Sayfadaki görseller
PDF
ePub
[graphic]

L'ATLAS LUNAIRE

DE

MM. LEWY ET PUISEUX (1)

L'oeuvre grandiose à laquelle nous consacrons ces pages est en cours de publication depuis 1896. Elle a été entreprise par deux astronomes éminents, M. M. Loewy, appelé depuis peu à succéder à Tisserand dans la direction de l'Observatoire de Paris et M. P. Puiseux, astronome au même Observatoire.

Son but rappelle celui d'une autre entreprise plus grandiose encore et mieux connue, la Carte photographique du Ciel commencée, il y a douze ans environ, sur l'initiative du contre-amiral Mouchez. Pendant que les équatoriaux identiques, échelonnés pour ce travail géant sous toutes les latitudes du globe, fouillent suivant des règles précises et uniformes les zones célestes qui leur ont été départies, les astronomes de Paris ont cru faire œuvre utile en consacrant aux études lunaires la puissante lunette coudée dont l'Observatoire se trouve doté depuis 1889. Leur ambition n'allait à rien moins qu'à joindre à l'Atlas stellaire, qui fixera l'aspect actuel de la

(1) Atlas photographique de la Lune, publié par l'Observatoire de Paris, exécuté par M. Loewy et P. Puiseux. Paris, imprimerie nationale. [er fascicule, 1896, 6 planches; IIe fascicule, 1897, 7 planches; IIIe fascicule, 1898, 7 planches.

voûte céleste, un Atlas lunaire destiné à retracer la physionomie si tourmentée de notre satellite avec toute la perfection que comportent les observations modernes. On le voit, le siècle de l'astronomie sidérale et des grandes études sélénologiques tend à se clore d'une manière digne de lui.

L'œuvre de MM. Loewy et Puiseux n'est pas seulement belle et grandement utile; elle est aussi pleine d'attrait pour tous ceux qui, sans être astronomes de profession, sont curieux des choses du ciel; c'est à ceux-ci que nous voulons la présenter.

Nous diviserons cette rapide étude en deux parties : réservant la seconde à un examen succinct de l'Atlas proprement dit, nous indiquerons dans la première, en termes aussi peu techniques que possible, les progrès et les efforts que couronne son exécution.

I

Il pouvait n'être pas sans intérêt, au début de cette étude, de rapprocher des résultats récents quelqu'une des productions de la sélénographie ancienne. Le contraste promettait d'être frappant; à coup sûr, il devait conduire. à des conclusions encourageantes.

Nous avons donc cherché, parmi les vieilles lunes d'antan, celles que leur âge avancé rendait plus vénérables. Lagalla, Salvat, Rheita, Scheiner avaient publié des croquis lunaires vers le milieu du xvII° siècle. Fontana en avait inséré d'autres dans ses œuvres; l'un d'eux date de 1629 et est cité parfois comme le premier dessin télescopiqne de notre satellite. On en trouve d'autres encore dans Langrenius, le Belge Michel- Florent Van Langeren. Cet auteur, le plus complet des prédécesseurs d'Hévélius, s'était avisé de chercher dans la sélénographie une solution au fameux problème des longitudes. De là une série de cartes « lunae

[ocr errors]

philippicae qui eurent à la fois l'heur de plaire au souverain des Espagnes et le mérite d'être les meilleures de l'époque.

Le contraste s'annonçait comme devant être d'autant plus parlant qu'on se rapprocherait davantage du point de départ de ces premiers travaux. Il y avait donc tout intérêt à se reporter à l'origine même des études sélénographiques. A vrai dire, c'était s'exposer à ressusciter quelque ébauche grossière ou absolument informe; mais l'imperfection des premières tentatives ne donne-t-elle. pas un relief plus saillant au fini des productions modernes ? Dès lors, c'était à Galilée qu'il fallait remonter.

Le dessin que nous reproduisons (fig. 1) a été publié dans le Sidereus nuncius. Il date de 1610; son seul mérite

[graphic][merged small]

est de nous montrer ce que fit voir la lunette, la première fois qu'elle fut dirigée sur notre satellite. A cette époque, en effet, Fontana débutait à peine dans la carrière,

Langrenius n'avait pas conquis ses grades, Hévélius n'était pas né; l'immortel astronome de Pise venait de construire son premier télescope (1) et inaugurait la série de ses découvertes astronomiques par des observations de la surface lunaire. Le croquis du Sidereus accompagne l'exposé de ces observations on s'imaginerait difficilement la profusion de remarques originales au milieu desquelles son perspicace et enthousiaste auteur se plaît à l'encadrer (2).

(1) L'épître dédicatoire du Sidereus nuncius est datée du 12 mars 1610. Voici comment Galilée raconte les origines de la lunette et ce qu'il dit de celle dont il se servit dans ses premières observations de la lune. «< Mensibus abhinc decem ferè, rumor ad aures nostras increpuit, fuisse a quodam Belga Perspicillum elaboratum, cujus beneficio objecta visibilia, licet ab oculo inspicientis longe dissita, veluti propinqua distincte cernebantur; ac hujus profecto admirabilis effectus nonnullæ experientiæ circumferebantur, quibus fidem alii præbebant, negabant alii. Idem paucos post dies mihi per litteras a nobili Gallo Jacobo Badovere ex Lutetia confirmatum est, quod tandem in causa fuit, ut ad rationes inquirendas, necnon media excogitanda, per quæ ad consimilis Organi inventionem devenirem, me totum converterem; quam paulo post doctrinæ de Refractionibus innixus, assecutus sum; ac tubum primo plombeum mihi paravi, in cujus extremitatibus vitrea perspicilla, ambo ex altera parte plana, ex altera verò unum sphæricè convexum, alterum verò cavum aptavi; oculum deinde ad cavumn admovens objecta satis magna et propinqua intuitus sum; triplo enim viciniora, nonuplo vero majora apparebant, quam dum sola naturali acie spectarentur. Alium postmodum exactiorem mihi elaboravi qui objecta, plusquam sexagesies majora repræsentabat. Tandem, labori nullo, nullisque sumptibus parcens, eo a me deventum est, ut Organum mihi construxerim adeo excellens ut res per ipsum visæ millies ferè majores appareant, ac plusquam in tredecupla ratione viciniores, quam si naturali tantum facultate spectentur. » C'est avec cette lunette, grossissant 30 fois, que Galilée vit le premier les « montagnes » de la Lune, découvrit les phases de Vénus et les satellites de Jupiter, et fit, plus tard, ses premières observations relatives aux taches du Soleil.

(2) Grandes taches sombres déjà connues, quas ævum omne conspexit; petites taches brillantes que nul n'a vues avant lui; dentelures du terminateur; sommets, lucidæ cuspides, émergeant de l'ombre, etc. Tout cela montre bien que la Lune est accidentée, tourmentée, lacunosa et tuberosa et non parfaitement sphérique, quoi qu'en ait pu dire l'Ecole, magna philosophorum cohors. Mais si elle se trouve ainsi hérissée de toutes parts, undique aspera, pourquoi ne nous offre-t-elle pas l'aspect d'une roue dentée, dentatae rotae? Simple effet de perspective, répond Galilée; placezvous au centre d'un panorama de montagnes, regardez de loin les vagues de l'Océan, et la distance nivellera toutes les aspérités. Viennent ensuite des essais d'hypsométrie, et finalement la métaphore, passablement inattendue, qui apparente les grâces de Phoebé aux charmes de l'oiseau de Junon : Instar pavonis cauda, cœruleis oculis, maculis distinguitur.

« ÖncekiDevam »