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en quelque sorte rivés. Pour reconnaître les lois primordiales qui régissent ses courants et les divers mouvements qui s'y propagent, avec leurs causes déterminantes, leur mode de formation, leurs cycles et leur évanouissement final, il nous faut pouvoir nous détacher du sol qui en transforme la physionomie par ses mille influences accidentelles. Apprenons à nous en transporter si loin que les conditions observées puissent être regardées comme celles des fleuves aériens eux-mêmes, débarrassées de toute altération inhérente au lit dans lequel ils se meuvent. Alors vraiment nous aurons des chances sérieuses d'élucider le problème complexe posé à la météorologie.

Ce n'est pas la théorie seule qui gagnera à embrasser ainsi sous une épaisseur de plusieurs kilomètres la marche et le développement progressif des perturbations; le problème passionnant de la prévision du temps, qui a valu à la science de l'atmosphère sa popularité, et qui lui assure ses moyens d'existence, en profitera dans une plus large mesure encore. Il semble bien certain que, quand on sera parvenu à organiser l'observation de la haute atmosphère aussi complètement que celle des couches voisines du sol, les prédictions pourront être formulées au moins un jour plus tôt qu'à présent, et avec une probabilité d'exactitude notablement plus grande.

C'est de la révélation de ces besoins nouveaux qu'est né le mouvement qui pousse actuellement les météorologistes à s'attaquer au problème des observations en hauteur.

Avant d'aborder l'exposé des moyens d'étude qui ont été mis en œuvre dans ce but, il ne sera pas inutile de faire remarquer que les observatoires existants ont déjà commencé à prendre une part utile à ce nouveau travail. Ils ont pour cela un moyen facile, à la portée de tout le monde c'est de suivre attentivement les nuages transportés par les courants supérieurs. Ce département des travaux météorologiques est en notable progrès depuis quelques années. L'ancienne classification des nuages due

à Howard (1803), a été remaniée; la photographie, nous l'avons déjà dit, est venue en aide à l'observation visuelle; enfin, la mesure trigonométrique des hauteurs et des vitesses est à l'ordre du jour dans plusieurs stations. Dans la banlieue de Paris seulement, il existe deux bases mesurées, munies à leurs extrémités d'instruments permanents, établies pour cet objet.

Mais ce ne sera toujours là, après tout, qu'une méthode bien rudimentaire, abstraction faite de l'intérêt inhérent à une connaissance plus approfondie des phénomènes relatifs aux condensations atmosphériques. Il n'y a pas toujours de nuages au ciel; les bancs inférieurs masquent les couches plus élevées ; et d'ailleurs ce mode d'observation. ne pourra jamais livrer qu'une minime partie des documents indispensables.

On a donc eu recours à des instruments de travail plus complets et plus puissants: ce sont les observatoires de montagne, les ballons et les cerfs-volants.

De ces trois moyens, les observatoires de montagne constituent à coup sûr le plus imparfait. Ils ont d'abord le défaut essentiel d'être d'un prix exagéré, tant pour les dépenses de premier établissement que pour le coût d'entretien, ce qui limite forcément leur nombre. De plus, leur situation même dans des régions où les communications sont nécessairement rares et très primitives, ne permet pas une mise en œuvre satisfaisante des données qu'ils sont susceptibles de fournir. Enfin, et c'est là leur tort le plus grave, ils n'échappent pas suffisamment au principal inconvénient des stations ordinaires, à savoir l'influence troublante de la proximité du sol. Ainsi le thermomètre ne donnera pas sur les montagnes les indications qu'il donnerait à la même altitude en pleine masse atmosphérique, parce que sur les sommets comme dans la plaine les couches inférieures de l'air subissent le rayonnement de la surface terrestre. Le vent sera modifié dans sa direction et dans son intensité par l'obstacle que lui opposent la

montagne elle-même et toute la chaîne dont elle fait partie. L'hygromètre, à son tour, se ressentira de l'humidité propre du sol. Le baromètre seul ne sera guère mis en défaut. Encore faut-il bien reconnaître que ses indications n'acquerraient toute leur valeur que par leur comparaison avec les lectures correspondantes exécutées dans des stations appartenant à la même verticale dans des niveaux différents. Or cette condition n'est jamais parfaitement réalisable, et souvent elle ne peut l'être avec une approximation même très grossière.

Malgré ces défauts, les observatoires de montagne ont tenu un rôle très honorable dans la météorologie depuis l'invention du baromètre. On se rappellera d'abord que c'est l'observation comparée de cet instrument au pied et au sommet du Puy-de-Dôme, en 1648, qui permit à Périer, dans une expérience célèbre suggérée par Pascal, d'en établir la vraie théorie. Depuis lors, et surtout depuis le XVIIIe siècle, le baromètre devint l'accessoire obligé de toute ascension scientifique de montagne comme de tout voyage d'exploration, et le thermomètre ne tarda pas à l'accompagner. Mais, encore une fois, avant l'établissement des réseaux internationaux, ces expériences ne réunirent pas autre chose que des données empiriques à joindre aux innombrables données du même genre qui servent à établir les règles climatologiques.

