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vine, il faut renoncer à toute langue et n'en parler aucune; car elles ne signifient plus rien.

3. Enfin, comment la cause première toute puissante, en agissant sur la volonté de l'homme, la laisse-t-elle pourtant libre?

Parmi les théologiens catholiques, les uns ont pensé que Dieu produisait l'acte, la détermination de l'homme, mais la produisait libre (ce sont les Thomistes ); ils n'ont vu là aucune impossibilité. D'autres ont pensé que Dieu tempérait et accommodait l'action de sa grâce, de manière à amener l'homme à consentir librement (ce sont les Molinistes ). Ce sont de simples opinions qui n'ont rien de contraire à la foi. Répugnanée entre l'action de Dieu et la liberté, il n'y en a pas; mais il y a mystère et profond mystère. Qu'en conclure? Dans les sciences, dans toute marche raisonnable et logique l'on va et l'on conclut du connu à l'inconnu. En raisonnant sur les mystères, c'est l'inverse que l'on a pris trop souvent, contre toutes les lois du bon sens. On a dit : l'action de Dieu, sa prévision ne peuvent s'accorder avec la liberté de l'homme. Donc Dieu n'agit pas, ne prévoit pas, ou l'homme n'est pas libre. La saine logique doit procéder différemment et dire : Deux faits sont constans, avérés. indubitables; Dieu agit et prévoit; l'homme est libre : donc il y a accord, quoiqu'inconnu, entre ces deux choses. C'est la seule conclusion raisonnable; c'est logique, c'est bon sens, c'est critique et c'est la foi: Comment notre âme et notre corps sont-ils mis? Nous l'ignorons: mettrons-nous en doute l'âme et le corps, ou leur union? On contestait à un philosophe le mouvement pour le prouver il se mit à marcher.

Mais de l'obscurité de cette croyance, l'orateur en conclut la nécessité de la foi, et d'une autorité pour régler la foi.

Un abri, un refuge, un asile, il n'y en a qu'un seul au monde : la foi et l'autorité dans la foi; c'est l'Eglise.

Tout le reste cherche à tâtous, et s'égare dans l'horreur des ténèbres. Là, du moins, on se rasseoit et l'on respire. Là du moins l'homme comprend, il croit qu'en Dieu et par l'action de Dieu il est libre. - Libre de ressaisir un moment sa pensée, au milieu du tourbillon qui l'emporte, et de s'interroger sur sa destinée, sur sa route et sur son terme.

Libre de dessiller enfin ses yeux; de ne plus se bercer de vains rêves, de trop longues erreurs; de sc dire: Il y a donc une vérité, une foi!

Libre, Messieurs, quoi qu'on en puisse penser, de ne plus courber sa tête vers la terre, sous un joug brutal et grossier, mais de la relever confiante et pure vers les joies de l'esprit et d'une noble indépendance.

Paissiez-vous bien le comprendre! le mot du fatalisme pratiqne; jo ne puis pas, ne saurait être vrai contre la foi, contre la conviction intime.

Dans la 5o Conférence, M. de Ravignan traite du lien religieux. Que ce lien existe, personne ne saurait le nier, personne en effet ne l'a nié ; les anciens comme les modernes, les Payens comme les Juifs et les Chrétiens, ont toujours reconnu que l'homme devait être assujéti à une loi. Mais quelle est cette loi souveraine de l'âme intelligente et libre? quel en est le principe, quelle en est l'essence ? Pour le bien connaître il faut avoir recours à l'histoire; et sur cela l'orateur fait l'histoire de l'erreur, puis de la vérité.

Et d'abord voici à grands traits l'historique de l'erreur :

La théologie orientale sur le bien religieux présente des idées sublimes d'abord, mais bientôt poussées jusqu'au délire par l'exaltation mystique et panthée.... Il y est dit : La religion est l'échelle par laquelle les hommes montent au ciel. Sans la dévotion envers Dieu, l'homme ressemble à l'arbre du désert. Puis viennent les folies polythéistes ou panthées. Le bien consiste à éteindre ses désirs, son intelligence, sou action ; à cesser d'être, pour se confondre avec la sienne par l'absorption en Dieu. Quand on a ainsi anéanti toutes ses facultés, on devient semblable à Fô. C'est consoJant. Voilà l'excès abusif de la grande vérité : l'homme doit tendre à l'union divine; excès qu'adoptèrent le quiétisme et l'illuminisme allemand.

