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qu'une femme viendrait réparer le mal qu'une femme avait fait......

Cette attente universelle est prouvée par le temoignage des croyances des divers peuples du monde : Au Thibet, au Ja>pon et dans une partie de la presqu'île orientale de l'Inde, c'est »le Dieu Fo, lequel, pour sauver les hommes, s'incarne dans le sein de la jeune fiancée d'un roi, la nymphe Lamoghiuprul, la plus belle et la plus sainte des femmes. A la Chine c'est Sching-mou, la plus populaire des déesses, qui conçoit par le, simple contact d'une fleur des eaux; son fils, élevé sous le pauvre toit d'un pécheur, devient un grand homme et fait des miracles. Les Lamas disent que Bouddah est né de la vierge » Maha-mahai. Sommonokhodom, le prince, le législateur et le » Dieu de Siam, doit également le jour à une vierge que les » rayons du soleil ont rendue féconde. Lao-tseu s'incarne dans le sein d'une vierge noire, merveilleuse et belle comme le jaspe. L'Isis zodiacale des Égyptiens est une vierge mère. Celle des Druides doit enfanter le Sauveur futur. Les Brahmes enseignent » que, lorsqu'un Dieu s'incarne, il naît dans le sein d'une » vierge par opération divine, etc. »>

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Comme on le voit, toutes ces croyances payennes ne sont que la vérité enveloppée de ténèbres. Qu'on rassemble les traits épars de ces croyances altérées, et l'on refait dans presque tous ses détails l'histoire de la Vierge et du Christ.

L'auteur passe ensuite aux prérogatives accordées à la mère du Dieu de l'univers, à son immaculée conception qu'il appuie sur le témoignage de la croyance universelle de l'Eglisc. Puis vient sa naissance, ses premières années, passées dans le calme et la retraite, dans l'occupation des simples choses de la vie, sa présentation au pontife, son séjour dans le temple, asile naturel de la plus sainte et de la plus pure des femmes; son. union avec le charpentier, Joseph, issu de la race de David. Rien de plus suave et de plus gracieux que le récit de cette cérémonie célébrée selon les coutumes de l'époque et des lieux. Mais bientôt la mission sacrée de Marie va s'accomplir. L'ange Gabriel vient lui révéler qu'elle sera mère du Dieu qui l'envoie, et Marie, «la vierge innocente et pure, met au monde, sans » secours et sans douleur, un être tendre, patient, miséricor-

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» dieux comme elle, sage, fort, puissant et éternel comme Dieu : le Schilo de Jacob, le Messie des oracles, le Christ des chrétiens, celui que David nommait son Seigneur, et que les anges » adorent au plus haut des cieux en se voilant la face de leurs

> ailes..

A la joie d'être mère de celui qui doit sauver le monde, succède pour Marie une suite de douleurs; c'est la fuite en Egypte, la terre de l'exil, pour échapper à la proscription d'Hérode; et après de courts instants de bonheur et de gloire, après l'entrée triomphante à Jérusalem, toutes les tortures du jugement, de la condamnation d'un fils, toutes les angoisses de l'agonie et de la mort du calvaire. Marie survit à Jésus, et parvenue à un âge avancé, termine une vie si belle, si féconde et si pure, pour aller rejoindre le sein de Dieu et devenir la patronne de l'uni

vers.

A l'histoire de la vie mortelle de Marie, M. l'abbé Orsini a joint celle de son culte. Rassemblant une foule de traits épars il nous montre cette dévotion d'abord naissante, et grandissant toujours à travers les siècles.

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Le directeur des Annales, M. Bonnetty, a déjà consacré un long article 1 à la vie de Marie, et recueilli la plupart des traditions éparses, dans les pères et les historiens, sur la vie et la mort de la mère de Dieu. Il y a même ajouté un des plus anciens portraits qui nous ait conservé ses traits, et les premières mẻdailles que l'on ait frappées en son honneur. Nous voyons avec plaisir que M. Orsini a profité de ces travaux en citant un fragment de cet article. Nous ne pouvons donc nous étendre plus au long sur ce sujet.

