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n'avons rien de pareil, jusqu'à présent, dans l'action des vitamines. Nous ne les connaissons que par leurs manifestations biologiques sur l'ensemble de l'être vivant, sans qu'elles témoignent, in vitro, d'aucune activité rappelant, fût-ce de loin, celle des diastases ou des catalyseurs. Leur effet de stimulation sur le métabolisme cellulaire, résultat d'actions dont la nature nous échappe entièrement, est par trop distant de l'activation enzymatique entendue au sens précis actuel pour qu'on puisse établir entre vitamines et diastases un lien de parenté.

Allons plus loin. Depuis les belles recherches de G. Bertrand sur la laccase, une hypothèse s'accrédite de plus en plus la diastase serait un complexe colloïdal formé de deux facteurs d'activité très inégale. L'un, le coferment ordinairement inorganique, serait, en fait, la partie agissante sel de manganèse dans la laccase, chlorures alcalins dans l'amylase pancréatique, acide chlorhydrique dans la pepsine; l'autre, le facteur organique, celui qui communique au ferment les réactions tantôt d'une albumine, tantôt d'un hydrate de carbone ou d'un lipoïde, ne serait bien souvent que la partie accessoire, le substratum; il formerait dans la particule colloïdale le centre de la micelle, à la périphérie de laquelle viendraient se fixer les ions de la partie active. Les ferments voisineraient ainsi avec les catalyseurs colloïdaux inorganiques.— Une belle expérience de Dony-Hénault tend à le prouver : en dissolvant du formiate de manganèse dans une solution de gomme arabique, il a pu donner à ce catalyseur de constitution très simple, tous les caractères d'une oxydase.

Les vitamines, tout au moins celles qui nous sont le mieux connues, c'est-à-dire, les substances hydrosolubles B, antibéribériques, ont des propriétés physiques et chimiques qui ne permettent pas de les assimiler à la partie organique du ferment, car elles ne sont ni colloïdales, ni thermolabiles, et ont une constitution chimique probablement assez simple. Est-on en droit de se demander si

elles peuvent, dans l'action diastasique, jouer le rôle de coferment, d'activateur ? L'hypothèse serait purement gratuite, puisque nous ne connaissons ni le ferment qu'elles activent, ni la réaction qu'elles accélèrent. L'admettre, c'est ranger sans preuves les vitamines, malgré leur constitution organique, à côté des activateurs minéraux, HCl, NaCl, sels de Ca, de Mn, etc. ; ce serait leur enlever le caractère d'une certaine vitalité que veulent précisément leur attribuer beaucoup de ceux qui voient en elles des « substances-ferments ».

Ajoutons une dernière remarque. Les diastases sont extrêmement répandues dans la nature organisée, dans ce laboratoire prodigieux d'activité qu'est la cellule vivante, où elles sont les agents de toutes les transformations chimiques. Bien que nous n'ayons sur leur genèse que des données très vagues et fort incertaines, la manière rapide. dont, bien souvent, elles apparaissent et se modifient semble indiquer, de la part de l'être vivant, une facilité très grande à les produire. Cela est vrai, non seulement chez les plantes où, par exemple, l'on assiste à leur apparition dans les graines au moment de la germination, mais aussi, quoique peut-être à un degré moindre, aux échelons supérieurs de la série animale. La réaction d'Abderhalden qui, en clinique, a été cause de tant de déboires et de si profondes désillusions, vient appuyer cette assertion. Les diastases seraient non seulement les agents du métabolisme normal, mais également un des moyens principaux de notre défense organique. Cette facilité avec laquelle, apparemment, les êtres vivants pourvoient à leurs besoins diastosiques, s'accorde sans peine avec la conception moderne, qui attribue aux ferments une complexité moins grande qu'autrefois; mais elle est difficilement conciliable avec ce que nous savons des facteurs accessoires l'absolue nécessité de ceux-ci dans les aliments témoigne de l'impossibilité où nous sommes de suppléer, par nos propres forces, à leur déficience alimentaire.

