Sayfadaki görseller
PDF
ePub

vient à Rome toutes les semaines, de porter à Paris la boîte qui renferme ces deux pièces importantes. La boite est adressée à ME Spina. Il la recevra au même moment où cette lettre vous sera remise. Ainsi le cardinal-légat aura à son arrivée à Paris cette belle expédition de la Bulle du Pape.

<< J'ai l'honneur de vous saluer respectueusement ».

gr

Signé: CACAULT.

P. S. «MET le cardinal Consalvi expédie à M Spina par le même courrier de France, qui portera la Bulle et le Concordat, une autre boîte contenant un chapelet que le Pape envoie à Mme Bonaparte, épouse du premier Consul.

<<< Ce chapelet est de la même qualité que ceux que le Pape donne aux grandes princesses. Les grains sont de lapis lazuli. La vierge est un camée entouré de petits diamants. C'est tout ce qu'on pouvait faire de mieux dans ce genre ».

CACAULT.

On le voit, Cacault saisissait avec plaisir toutes les occasions pour détruire les préjugés qu'on nourrissait trop souvent à Paris contre la cour de Rome. Ainsi il informa Talleyrand que Pie VII faisait tous ses efforts, au risque mème de déplaire à l'Autriche, pour introduire et maintenir de bonnes relations avec les puissances protestantes et notamment avec la Prusse. Il se flatte que ces puissances, même l'Angleterre, répondront à ce noble trait de déférence du Pape, et y enverront leurs représentants (1).

Rome, 13 vendémiaire an x. (5 Octobre 1801.)

<«< Citoyen ministre,

<«<L'élection de l'évêque de Munster, qui produit aujourd'hui un si grand mécontentement du roi de Prusse contre l'empereur,

(1) Archives du ministère des affaires étrangères, à Paris.

a été ici l'objet des conversations. J'ai observé que le chargé d'affaires de Prusse à Rome, qui est un homme sage et de mérite, loin de se plaindre du Pape, s'est loué de la cour de Rome en reconnaissant que la Bulle, que Sa Sainteté n'a pu refuser d'accorder, a été écrite avec adresse et prudence, et de manière à n'avoir aucun mauvais effet.

<«< Je vous ai exposé précédemment sur quel pied les ministres et consuls des puissances protestantes étaient reçus à Rome et dans l'Etat du Pape.

<< Ils pouvaient agir pour les intérêts de leur nation, mais ils n'étaient point reconnus dans les mêmes formes que ceux des puissances catholiques; le Pape ne recevant pas de lettres de créance de la part d'aucun prince protestant.

« Ce vieux système, suite de l'excommunication des hérétiques, et des fulminations contre eux, qui ont eu lieu jusqu'au pontificat de Ganganelli, va être abandonné par le Pape actuel. Sa Sainteté me paraît décidée à recevoir désormais les lettres de créance des souverains protestants, et à faire donner, sur les brevets de leurs consuls, l'exequatur.

« Il en résultera que nous aurons, par la suite, à Rome, un corps diplomatique beaucoup plus nombreux; et si les Anglais renoncent de leur côté à considérer le Pape comme l'Antechrist, nous ne sommes pas éloignés du temps où la cour de Londres aura aussi un ambassadeur à Rome.

« J'ai l'honneur de vous saluer respectueusement ».

Signé: CACAULT.

CHAPITRE SEPTIÈME.

Un mot d'appréciation du Concordat de 1801.

Comment le Concordat fut accueilli du public; bien qu'il fit en Allemagne. Ce que l'Eglise a gagné au Concordat si le culte était déjà rétabli dans quarante mille communes. - M. d'Haussonville déprécie le Concordat; D. Guéranger, pour réfuter cet auteur, examine les divers articles du Concordat libre exercice du culte, abolition du schisme, confirmation de la primauté du Pape, solidarité entre l'Eglise et l'Etat, spoliation des biens du clergé, traitements ecclésiastiques, prérogatives accordées au Souverain catholique, articles organiques.

:

Le Concordat fut, dès sa ratification, accueilli avec admiration et reconnaissance par tous les amis de l'Eglise. Les royalistes seuls affectèrent de n'en pas reconnaître les bienfaits, uniquement parce qu'il était l'oeuvre du héros, qu'ils considéraient comme un usurpateur du pouvoir. Ils craignaient, non sans raison, que cet acte ne consolidât son ascendant et sa puissance; quelle contrariété pour des hommes qui se berçaient toujours de l'illusion malheureuse, qu'avec le retour de l'ancienne monarchie, l'Eglise serait rétablie dans son ancienne splendeur, avec ses priviléges, avec ses prérogatives, avec ses dìmes, en un mot, avec le rang et l'opulence qu'elle avait possédés sous l'ancien régime. Au lieu donc de prendre part à la joie commune, ils se retirèrent dans un silence profond et dans une feinte indifférence, vis-à-vis de ce grand acte, en gémissant presque qu'on l'eût accepté avec tant d'empressement. Et par là, disons-le hardiment, ils se rangèrent du côté des adversaires de l'Eglise, des jacobins aussi bien que du clergé constitutionnel, qui ne cessèrent de combattre plus ou moins ouvertement le Concordat.

