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Rapport au premier Consul sur le projet d'union proposé au gouvernement par le souverain Pontife Pie VII.

« Général,

Paris, 7 prairial an IX. (27 Mai 1801.)

<<< Vous m'avez ordonné de vous faire un rapport sur les moyens de rendre admissible le projet de Convention et de Bulle qui vous est adressé par le Saint-Siége.

« Je vais remplir ce devoir, aussi pressant qu'agréable pour moi, avec la même franchise que j'ai manifestée depuis le commencement de cette négociation.

« Vous avez jusqu'ici vaincu des peuples armés, et subjugué, par l'éclat de vos triomphes, les ennemis de votre gloire ; en rendant à la France la religion qu'elle désire, vous surmonterez tous les obstacles, vous gagnerez tous les cœurs, et consommerez d'un seul trait l'opération la plus grande et la plus utile en politique que votre génie ait pu concevoir.

<«< Le directoire, souvent vainqueur au dehors, mais détesté dans l'intérieur par son intolérance, prépara lui-même sa propre destruction.

<< Plus habile que lui, vous saurez, en triomphant au dehors, établir au dedans la félicité publique, sur les bases immuables et sacrées de la religion.

« Les français catholiques vous obéiront, parce que aux droits que vous donnent la victoire et l'élection du peuple, vous joindrez l'obligation la plus douce pour un cœur généreux et sensible.... la reconnaissance.

<< Le projet qui vous est proposé me paraît, quant au fond, absolument le même que celui que le ministre des relations extérieures avait approuvé. Tout se réduit à des changements de rédaction plus ou moins clairs, plus ou moins précis, mais qui constamment renferment le même sens sous une forme différente.

<<< Laissons la cour de Rome employer les expressions et les phrases qui conviennent à son style ordinaire, pourvu qu'elles ne blessent pas la dignité du gouvernement et qu'elles rendent avec exactitude ce que nous désirons. Peut-être en exigeant l'expression littérale du projet approuvé par le gouvernement paraîtrions-nous dicter la loi avec trop d'ascendant. L'adhésion du souverain Pontife paraîtrait moins libre, et nous serions moins assurés de la coopération sincère à l'exécution des mesures que vous adoptez, parce qu'en général tout traité, toute convention entre deux puissances n'est permanente et durable qu'autant que l'une et l'autre usent d'une condescendance mutuelle et s'accordent sur le fond, sans donner aux expressions un sens trop littéral.

<< D'après ces principes, dont la vérité vous frappera comme moi, j'ai cru devoir conserver, autant qu'il était possible, les expressions dont s'est servi le Saint-Siége. Nous prouverons par cette déférence combien le consentement qu'il donne à vos projets est libre et spontané. Je me suis borné à retrancher les phrases qui paraissaient insignifiantes et équivoques, ou qui ne pouvaient s'accorder avec vos intentions et l'état actuel du gouvernement. J'ai simplifié les expressions sans supprimer celles qui paraissaient contenter le Pontife et ne nuisaient pas aux droits de la nation. Quand une satisfaction coûte si peu, il n'existe aucun motif pour la refuser et mille raisons de convenance pour l'admettre. La puissance avec laquelle on traite est d'autant plus liée que l'on a paru condescendre davantage à ce qu'elle désirait. Tels sont les principes qui m'ont dirigé dans les corrections et les remarques que je vais vous présenter ».

BERNIER.

CHAPITRE CINQUIÈME.

Négociation du cardinal Consalvi, à Paris.

Lettre amicale de Pie VII à Consalvi.

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:

Discussion

Etat dans lequel ce dernier trouve la France. Sources du récit de sa négociation Il expose au Pape les difficultés. Sa première entrevue avec Bonaparte, d'après ses dépêches: inexactitudes de ses Mémoires. Autres dépêches bonnes dispositions de Bonaparte, paralysées par les ennemis de l'Eglise; sixième projet. des termes septième projet; Consalvi demande qu'on conserve pour la substance les principes posés par Rome. Conversation de Consalvi avec Bonaparte, sur les points principaux du Concordat; conférences entre Consalvi, Spina, Caselli et Bernier : angoisses de Consalvi. Nécessités impérieuses qui l'obligent à conclure le Concordat; plénipotentiaires : rédaction définitive profession de foi des constitutionnels. Opposition à cette rédaction: il faut la changer au moment de la signer faussetés des mémoires de Consalvi. Question des intrus; projet de

Bulle de ratification.

Ce fut une douloureuse privation pour Pie VII de se séparer d'un serviteur et d'un ami aussi affectueux et aussi habile que Consalvi, en qui il avait une confiance illimitée, et qui le soutenait dans ses angoisses et ses épreuves. Il l'accompagna, dans son voyage, de ses voeux et de ses prières, tant pour la conservation de sa personne que pour l'heureux succès de la grande affaire dont il l'avait chargé. A peine avait-il reçu la nouvelle de son arrivée à Florence, qu'il lui écrivit, le 20 Juin, la lettre suivante, noble expression de sa belle âme, qui brûlait du plus vif désir de sauver l'Eglise de France: il croyait déjà Consalvi à Paris, sa négociation terminée et le Concordat conclu par le généreux concours de Bonaparte (1).

