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se fit dans le Ciel comme une espèce de ruine et de crevasse.. Tous ces anges périrent, et c'est ce qu'il faut entendre par les colonnes du Ciel qui furent rompues. Lucifer ayant reçu le châtiment qu'il méritait, tourna sa colère contre l'image de Dieu, c'est-à-dire contre l'homme. Adam et Eve tombèrent dans ses filets, perdirent la justice originelle, et c'est ce qu'il faut entendre par les liens de la terre furent rompus, et la terre ne fut plus suffisante. Les supplices des anges sont assez clairement expliqués par cette région d'obscurité et de ténèbres, où Kong-kong fut jeté, et par l'abîme où il se précipita.

Le P. Prémare dit, en finissant ce chapitre : que le judicieux lecteur juge, par tous ces passages, si c'est sans fondement que j'ai avancé que l'on trouve dans les livres chinois des vestiges de la chute des anges. »

A. BONNETTY,

de la société Asiatique de Paris.

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Nous n'étions que trop fondé dans nos pressentimens quand nous disions dans notre dernier compte-rendu, que le nouvel ouvrage de M. de Lamartine était destiné à affliger tous les amis de la religion. Après avoir lu la Chute d'un Ange, on ne peut s'empêcher d'appliquer à son auteur le titre même de son ouvrage. En effet, quel affligeant abus du plus beau de tous les dons, celui de la parole! Quelle confusion! quelle incohé rence! Qu'est donc cet homme, pour avoir fait un semblable livre ?

Nous avons dû parler avec sévérité de son Jocelyn 1; mais Jocelyn est un chef-d'œuvre de bon goût, de décence, de talent et d'orthodoxie, en comparaison de la Chute d'un Ange. Il y a de tout là-dedans : rêveries de religion nouvelle; croyance à la magie; attaques contre les Écritures, contre les miracles, contre Jésus ; déisme grossier, panthéisme, matérialisme, négation du mal, tableaux et peintures obscènes; aucun respect pour la jeunesse, dont il était le poète favori; démentis à l'histoire et à toutes les traditions de l'humanité. Oui, c'est vraiment la chute d'un ange. Nous qui avons été de ses amis, qui avons aimé passionnément son Elvire, sympathisé avec cette figure si pure et si chrétienne, qui nous sommes enivrés de toutes ses harmonies, et qui avons essayé si souvent de chanter avec ses paroles et de prier avec ses accens, comment nous décider à relever toutes les inconvenances et toutes les erreurs

› Voir notre tome xii, page 195.

où il a précipité son Ange: chute funeste, chute double, d'esprit et de cœur; mais notre foi, grâce à Dieu, s'élève fort audessus de nos terrestres amours. Rouvrant done d'une triste main son volume, essayons avec douleur de suivre et de saisir la pensée errante et séparée de Dieu, du pauvre poète.

La scène se passe en Orient, et se rattache au voyage qué l'auteur y fit, et qui, livré au public, commença à faire connaître la singularité de ses idées religieuses. Nous y avons consacré un long article, où nous avons eu lieu de montrer les graves erreurs qui y étaient renfermées. Presque tous les journaux, religieux et autres, les signalèrent aussi. Le chef et le père des chrétiens désapprouva l'ouvrage par une censure publique. M. de Lamartine n'a tenu aucun compte de tout cela; et aujourd'hui, non-seulement il répète les mêmes rêveries et les mêmes ignorances, mais il en ajoute de plus fortes encore, comme on va lé voir.

RÉCIT.

Tandis qu'un vent favorable emporte le poète vers les côtes du Liban, un passager lui apprend qu'il existe sur la montagne, un vieillard doué d'une vue prophétique rétrospective, c'est-àdire, qu'il connaît ce qui s'est passé au berceau du monde et au lever de la nature, alors que belle, jeune et pure, elle fit devant Dieu le premier essai de la vie. Sur les instances du poète, qui assure avoir quitté mère et patrie pour chercher la vérité, le passager offre de le conduire sur le roc inaccessible où demeure le prophète, qui vit caché dans les racines mêmes des cèdres du Liban. Chemin faisant, le poète trouve occasion d'exposer toutes ses rêveries religieuses. Il loue les moines et les prêtres maronites de ce qu'ils ne vivent pas dans le célibat, et appelle leur religion une goutte pure du vieux christianisme; puis il fait l'éloge des rêveries astrologiques de lady Stanhope, et nous apprend que c'est là

.....

Que livrant ses nuits aux sciences des Mages,
Elle s'élève à Dieu par l'échelle des sages.

Dieu connaît si son art est songe ou vérité 2.

Voir le tome x, page 401.