La Grèce qui ne sut guère être sérieuse qu'en se jouant, enfanta divers systèmes sur la loi souveraine et intérieure de l'homme. Pour les uns la loi suprême de fin et de béatitude fut la traquillité d'esprit, ou le contentement, ou la volapté. Pour d'autres ce fut se suffire à soi-même, êlre modéré. Dans la vieille école italique c'était la très-parfaite connaissance des nombres; dans l'école stoïque, il fallait avoir la même vertu que Dicu. Chez le philosophe de Stagyre, à la vertu il fallait joindre la santé, la richesse; et sauf la vertu, c'est l'avis de beaucoup de monde. Socrate plaça la loi suprême dans la vertu et la justice propre à chacun; Platon la fit consister à être semblable à Dieu en la manière que nous le pou vons. Éclairs du génie ou d'une raison plus saine! rayons ressaisis de la lumière qui éclaira l'homme dès l'origine!... J'omels à dessein toutes les affreuses et immorales inconséquences de la sagesse payenne, même dans ses sommités les plus couvertes de gloire!... J'omets les orgies légales du culte établi... Incohérences, folies d'erreurs, divagation, opprobres de doctrines; ce fut là, réellement, malgré quelques lambeaux déchirés et incomplets de vérité, le chaos philosophique aucien.

Le Christianismo avait paru. Le travail de divergence n'a pas cessé. Le

Christianisme avait restitué, fixé la notion fondamentale de loi, de religion; et une grande masse d'esprits s'y tint comme à la demeure établie. Un trop grand nombre voulut en remuer les bases. L'hérésie, qui déraisonna sur tout, dévia peu cependant sur ce point. Altérér la nature du lien religieux, serait au-delà de l'hérésie, puisque c'est plus qu'elle.

Il était réservé à la philosophie moderne, surtout à la philosophie du 18° siècle, d'aller jusque là........ Pour elle, ce fut lantôt l'intérêt propre qui devait être le mobile unique, universel : la loi d'égoïsme, des noms trop fameux l'enseignèrent, trop de cœurs l'ont retenue et adoptée!... Tantôt c'était l'intérêt public dont ou faisait, comme dans Rome antique, une idolâtrie de l'état, un paganisme réel qui existe encore pour quelquesuns. Pour certains économistes, c'est le système utilitaire, c'est l'utile qui est toute base de loi et de devoir; l'utile, autre chose, certes, que le juste et le moral. Enfin, pour un grand nombre, toute la destinée de l'homme était de suivre les appétits de la nature. Et que dire de toutes les folles opinions de nos jours? Qu'on place encore dans un sensualisme grossier la loi suprême de l'homme, qu'on dise, en phrénologie, que religion ce n'est qu'un mode d'action plus ou moins énergique de quelques organes; que religion c'est un code formulé par des hommes stupides qui exploitent à leur profit le sentiment de vénération dont la naturé nous avait doués pour d'autres fins.........; que d'antres pensent qu'un sentiment religieux, une religiosité vague, un christianisme de poésie, suffisent, toutes formes de cultes ou de croyances étant indifférentes...; d'autres que tout consiste dans le progrès social, dans le travail successif de civilisation...; qu'on ramène les abstractions mystiques et panthées, les rêves funestes de travail et de communauté et de fraternité universelle... qu'on se livre sans frein et sans mesure à toute l'indépendance rationaliste, idéaliste ou rêveuse, sans règle aucune de penser ni d'agir, balancé dans les tristes illusions de la molle indifférence et des molles opinions... Ne sont-ce pas les perpétuelles inconstances et le châtiment aussi, et les maladies de l'esprit d'erreur?

Mais quoi! il n'y a donc plus même une vie d'erreur possible? Le dirai-je? Hélas! non. Une erreur forte, ardente, suivie, instituée; désormais impossible. Et je suis réduit à le déplorer. Une erreur passionnée, puissante, c'est crise redoutable, je le sais, qui peut être fatale, mais qui peut être salutaire. C'est la crise qui sauve ou qui tue. Mais une tiède, une vagne, une morne indifférence, ce n'est pas la mort, ce n'est pas la vie, ce n'est plus espoir de vie.

Et n'allons-nous pas ainsi flottant languissamment, sans mort, sans vie, sans vérité, sans erreur, et comme nageant parmi toutes les erreurs? Où allons-nous done? Je n'aperçois plus que deux voies. La molle, et pa

resseuse, et languissante indifférence, qui descend au plus profond abime; l'énergique, simple et puissante voic catholique, qui conduit à la vie.

Après avoir prouvé que l'erreur ne pouvait offrir qu'un symbole informe, incohérent, qu'il était même impossible à l'homme de mettre en pratique, l'orateur examine la vérité catholique.