«Par votre lettre du 8 de ce mois, dit-il, nous avons appris, avec un plaisir extrême, votre heureuse arrivée à Florence et les attentions que l'excellent général Murat a eues pour vous. Nous espérons que la suite de votre voyage sera également heureuse, jusqu'à Paris, où nous pensons que vous avez pu arriver

(1) Mémoires de Consalvi, I, p. 67.

mercredi ou jeudi dernier. Nous espérons que les articles et la bulle que nous avons envoyés à Mer Spina seront à la satisfaction du premier Consul, et que, plein de tact comme il l'est, il aura compris les motifs irrésistibles qui ont dicté les modifications par nous faites au projet qu'on nous a communiqué de là-bas. Ceci posé, nous espérons tout de son équité, et surtout nous avons une ferme confiance que le traité ecclésiastique (la trattativa ecclesiastica) peut déjà être conclu à cette heure. Nous en attendons la nouvelle avec une impatience égale à notre très-ardent désir de voir rétablie en France la religion catholique, qui seule doit procurer son bonheur. Que le Seigneur daigne exaucer nos plus fervents désirs, tandis que nous restons, en vous donnant affectueusement la bénédiction apostolique.

<< De notre palais du Quirinal, 20 Juin 1801, an 11o de notre pontificat».

Consalvi, en traversant la France, fut singulièrement frappé du désolant spectacle qu'elle offrait sous le rapport religieux. Ses temples sacrés étaient ou démolis par la fureur de l'impiété, ou profanés et convertis même au culte ridicule de la raison démocratique, qui, par une singulière parenté d'esprit, s'était entièrement identifiée avec les obscénités les plus révoltantes et les plus brutales du paganisme. Ainsi on voyait les églises échappées à la destruction dédiées à la Jeunesse, à la Virilité, à la Bienfaisance, à l'Amitié, à l'Abandon, à l'Hymen, au Commerce, aux Jardins, à la Fraternité, à la Liberté, à l'Égalité, à la Paix, à la Concorde, à la Force, à la Chasse, etc., etc. (1) Seulement on n'avait pas osé substituer à ces fades dénominations les vrais noms des anciens gentils, comme Jupiter, Junon, Vénus, Mercure, Cérès, Diane, Hercule, les Nymphes; on dépouillait ainsi ces fausses divinités de leur sens allégorique, qui, dans cet avilissement des âmes, aurait rappelé beaucoup trop encore l'existence d'un Être suprême et

(1) Mémoires de Consalvi, I, p. 299 et 326.

d'un culte réglé, d'un culte poétique et gnostique à la fois. Ce renversement de tout ordre social et religieux était bien propre à faire comprendre à Consalvi que sa mission ne serait pas aussi facile qu'il se l'était peut-être imaginé à son départ deRome. En retraçant l'histoire de la négociation de Consalvi à Paris, nous nous en tiendrons presque exclusivement aux dépêches qu'il écrivit au cardinal Doria pendant le cours de sa mission. Ces dépêches, comme de raison, et comme Consalvi lui-même l'exige, doivent être considérées comme la source la plus pure, même comme la seule source pour l'histoire de cette négociation. Nous y trouverons, en effet, une mémoire encore toute fraîche des événements, un jugement juste, impartial, qu'on ne doit pas chercher dans ses Mémoires, écrits après douze ans et dans un état d'irritation et d'indignation, où les souvenirs douloureux des événements plus récents dominaient trop sa pensée et lui firent oublier un instant la grandeur de l'œuvre gigantesque et presque miraculeuse à laquelle il avait participé.

Nous produirons ces dépêches, soit en entier, soit en partie, dans une version fidèle, en en retranchant seulement les fréquentes répétitions, bien excusables par les circonstances impérieuses du moment. Afin que tous puissent juger de l'exactitude de notre récit, de même que de la fidélité de notre version, nous reproduirons ces pièces dans leur original, parmi nos documents justificatifs. C'est ainsi qu'on pourra mieux comprendre la valeur intrinsèque des Mémoires de Consalvi, et reconnaître la grande différence qui existe entre ces deux rédactions, savoir entre ses Mémoires et ses dépêches.

Heureusement ces dépêches, sauf les pièces diplomatiques à leur appui, se sont conservées pour l'honneur de Consalvi, qui en quelque sorte en craignait déjà la perte.

<< Mon but, dit-il dans ses mémoires sur son ministère (1), n'est point, en parlant ici du Concordat, de rapporter en quoi que ce soit ce qui regarde l'intrinsèque de la chose, c'est-à-dire

(1) Memoires de Consalvi, II, p. 345.

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