• La chute d'un ange, tome 1, page 19.

Les étoiles du ciel fêtèrent l'accueil du poète, qui, après beaucoup de peine arrive enfin auprès du vieillard. Celui-ci le reconnaît, lui annonce qu'il l'attendait, et que le Ciel l'avait averti qu'il devait voir avant de mourir un étranger prédestiné à connaître et à conserver la voix de la montagne, et hériter du manteau d'Elie. Ainsi M. de Lamartine se fait annoncer comme un Messie nouveau. Si nous n'avions lu ces inepties qu'en vers, nous aurions pu croire que c'est là une licence poétique; mais si on les rapproche des prédictions qu'il s'est fait faire par lady Stanhope, et qu'il a consignées en bonne prose dans son Voyage d'Orient, on y reconnaîtra la preuve d'un illuminisme auquel le poète tient malgré le ridicule dont il peut en être couvert. Voici les paroles du vieillard:

Jeune étranger, dit-il, approchez-vous de moi;

Depuis des jours bien longs, de bien loin je vous voi.....
Toujours quelqu'un reçoit le saint manteau d'Élie,
Car Dieu ne permet pas que sa langue s'oublie !
C'est vous que dans la foule il a pris par la main,
Vous à qui son esprit a montré le chemin,
Vous que depuis le sein d'une pieuse mère,
De la soif du Seigneur sa grâce ardente altère;
C'est vous qu'il a chosi là-bas pour écouter

La voix de la Montagne, et pour la répéter. (P. 30.)

Ainsi nous voilà avertis : c'est d'une mission divine que le poète est chargé. Le vieillard lui ordonne de mettre entre ses doigts le front sur ses genoux, et de ne pas relever la tête, parce que ce moment sera la fin des paroles prophétiques et la mort du prophète. Trois jours, le poète et le guide écoutèrent les paroles du vieillard, et le poëme est le deuxième de ses douze récits.

IT VISION.

C'était dans les premiers âges du monde; une faible tribu de pasteurs, composée d'hommes et de femmes, géans, les femmes nues, les hommes revêtus de peaux de bêtes, chassait devant elle ses troupeaux par un beau clair de lune. Alors tous les enfans du ciel, anges, hommes, brutes, arbres, plantes, communiquaient entre eux. Les anges mêmes s'unissaient aux Voir page 414 de notre tome x.

filles des hommes. Quelques-uns de ces anges étaient descendus pour écouter l'harmonie de la nature.

Les anges, le silence et la nuit écoutaient

Ce grand chœur végétal; et les cèdres chantaient.

Après avoir écouté ce chant, qui est beau, mais bien inférieur à celui que l'on trouve dans Jocelyn, les anges remontent vers les voûtes éternelles. Un d'eux cependant ne suit pas ses frères, et reste fixé à sa place. Que fait-il, ou plutôt que regarde-t-il ?-C'est une jeune fille que la tribu, sans s'en apercevoir, a laissée endormie au milieu des fleurs. Cet ange, créé en même tems qu'elle, en a été établi le gardien, et brûle pour elle d'une passion toute terrestre.

Ici le poète donne, non pas le portrait, mais la description détaillée du corps de Daidha, la jeune fille. Or, dans cette description il ne s'agit plus de ces traits remplis de tant d'idéalité, qui font le charme des portraits d'Elvire et des premières poésies de M. de Lamartine. On ne voit plus cette délicatesse exquise, cette pudeur, qui sont le propre des âmes chastes et chrétiennes. Rien de tout cela : à voir l'ange écartant le feuillage, et se penchant pour mieux la regarder, on pense involontairement à un hideux satyre surprenant une nymphe au fond des bois. C'est un pinceau et une imagination païennes. Et il ne faudrait pas que M. de Lamartine vînt répondre qu'il a voulu peindre les amours antiques; cela même est inexact : le monologue où son héros, exposant son amour, se plaint d'être seul, de ce que l'ange ne sait pas ce que c'est que l'amour, tout cela ne ressemble en rien à l'amour antique. C'est un amour commun et langoureux de modernes romans; et dans la description du corps de Daidha, il y a de la lubricité, car il faut dire le mot. En effet, ce corps qu'il vient de décrire, il le décrira quatre fois encore, et il y joindra d'autres licences qui feront tomber son ouvrage des mains de toute personne chrétienne. Or, il faut le lui dire encore, rien ne prouve plus la décadence du talent et la sécheresse du cœur, que cette liberté de décrire des figures obscènes. C'est par ce côté que l'on juge de la beauté d'une œuvre, et ce jugement est sans appel. Observons aussi que la position d'un ange qui aime une jeune fille

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