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tout lorsqu'il lui exprimera les sentiments sincères et inviolables de ma tendre amitié et de mon respect filial ».

BONAPARTE.

Dans une seconde lettre, il lui explique plus amplement les motifs qui l'ont déterminé à rappeler M. Cacault, en faisant en même temps son plus grand éloge (1).

Saint-Cloud, 7 prairial an XI. (27 Mai 1803.)

<< Très-Saint Père, je me suis déterminé à rappeler auprès de moi le citoyen Cacault, qui vient de résider auprès de Votre Sainteté en qualité de ministre plénipotentiaire de la République française. Le motif qui m'a guidé, n'a sa source dans aucune raison de mécontentement; sa conduite, pendant toute la durée de ses fonctions, a mérité, au contraire, mon entière approbation. Mais le désir de le remplacer auprès de Votre Sainteté par un personnage revêtu d'un caractère éminent, et de donner à Votre Sainteté une preuve plus manifeste de mon attachement et de mon respect filial, est la seule raison qui a pu me déterminer à ordonner son rappel. Je lui enjoins, en conséquence, de prendre congé de Votre Sainteté, et mon intention est qu'en remplissant cette dernière fonction de son ministère, il renouvelle à Votre Sainteté les assurances de mon attachement et de mon respect filial, ainsi que des voeux que je ne cesserai de former pour la conservation de Votre Sainteté et la prospérité de son pontificat».

BONAPARTE.

M. Cacault s'empressa d'informer M. de Talleyrand de l'heureuse arrivée du nouveau ministre et du bon accueil qu'il avait trouvé auprès du Pape et de son secrétaire d'Etat.

(1) Correspondance de Napoléon Ier, tom. VIII, pag. 415, no 6770.

Rome, 13 messidor an XI. (2 Juillet 1803.)

<< Citoyen ministre,

«M. le cardinal Fesch est arrivé hier au soir à Rome. J'ai été au-devant de lui jusqu'à Ponte-Molle, et je l'ai ramené dans ma voiture : il est descendu chez moi avec sa suite. J'ai eu le plus grand plaisir à le recevoir de mon mieux.

<< M. le cardinal Consalvi et M. le cardinal Doria sont venus avec beaucoup d'empressement voir M. le cardinal Fesch à son arrivée.

« Le Saint-Père a accordé pour ce soir la première audience secrète à M. le cardinal Fesch.

<< M. le cardinal Fesch doit avant tout recevoir le chapeau et tous les honneurs de cardinal. Ce n'est qu'après cette première installation dans la dignité éminente d'électeur de Pape, dont il est revêtu, qu'il remettra au Saint-Père ses lettres de créance, et qu'il se trouvera reconnu ici en qualité de cardinal ministre de France.

<< Les cérémonies qu'il y a à subir pour le chapeau etc., seront le plus abrégées qu'il soit possible par Sa Sainteté.

<< J'espère que tout sera fini dans huit jours.

<< J'ai l'honneur, etc. »

CACAULT.

Le 12 Juillet, M. Cacault annonça au même ministre qu'il avait cessé ses fonctions, et qu'il se préparait à partir pour Paris. Rome, 24 messidor an XI. (13 Juillet 1803.)

<< Citoyen ministre,

«J'ai fait hier la cession de tous les effets de ma maison à M. le cardinal Fesch, et à commencer d'aujourd'hui, je ne signerai plus rien. Je serai hôte et ami dans la maison du cardinal. Je compte partir avant quinze jours, pour aller à Lucques prendre les eaux, et suivre ensuite mon voyage jusqu'à Paris, ainsi que je vous l'ai marqué.

<< Le citoyen Artaud vient avec moi, et veut bien m'accompagner jusqu'à Paris ».

CACAULT.

Pie VII répondit, le 13 Juillet, au premier Consul, pour lui exprimer à la fois ses regrets et sa satisfaction: regrets, du départ de M. Cacault, qui avait su gagner son estime et son affection satisfaction, de l'illustre remplaçant dont le rang et le caractère étaient un gage assuré de la continuation de la paix et de la bonne harmonie entre les deux gouvernements (1).

:

Rome, 13 Juillet 1803.

« Très-cher fils en Jésus-Christ, salut et bénédiction apostolique.