Il eût été sans doute à souhaiter que les malheureuses

circonstances du temps eussent permis d'accorder à l'Eglise un plus grand développement de l'exercice de ses droits imprescriptibles mais à l'époque où fut publié ce Concordat, on le regarda comme l'effet d'une protection toute particulière de Dieu sur la France. Il ne fallait que se reporter par la pensée aux années qui venaient de s'écouler, à la haine profonde que le pouvoir manifestait en toute occasion contre la religion catholique, pour se voir forcé d'admirer le merveilleux changement qui s'opérait en ce moment. Aussi les vrais catholiques montrèrentils généralement la plus grande joie, à la nouvelle de la prochaine publication de ce Concordat, en accélérant de leurs prières et de leurs vœux cet heureux moment.

C'est heureusement le sentiment qui prévaut encore aujourd'hui, chez les hommes sans préjugés, comme le prouve le beau témoignage de M. le comte de Carné, que nous aimons à reproduire ici (1).

Lorsqu'il fallut reconstruire la société, l'homme de génie Guel &

auquel le ciel avait départi cette mission retrouva ce clergé décimé par la mort, un épiscopat dans l'exil, tous les biens ecclésiastiques vendus, les temples démolis ou profanés, et, en face de toutes ces ruines, une Eglise constitutionnelle dont l'existence imposait à sa politique les plus grands ménagements.

« Remettre la France en communion avec le centre de l'unité catholique, fut le plus grand service qu'un gouvernement ait jamais rendu à un peuple; et lorsqu'on songe au déchaînement de tant de passions, et de tant d'intérêts, aux fureurs de l'impiété naguère encore triomphante, il est impossible de ne pas voir dans le Concordat de 1801 une œuvre d'audace et de génie sans précédent dans l'histoire. Il fallait plus de courage au premier Consul pour assister à une grand'messe dans Notre-Dame que pour triompher à Marengo ».

Dans aucun pays ce Concordat ne fut plus sincèrement

(1) Etudes sur les Fondateurs de l'Unité nationale en France. Paris, 1848, t. 11, p. 370.

[ocr errors]

admiré qu'en Allemagne. Il ranima les espérances des catholiques, de ceux qui étaient sous des princes catholiques comme de ceux qui se trouvaient sous la domination des princes protestants: avec quelle joie ne virent-ils pas ainsi abrégés les jours de leurs douleurs et restitués à leur Eglise ses droits inaliénables. On salua donc ce Concordat comme un heureux présage de prochaine délivrance. Effectivement, les souverains catholiques, aussi bien que les souverains protestants, se virent bientôt forcés de garantir par des Concordats particuliers les droits de l'Eglise, que l'impiété triomphante du temps chez les uns, et l'aversion et l'intolérance séculaire chez les autres, avaient si obstinément contestés et foulés aux pieds. Nous verrons bientôt le Pape et les catholiques d'Allemagne recourir au premier Consul, pour implorer sa protection en faveur des intérêts de l'Eglise allemande ; c'était uniquement l'effet du Concordat. Ce fut aussi à partir de ce glorieux événement qu'un corps diplomatique protestant allait se former autour de Pie VII: chose qui ne s'était jamais vue depuis le xvr siècle. Et cette gloire appartient à la Prusse, qui la première a rompu la digue presque insurmontable des préjugés protestants, en envoyant son représentant à Rome. Déjà Frédéric le Grand, autant par sentiment de justice que par saine politique, avait, depuis Benoît XII, entretenu des rapports amicaux avec le Saint-Siége par voie indirecte et confidentielle, en faveur de ses sujets catholiques.

Ce Concordat est surtout remarquable, en ce que c'est le premier pacte que l'Eglise ait fait avec la société moderne, en y relâchant sagement de la rigueur de ses principes, et en y faisant de sages concessions au progrès des lumières et aux besoins du XIXe siècle : concessions d'ailleurs inévitables, et pleinement justifiées par le nouvel ordre de choses.

Comme le récent ouvrage de M. d'Haussonville tend nonseulement à rabaisser la haute importance de ce Concordat, mais bien aussi à en contester, sinon l'opportunité, du moins la nécessité, nous étions déjà à l'œuvre pour éclairer, en peu de mots, l'illustre auteur sur l'erreur dans laquelle il est tombé à

« ÖncekiDevam »