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ET DE SES CONTEMPORAINS, PAR FREderic hurter ';

Premier Article".

Comment il faut écrire l'histoire.

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Observations critiques. Vie d'Innocent, à Paris, à Bologne.-Son entrée aux affaires.-Les croisades justifiées.-Élection d'Innocent. —Des rapports de l'Église et de l'état. --Il réforme sa maison,--Rend à l'Église son indépendance.-Son intervention dans les affaires d'Allemagne,-dans le divorce de PhilippeAuguste.

Cette vie d'Innocent III, fruit de vingt ans de travaux, et que l'Allemagne a reçue avec de si grands éloges, est l'œuvre d'un ministre protestant, M. Frédéric Hurter, de Schaffouse, ville à laquelle l'histoire devait déjà le célèbre Jean de Muller. Nous ajouterons, à l'honneur du gouvernement et du clergé de Schaffouse, que M. Hurter a été élevé à la première dignité

Geschichte Papst Innocenz des Dritten und seiner Zeitzenossen, durch Friedrich Hurier. Hambourg, F. Perthes, 1836, 2 vol. in-8°.

L'article que nous publions ici, est extrait des Annales des sciences religieuses de Rome. Nous l'avons traduit pour faire connaître à nos lecteurs la science qui préside aux travaux de ce recueil, et aussi pour les mettre à même de juger de cette histoire du pape Innocent III de Hurter, qui n'est pas encore traduite en français, mais qui le sera bientôt par les soins de M. Alexandre de Saint Chéron. M. l'abbé Esslinger, auteur de cet article, était en 1830 un des rédacteurs des Annales, qui ont inséré de lui un excellent travail intitulé: De la réunion de tous les chrétiens dans une même église, tome 1, page 207. Le directeur, A. B.

ecclésiastique du canton, malgré la justice complète qu'il rend, comme nous verrons, à un pontife romain, et à la plupart des doctrines et des institutions de l'Eglise catholique.

C'est en parcourant, il y a vingt ans, le recueil des lettres d'Innocent III, que M. Hurter conçut le projet et prit la résoJution de consacrer tout son tems et toutes ses forces à écrire la vie de ce pape, dont l'esprit s'éleva à l'idée la plus vaste et la plus sublime qui ait jamais été conçue du souverain pontificat, et cette idée fut réalisée sous son règne, dans toute son étendue et toute sa grandeur. Mais M. Hurter s'aperçut bientôt qu'écrire la vie d'Innocent, c'était embrasser l'histoire entière de son tems. En effet, la vie d'un pape du moyen-âge est un fragment de l'histoire universelle, dont on perdrait bientôt l'intelligence si l'on en retranchait le chef de l'Eglise, qui seul peut en donner la clef; ce serait vouloir décrire un cercle sans le centre de sa circonférence.

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que

« Innocent III, dit-il, partagea avec ses contemporains la » croyance à l'origine divine de la papauté, et il ne douta pas la providence ne l'eût choisi pour en soutenir le poids. >> Pour le juger avec équité, il s'agit seulement de voir s'il a digne>>ment compris cette divine institution, et s'il a consacré toute » la puissance de son vaste génie, et tous les instans de sa vie à >> procurer les plus grands avantages possibles à la chrétienté. >> Que la croyance qui le faisait agir, considérée en elle-même, » soit vraie ou fausse, conforme ou non à la doctrine bien en>> tendue de l'Evangile, bien ou mal fondée sur la parole de Jésus-Christ, c'est une question d'une grande importance qui » appartient à la polémique théologique, mais dont l'histoire n'a >> point à s'occuper. Il suffit seulement à l'histoire de savoir que > cette croyance dominait à une certaine époque, et se liait à une > institution qui exerçait une souveraine et universelle influence, › A mettre les choses au pis, on peut éluder toute espèce d'objec» tion, en prétendant que les institutions dont le genre humain » a besoin, pour ses intérêts les plus élevés, changent et ne » peuvent pas toujours rester les mêmes. C'est sur ce principe » que se sont fondés les plus accrédités d'entre les historiens, » qui, reconnaissant dans le christianisme une révélation de >> Dieu, admettent l'influence salutaire et conservatrice de la TOME XVI.-N° 94. 1838.

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» papauté à l'époque dont nous partons, ainsi que la grandeur › morale et intellectuelle des hommes qui occupèrent dans ces >> tems la chaire de Saint Pierre. Quoi de plus injuste que de »répúdier les sublimes qualités de l'intelligence et du caractère, uniquement parce que nous n'approuvons point les formes › extérieures et les circonstances accidentelles avec lesquelles >> elles ont dû se manifester? Les papes, et Innocent plus qu'aúcun autre, ont été mal jugés, parce qu'on les a jugés sans » considérer, comme on le devait, le tems où ils ont vécu et les devoirs de leur charge. Mais les préjugés disparaissent » devant les lumières de l'histoire véridique, et l'histoire doit être » telle pour mériter réellement le nom d'histoire. Un écrivain doit rapporter les faits accomplis, et non point les traduire >> au tribunal de son siècle, dont les idées ne sont point la règle >> absolue du bien et du vrai »