« Nous avons reçu des mains de M. Cacault votre lettre du 27 Mai dernier, dans laquelle vous nous annoncez votre détermination de le rappeler près de vous. Nous avons appris avec un vrai plaisir, que ce rappel ne doit être attribué, comme vous le dites, à aucun motif de mécontentement, et qu'au contraire sa conduite a mérité votre entière approbation. Nous devons rendre justice à ses nombreux et grands mérites, à sa rectitude, à sa sagesse, à son désintéressement, à sa prudence, à son attachement inaltérable et sincère pour votre personne, et particulièrement au zèle et à l'activité infatigables qu'il a apportés pendant son ministère, dans le soin de vos affaires et de celles de la République. Il a su concilier avec ces qualités la plénitude de notre agrément, car il a beaucoup contribué de son côté, à établir et à resserrer entre le Saint-Siége et le gouvernement français, les liens d'une vraie amitié, et d'une parfaite intelligence. Il a réuni aux qualités précieuses de ministre habile et intelligent, les plus recommandables prérogatives du cœur ; aussi part-il d'ici accompagné de l'amour et de l'estime universelle. Ces motifs nous rendent justement dou

(1) L'original italien, écrit de la propre main du Pape, se trouve aux Archives de l'Empire, à Paris. Pièces justificatives, no 67.

loureux son départ; mais cette sensibilité, vous avez su la compenser avec usure, en destinant à sa place auprès de nous, le cardinal archevêque de Lyon, lequel par l'éminent caractère dont il est revêtu, et par les rares qualités qui le distinguent, et encore par l'heureuse combinaison d'être votre oncle, vient succéder à M. Cacault et exciter notre joie et celle de toute la ville de Rome. << En vous exprimant ces intimes sentiments de notre âme, et plein de la plus tendre affection et d'une amitié sincère, nous vous donnons de cœur la bénédiction apostolique.

<< Donnée à Rome, près Sainte-Marie-Majeure, le 13 Juillet de l'an 1803, de notre pontificat le quatrième ».

PIE VII, Pape.

M. Cacault envoya à M. de Talleyrand cette lettre si flatteuse pour lui, en l'accompagnant de quelques mots, où percent, à travers sa manière toujours gaie et plaisante, ses regrets de quitter Rome, qu'il aimait tant, et ses soucis au sujet de son avenir.

Rome, 27 messidor an XI. (16 Juillet 1803.)

<< Citoyen ministre,

« J'ai l'honneur de vous transmettre ci-jointe la réponse du Saint-Père au premier Consul, au sujet de ma lettre de rappel, avec la copie de cette réponse.

<< Dans ce pays de foi, quand on a été canonisé, cela suppose toutes les perfections, et personne n'en doute. Vous n'êtes pas si dévots à Paris, et ni la lettre dont m'honora Pie VI à la fin de ma première mission de Rome, sur laquelle le Pape Pie VII renchérit aujourd'hui, qui sont de véritables Brefs de canonisation, n'auraient d'effet pour moi qu'en paradis, si le premier Consul, qui a toujours reconnu en moi un parfait attachement à sa personne, et un zèle sincère et ardent pour le bien, n'aimait pas à récompenser grandement un vieux serviteur de l'Etat, qui, depuis 40 ans, a toujours servi sans reproche et sans tache, et qui

parvient au premier grade comme un soldat de fortune de degrés

en degrés.

« J'ai l'honneur, etc. »

CACAULT.

Rome ne vit peut-être jamais un ambassadeur plus loyal et plus intègre, plus affectionné au Saint-Siége, et en même temps plus dévoué aux intérêts de son gouvernement, que M. Cacault. Grâce à ses bons et intelligents conseils, donnés à Rome aussi bien qu'à Paris, et toujours avec la même franchise et la même fermeté, on était arrivé à aplanir et à résoudre les difficultés les plus importantes et les plus compliquées, quoique ces difficultés semblassent quelquefois être à la veille d'amener une rupture presque certaine entre les deux gouvernements. Sa conduite fut surtout admirable dans l'affaire du Concordat. Sous tout autre ambassadeur, cette négociation eût peut-être échoué, ou au moins conduit à des embarras sans nombre et sans fin.

<< Rome, écrivit-il, le 27 Octobre 1802, à M. de Talleyrand, a toujours été un centre d'affaires. Il y a ici un écho qui répète les secrets du monde entier; et cette capitale des arts et de la religion, a des rapports à l'infini. Je souhaite qu'il y naisse toujours de belles affaires, comme plusieurs de celles que nous avons eu à traiter. Cela occupe et intéresse d'une manière noble qui fait plaisir; mais combien de petits procès ! combien de prétentions de toute espèce m'ont fatigué ici du matin au soir ! Il y a tant d'intéressés à perpétuer le sac de Rome, et l'on est si persuadé que le royaume des prêtres est toujours celui de Papimanie, où il ne faut que demander et vouloir pour obtenir, que la plus grande peine que j'aie eue ici, a été d'établir, suivant la volonté du premier Consul, que le Pape doit être respecté et obéi à Rome comme un souverain qui aurait cinq cent mille soldats à ses ordres. Tout marche bien. Les Français se conduisent ici à merveille. Leur impétuosité est aisée à contenir par la raison. Les uns voudraient être exempts de toute espèce de formalités relativement aux douanes, et passer partout, comme ayant dans leur

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