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n'y a eu granite que là où il y a eu arrivée des éléments de la pegmatite. Mais il n'y a pas que cette manière d'être du granite on ne voit pas toujours sur le terrain que la roche y coupe les strates sédimentaires à l'emportepièce. On voit aussi des massifs granitiques qui semblent se fondre dans les terrains encaissants, qui passent à ceux-ci, et M. P. Termier nous a dit à leur sujet des choses extrêmement intéressantes. Là encore l'étude lithologique montrerait que les phénomènes sont du même ordre que ceux que nous avons décrits et que vaut la même explication.

A la vérité, si cette explication peut nous rendre compte de l'origine minéralogique du granite et de ses conditions de gisement, elle ne nous dit pas d'où viennent les éléments de la pegmatite et pourquoi ceux-ci sont arrivés dans les parties de l'écorce terrestre où ils ont fait sentir leur action. On ne peut plus à ce point que faire des hypothèses, car ces régions d'où viennent les éléments des pegmatites sont ce que le géologue Suess appelait << les profondeurs » et là tout est pour nous mystère.

L'exemple du granite que nous avons choisi donne une idée de la nature des problèmes qui se posent à propos des roches éruptives. Les roches sédimentaires posent, elles aussi, des problèmes.

Le principal, celui qui me paraît dominer tous les autres, c'est assurément le problème de leur division en bancs superposés. Dans un ensemble de terrains dont nous savons par les études stratigraphiques qu'ils appartiennent à la même époque de sédimentation, nous n'avons pas affaire à une unique masse rocheuse, mais nous voyons dans la plupart des cas toute une série de couches superposées et qui sont, sinon d'égales épaisseurs, du moins d'épaisseurs du même ordre. Ces couches sont toutes ou bien de même matière, ou bien parfois de deux ou trois sortes. Dans ce dernier cas, elles alternent entre elles. Ce seront, par exemple, des roches calcaires et des roches argi

leuses se superposant l'une à l'autre, toutes les roches calcaires ayant à peu près les mêmes épaisseurs, et les roches argileuses aussi, mais l'épaisseur moyenne des premières pouvant être très différente de celle des secondes.

Si l'on ne réfléchit pas beaucoup aux choses, il semble que dans le cas où l'on voit alterner des roches de compositions différentes aucun problème ne se pose, et il est de fait que très peu de géologues se sont étonnés de ces alternances. A la plupart d'entre eux il paraît tout naturel qu'à ce qu'on nomme un faciès succède un autre faciès. Cependant, n'est-il pas singulier de voir à ce second faciès succéder à nouveau un sédiment du type du premier faciès, puis un sédiment du type du second et ainsi de suite, l'un alternant avec l'autre, et dans des conditions telles que dans beaucoup de cas les épaisseurs des couches qui correspondent en un point donné aux faciès de même type soient les mêmes ou comparables? Et s'il s'agit de bancs de roches identiques qui se succèdent sans qu'entre l'un et l'autre s'intercale un dépôt de faciès différent, pourquoi vraiment se produit-il entre les matériaux d'un banc cette cohésion qui en fait une entité distincte de celle du banc qui le touche ?

Les simples observations de cet ordre qu'on peut faire dans une carrière de ce calcaire qui forme le soubassement du terrain houiller et que les géologues nomment le calcaire carbonifère et que vous connaissez sans doute, ou bien devant les hautes falaises de craie qui vers la France, avant et après le Boulonnais, forment la côte jusqu'en Normandie, n'imposent-elles pas cette idée que chaque couche de terrain, chaque banc rocheux représente un certain épisode géologique qui s'est répété périodiquement pendant un certain laps de temps? Voyons ce que la Lithologie va nous apprendre à ce sujet.

Elle va d'abord nous préciser la composition du sédiment et nous définir sa texture. Supposons, afin de fixer nos idées, que nous nous trouvions sur le terrain en

présence de l'affleurement d'une série de bancs calcaires dont la caractéristique est d'être formés partiellement au moins de ces Protozoaires qu'on nomme des Foraminifères. C'est le cas d'une partie des bancs du calcaire carbonifère, c'est le cas de la craie et de beaucoup des sédiments qui se déposaient à l'époque dite de la craie ou crétacée. Tenons-nous-en précisément à cette époque et examinons certains calcaires à Foraminifères qui se formaient dans les régions où ont depuis surgi les Pyrénées. Il y a là un très beau développement de ces roches, qui se présentent dans des conditions où l'observation est particulièrement favorable, et c'est pourquoi nous les choisissons.