Ces principes méritent d'être médités par quiconque veut écrire l'histoire. Une ou deux réflexions cependant semblent émises par l'auteur dans le désir de montrer à ceux de sa religion qu'on peut parler d'un pape et de sa dignité, comme il l'a fait dans son ouvrage, sans cependant admettre la doctrine catholique sur la papauté. Ainsi, il dit que l'histoire n'a 'nullement d examiner si Jésus-Christ a établi ou non un chef visible de son Eglise, afin que les lecteurs protestans comprennent que, en reconnaissant que la conduite d'Innocent a été ce qu'elle devait être, par la persuasion qu'il avait d'être le vicaire de Jésus-Christ sur la terre, l'écrivain n'est point obligé d'admettre que cette croyance fût fondée sur le christianisme pur et bien compris. On pourrait peut-être répondre que la vérité ou la fausseté de la croyance dont il s'agit dépend de certains faits et de certaines paroles de Jésus-Christ et de ses disciples; que tous les faits appartiennent à l'histoire; que d'ailleurs il ne peut jamais être indifférent pour un biographe d'examiner si celui dont il écrit la vie l'a consacrée à la cause de la vérité ou de l'erreur, et, en supposant ce dernier cas, s'il a été trompeur ou trompé......' Un tel examen est indispensable pour qu'un bio

L'un est aussi difficile à supposer que l'autre. Cette difficulté nous paraît être une preuve de la vérité catholique, quant à l'origine divine

graphe puisse nous donner une idée vraie et juste, tant du caractère et des principes de son héros que de la force et de la -pénétration de son esprit. Cette impartialité absolue qui consiste à oublier ses propres doctrines est assez difficile, surtout en matière de religion, et peut-être même impossible, excepté pour les indifférens. Si la majorité des historiens protestans s'est montrée si injuste envers nos souverains pontifes, c'est le résultat de leurs préjugés dé secte et de leurs erreurs dogmatiques. Si M. Hurter était imbu de ces erreurs, si le pontife romain était pour lui l'Antechrist, et son autorité un pouvoir usurpé, sans aucun fondement sur la parole de Jésus-Christ, s'il ne penchait pas plus qu'il ne le croit peut-être vers la foi catholique, il ne serait jamais arrivé à nous faire un don aussi magnifique par la composition de cette histoire d'Innocent III et de son siècle. Les vrais principes, dans une science, conduisent à de saines doctrines dans une autre. Ainsi, par une coïncidence que nous ne croyons nullement fortuite, ce siècle voit les historiens protestans rendre pleine justice à nos pontifes Léon I", Grégoirele-Grand, Grégoire VII, Innocent, etc., tandis que les autres protestans, écrivains dogmatiques et interprètes de l'Ecriture, se montrent plus favorables que par le passé au sens catholique des textes sacrés, qui forment la base dogmatique de notre foi sur le gouvernement visible de l'Eglise.

Il y a dans le texte, cependant, quelques expressions qui méritent un examen attentif. M. Hurter parle des institutions nécessaires aux intérêts les plus élevés du genre humain, et dit que ces institutions changent et ne peuvent pas rester les mêmes dans tous les tems. Les intérêts les plus élevés (das kahere Wohl) du genre humain sont : la vérité, la justice, ainsi que les autres vertus et

du souverain pontificat. Et comment serait-il possible, en effet, que l'esprit profond et pénétrant de quelques-uns de nos grands pontifes n'eût point découvert l'erreur, si l'erreur eût existé? et s'ils l'avaient découverte, comment pouvoir concilier leurs austères et saintes maximes avec l'adoption d'une morale aussi équivoque et aussi relâchée que celle qui permettrait de se faire passer, contre leur propre conscience, pour les vicaires du Christ, de se servir de l'erreur, fût-ce même pour le bien, et de se prétendre revêtus d'une autorité mensongère ?

(N. de l'auteur de l'article).

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le salut de l'âme immortelle; puisque le règne universel de la vérité et de la justice assurerait au genre humain une existence heureuse ici-bas sur la terre, et si tous les hommes possédaient et mettaient à profit les vrais moyens de salut, il en résulterait une félicité correspondante pour toute la race humaine après la mort. Voilà les intérêts les plus élevés du genre humain. Les institutions qui y satisfont, ou prétendent y satisfaire, sont les institutions religieuses. Plusieurs, non-seulement dans des tems différens, mais encore à une même époque, prétendent satisfaire aux besoins les plus élevés du genre humain; une seule cependant y satisfait réellement, toujours et partout ainsi donc une seule est véritablement nécessaire, et c'est l'Eglise de Dieu. On peut distinguer dans l'Eglise trois ́états, ou trois établissemens successifs : les Patriarches, la loi Mosaïque et le Christianisme. Les deux premières institutions ne pouvaient être éternelles, parce qu'elles n'étaient point assez parfaites pour satisfaire dans tous les tems aux intérêts les plus élevés du genre humain. Mais il n'en a pas été ainsi de la troisième, c'est-à-dire du Christianisme déposée en germe dans l'Ecriture Sainte et la tradition apostolique, elle s'est développée de plus en plus dans la succession des siècles, sur le fondement posé par Jésus-Christ. Jamais il ne viendra un tems où ces grands intérêts du genre humain, que nous avons signalés, reclament une institution nouvelle, ou le changement de celle qui existe, dans une de ses parties constitutives. Si donc la papauté est une partie constitutive de l'établissement de JésusChrist, et si l'autorité étendue des souverains pontifes, dans le moyen-âge, est fondée sur l'idée clairement et pleinement conçue d'un règne de Dieu sur la terre, un tel pouvoir suprême sera toujours nécessaire dans la société humaine et chrétienne, comme l'Eglise même dont il forme une partie essentielle.

M. Hurter, comme protestant, peut nier cette conclusion; mais, dans tous les cas, il ne devait point parler en termes absolus, et dire que « les institutions, dont les hommes ont besoin

» pour les intérêts les plus élevés, ne peuvent pas être les mêmes » dans tous les tems. » C'est sous ce prétexte que se sont faits des changemens, ou pour mieux dire des bouleversemens, que notre estimable écrivain déteste autant que nous pouvons les

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