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à son progrès ? Comme le « diagnostic » du médecin, comme le « coup d'œil » du stratège, le flair du météorologiste signale une faculté capable de saisir immédiatement toute la multiplicité complexe d'un ensemble et la meilleure conclusion pratique qui s'en dégage. Il se sert, consciemment ou non, de faits de mémoire et de rapides déductions ou intuitions. Ce qui en fait le mérite, c'est, après la sécurité de l'avis auquel il s'arrête, la promptitude avec laquelle il le formule. Ce qui en permet l'analyse et le contrôle, c'est la discussion, d'abord des faits (des points de départ qu'il adopte), puis celle des principes justifiant les connexions logiques dont il a bénéficié. Et c'est semblablement qu'il sera - comme les « tours de mains » professionnels, dans une certaine mesure, susceptible d'être acquis ou augmenté.

La diffusion et les perfectionnements admis ainsi comme possibles se constatent en réalité, dans l'histoire de la Météorologie contemporaine, par un double genre de progrès : progrès dans le mode de présentation simultanée à la mémoire de tous les faits actuels, de toutes les conditions concernant le résultat à prévoir; progrès aussi, dans la mise à la disposition de l'intelligence de liaisons mieux exactement appréciées entre les phénomènes passés, présents et futurs qui constituent le problème proposé. Les premiers de ces progrès ont une connexion plus intime avec la météorologie pratique, comme nous allons le voir en nous en occupant immédiatement ils visent à fournir de meilleures cartes synoptiques plus parlantes (de même que, à tout prendre, celui-là a plus de « flair » qui tout d'abord se forme dans l'imagination une meilleure vue d'ensemble d'une situation). Les seconds sont plutôt des auxiliaires pour l'intelligence; ils évitent les conclusions erronées et se réfèrent davantage à la théorie : leur examen viendra ensuite, dans la deuxième partie.

IV. SÉRIE. T. VI.

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8. Les types de temps (1). - Un des premiers secours offerts à la mémoire du météorologiste se trouve évidemment dans les cartes synoptiques qui photographient, pour ainsi dire, de jour en jour les situations atmosphériques successives de toute une portion d'hémisphère (2). Si ces cartes consignaient toujours et exclusivement les facteurs prépondérants des changements de temps, les archives d'un bureau central devraient assez tôt révéler les lois liant les unes aux autres. Ainsi la répartition, analogue pendant plusieurs jours de suite, des zones de surpressions et de dépressions barométriques, la direction plus ou moins divergente ou convergente de l'ensemble des vents, l'intensité de ces vents, variable et corrélative des divers espacements isobariques pourraient-elles pas servir d'indices infaillibles du prochain rétablissement de conditions météorologiques déjà expérimentées? Telle était la question que R. Abercromby s'était posée, et à bon droit, il y a environ un demisiècle (3). Et il avait entrepris d'après cette idée de dresser pour certains jours heureusement choisis, des cartes synchrones vraiment typiques. Il en dessina de la sorte pour l'Atlantique Nord, où la situation générale se rapprochait suffisamment par sa netteté, par sa régularité, du cas théorique, pour qu'on y vît des lois se mani

ne

(1) H. Hildebrandsson et L. Teisserenc de Bort, Les bases de la Météorologie dynamique, 2 vol. (Paris, Gauthier-Villars, 1898-1905). (2) On peut trouver les premières notions familiarisant avec les méthodes actuellement employées dans le petit ouvrage de M. J. Rouch Manuel pratique de Météorologie (Paris, Masson, 1919). C'est, nous dit-il, dans la préface, la reproduction des conférences que comme chef du service météorologique aux armées, l'auteur a faites pendant la guerre devant les aéronautes des armées et de la marine.

(3) M. J. Vincent rappelle à ce sujet — dans plusieurs écrits de controverse tout récents outre les travaux d'Abercromby, et en particulier son ouvrage Weather (New-York, Appleton, 1887), ceux de W. Clement Ley, publiés dès 1877 (QUARTERLY JOURNAL OF THE MET. Soc., 1879, vol. VIII) et repris dans sa Modern Meteorology.

fester. Dans les unes, il montrait aisément l'influence (favorable à la stabilité du beau temps sec et froid) des zones de surpression, ou aires anticycloniques. En d'autres il montrait d'autres types de cartes, correspondant à des jours pluvieux et chauds cela coïncidait avec des zones de dépression, et une circulation cyclonique centripète. Une étude méthodique amena à définir des << types de temps » classés suivant les vents prédominants d'une région : on en discerna d'abord six très nets. L'école anglaise s'attacha avec ténacité à cette forme du problème de la prévision, et non sans succès; bientôt elle s'aperçut qu'il fallait multiplier le nombre des catégories typiques pour pouvoir tirer des conclusions appropriées : quand il y en eut vingt-huit, force fut, pour s'y retrouver, d'imaginer des tables de référence groupant les cas observés, et des rubriques repérant immédiatement le « précédent» instructif ! Mais malgré cet effort, intéressant, de flair artificiel, il faut bien avouer que le procédé laisse encore place à de réelles déceptions (1).

