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au large et en provoquer le remaniement au sein des sédiments grossiers.

Que faut-il penser de ces mouvements rythmiques de la mer? Sont-ils les conséquences de mouvements du sol et, quand ces mouvements sont violents, sont-ils de véritables séismes auxquels seraient dus par l'action de violents raz de marée qui en seraient la conséquence, ainsi que l'a développé M. H. Douvillé, des bancs de brèches comme ceux que nous avons signalés ? Ont-ils une cause extra-terrestre ? N'ont-ils que cette seule cause, ou participent-ils au contraire de l'une et l'autre cause et se produit-il parfois des interférences de mouvements ? Ce sont là questions auxquelles le lithologiste ne peut répondre. A partir de ce point le chercheur se trouve hors du seul domaine des faits.

Bien d'autres problèmes se posent encore d'ailleurs pour le lithologiste et partant aussi pour le géologue. Nous avons cherché à préciser la nature de l'épisode de sédimentation, mais nous n'avons rien dit de la cause pour laquelle chaque dépôt correspondant à un épisode pouvait devenir massif et former précisément un banc rocheux. C'est là un des problèmes qui se posent avec le plus d'acuité en lithologie. Je ne puis ici que vous le signaler et vous dire qu'il y a une chimie du fond des mers qui présente un très vif intérêt. D'ailleurs, ce que l'étude de certaines particularités dans les conditions de gisement des roches nous apprend, c'est que celles-ci furent toujours rapidement consolidées tout dépôt qui devait être rocheux était devenu solide avant le dépôt des matériaux du banc suivant.

Je vous ai parlé des roches et des problèmes qui se posaient à propos des roches elles-mêmes. J'aurais pu vous dire aussi comment par l'étude micrographique l'histoire géologique d'une région à une époque donnée peut être retracée, ainsi que l'a fait M. L. Cayeux dans une étude classique, pour la craie des régions du Nord et du Bassin

de Paris et vous auriez compris quel intérêt particulièrement vif se dégage de l'étude lithologique des sédiments, mais je ne voulais donner que quelques exemples qui vous permissent de concevoir dans quelle mesure la Lithologie et par conséquent le microscope pouvait permettre l'explication des phénomènes géologiques. Ainsi avez-vous pu comprendre comment le microscope expliquait l'histoire de la terre.

Peut-être, Messieurs, avez-vous, tout à l'heure, été tentés de plaindre ce géologue mal habillé, tout chargé de pierres, ce lithologiste que je vous ai présenté. N'en faites rien; c'est un homme heureux. Laissez-lui vous dire sa joie, sa très réelle joie, quand sur le terrain il récolte ses pierres, sa joie d'être en contact étroit avec la matière de la terre, sa joie de la voir et de l'examiner de si près, sa joie même d'être dans les carrières : les carrières! Saurai-je vous dire, Messieurs, ce que sont les carrières? Les grandes carrières qui entament les hauts plateaux et qui découvrent une masse épaisse de bancs rocheux; les grandes carrières où l'on pénètre par un chemin défoncé et qu'on trouve en intensité d'exploitation, où les rochers grincent sous les scies et où l'on entend les marteaux qui rythmiquement tombent sur le fer qui sert à forer le trou de mine, rendant toujours un son monotone? Et le calme de ces carrières à l'heure où les ouvriers sont partis ! Vous dirai-je aussi les carrières abandonnées où restent seulement quelques engins d'extraction, tiges de fer tordues qui se projettent sur le ciel, ou ces gros cordages rouillés qui pendent des parties hautes, et où l'on trouve encore la pierre fraîche ? Et les très vieilles carrières embroussaillées qu'on voit de loin sur le flanc des coteaux ou des montagnes, mais qu'on ne distingue plus dès qu'on en approche et dans lesquelles on ne sait comment pénétrer, où la pierre est patinée, où les chemins sont herbeux et où dans le fond stagne l'eau verte d'une mare? Ces carrières! vous les dirai-je au grand soleil

d'été, quand le front de taille réfléchit durement la lumière et qu'il vous éblouit au point qu'on peut à peine le regarder, ou bien sous la petite pluie fine qui tombe doucement mais avec persistance et qui, on le sait bien, durera tout le jour, alors qu'on a cet ardent sentiment de la lutte avec la nature parce qu'il faut quand même, sous la chaleur intense et dans l'éclatement de la lumière ou... sous le parapluie, observer les roches et récolter les pierres ? Et vous comprendrez, n'est-ce pas, qu'à la jouissance intellectuelle du géologue s'ajoute une jouissance plastique.