C'est ainsi que dans la première moitié de ce siècle, de Humboldt en Amérique, de Saussure, Kaemtz, Bravais et d'autres en Europe, par des observations prolongées au pied et au sommet des montagnes, étudièrent la loi de décroissance de la température avec les altitudes, celle des oscillations du baromètre à divers niveaux au-dessus de la mer, etc. Ces travaux, très méritoires d'ailleurs, ont fourni en somme peu de résultats de nature à faire progresser la science, telle que nous l'entendons à présent. C'est en 1870 que semble avoir été fondée la première station de montagne. L'honneur en revient à M. Huting

ton, qui s'établit sur le mont Washington à 1914 mètres au-dessus du niveau de la mer. L'observatoire érigé par le gouvernement américain sur le Pike's Peak (Colorado), à l'altitude de 4300 m., a été longtemps la station météorologique la plus élevée du globe. Mais les Américains ont manqué de persévérance: ces deux observatoires sont actuellement fermés. M. Langley n'utilisa que temporairement, en 1881, le sommet du mont Whitney (4420 m.) pour étudier la radiation solaire.

Mais si l'Amérique, après avoir ouvert la voie, s'est désintéressée de la question, l'Europe s'est passionnée pour cette occupation des hautes cimes, grâce à laquelle les observatoires semblent devenir comme des forts détachés pour défendre les plaines contre l'invasion des troubles atmosphériques, ou tout au moins pour leur donner l'alarme.

La Suisse possède depuis 1873 des stations de montagne celle du Soentis (2500 m.) dans le canton d'Appenzell, est la plus connue. L'Autriche a le Sonnblick (3098 m.) dans les Alpes orientales, le plus élevé des observatoires occupés par un personnel permanent; l'Italie, le Monte Cimone (2164 m.) près de Lucques, dans les Apennins, sans compter les stations du Vésuve et de l'Etna; l'Angleterre, le Ben Nevis, point culminant des monts Grampians (1341 m.).

La France dispose d'un réseau sans rival: le Puy-deDôme (1463 m.); le Pic du Midi (2877 m.); le mont Ventoux (1903 m.); l'Aigoual (1570 m.) dans les Cévennes; le mont Mounier (2741 m.) dans les Alpes Maritimes; enfin les stations échelonnées par M. Vallot sur les flancs et jusque tout près du sommet du Mont-Blanc, et l'observatoire installé par M. Janssen, en 1893, sur la calotte de glace du sommet lui-même, à 4810 m. Ce dernier établissement, pour lequel le vénérable savant a fait preuve d'une énergie et d'une hardiesse admirables, est avant tout un observatoire astronomique ou plutôt astrophysique

dépendant de l'Observatoire de Meudon; mais des météorographes à inscription continue remontés pour trois mois que MM. Richard frères lui ont fournis, en font en même temps une station météorologique complète, fonctionnant dans des conditions incomparables.

Les Américains ont fait mieux encore. En 1893, ils se sont remis à édifier des stations de haute altitude, non pas chez eux, mais au Pérou, à Aréquipa. L'entreprise est due à l'initiative toujours hardie et éclairée de M. E. Pickering, directeur de l'Observatoire de Harvard College à Cambridge (États-Unis). Son but était la fondation d'un observatoire astronomique à 2420 m. d'altitude. Le climat de cette région est extrêmement sec et l'atmosphère très pure. C'est pour déterminer les meilleures conditions de visibilité astronomique, que M. Pickering a annexé à cet observatoire un réseau de stations météorologiques réparties depuis le niveau de la mer jusque près de 6000 m. Toutes ces stations sont munies d'instruments enregistreurs. En voici le tableau: Mejia (55 pieds), La Joya 4141), Aréquipa (8050), Cuzco (11 378), Alto de los Huesos (13 400), El Misti, station du Mont-Blanc (15 700), El Misti, sommet (19 200).

Nous n'avons nullement prétendu, dans cette rapide esquisse, faire le dénombrement complet des stations de haute altitude. Nous serions demeuré bien au-dessous de la vérité. Depuis quelques années, une sorte d'émulation a ressaisit les météorologistes dans toutes les parties du inonde, en faveur des observatoires de montagne. Il serait parfaitement oiseux de citer la série complète de ceux qui sont déjà régulièrement en activité, et de ceux qui ne sont encore que projetés. Qu'il nous suffise d'avoir nommé les plus connus et les plus remarquables, en ajoutant seulement quelques mots sur les services que plusieurs d'entre eux ont eu déjà l'occasion de rendre à la science de l'atmosphère.

Celui du Puy-de-Dôme, dirigé par M. Plumandon, s'est

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