Insuffisance reconnue n'équivaut pourtant pas à nullité ou inutilité radicale. Si certaines données importantes peuvent échapper aux mailles des schémas d'Abercromby, si ses travaux donnent des lois qualitatives plutôt que quantitatives, ce n'est pas de quoi les mésestimer. Un aide-mémoire, comme un recueil de recettes, épargne, dans la pratique, des tâtonnements et des oublis. Il y a des cas comme ceux des typhons bien caractérisés par l'intensité extrême des principaux facteurs d'action, où la méthode fournit économiquement des résultats exacts. Notamment, il faut savoir gré à Abercromby et à ses disciples d'avoir soigneusement indiqué le cortège vraiment fidèle de condensations et de formations nuageuses accompagnant le front, le centre, les bords, l'arrière d'une dépression. Et les modernes écoles, norvé

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(1) C'est Sir Napier Shaw qui nous le dit, loc. cit.,

p. 182.

gienne et française, ne prétendront le plus souvent que préciser, à leur usage local, les indications générales données en cela par leurs devanciers ou leurs émules.

9. Les noyaux de variation de pression et de température: isallobares, isallothermes. - La plupart des personnes qui ont été initiées à lire un baromètre pour, de là, en conjecturer le temps ont facilement retenu qu'elles n'avaient pas beaucoup à se préoccuper du nombre exact marqué par l'index de la pression. On leur a dit, et cela leur suffit : « Si, toutes choses égales d'ailleurs, heure, température, etc. le baromètre baisse, c'est plutôt mauvais signe, l'humidité tend à se condenser ; s'il monte, c'est, en général, meilleur signe; regardez donc les variations plutôt que les valeurs absolues indiquées par votre instrument ! »

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Toute pareille sera la préoccupation, pour le lecteur des cartes synoptiques de météorologie. On le verra rarement, dès qu'il aura un peu pris l'habitude d'examiner les isobares, se contenter d'avoir en main une seule carte; avec celle d'aujourd'hui il réclamera celle de la veille, pour faire la comparaison. Et il s'apercevra ainsi, en passant de l'une à l'autre, des points où la pression baisse ou monte, de ceux où la baisse est plus rapide, et de ceux où elle est plus profonde.

Cette curiosité inévitable, et d'ailleurs fort avisée, a, dès le début, donné en certains pays l'idée de marquer sur chaque carte, outre les lignes d'égale pression, en traits pleins (isobares), les lignes d'égale variation de pression durant les 24 heures en tracé discontinu (isallobares).

Aussi il y a certainement plus de quarante ans que cette addition est quotidienne, soit dans les cartes, soit dans les bulletins du Bureau Météorologique de France.

On voit déjà quelle économie d'effort et de temps pour la prévision apporte sur une carte synoptique le tracé

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des isallobares (et des isallothermes) relatives à l'intervalle de deux croquis successifs. Mais que ces isallobares viennent à se fermer sur elles-mêmes comme font les isobares pour un réseau suffisamment étendu et aussitôt voilà circonscrites des régions qu'on peut appeler en général noyaux de variation, et domaines de hausse ou domaines de baisse suivant le sens de la transformation. De là à être impressionné par leur importance numérique, par leur rapidité et leur forme d'extension, il n'y a qu'un pas, et ce pas est évidemment un progrès vers l'intuition que le présent peut nous donner de l'avenir. Le professionnel avancera du reste dans cette voie plus vite encore que l'amateur. L'espacement variable des isobares sur une carte (supposée toujours à la même échelle) lui avait déjà donné l'idée d'assimiler ses graphiques de météorologie aux cartes topographiques et, instinctivement, il avait appelé pente, ou gradient, l'évaluation actuelle de cet intervalle compté sur une normale aux isobares : si le mouvement de l'air avait dépendu seulement de la pression, et de la pression mesurée à la surface du sol, il est clair que le vent aurait toujours été dirigé suivant la pente et qu'il aurait été d'autant plus fort que l'inclinaison était plus considérable : mais le météorologiste comprenait qu'il ne pouvait pas même en tenant compte de la correction nécessitée par les frottements de l'air sur le sol - calculer le vent probable d'après le seul gradient isobarique de « surface » » c'eût été supposer que le gradient en altitude était le même qu'au sol, ou n'intervenait pas, postulats inadmissibles. On essaya alors d'appliquer aux lignes de variation et au gradient isallobarique les procédés graphiques avec lesquels on venait de se familiariser. Et ce fut mieux, mais encore imparfait (M. Baldit nous dira prochainement pourquoi).

Alors quelques-uns firent appel de même aux isothermes et aux isallothermes : il est bon de remarquer que c'était là plus qu'un expédient de contrôle mettant

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