Un livre, expression calme et naïve de nos symboles..., dépositaire des plus sublimes leçons qui jamais furent données à la terrc........., l'un des premiers dont votre enfance balbutia la lecture, que votre jeunesse a trop tôt oublié, peut-être; il vous enseigne la grande loi, la haute destinée de l'homme... Pour m'élever au-dessus de la philosophie, de la science et du génie, et de toute législation, et de toute éloquence, je dois parler la langue la plus familière du Christianisme... Le curé de campagne demande à l'enfant Pourquoi avez-vous été créé? L'enfant répond: Pour connaître, pour aimer, pour servir Dieu; et toutes les écoles savantes, toules les méditations des plus profonds penseurs sont à jamais convaincues d'ignorance et de folie... Vous cherchez la science de l'homme, vous scrutez la nature, vous recherchez péniblement les conditions du bien-être privé et social; et vous n'avez pas trouvé dans vos souvenirs cette sublime simplicité de l'enseignement catholique. Elle exprime tout cependant, tout l'homme, sa nature, sa fiu, sa loi première.

Dieu est connaissance et amour... Le terme infini de cette connaissance et de cet amour c'est Dien même. L'être de l'homme, image de l'être divin, est tout entier destiné à connaître et à aimer l'infini... Telle est la nature, tel est le principe du lien religieux.

Il y a une raison que je voudrais vous faire méditer profondément. Dieu est le principe, et maître enfin de tout ce qui existe. Principe, il donne l'être, il crée... Dieu est le maître. Certes, l'infini est roi, et roi absolu. Il règne, il commande, il gouverne avec la toute-puissance. Le souverain abdique t-il, perd-il ses droits quand il les communique et les dé– lègue? Dieu communique et délègue la force, l'intelligence et l'êtré. Dieu peut-il perdre ses droits sur l'homme? Maître et souverain de l'homme, Dieu a pu, a dû même lui dicter des lois. Ces lois les connaît-on ? les recherche-t-on? Dieu a pu encore se substituer sur la terre une autorité visible, une autorité qui enseigne, juge, règle en son nom. S'il l'a voulu, `qui l'en empêcha? Il l'a pu ; est-ce bien sûr qu'il ne l'ait pas fait ! Et s'il Tasfait, quelle conséquence? Obéir.

Si l'on y réfléchissait! L'homme vivre indépendant de Dieu, c'est délire, et crime, et folie. Donc, tendre à Dieu, c'est la loi

L'orateur a terminé par cette comparaison, et par cette exhortation tout apostolique :

Quand un homme illustre dans la science eut découvert et proclamé la grande loi du monde physique, la loi de l'attraction universelle, on salua avec transport cette glorieuse conquête du génie, on l'étudia, on l'étudie sans cesse. De cette loi, de ce principe, on vit se dérouler comme une vaste conséquence la merveilleuse ordonnance et l'ensemble de l'univers; on y put lire l'unité, la stabilité des immenses mouvemens du système, et l'on se plut à voir cette puissante action d'un centre dominateur, régissant la constante fidélité des corps qu'il attire.

Mais on n'y voit pas, ou du moins on voulut bien rarement y voir la faible et imparfaite image des lois du monde religieux et moral. Dieu aussi appelle tout à lui; la grande loi des intelligences est de se mouvoir constamment autour de ce foyer immense de lumière, de bonheur et de vic; et quoi qu'on en ait, mille forces régulatrices avertissent et pressent d'y 'tendre.

La foi déplore ces fluctuations du doute, ces longues résistances, et ces déviations honteuses subies avec le joug du vice, et ces lueurs d'espéran ces éteintes, et ces demi-désirs étouffés, et ces craintes cachées, ce trouble, ce malheur intimes qui fatiguent de jeunes âmes égarées loin de leur route. La foi, sa fixité, sa vie peuvent scules vous rendre la lumière, la pais; vous le savez bien. Puissiez-vous encore, dans ces grands jours qui vont bientôt venir, en faire la douce expérience, et marquer encore de vos pas généreux celle voie véritable qui conduit au Dieu de toute justice el de toute sainteté.

La 6 Conférence a eu pour but de trancher la grande question entre le matérialisme et le spiritualisme, en prouvant la spiritualité de l'âme. Différens genres de preuves.

1° Par l'état présent. Cet état, en considérant tous les objets de la nature, prouve que rien n'est anéanti; tout se change et se transforme, mais rien ne se perd, rien ne rentre dans le néant; comment supposer que l'âme seule, la plus noble substance de la création, y rentrerait? et cela dans quel moment? Dans le moment même où l'âme, après avoir été l'esclave de la matière, vient enfin de s'en délivrer, va reprendre ses ailes, son existence spirituelle, naturelle; c'est alors que l'on voudrait qu'elle fût anéantie! Cela ne se peut.

2. La sanction que Dieu a dû ajouter pour l'exécution de sa loi, empêche aussi de supposer l'anéantissement de l'âme. Or, TOME XVI.- N° 96. 1838.

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