Nous n'entrerons pas non-plus dans l'examen des sources auxquelles a puisé M. Orsini. Nous le louerons d'avoir, dans le choix des matériaux qu'il a employés, donné la préférence aux faits, sur la foule des légendes, plus pieuses que certaines, transmises par les fidèles admirateurs de Marie. Malgré cette judicieuse réserve, il a su éviter la stérilité et la sécheresse de presque tous les auteurs qui l'ont précédé. Cet avantage il le doit au plan qu'il's'est tracé, et à la manière simple et sage avec

Voir le N° 49, t. xx, p. 53.

laquelle il a groupé les faits, et au style clair et brillant qu'il a adopté.

Cependant, tout en reconnaissant à sa diction des qualités précieuses, nous lui reprocherons d'avoir trop cherché ce frivole avantage. Un style noble, soutenu, pur et sévère sans exclure la grâce, nous eût paru plus conforme au sujet, que cette élégance souvent extrême, et cet éclat plus brillant que solide dont on abuse tant de nos jours. En sacrifiant à cette exigence, il nous semble avoir enlevé à son ouvrage un mérite réel: celui de la conformité du fond et de la forme, et une œuvre de ce genre n'avait pas besoin de ce luxe inutile et décrédité.

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Malgré ces légères taches, l'Histoire de la mère de Dieu est un livre remarquable à plus d'un titre. Il sort de la foule des productions que nous voyons chaque jour naître et mourir. On le lira avec intérêt et avec fruit, et nous croyons pouvoir lui prédire un beau succès, car il a ce qui le donne : un sujet plein d'intérêt, mis en œuvre avec talent.

UNE SOIRÉE EN FAMILLE,

Par M la princesse de Craon 1.

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A une époque où la religion et le bon goût ont si souvent à gémir, lorsqu'il paraît un ouvrage d'imagination ou de littérature, c'est un bonheur que d'avoir à annoncer une nouvelle production de Ma la princesse de Craon, qui, comme on le sait, occupe une place si distinguée parmi le petit nombre d'auteurs qui sont restés fidèles à ces pures traditions de religion, de bon goût, et aussi de respect pour les jeunes esprits qui doivent se nourrir de leurs ouvrages. La Soirée de Famille qu'elle vient de publier, n'est pas un livre d'instruction ou de morale sèche et décharnée; ce n'est pas non plus ce que l'on entend communément par roman; c'est un mélange d'imagination, de piété, d'érudition même, où la fiction vient au secours de la réalité, quand celle-ci seserait trop aride.

⚫ Chez Gaumes frères, libraires, rue du Pot-de-Fer-Saint-Sulpice no 5; prix, 3 fr. Se vend au profit de l'OEuvre de la Miséricorde fondée pour soulager par le travail les pauvres honteux.

D'abord c'est l'histoire d'une jeune femme, Emmeline, belle, jeune, heureuse, tombant tout d'un coup d'un ciel de bonheur et de jouissance, dans une profonde misère, et mourant parce que, malgré sa vertu, son courage et sa résignation, il n'existait pas d'association de personnes charitables, venant en aide aux femmes réduites à travailler pour vivre; et puis vient Olivier, ame neuve et naïve, aimante et artistique, qui de Paris, où il est venu passer une saison, écrit à une amie qu'il a laissée auprès de sa mère, et lui décrit Paris, ses monumens, son séjour, ses sociétés. A la connaissance profonde des personnes et des choses, à la perfection des détails, aux remarques fines et délicates, à la causticité et à la vérité de quelques traits lancés contre les hommes et contre les femmes aussi, il est facile de reconnaître que le jeune provincial a rencontré à Paris un guide exercé. Nous sommes étonnés même que ce jeune homme ait pu trouver le tems, au milieu des préoccupations du monde, de fouiller les manuscrits de notre grande bibliothèque, et d'y déterrer, puis de déchiffrer et de traduire, une vieille et charmante chronique de madame sainte Geneviêve, en français et en latin. C'est là une précieuse découverte, et qui seule suffirait pour faire rechercher et lire la Soirée en Famille.

