du prince, les preuves qu'on en donnera, se tireront comme conséquence de ce que le contrat a été élevé à la dignité de sacrement, ou de ce que J.-C. a voulu le soustraire au pouvoir temporel. Mais, quoique le contrat soit élevé à la dignité de sacrement, pour cela il ne cesse pas d'être un contrat naturel et civil; d'ailleurs, le prince n'annule pas le sacrement, seulement il en détruit la matière première. Recourir à une volonté expresse de J.-C., c'est faire une assertion gratuite, rien n'en montrant l'existence dons l'écriture ni dans la tradition.

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