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1918 est causée partiellement par l'échange des Marks
dans les régions libérées et en Alsace-Lorraine.

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La dépréciation du franc en 1918 était un peu plus
profonde que ne l'indique un examen superficiel de ce
tableau, car à la fin de la guerre le dollar lui-même
était déprécié légèrement. Néanmoins, l'indépendance du
change vis-à-vis de la circulation fiduciaire s'y révèle
de façon saisissante, tandis que les prix sont nettement
influencés par elle.

II

L'ACTION DE L'INFLATION DEPUIS 1914

Après avoir envisagé le côté plutôt théorique de la
question, examinons comment, en fait, l'inflation a agi
dans les pays de l'Europe continentale, et spécialement
en France. On y verra comment elle est née des crédits
trop largement accordés à l'État : c'est la cause quasi
unique de l'inflation dans nos pays.

Dès son entrée en guerre, conformément aux conven-
tions secrètes, la France se fait avancer de fortes sommes
par la Banque de France, son Institut d'émission. A la
fin de 1914, les avances atteignaient quatre milliards.
Non seulement les changes y demeurent indifférents,

mais les prix ne montent que de 7 o% tandis que la circulation fiduciaire est passée de 6 à 10 milliards. C'est qu'une très notable partie des billets supplémentaires remplacent la monnaie métallique thésaurisée par les particuliers et concentrée dans ses caisses par la Banque de France. De plus, les grands mouvements de fonds. nécessités par les emprunts et la trésorerie de l'armée exigent un surplus de moyens libératoires.

Mais le recours au crédit s'intensifie sous toutes ses formes ouverture de crédit en banque, billets; l'État vient disputer les produits aux acheteurs normaux, sans enlever de disponibilités à ceux-ci. Les prix montent, mais la balance internationale demeure créditrice (au point que, tout au début, le dollar tombe momentanément à 4,75). La France garde d'abord son change au pair. L'inflation agit à l'intérieur du pays, mais elle est loin d'agir seule.

L'état de guerre a d'abord diminué l'offre des produits. La mobilisation a enlevé à leur tâche des millions de producteurs un déficit de production s'ensuit forcément.. De plus, des quantités énormes de matières premières sont détournées vers des buts de guerre, tandis que les destructions en mer et sur terre accentuent la disette. Bientôt les entraves aux transports comblent la mesure, et forcent le pays à se rationner de tout.

Malgré l'offre ainsi réduite, les prix auraient pu rester les mêmes si la demande avait diminué en proportion : mais l'inflation veillait. Chacun disposa de sommes toujours plus fortes, les consacra à ses achats. En même temps, les besoins de l'armée débordaient sur le marché libre et accroissaient la demande. Ce fut la hausse sans arrêt jusqu'au milieu de 1920, et alors les prix avaient quintuplé. Longtemps le change n'en souffrit pas sensiblement le dollar ne vaut que 5,45 fr. après l'armistice jusqu'en mars 1919. Le déficit de la balance commerciale qui est énorme est comblé par les

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prêts en dollars et en livres que les Alliés consentent. La France n'est pas obligée, grâce à cela, d'acheter des dollars; c'est exactement comme si sa balance était en équilibre. Mais en mars 1919, l'aide prend fin la France doit désormais payer à l'étranger, et son change tombe. Retenons de ceci que l'inflation n'est qu'un des facteurs de la hausse des prix et non sa cause unique. La chute notable de prix qui se poursuit depuis un an et n'est aucunement le résultat d'une déflation, vient confirmer cette manière de voir. L'offre de marchandises s'était accrue, au point que beaucoup de matières premières étaient positivement en surabondance; l'abstention radicale des consommateurs a diminué la demande la chute des prix devait suivre.

Il est même possible d'aller plus loin; nous l'avons dit, l'augmentation des moyens de payement a été partiellement causée par d'autres facteurs que l'abus du crédit. Ce qui se passe en Amérique le montre clairement : la baisse des prix y a été fort sensible, la moyenne des prix de gros a baissé de 50 % du milieu de 1920 au milieu de 1921. Or, la circulation a augmenté jusqu'à fin décembre 1920, et actuellement elle n'est pas beaucoup moindre qu'il y a un an. La déflation l'ébauche de déflation s'est donc produite après la chute des prix. Nous rencontrons le même processus en Belgique.