L'on pourrait beaucoup citer, d'un semblable ouvrage. Voici pour échantillon un passage d'une lettre d'Olivier, qui, après avoir décrit l'établissement des Incurables, où les filles de saint Vincent de Paule, ministres du Ciel pour répandre ses bienfaits sur la terre, sont représentées, se multipliant pour le bien avec un visage doux et riant, ajoute: « Nous ne pûmes nous empêcher » de penser que la mémoire des grands hommes's'efface et périt, >> mais que celle des saints de Dieu et des héros de la charité semble >> s'accroître sans cesse et prendre chaque jour un nouvel éclat. » Le grand maître, le roi du roi, le fier Richelieu, privé de des>>cendans, n'a plus qu'une froide tombe à la Sorbonne; tandis » que Vincent, le pauvre missionnaire, le prêtre obscur et humble, compte dans les deux mondes une chaste et innombrable » postérité. Ces deux hommes ont partagé leur siècle; l'un a pris le sceptre, l'autre la croix, et le premier est devenu le dernier.»> 'Il appartenait à celle qui sent si bien le bonheur de soulager les misères de ce monde de parler ainsi de saint Vincent, de

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cet apôtre de l'humanité. Dans ces lettres d'Olivier, il y a une peinture suave d'un amour qui n'a pu être créé qué par l'imagination d'une femme. C'est un charmant type de jeune fille, que celui de Blanche; ame forte et élevée qui, se croyant trop éloignée d'Olivier, plus riche qu'elle, refuse son amour et sa main, avec cette vertu calme et indifférente en apparence, qui tient ferme contre toutes les instances d'Olivier, et même contre une maladie qui brise son corps sans plier son âme, et ne cède qu'aux sollicitations de la mère même d'Olivier; mais c'est dans l'ouvrage qu'il faut suivre cette charmante bluette de sentiment échappée à une surabondance de l'âme. On s'y intéresse avec charme, parce qu'elle a la vertu pour base. C'est dans ces lettres aussi, d'un naturel exquis, d'une variété attachante, que se trouvent les traditions de la vie de sainte Geneviève, selon le latin du manuscrit de la bibliothèque royale dont nous avons parle. Cette histoire de la patronne de Paris a la couleur du tems, et rappelle avec délices les vieilles histoires contées à l'enfance, sur cette vierge qui sauva Paris, et qui arracha une jeune fille du guichet de la mort. Olivier, dans un moment de désillusion du monde, s'écrie: Pourquoi pleure-t-on sur le » cercueil d'un enfant? pitié cruelle! regrets insensés ! heureuse, >> mille fois heureuse est l'âme innocente et paisible qui, avant » d'avoir reçu la plénitude de l'intelligence, s'endort un moment » au bruit de la terre pour se reveiller belle et pure dans le sein » de Dieu! Oh! oui, placez une couronne de fleurs et un voile >> blanc sur ce cercueil. Il n'y a dans cette destinée rapide que >> du bonheur certain, que de la joie éternelle.... Pauvre mère! >> sèche tes larmes; celui que tu aimais plus que toi-même a » dévancé l'heure de la délivrance, et, malgré ta tendresse, il » ne voudrait pas revenir dans tes bras..... »

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Il y a dans ces lignes un charme de vérité qui fait penser au néant des biens de la vie, et à la durée de ceux qui attendent l'innocence dans ce monde meilleur promis à la vertu.

Dans l'histoire fantastique et merveilleuse d'Ethelred, sire de Coucy, l'imagination brillante de Madame de Craon s'est exercée avec un nouveau succès à retracer les mœurs des preux du vieux, tems de la chevalerie. Elle peint avec une vervc entraînante les faits héroïques de cette croisade, où Louis-le-Jeune et sa belle

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