Mais que vous dirai-je enfin des sentiments dont il est pénétré si, près du littoral, délaissant les carrières pour suivre la côte, là où la fraîcheur des affleurements toujours renouvelés rend les roches particulièrement propres à l'observation, il s'arrête à contempler la falaise, dont il détaille les bancs rocheux superposés, et qu'à travers le bruit de la mer il entend l'écho des vagues des océans des temps anciens?

JACQUES DE LAPPARENT Professeur de Pétrographie à l'Université de Strasbourg.

Pierre Duhem

(1861-1916)

Notice sur ses travaux relatifs à l'histoire des sciences

Pierre-Maurice-Marie Duhem naquit à Paris, le 10 juin 1861. Après de brillantes études à Stanislas, où il était l'un des premiers dans une classe très forte, il se destina à l'enseignement, mais parut hésiter entre les lettres et les sciences. Il finit par se décider pour celles-ci, tout en conservant beaucoup de facilité et de goût pour les langues anciennes. Nous verrons avec quel talent il sut én profiter.

Il entra en 1882, à l'École Normale Supérieure, où il fut autorisé, en 1885, à faire une quatrième année d'études, et nommé l'année suivante agrégé préparateur de physique. Alors commencent pour lui quelques années d'une carrière un peu errante.

De 1887 à 1893, il est maître de conférences de physique à la Faculté des Sciences de Lille; en 1893-1894, maître de conférences à la Faculté des Sciences de Rennes ; enfin, en 1894-1895, chargé du cours de physique à la Faculté des Sciences de Bordeaux. Le 11 mai 1895, il fut promu au grade de professeur de physique théorique à cette même Faculté, position qu'il garda jusqu'à la fin de ses jours. Son enseignement y fut brillant ; ses ouvrages de physique mathématique et d'énergétique obtenaient un succès reten

tissant; à l'étranger on s'étonnait qu'un maître d'une telle valeur ne fût pas appelé à occuper l'une des chaires de la capitale. Nous ne recherchons plus aujourd'hui les causes qui s'y opposaient. Tout ce que nous pouvons dire, c'est qu'elles furent peu honorables pour les autorités politiques dirigeantes d'alors, et que, sans se plaindre bruyamment, Duhem en souffrait. A ces chagrins vinrent s'ajouter,en 1914, les amertumes de la guerre. Sa santé en fut prématurément ébranlée et il nous fut enlevé, dans sa maison de campagne de Cabrespine, près Carcassonne, le 14 septembre 1916.

Pierre Duhem fut sans doute un savant illustre, mais encore davantage un grand chrétien. Jamais il ne dissimula, si peu que ce fût, ses convictions de catholique ; courage et franchise qui en plus d'une circonstance nuisirent à sa carrière. Mais son mérite eut raison des préjugés et finit à la longue par vaincre toutes les oppositions. L'Académie des Sciences le nomma Correspondant, le 30 juillet 1900, et Membre non résident, le 8 décembre 1913. Duhem fut particulièrement sensible à cette dernière distinction et la considérait comme l'équivalent d'une nomination à l'une des grandes Écoles de Paris. Il était aussi docteur « honoris causa » de l'Université de Louvain. Nous l'avions nommé, depuis 1901, membre honoraire de la Société scientifique de Bruxelles.

Dans la Notice sur ses titres et ses travaux (1), qu'il dut, suivant l'usage, présenter à l'Académie des Sciences, quand il posa sa candidature à une place de Membre non résident, Duhem classa lui-même ses ouvrages en

(1) Notice sur les titres et travaux scientifiques de Pierre Dukem rédigée par lui-même lors de sa candidature à l'Académie des Sciences (mai 1913). MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES DE Bordeaux, 7o série, t. I, Paris, Gauthier-Villars, Bordeaux, Feret et fils, 1917; pp. 71-169.

Le même cahier renferme une belle notice biographique de Pierre Duhem, par son ami M. E. Jordan, professeur en Sorbonne ; pp. 9-39.

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