Nous en verrons plusieurs variétés. Les unes sont constituées par l'accumulation de Foraminifères et d'autres organismes dont la nature atteste qu'ils vivaient en eaux peu profondes, à proximité du littoral; d'autres sont formées de matériaux très fins où l'on voit de ces coquilles de Foraminifères faites de loges se succédant en spire, du type de ce qu'on nomme des Globigérines: ce sont des sédiments plus profonds; d'autres sont encore constituées par un sédiment fin, mais qui vient de l'accumulation de minuscules Foraminifères dont la coquille consiste en une seule loge et qu'on nomme des Lagenas; quelques Globigérines leur sont associées, mais comme ils sont essentiellement formés de Lagenas, on les nomme des calcaires à Lagenas. Les sédiments de ce type ont été formés au large; ce sont des sédiments pélagiques. Leurs matériaux sont disposés pêle-mêle; on n'y voit aucun classement.

Dans toute la masse des terrains crétacés dont il est ici question, on ne trouve pas avec continuité ces calcaires pélagiques à Lagenas; et quand on ne les trouve pas, on peut observer un ensemble de couches qui sont architecturées de la manière suivante. A la base, une accumulation de Globigerines mélangées à des matériaux provenant de roches préexistantes, l'ensemble présentant un caractère

bréchoïde. Au-dessus, et de grain de plus en plus fin, des calcaires à Lagenas auxquels font suite des calcaires pétris de spicules d'éponges. Les trois calcaires à Globigérines, à Lagenas et à spicules ne forment d'ailleurs qu'un seul banc rocheux cohérent.

Un tel banc rocheux dont le microscope nous a révélé l'architecture, dont les matériaux sont classés par ordre de grandeur, les plus gros en bas, les plus fins au sommet, et qui contient la même faune que les calcaires pélagiques à Lagenas, qui ne se déposaient pas dans le même temps, représente bien un épisode de sédimentation. L'étude stratigraphique nous montre d'ailleurs que les bancs de roches de cette nature sont situés plus près de la région où se trouvait la côte que ne le sont, quand ils se forment, les bancs du calcaire pélagique à Lagenas. Et cette remarque nous permet de préciser l'épisode qui a provoqué la formation de la roche aux trois calcaires, et qui nous apparaît comme un mouvement de la mer donnant naissance à un flux chassant vers la côte tous les matériaux provenant du large et permettant leur précipitation pendant le temps du flux et du reflux, et donc aussi leur classement. Autant de bancs de ce type, autant d'épisodes identiques répétés.

Les bancs rocheux considérés ne sont pas de constitution homogène, et néanmoins ils forment une seule masse parce qu'ils sont le résultat d'un seul épisode de sédimentation.

Ce flux que nous venons d'envisager chassait les matériaux du large jusque vers le littoral, et nous les trouvons aussi mélangés à ceux qui forment les sédiments littoraux eux-mêmes. Il fut parfois d'une telle violence qu'il alla jusqu'à démanteler des sédiments déjà formés et consolidés et qu'il en put entraîner des masses considérables, vers la côte encore, donnant ainsi naissance à ces brèches. qui firent parfois l'étonnement des géologues, et dont on ne pouvait trouver l'explication que par l'étude lithologique minutieuse de la constitution de leurs matériaux.

L'explication que nous venons de donner est-elle de nature à nous rendre compte de la division en bancs de tous les calcaires qui se formaient vers la même époque, en particulier de celle du calcaire que nous avons qualifié de pélagique ? Directement, je ne le crois pas, mais indirectement peut-être. En effet, ces bancs ont été formés par des matériaux qui s'accumulent sans classement, et, considérés isolément, ils ne mettent en évidence aucun mouvement de la mer comme celui auquel nous avons fait appel il y a un instant; mais ne seraient-ils pas la conséquence de mouvements de la mer identiques qui auraient à un certain moment, et brusquement, interrompu le dépôt des matériaux tel qu'il se produisait, et fait des matériaux déjà déposés une entité distincte de celle des matériaux qui se déposeront ensuite? Ainsi expliquerionsnous la succession des bancs de roches de même nature qu'on trouve par masse dans la série des terrains sédimentaires. Il nous apparaîtrait alors que la mer ne s'est pas comportée comme une masse d'eau inerte recevant les matériaux des terres émergées ou engloutissant sans ordre les êtres qui vivaient en son sein: elle agit pour les sédimenter et, par un mouvement rythmique, elle provoque la formation de chacune des couches de terrains, de chacun des bancs de roche.

Il n'y a pas que dans la région dont nous venons de parler qu'on peut faire des observations qui conduisent à des conclusions de cet ordre. Les roches des très anciens terrains aussi bien que celles des terrains crétacés nous montrent que l'épisode qui les a produites doit être aussi un mouvement de la mer, rythmique, qui amena vers la côte un flux provenant du large. On le voit très bien dans les vieux terrains dévoniens des Vosges d'Alsace, riches en roches siliceuses à Radiolaires en même temps qu'en sédiments gréseux, et où l'on peut encore observer que les mouvements de la mer furent parfois assez violents pour démanteler les sédiments fins qui se consolidaient

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