Faut-il dès lors et c'est la seconde hypothèse des physiologistes considérer les vitamines comme des éléments constructifs de la matière vivante à l'instar des acides aminés ? Entendons-nous. Il ne peut évidemment être question de faire concourir les vitamines à la synthèse de l'albumine somatique; rien, toutefois, ne permet, à priori, de rejeter leur intervention dans d'autres constituants encore inconnus du protoplasme ou du noyau. Encore, la disproportion très grande de leur poids à celui de l'organisme dont elles assurent l'équilibre de nutrition, plaide-t-elle contre une semblable supposition. Aussi, peu de physiologistes penchent à l'admettre. Mais il est un autre rôle des acides aminés et peut-être aussi des vitamines. Il y a dans l'organisme des substances déversées dans le sang par les glandes à sécrétion interne, qui sont les excitants spécifiques d'autres fonctions. On les appelle les « hormones » (1). Leur importance apparaît de plus en plus grande dans le jeu des corrélations fonctionnelles. Deux de ces substances seulement ont une constitution chimique, qui nous est connue, l'adrénaline des glandes surrénales et la thyroxine des glandes thyroïdes. Leur structure chimique est très voisine de celle de deux aminoacides de la molécule albumineuse, la tyrosine et le tryptophane. Aussi peut-on considérer ceux-ci comme apportant à nos cellules les noyaux carbonés nécessaires à l'élaboration de celles-là. Rien n'empêche, en élargissant la notion d'hormones, de façon à en admettre l'existence même chez les êtres les plus simples, monocellulaires, d'assigner un rôle identique aux vitamines. Elles agiraient sur le métabolisme cellulaire à la façon des produits des glandes à sécrétion interne, soit directement comme

(1) Les hormones ne sont pas des diastases. La notion d'hormone est essentiellement physiologique, celle de diastase exclusivement chimique ou physico-chimique. Les unes sont des excitants spécifiques de fonctions, les autres des accélérateurs spécifiques de réactions chimiques.

telles, soit en fournissant à l'organisme les matériaux indispensables à la synthèse des excitants spécifiques. Cette hypothèse est la plus attrayante quoique très lacunaire encore .

Bien d'autres théories ont été mises en avant à propos des facteurs accessoires, mais qui traduisent moins leur nature que les diverses modalités de leur activité. C'est la théorie de Uhlmann : il situe leur action dans le système nerveux parasympathique. C'est celle de Lumière il les considère comme des excitants des glandes à sécrétion externe, chargés de maintenir le tonus des organes de la digestion. C'est Dutcher qui voit leur intervention dans la production des catalases. C'est Funk qui, se basant sur l'hyperglycénie et la diminution du glycogène hépatique des pigeons polynévritiques, les fait participer au métabolisme des hydrates de carbone. Nous ne nous arrêterons pas à la discussion de ces théories; supposé même leur vérité, elles nous laisseraient sans explication sur la cause première des phénomènes.

CONCLUSIONS

Si l'on doit admettre aujourd'hui l'existence de facteurs accessoires, il faut cependant formuler, à l'égard de bien des faits, des réserves justifiées suffisamment par les nombreuses discordances dans l'ensemble des résultats expérimentaux et par les difficultés des essais d'alimentation synthétique. Une expérience n'a de complète valeur que si l'on tient en mains tous les fils qui la commandent. Le principe est vrai pour les sciences biologiques comme pour les sciences physico-chimiques, bien que les premières, parce qu'elles touchent à la vie, ne puissent prétendre à la même exactitude dans l'expérimentation que les secondes. Dans l'ignorance où nous sommes de l'ensemble de nos corrélations fonctionnelles, nous

cédons trop souvent à la tendance commune à toutes les époques de l'histoire des sciences naturelles : construire des systèmes de physiologie simplifiée, en faussant la logique de nos raisonnements. Si, aux difficultés techniques de la recherche, on ajoute l'exiguïté de nos connaissances touchant la nature chimique des facteurs accessoires, on aura les raisons sérieuses qui dictent la prudence visà-vis de ce qui se fait et se publie à propos des vitamines. Si l'on veut éviter les mécomptes et les désillusions, il faut ici, comme dans beaucoup d'autres choses, se garder des conclusions hâtives.

Cela dit, il est indéniable que l'entrée en jeu des facteurs de la croissance et de l'équilibre dans notre métabolisme nutritif, est en voie de modifier radicalement nos conceptions physiologiques de la nutrition et d'asseoir sur des bases nouvelles la pathologie des affections dyscrasiques et les règles diététiques de l'alimentation. Certes, chez nos populations européennes, habituées par instinct et par goût, plus que par raison, à introduire dans leur nourriture beaucoup de variété, le danger des avitaminoses n'est guère à redouter, si l'on excepte les périodes de cataclysme comme celle que nous venons de traverser, pendant laquelle se sont ajoutées aux horreurs de la guerre les souffrances d'une alimentation difficile et réduite. Il n'en va pas de même chez les enfants et les malades dont les régimes risquent souvent d'être faussés par un exclusivisme excessif. On devra, dorénavant, dans leur alimentation, tenir compte des exigences de l'organisme en vitamines au même titre que de ses besoins azotés.

La découverte des facteurs accessoires délimite le problème qualitatif de l'alimentation mais ne le résout pas entièrement. Il s'en faut de beaucoup. Un régime d'aliments purifiés n'est pas synonyme d'une alimentation dont tous les termes nous sont connus. Si les travaux récents de la biochimie ont permis l'ébauche d'une classi

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