III

LES REMÈDES

Notre exposé a, croyons-nous, déjà limité les responsabilités de l'inflation: elle n'est que partiellement cause de la vie chère. Néanmoins, elle demeure nuisible, et il est du plus haut intérêt de la réduire, autant que cela dépend de nous.

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L'énoncé de la question est simple la puissance d'achat étant trop grande, il faut la diminuer. Mais cette réduction est infiniment complexe. Elle ne s'identifie pas avec le remboursement des avances à l'État ; il ne suffit pas que celui-ci prenne les particuliers plutôt que la Banque comme créanciers. Réduire la circulation fiduciaire sans diminuer les payements par chèques et virements, ne résout pas plus complètement le problème. L'ensemble du pays a trop d'argent à dépenser, voilà le mal il s'agit de lui en enlever.

Il se produit une liquidation automatique, quand, par des causes indépendantes de la déflation, le pays tend vers une situation plus saine et les prix commencent à baisser. C'est le cas pour nos pays une production plus abondante, une consommation réduite se sont jointes à la chute des changes pour faire chavirer les prix. Les pertes sur les stocks de marchandises, les faillites inévitables viennent incontestablement diminuer la puissance d'achat d'une nation. Les États-Unis ont enregistré cette année un très grand nombre de faillites; la France n'est pas épargnée, car on dit que pour le seul département de la Seine, il y avait à la fois 2700 demandes de Règlement Transactionnel. Tout le monde a présente à la mémoire la liste des grosses entreprises victimes du mouvement (1).

(1) Le Président de la London Joint City and Midland Bank, M. Mc Kenna, consacrait à la déflation son discours à l'assemblée générale des actionnaires en 1921. Selon lui, la déflation devait être obtenue principalement en augmentant la quantité des marchandises à vendre de façon à obtenir l'équilibre perdu entre les produits échangés et les moyens de payement. Certes, il y aurait baisse des prix, mais les ventes se multipliant amèneraient des bénéfices identiques, et le commerce n'en souffrirait pas.

C'est, croyons-nous, perdre de vue que le commerce souffre spécialement, en cas de déflation, de la dépréciation des stocks, que le procédé suggéré n'atténue pas. Celui-ci est donc excellent, mais ne remédie que très partiellement aux troubles de la déflation. Il est, du reste, d'une application fort réduite.

On lira sur ce sujet l'article de M. Louis Baudin, dans la REVUE D'ÉCONOMIE POLITIQUE de mai 1921, p. 346 et suivantes.

UI SÉRIE. T. XXX.

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L'augmentation des moyens de payement, causée en partie par la montée des prix, va disparaître d'elle-même quand ces prix vont tomber pour des causes autres que la déflation. Les billets, notamment, vont retourner aux banques sous forme de dépôt. L'État n'aura qu'à annoncer un emprunt pour se voir adresser l'argent qui dort ; de cette façon il pourra aisément consolider sa dette, en reporter l'échéance à une date lointaine. Le public en effet ne peut souscrire aux emprunts avec des billets qui lui sont indispensables pour les transactions journalières : il souscrit avec ses dépôts. Mais la transformation de la dette flottante en dette consolidée ne résout pas complètement le problème : le public conserve des facultés d'achat, moins commodes à exercer, il est vrai. Néanmoins, dans le stade actuel, l'emprunt consolidé constituerait un progrès décisif, après lequel on pourra discuter plus à l'aise.

L'impôt seul permettant de rembourser la Dette enlève le pouvoir d'achat de façon définitive : il est le remède spécifique contre l'inflation, il possède au plus haut degré la faculté de réduire le pouvoir d'achat. C'est le moyen quasi unique que l'État ait en main. Encore faut-il qu'il ne prolonge pas volontairement l'Inflation, en recourant aux emprunts et spécialement aux avances des Banques d'émission: ceci se passe de commentaires. Le public retrouverait ainsi le pouvoir d'achat qu'il perd par l'impôt. L'équilibre du budget ordinaire est indispensable avant de pouvoir songer à la déflation, et le budget extraordinaire lui-même doit être comprimé sans pitié. Si la déflation n'est pas contrecarrée, comme nous l'avons dit plus haut, elle s'opérera en grande partie d'elle-même ou en tout cas elle se laissera aisément pousser. Si l'esprit d'économie n'est pas perdu dans la population, la tâche deviendra plus facile encore, car l'abstention volontaire a ici des effets fort semblables à l'abstention forcée.

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